dimanche 31 mars 2019

Scott Walker (1943-2019)

La carrière de Scott Walker désavoue le dicton de l'auteur F.Scott Fitzgerald voulant qu'il n'y ait pas de deuxième acte dans la vie américaine.

Un garçon de l'Ohio devenue idole d'ados dans un trio des années 60, trois frères qui n'en étaient pas. Walker est passé d'un auteur de musique pop à fantôme, disparaissant de l'oeil public, avant de réémerger dans les années 90, avec quelques compositions expérimentales saluées par la critique. Des expérimentations incluant des bruits de hachoir à viandes et de pets

Ses sons ont cessé de se créer la semaine dernière. 

Il est facile de voir sa carrière comme une série de départs et de recommencements, mais il serait plus juste de choisir d'y voir plutôt une continuité. Ce n'est pas seulement pour honorer un titre de Walker qu'un documentaire sur lui s'est appelé "30th Century Man". Avec le temps, c'est même devenu fort approprié. Entre 1969, année de la création du morceau, et Vox Lux, sa dernière création (satirique), en 2018. 
La voix de Walker était celle d'un crooner d'un ton si profond et épais comme le sirop d'érable, capable de phrasé étiré sur de longues syllabes. Au début, il capitalisait sur ce style vocal, charmant et accessible, puis, par la suite, utilisant cette même voix afin d'en exploiter l'étrangeté. Il devenait...OVNI.

Fataliste avant l'heure fatale. Et toute sa vie.

Les Walker Brothers ont été si populaires, en Angleterre surtout, qu'ils ont rivalisé, ne serais-ce que brièvement, avec les jeunes Beatles de 1964.  Mais déjà, on pouvait sentir, sous les platitudes chantées ("Loneliness is a cloak you wear/A deep shade of blue is always there") que le vernis craquait. Une chanson racontant un chagrin d'amour, dans le moule Walker, devenait apocalyptique. Pathétique. Trop mielleuse. Gluante. Ziggy Stardust s'imolant sur scène dans un suicide rock'n roll. 

Les frères Walker se sont séparés à la fin des années 60, Scott a ensuite fait une carrière solo. Une épopée faisant traîner sa suave voix, qui allait inspirer quelqu'un comme Bowie justement. Sa grave voix de baryton laissant une marque impressionniste et lourde sur chaque chanson. Comme de la melasse sur du pain blanc. La fille de la rue du coin tremblerait comme une feuille. Les saisons deviendraient veloutées ou inconfortables, ce serait selon. Il serait à la fois grave, profond, existentiel, poétique, surréaliste, politique, osant même braver la mort comme l'avait fait le grand Ingmar. Un traité cinématographique sonore et musicale comme une voix de l'enfer pour les étudiants de cinéma que nous étions dans les années 90. Un sens biblique de l'inévitable. 

Scott Walker a toujours semblé faire un pas de côté afin de commenter l'histoire qui se jouait devant lui. Comme cet hymne baby-boomer en référence à ce qui se passait politiquement en Tchécoslovaquie. 

L'impulsion fasciste, comme Bowie encore, jumeau difforme, et les outils du sadisme et de l'humiliation l'ont clairement fasciné.  Après des albums plus conventionnels dans les années 70, albums qu'ils désavoueraient par la suite, il glisserait dans les rêveries lugubres, les atmosphères draculiennes. Vous croyez que ça ne séduirait pas un vampire comme moi? Dans les années 80, il combinerait étincelles de jazz et verve de poésie sado-masochisme. Des efforts hypnotiques qui dérangeaient plus qu'ils ne plaisaient en général. Plus près du Nine Inch Nails en musique ou du David Lynch en film que du roi de la pop ou de la reine d'instagram. 

Sa voix sombre était un rempart contre les déserts sonores. La dégradation humaine et morale pouvait soudainement atteindre une forme de beauté. Nick Cave y puiserait possiblement du sien chez Walker. .

Scott Walker, mêlait sucre et poison avec audace avec l'âge. 

Décédé à l'âge de 76 ans cette semaine, son fatalisme décadent aura été ce qu'il y a de plus consistant dans son oeuvre.

Que je me retape, sur Spotify,

Engel again. 

C'est la beauté des artistes. 
Ils ne meurent jamais vraiment. 

samedi 30 mars 2019

La Classe de Cancres

Hey États-Unis!

