dimanche 17 mars 2019

Blonde & Idiote Bassesse Inoubliable*****Astral Weeks de Van Morrison

Chaque mois, vers le milieu, tout comme je le fais pour le cinéma (dans les 10 premiers jours) et la littérature (dans les 10 derniers), je vous parle musique.

Musique qui m'a fait ce que tout oeuvre d'art devrait faire: voyager.

Le titre de la chronique est inspiré de 4 des albums que j'ai le plus écouté dans ma vie. Des albums dont je connais toutes les nuances, toutes les notes, albums dont les couleurs font partie de mon ADN.

Par ordre de création:
Blonde on Blonde de Bob Dylan
The Idiot d'Iggy Pop
Low de David Bowie
The Unforgettable Fire de U2.

B.I.B.I. c'est moi. C'est aussi la terminaison du terme habibi, voulant dire en dialexcte irakien: je t'aime.

Musique, je t'aime.

ASTRAL WEEKS de VAN MORRISON.

1967. Van Morrison connait un succès immense et planétaire avec un morceau de son tout premier album solo après avoir été leader de la formation Them de 1964 à 1966. Mais Morrison aime très peu ce qui entoure l'album. Plusieurs morceaux sont enregistrés avec son consentement mais jamais on ne le consulte sur le quand et le comment. On sort un album sans le prévenir de rien. La pochette le fera vomir. L'orientation des chansons sera beaucoup trop pop pour ses oreilles. Il entrera dans une dispute contractuelle et son producteur, celui qui a pris toute les décisions, décède d'une hâtive crise cardiaque, fin décembre 1967.

La veuve de son producteur en voudra à Morrison et le tiendra responsable de la mort de son mari. Elle lui fera la vie dure en cour. Morrison pourra réenregistrer mais sous de nombreuses encombrantes conditions. Morrison doit composer trois nouveaux morceaux pour son ancienne maison de disque (Warner l'a signé depuis) par mois pendant un an. