jeudi 11 février 2010

Rolihlahla (fauteur de trouble comme il s'en fait trop peu)



Sa première prison fût sa propre famille.

Issu d'une famille royale complexe où les chefs de village s'alliènent les autorités coloniales; où les conseils privés du roi font de certains adolescents des "élites" avant même qu'il n'ai su faire quoi que ce soit dans la vie; Rolihlahla Mandela devient le premier membre de sa famille à aller à l'école.

Diplômé avec succès partout où il étudie, Mandela découvre le nationalisme africain, n'est pas convaincu par le marxisme diffusé par le Parti communiste sud-africain et adhère à la doctrine de non-violence pronée par Gandhi. Ce dernier, qui avait commencé sa résistance non-violente alors qu'il était en Afrique du Sud, influence non seulement les méthodes de Nelson Mandela mais aussi celle de plusieurs générations d'activistes anti-apartheid qui y voient une méthode pour lutter contre l'oppression et le colonialisme.

À la fin de sa première année, en tant que membre du conseil représentatif des étudiants, il est impliqué dans le boycott du règlement universitaire qui veut transformer le conseil en simple chambre d'enregistrement. Il est alors promptement renvoyé de l'université.


Aux élections générales de 1948, la victoire du Parti national entraîne la mise en place d'une nouvelle politique de ségrégation sous le nom d'apartheid, où le rattachement territorial puis la nationalité et le statut social dépendent du statut racial de l'individu, défavorisant largement la population noire et interdisant les mariages mixtes, entre autres.

en 1951, Mandela et son meilleur ami, Olivier Tambo, deviennent les deux premiers avocats noirs de Johannesburg.

Nelson Mandela est élu un an plus tard président de l’ANC du Transvaal et vice président national. Il mène avec l'ANC la « defiance campaign » qui prône la désobéissance civile contre les lois considérées injustes, qui culmine avec une manifestation le 6 avril 1952, date du 300e anniversaire de la fondation du Cap par le néerlandais Jan van Riebeeck et de la première installation de blancs en Afrique du Sud. Sur les 10 000 manifestants, 8 500 sont arrêtés, y compris Nelson Mandela.


Le gouvernement en place modifie alors la loi autorisant le pouvoir à suspendre les libertés individuelles, à proclamer l'état d'urgence et à gouverner par décrets. Mandela est condamné à neuf mois de prison avec sursis, se voit interdit toute réunion et est placé en résidence surveillée chez lui à Johannesburg. Pendant cette période, Nelson Mandela et son ami Oliver Tambo, dirigent le cabinet d'avocat Mandela & Tambo qui fournit un conseil juridique gratuit ou à bas-coût pour les nombreux noirs qui ne peuvent payer les frais d'avocats.

Alors qu'ils sont engagés dans une résistance pacifique, Nelson Mandela et 156 autres personnes sont arrêtés le 5 décembre 1956 et accusés de trahison. Un procès marathon qui dure de 1957 à 1961 s'ensuit, où tous les défendants, bien défendus notamment par des fonds internationaux, exploitent habilement toutes les imprécisions de la législation et sont finalement progressivement relâchés puis finalement acquittés par la justice sud-africaine.


De 1952 à 1959, L'ANC de Mandela renforce sa position en faisant des alliances avec des petits partis politique blancs, indiens et colorés dans une tentative d'apparaître plus rassembleur que les africanistes.

En 1961, il lance avec succès une grève générale où les grévistes restent à leurs domiciles, le «stay at house», obligeant le gouvernement à faire intervenir la police et l'armée. Il écrit et signe un plan de passage graduel à la lutte armée, laissant tomber du même coup ses méthodes pacifistes. Il coordonne des campagnes de sabotage contre des cibles militaires et gouvernementales, préparant des plans pour une possible guérilla si les sabotages ne suffisaient pas à mettre une fin à l'apartheid. Nelson Mandela décrit le passage à la lutte armée comme un dernier recours; l'augmentation de la répression, des violences policières et de l'état le convainc que des années de lutte non-violente contre l'apartheid n'ont apporté aucun progrès.

Nelson Mandela favorise le sabotage qui «n’entraîne aucune perte en vie humaine et ménage les meilleures chances aux relations interraciales» avant de s'engager dans la guérilla, le terrorisme et la révolution ouverte.


Il suit une formation militaire dans l'Algérie nouvellement indépendante et étudie Clausewitz, Mao Zedong, Che Guevara et les spécialistes de la Seconde Guerre des Boers.

Mandela est considéré comme «terroriste» et «communiste» dans le contexte de guerre froide où l’apartheid veut se présenter comme une défense contre le communisme en Afrique Australe. La CIA se charge donc de le faire arrêter. Il est condamné à cinq ans de prison.

"Toute ma vie je me suis consacré à la lutte pour le peuple africain. J'ai combattu contre la domination blanche, et j'ai combattu contre la domination noire. J'ai chéri l'idéal d'une société libre et démocratique dans laquelle toutes les personnes vivraient ensemble en harmonie et avec les mêmes opportunités. C'est un idéal pour lequel j'espère vivre et accomplir. Mais si besoin est, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir"

Cette magnifique phrase en contexte d'apartheid le condamne à la prison à vie en 1964.

Nelson Mandela est emprisonné dans l'île-prison de Robben Island, où il restera 18 de ses 27 années de prison. Mandela étant un prisonnier de classe D (la plus basse classe), il n'a droit qu'à un visiteur et une lettre tous les six mois. Quand il reçoit une lettre, c'est souvent après qu'elle ait été retardée durant une longue période et rendue illisible par la censure de la prison.

Pendant son emprisonnement, Mandela étudie par correspondance avec l'Université de Londres via son programme externe, et reçoit un diplôme de Bachelor of Laws.

Pendant toute la durée de l'emprisonnement de Nelson Mandela, la pression locale et internationale pour sa libération augmente sur le gouvernement sud-africain, sous le slogan « Libérez Nelson Mandela ! ».

Frederik Willem de Klerk annonce la libération de Nelson Mandela en février 1990 au cours d'un discours prononcé au parlement. L'événement de sa libération est retransmis en direct dans le monde entier.

Les avancées de Nelson Mandela et du président F.W. de Klerk sont reconnues mondialement quand ils reçoivent conjointement le Prix Nobel de la Paix en 1993.

À la suite des premières élections générales multiraciales du 27 avril 1994, Nelson Mandela est facilement élu Président de la république d'Afrique du Sud.

Mandela célèbre la fin de l'apartheid dont doit naître une société dont toute l'humanité sera fière, le retour de l'Afrique du Sud dans la communauté internationale et l'amour commun du pays et l'égalité raciale qui seront le ciment de la nouvelle nation en paix avec elle-même et avec le monde.

Le 27 avril est depuis devenu un jour férié: le jour de la liberté.

Tout n'est pas nécessairement rose pour Nelson Mandela qui est critiqué pour l'absence d'efficacité de la politique de son gouvernement dans la lutte contre le SIDA. Mandela l'admet lui-même après son mandat. Pendant son mandat, le pourcentage de femmes enceintes séropositives triple, passant de 7.6 à 22.8%, le nombre de morts estimé par an passant la barre des 100 000 en 1999. Le SIDA emporte même l'un des fils de Mandela.

Cet homme, plus grand que nature, a été libéré aujourdhui, il y a 20 ans.

Mandela, avec Ghandi duquel il se sera fortement inspiré toute sa vie, représente facilement les deux plus indiscutables magnifiques personnage du dernier millénaire.

Uniques dans leur incroyable combat moral et humaniste.

Contagieusement bons.

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