T'as fait ta première année de 1775 à 1867, lors des révolutions et de la guerre de sécession et de l'indépendance.

T'as fait ta seconde de 1868 à la Première Grande Guerre.

T'as fait ta troisième de l'après guerre aux années folles jusqu'à la grande noirceur avec avec The greatest generation that ever lived.

T'as fait ta quatrième à la Seconde Grande Guerre en passant par la Corée, la Guerre Froide, JFK et le Vietnam, car tu sembles courir les traumatismes.

Tu as fait ta cinquième en faisant démissionner, pour la seule fois, un président de classe, tu as élu un cowboy comme président de classe, quelqu'un a tenté de le tuer afin d'attirer l'attention de Jodie Foster. Tu t'es voté un père et un fils comme autres présidents, tu as presque fait démissionner un autre pour une histoire de pipe. Tu t'es voté, pour la seule fois aussi, un président de classe noir.

Plus les années avançaient, plus elles étaient chargées en expériences, événements, apprentissages de toutes sortes.

Tu es en sixième année depuis l'automne 2016. Tu as la maturité d'un enfant de 11 ans. Tu as presque marqué l'histoire en faisant élire une fille comme présidente de classe pour la première fois, mais non, trop immature, tu as voté pour le roi des cancres. Presqu'un cas médical. Un tout croche, élevé croche, grandi croche, convaincu qu'il sait tout, mais si ignorant, c'est à se demander comment il a atteint le rang scolaire puisqu'il doit tout à son père. Et ses connaissances sont profondément limitées.

Ta classe devient alors une classe inspirée du cancre. Où l'ignorance fait rage, où la discorde est omniprésente, où le désordre règne. Rarement, sinon jamais une classe et son président n'auront inspiré autant d'instabilité dans une classe.
Au point qu'un directeur d'école a dû intervenir et enquêter quand des rumeurs de tricheries. Enquête qui n'a surpris personne, puisque le président de la classe de cancre a toujours clairement parlé que la loi se mettait souvent dans son chemin, se qualifiant par le fait même de hors-la-loi et déséquilibré social.  Qui dit hors-la-loi, pense alors enquête.  Cet enquêteur a étudié afin de savoir si le président en question n'avait pas triché, avec des partenaires russes louches, nation que le président a ouvertement déclaré admirer, malgré le bain de vice dans lequel le président de cette classe trempe.

Beaucoup, beaucoup d'eaux sales dans ces piscines scolaires intercontinent.

TOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUTE la durée de l'enquête, votre président des cancres a décrié l'enquêteur. Il l'a traité de tous les noms. Il a évoqué une chasse aux sorcières. Il a scandé à de multiples reprises que peu importe la conclusion de son enquête, il en ferait fi. Il a souvent laissé entendre qu'il mettrait les bâtons dans les roues de l'enquêteur. Bref, il s'est comporté comme le tricheur cerné qu'il était, et qui joue son va-tout. Comme le pendu sur son cheval, les mains attachées dans le dos, la corde au cou, méprisant le sheriff qui l'a fait condamner.

He shoots from the hip, but this time, he's fried.

Et tout le monde savait, surtout lui-même, car on peut mentir à tout le monde, au plus profond de soi-même, même quand on est creux, on sait toujours où la vérité s'est jouée, qu'il était cuit.

Et bien contre ses attentes, on ne l'accusera de rien. On aura plusieurs preuves de son côté formidablement fourbe, ça puerait là où ça aurait dû glisser comme l'eau de la rosée du matin sur une fleur éclatante, mais on ne mettrait pas le bouquet en feu, on ferait tout juste sécher quelques pétales (sur certains pissenlit existent des pétales, aimes-t-on croire), le temps d'un grand frisson romantique avec l'idée d'une démission précaire du président de la classe de cancre.

Ben non. Pas d'accusations assassines. Juste une réputation, confirmée imposteur. Il ne ferait plus fi de rien ce crétin.

États-Unis, ton président de la classe de cancres sera alors livide et déclamatoire. Toute bipolarité bien affûtée. L'enquêteur, qu'il disait ouvertement qu'il était le pire des ratés et dont l'enquête ne pouvait qu'être bidon, est maintenant devenu le héros qui lui sauve la peau. Lisant en diagonale ses conclusions, il trichera (encore) la vérité en disant qu'il était lavé de tous soupçons, alors qu'au contraire, on y dit que les soupçons y étaient partout, mais que la lutte sera inutile puisque ça finirait par un duel de "ma parole contre la tienne".

Fier de sa survie, l'arrogant président, comme votre école le fait déjà trop souvent, tentera de dicter celle de la Corée du Nord sur sa manière de gérer ses affaires. Après tout, les jouets du président de la classe de cancres, n'ont pas le droit d'exister ailleurs que chez lui. C'est comme ça qu'il pense le narcissique. Moi oui, pas les autres.
Il dira aussi à l'école du Venezuela comment gérer ses affaires. Le président de la classe de cancres est un habitué des annonces commençant par son nom, suivi du verbe menacer à tous les temps. Cette semaine ne fera pas exception. En 6ème année, on domine son école.

Finalement, il visera les enseignants, en intimidateur né, choses qu'il faisait en tout temps, les traitants d'ennemis du peuple.

Mots qui dans la bouche du président de la classe de cancres n'a plus beaucoup de valeur chez les gens moindrement instruits.

Pas si nombreux chez toi, États-Unis. Vraiment pas nombreux.

Le plus grand des ignorants, c'est le patron des opérations de la classe.

La plus cancre des classes.
Inspirant les plus cancres des élèves.

Nous sommes élèves toute une vie, États-Unis.
Toute une vie.

Espérons qu'ils apprennent un jour à faire confiance aux premiers de classe.
Plus jamais aux cancres.

vendredi 29 mars 2019

Mötley Crüe

Le 17 janvier 1981, Frank Carlton Serafino Feranna Junior, bassiste de 23 ans, et Tommy Lee Bass, batteur de 18 ans, choisissent de former un band de musique qui serait un croisement entre David Bowie, les Sex Pistols passé au malaxeur du son de Black Sabbath. Ils répondent tous les deux à une annonce du guitariste Bob Deal, qui fait écrire dans un journal musical local qu'il est un guitariste grossier, agressif et pesant prêt à offrir ses services pour un band. Bien qu'il ait déjà 30 ans, on aime son son et on le prend dans le band. Lee connaissait Vince Neil Wharton depuis l'école secondaire, et avait jouer sur scène avec. Il connait le pouvoir de son charme scénique. C'est Bob Deal, qui se rebaptise Mick Mars, qui voit Neil sur scène et qui le suggère comme chanteur. Vince refuse. Mais Lee insiste une seconde fois. Le chanteur de 20 ans accepte le poste le 1er avril 1981. 

Ils sont tous issus de la Calfornie. Ferranna Junior était déjà devenu Nikki Sixx. Il sera le principal compositeur du groupe. Deal est Mick Mars, Vince Neil Wharton et Tommy Lee Bass ne garderont que leurs deux premiers prénoms. Sixx veut appeler son band Christmas, mais personne d'autre n'aime. On choisit le nom de Mötley Crüe quand Mars parle d'un de ses anciens bands qui avait été qualifié de "Motley looking crew" (d'un groupe hétéroclyte). Sixx insiste pour l'incorrecte orthographe et pour la double paire de trémas pour rendre prétendument hommage à la bière Löwenbräu que les 4 consomment beaucoup.

Le premier effort enregistré sera Stick To Your Guns/Toast of the Town. Puis, en novembre, le premier album tricoté en studio est lancé. On en vend quelques 20 000 copies. Leur gérance les envoie sur la route, au Canada jusqu'à l'automne 1982. Mötley Crüe se fait arrêter simplement pour ses costumes outranciers qu'on juge " de potentielles dangereuses armes" (puisqu'ils portent des pointes de métal sur leur vêtements de cuir). Comme on trouve des magazines pornos dans les valises de Vince Neil, on les détruit pour "indécence". Toujours à Edmonton, un appel à la bombe fait arrêter une présentation sur scène. Tommy Lee n'en reste pas là, tirant un appareil télé de la fenêtre de sa chambre d'hôtel (tout en hauteur) du Sheraton Caravan Hotel. Le groupe sera banni à vie d'Edmonton, mais ils ont fait un grand coup de publicité. Ce qui était souhaité. La tournée est avortée car on a trop perdu d'argent. On change la gérance.

Les vidéoclips et un important diffuseur, MTV aux États-Unis, naissent au début des années 80. L'image d'un band devient un extraordinaire vendeur de produit. Mötley Crüe l'a vite compris. Leur image sera indissociable de leur son. En participant au US Festival, Ozzie Osbourne les remarque et les demande comme groupe d'ouverture pour sa tournée mondiale Bark At The Moon de 1984. Inspiré des sons d'AC/DC, d'Aerosmith et du style de guitare de Judas Priest, le band croisant heavy metal et hard rock vend des milliers d'albums à partir de Shout at The Devil, mais devient encore plus populaire deux ans plus tard avec Theatre of Pain. Girls, Girls, Girls, en 1987, souligne leur passion pour les motos, le whisky et les bars de strip-tease. On traite de leur quotidien quoi. Ce qui inclut sexe, drogue, rock'n roll, abus de toute sortes, excès, escapades sexuelles en public et/ou en privé, décadence. On oublie des filles menottés au lit toute une journée. Dans le noir, on abuse d'une autre en faisant pivoter trois différents amants. On pisse dans le coin d'une pièce pendant une entrevue. On vomit avant une autre. Débauche à outrance.

En 1984, Vince Neil est au volant de sa voiture, intoxiqué, quand il est impliqué dans un grave accident qui fauche la vie de son passager, le batteur de la formation Hanoi Rocks, Nicholas "Razzle" Dingley. Il écope de 30 jours de prison pour son double crime, n'en purge que 18 et paie 2,5 millions de sa poche profonde..
Le 23 décembre 1987, Nikki Sixx est victime d'une overdose. Il meurt. Toutefois le paramédic qui le traite, un très grand fan de Mötley Crüe, se surpasse au travail et ranime le bassiste et principal compositeur du groupe. Mort deux minutes, l'événement sera l'inspiration pour la chanson la plus populaire du band sur Spotify, de nos jours. L'album Dr.Feelgood  sera leur seul #1 et présente le band au meilleur de ses ventes. Les fans du band considère aussi cet album comme leur meilleur.   

De 1986 à 1987, Nikki Sixx tient un journal de sa consommation d'héroïne. Il entre en clinique de réhabilitation en 1988.

En 1989, Mötley Crüe, dont la gérance est partagée avec celle de Bon Jovi, trouve que ces derniers sont nettement plus avantagés qu'eux presqu'en tout temps. On se sépare donc d'un des deux gérant. En 1991, une compilation est mise sur le marché, et qui dit compilation, parle souvent de chant du cygne.

Avec l'arrivée du grunge, le glam metal du band n'est plus tellement a goût du jour. La fille de 4 ans de Neil meurt tragiquement du cancer. Si la première fois Neil était l'architecte de son propre drame, cette fois, il est vulnérabilisé à jamais. Il n'est pas clair si Vince Neil a été viré ou si il a tout simplement choisi de quitter. Mais il ne reste pas un Mötley Crüe. John Corabi le remplacera mais le seul album qu'il fera avec le groupe, un album éponyme, sera le moins bon vendeur et Corabi tirera sa révérence deux ans après, conscient que la voix de Neil fait partie du son de Mötley Crüe et que lui, reste un couac pour les fans de la première heure. Et l'heure actuelle n'est plus aux nouveaux fans.

Neil revient en 1997, mais l'album qui en naît est un échec commercial. En 1998, ils réussissent à mettre la main sur les droits de toute leur oeuvre, en mettant fin à leur contrat avec Elektra qui les enregistraient depuis le début. Phénomène assez rare, le band a le complet contrôle sur toute son oeuvre, catalogue et distribution. Ils fondent leur propre étiquette de disque: Mötley Records.

Des éditions rares et tout le catalogue est réédité. Une nouvelle compil légèrement modifiée aussi. Tommy Lee quitte le groupe pour faire une carrière solo. Il est aussi en couple très en vue avec la plantureuse Pamela Anderson. Lee sera remplacé par le batteur d'Ozzy Osbourne, Randy Castillo. Mais l'album suivant obtient encore un succès confidentiel et avant la tournée, Castillo est diagnostiqué d'un cancer. Samantha Maloney, ancienne batteuse de Hole, le remplacera.

Quand Castillo décède en 2002, le band prend une pause. Sixx se partage dans 58 et dans Brides of Destruction. Vince Neil participe à la première saison de The Surreal Life sur VH1. Mick Mars développe une rare forme d'arthrite qui le force au repos. Lee a une carrière solo modeste, fait la manchette pour avoir été brutal envers Pamela Anderson et performe avec Method of Mayhem.

En 2008, tout le monde est réuni et on lance leur dernier album.

7 ans avant, une biographie sur le groupe appelé The Dirt fait sensation. 

C'est ce livre que Netflix a adapté en film et qui est en ligne depuis vendredi dernier.

Principalement de la décadence. Une glorification de comportements déplorables. Tourné par le réalisateur de Jackass.

Stranger Things, une série se déroulant dans les années 80,  et dont la saison III débute le 4 juillet prochain, série aussi produite par Netflix, fait la part belle à un de leur plus gros succès populaire en ouverture de sa bande annonce actuelle.

jeudi 28 mars 2019

Les Meurtres de Whitechapel

Au début de la semaine, on pensait avoir fait la lumière sur l'identité de Jack L'Éventreur. On le pense encore.  Mais ça reste controversé.
On croit que ce serait le barbier Aaron Kominski, interné dans un asile dès 1891, alors que les meurtres attribués à Jack l'Éventreur, sont survenus dans le quartier où il travaillait (Whitechapel) à la même époque. Un barbier, il en aurait eu les outils...

Les meurtres sont survenus entre le 3 avril 1888 et le 13 février 1891. 

Pourquoi s'intéresser aux assassins? Voici plutôt les victimes.

Emma Elizabeth Smith

Prostituée, elle fût battue et violée . On lui a inséré un objet dans le sexe. C'est cette blessure qui la fera saigner de l'intérieur et la faire mourir. Sa sacoche a été vidée et elle a été laissée pour morte dans la rue. Avant de tomber dans le coma et de mourir, Smith a eu le temps de dire que ses agresseurs étaient deux ou trois, l'un d'eux, un adolescent. On a vite associé ce premier meurtre aux guerre de gang du quartier. Il n'était pas rare de voir des femmes "faibles" mais riches, se faire offrir "une protection" contre de l'argent de la part des gangs de rue. Si elles refusaient...elles pouvaient en payer le prix du contraire de la protection...Elle mourrait le 3 avril 1888.

Martha Tabram

Prostituée de son état aussi, elle prenait un coup avec trois hommes dans un endroit public près du building George Yard. Aussi à Whitechapel. Elle a quitté avec un ami dans la nuit du 6 août, peu avant minuit. Les deux autres hommes étaient des soldats (tous en boisson). Son corps a été vu vers 3h30 du matin, par un homme qui revenait du travail. Il a d'abord cru au corps d'une ivrogne qui dormait ou qui avait perdu connaissance dans les escaliers de l'immeuble George Yard sur la rue Wentworth.
Mais à 5:50 du matin, le 7 août, la lumière était meilleure afin de constater que Martha avait été poignardée 39 fois dans le cou, le bas de l'abdomen et la poitrine. Une des coupures laisse croire qu'une lame plus large qu'un canif (une baïonnette?) l'aurait lacérée fatalement. Plusieurs croient qu'elle serait la première victime de celui qu'on appellerait, faute de plus précis, Jack l'éventreur. D'autres croient que ce serait un autre car la technique d'assassinat était différente des "5 canoniques".

LES 5 CANONIQUES:

Bien que 11 femmes ont été tuées dans la période associée à Jack l'éventreur, 5 sortaient du lot. Les canoniques 5 les appelaient-on. Les cinq victimes étaient des prostituées du East End, elles avaient sensiblement le même type de blessures, des organes avaient été prélevées des cadavres et dans certaines cas, des mutilations avaient été perpétrées.
Tous les meurtres étaient du même quartier et avaient beaucoup de similitudes.  L'assistant du chef enquêteur, Melville MacNaghten, et le chirurgien de la police ont tous deux liés les 5 meurtres au même auteur.

Mary Ann Nichols

Le corps de Mary Ann a été découvert à l'entrée d'une étable à chevaux, vers 3h40 du matin, le 31 août 1888, par deux hommes revenant du travail. Elle avait la jupe retroussée par dessus le corps. Ils ont pensé qu'elle était saoûle ou sans connaissance avant de lui redresser la jupe au bon endroit et de découvrir un corps trop pâle et beaucoup trop froid, ils avertissent la police.
On lui découvre une gorge si sévèrement tranchée qu'elle frôle la décapitation. Le bas de son abdomen est ouvert et à moitié vidé de l'intérieur.  Elle aurait été tuée 30 minutes avant d'avoir été trouvée selon les médecins légistes.

Annie Chapman

Annie, selon des témoins, parlait avec un homme sur le seuil du 29, rue Hansbury Street. vers 5h30 du matin. Le voisin l'entend crier "No!" suivi du son d'un corps s'écrasant contre la clôture. 20 minutes plus tard, son cadavre est découvert par un mécanicien qui commençait sa journée, dans la cour arrière. Son corps mutilé comme celui de Nichols. Le cou tranché, et son abdomen ouvert. Ses intestins, toujours rattaché au corpsm mais montés sur l'une de ses épaules. L'autopsie révélera que l'assassin avait aussi "retiré" son utérus et des parties de son vagin (en 20 minutes?). Elle meurt le 8 septembre 1888.

Elizabeth Stride

Deux victimes sont faites le 30 septembre, le premier est découvert vers 1h du matin, Son cou est tranché de la même manière que les deux autres, mais son abdomen reste intact. Certains croient que ceci devrait suffire pour que ce ne soit pas l'oeuvre de Jack l'éventreur, mais la police croit plutôt que l'assassin a été interrompu et précipité dans ses gestes.

Catherine Eddowes

45 minutes plus tard, le même soir, on découvre le cadavre d'Eddowes. Son cou est tranché. Son abdomen ouvert. Son rein gauche a été soutiré. Des témoins prétendent l'avoir vue en compagnie d'un homme d'à peu près 5'7 arborant la moustache, d'à peu près 30 ans.

Mary Jane Kelly

Elle est trouvée horriblement mutilée dans son propre lit, à 10h45 du matin, le vendredi 9 novembre 1888. C'est l'assistant du concierge, allant chercher le chèque de loyer qui fait la macabre découverte. Son abdomen est largement ouvert, son intérieur...vidé...un sein tranché, des viscère placées près de sa tête sur une table de nuit, le visage méconnaissable tellement broyé, et le coeur...absent. On suspecte alors, un chirurgien ou un spécialiste de la santé. Visiblement déséquilibré.

Plusieurs s'entendent pour dire que ce ne fût que ces 5 là, les vraies victimes de Jack l'éventreur.

 Mais les tueries ont continué dans cet étrange quartier. 4 autres femmes trouveraient la mort en peu de temps.

Rose Mylett

Le 20 décembre 1888, Mylett est retrouvée étranglée. Ce qui ne ressemble en rien aux méthodes de Jack l'éventreur. On pense qu'elle aurait été tuée dans une stupeur d'ivrogne.

Alice McKenzie

Le 17 juillet 1889, le corps de McKenzie est retrouvé, la carotide tranchée. On pense que quelqu'un, cette fois, aurait essayer d'imiter Jack l'éventreur, qui gagne en publicité et qui est un mystère insoluble.

Le torse de Pinchin Street

Appelée ainsi car ce qui est trouvé est un torse féminin, sans jambes et sans tête, le 10 septembre 1889. On croit qu'elle aurait été tuée ailleurs que là où elle fût trouvée. Et qu'on aurait voulu disposer du torse. Ne trouvant jamais le reste nulle part.

Frances Cole

Le 13 février 1891, on retrouve son cadavre, la gorge tranchée, et des blessures derrière la tête. Elle aurait été tirée au sol après avoir essuyé des coups de poignards dans la gorge. Seuls son cou sera fatalement atteint. James Thomas Sadler, que l'on a cru Jack l'éventreur est accusé du meurtre, mais innocenté, le 3 mars suivant.

Whitechapel vit en paix par la suite. Les morts suspectes cessent.

Mais le mystère persiste. On dit qu'il a déménagé, qu'il est mort.

...maintenant, on dit qu'il a été interné. 

mercredi 27 mars 2019

Au Coeur de l'Humiliation

"When the kids have killed the man I had to break up the band"
-D.J. 

Au coeur de l'humiliation. Nous y étions.

Celui qui se prend pour notre patron depuis trop longtemps, savait qu'on devait le changer de bureau. Notre vrai patron, le directeur de prod. lui avait dit il y a un mois. Il passerait du seul bureau de l'entrepôt, où il y avait trois ordinateurs, son royaume, qui lui confirmait dans sa tête une sorte de pouvoir sur nous deux, responsables d'entrepôt, que nous ne respections pas, à un cubicule, le premier près du bureau du directeur. Comme un(e) enseignant(e) garderait près de lui/elle son plus mauvais élève.

G.Pawdépowl avait passé la majeure partie de cette journée, il y a un mois, où il se faisait annoncer qu'il allait changer de bureau, à négocier le contraire. À la vue de son visage défait en fin de journée, on savait qu'il avait pleuré. Et perdu sa cause. Le connaissant, on savait aussi qu'on venait de le tuer. Qu'il mourrait par en dedans. Qu'on lui avait coupé les couilles. Que Darth Vader était réduit à Mini-Me. Depuis, on savait aussi qu'il souhaitait secrètement que l'on ait oublié l'idée.

Depuis un mois, au courant de son déménagement perçu comme la plus grande démotion et et la plus humiliante des défaites personnelles par lui, mon collègue et moi nous échangions des sourires entendus et des regards complices entre deux chuchotements sur son sujet. Sachant le jour J arriver.

Lundi, Jour J. Une splendide métaphore opérait en ouverture de journée. Les gens du ménage de nuit avaient, par erreur, barré son bureau, le seul et unique bureau de l'entrepôt, qui lui donnait l'impression d'être si indispensable à nos vies. Et personne (nous avons déménagé en décembre) n'en avait la clé. Il était embarré en dehors de son bureau! Ce bureau qui ne devait plus être le sien! J'en faisais des blagues souterraines avec mon collègue d'entrepôt, qui était hautement responsable de ce qui se passait, ayant milité largement contre G.Pawdépowl, et à outrance, appelons-le Judas, je lui disais en sourdine que c'était un message de l'au-delà qui lui disait que ce bureau n'était plus le sien de toute manière.

Et bien une heure plus loin, ce bureau n'était plus le sien. Ça a mis Judas et moi dans un état d'euphorie difficile à contrôler. Pour limiter nos envies d'éclater de rire, on avait le réflexe de chanter ce que la radio nous jouait.
" ..all your insides fall to pieces..." je vous l'ai déjà dit, j'arrive à atteindre la voix exacte de Thom Yorke, Judas en est resté impressionné. Mais disons que les mots correspondaient trop à la parade du mort qui se jouait devant moi. Celui qui marchait de son bureau au cubicule, la tête basse. J'ai vite cessé de chanté. Pas Judas. Plus enflammé que jamais.

"Train!" chantait-il ensuite à son tour.
CHRRRRRRRIST la chanson s'appelait Fame! comment faisait-il pour chanter "train!"?. Mon Bowie en plus!
"Change!" au moins, cette fois, il empruntait un autre titre de Bowie, je ne lui pardonnais tout de même pas. C'était Fame qui jouait à la radio! Je n'ai rien dit.  J'ai étudié la marche du mort qui se jouait devant nous.

"Je vas aimer ça en avant!" a dit G.Pawdépowl, répondant à une question que personne n'avait posée. On ne l'a pas cru personne. Plus il disait des choses comme "Y a rien là!" alors que nous ne lui disions rien, plus on entendait le contraire. Son visage rougi trahissait l'orgueil meurtri.

"Me, Myself & I, oh Me Myself & I" chantait Judas derrière.
 TABARNAK! la chanson s'appelle Keep Yourself Alive! faisait-il exprès?
Enfin, si il chantait les vraies paroles, peut-être qu'effectivement, il aurait un peu trop collé à la réalité du moment lui aussi...

G.Pawdépowl faisait un peu pitié, trimbalant ce qui lui restait d'orgueil, en faisait de lourds efforts pour tenter de ne pas se montrer atteint de quelconque manière par ce qui lui semblait la pire des démotions. En faisant de peu convaincants signe de "devil" des doigts, en passant près de nous.

Quand un chauffeur est revenu un peu plus tôt que les autres, on lui a fait part de la chose, et à trois, on peinait beaucoup à se contenir dans nos fous rires et notre commune excitation. IL NE SERAIT PLUS DANS NOS PATTES! ON AURAIT LA PAIX! IL ÉTAIT DÉTRÔNÉ DE CE RÔLE AUTOPROCLAMÉJAMAISMÉRITÉ!

"In my heart! ooooh In My heart!" AAAAAAAAAAAARGH de nous deux C'EST LUI L'ANGLOPHONE! comment fait Judas?

J'ai dû aviser le chauffeur revenu de sa journée et Judas de changer de tempérament, on avait l'air beaucoup trop heureux depuis qu'il déménageait ses pénates. Je vous épargne ce que chantait en italien Judas sur Bohemian Rapsody, il était en feu. Ça restait tout de même inconfortable de trouver tant de source de plaisir dans le désarroi d'un autre.
Nous étions nettement différents des autres jours. D'une subtilité assez nulle. Même si G.Pawdépowl n'a rien semblé voir. Aveuglé par la noirceur de sa propre âme.

Notre entrepôt nous était enfin remis. Fini l'impression d'avoir Dwight K. Schrute* constamment dans le rétroviseur.

La dernière chanson de la journée, tout le monde la connaissait.
On s'est mis 5 à la danser.

On l'a tous chantée quand il avait quitté le bureau.

On rendra enfin à César ce qui appartient à César.


*à la lumière du lien offert, c'est fou ce que Dwight K.Schrute a des traits psychologiques de G.Pawdépowl! La réaction à 3:09 est permanente chez nous, avec lui! Orgueil! tu te tues toi-même!

mardi 26 mars 2019

À La Recherche Du Temps Perdu**********Chroniques de l'Oiseau à Ressort d'Haruki Murakami

Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle littérature.

Lire c'est apprendre, explorer, s'évader, vivre autrement.

Je suis traducteur, je lis presqu'en tout temps. Ce n'est pas travailler pour moi, c'est simplement une autre manière de m'oxygéner le cerveau.

Je vous parle d'un livre qui en vaut selon moi la peine. La peine d'être visité par vos yeux. Ce mois-ci, une légère brique.

CHRONIQUES DE L'OISEAU À RESSORT de Haruki Murakami.

2009. Je vis la période la plus difficile de ma courte vie. Je ne me doute pas encore que cette annus horribilis se terminera par la mort prématurée de mon père. Pour le moment je me fais signer un arrêt de travail. Avant de savoir que je dois m'occuper le cerveau, conseillé par mon médecin consultant, j'ai déjà naturellement ce réflexe. Quand on veut entrer dans les dédales de notre système de santé, il faut de toute manière se prévoir entre 8 et 10 heures de végétation en attente de toute manière. Je m'étais donc justement apporté un livre. Mon premier de cet auteur japonais dont j'avais entendu le nom ici et là. 607 pages.

J'aurais le temps de me rendre jusqu'à la page 514 avant qu'on m'appelle dans le bureau du médecin.

Une femme quitte un homme, sans raisons claires, le laissant dans un profond état de dépression et le plongeant dans une série de relations personnelles étranges, reliées à un puits secs, dans lequel il se réfugie, parfois contre son gré, et à partir duquel des phénomènes surnaturels et des rêves intenses semblent y naître. Des enjeux financiers aussi. En contact avec une riche créatrice de mode ainsi que de son fils muet, le protagoniste se découvre des talents de guérisseur. Il entre aussi en contact avec un ancien lieutenant dont le passé en Chine occupée et dans les camps de travail soviétiques auraient changé le cours de l'Histoire. Un passage entre la vie et la mort relève aussi du fantastique. Toujours à portée dans les récits de Murakami.

On navigue entre vie réelle, conscience et rêve. Murakami nous fait perdre, peu à peu nos repères. À l'instar du protagoniste qui, peu à peu, le monde tel qu'on le comprend nous échappe. Le chant de l'oiseau à ressort sortant d'un cadran étant le seul lien avec le monde tel qu'on le connaissait.

On parle de désir, de pouvoir, d'opposés polaires et d'aliénation.

Les lecteurs et adorateurs de IQ84 (J'en fût par la suite) un autre de ses romans divisé en trois parties aussi, et contenant une demie tonne de pages, et partageant le même type d'univers dystopien y trouveront leur compte. on y retrouve le même environnement déjanté, fantastique, dans un monde très réel. Vous y trouverez des chats parce que Murakami est adorateur des chats et ils sont dans toute ses oeuvres. Son écriture est d'une tendresse teintée de mélancolie.

Je nageais dans la mélancolie, mes douches perlaient de gouttes de langueur.

L'adynamie mentale se resolidifie avec les mots et la dystopie de Murakami.

Une lecture comme un rêve en apesanteur. Lire son oeuvre c'est comme nager dans un état de veille, dans un clair-obscur de la conscience qui semblait pourtant relever de la nuit.

Comme une série d'oiseaux chantant dans la noirceur.

L'érotisme y est aussi au rendez-vous.
Un érotisme de bon goût.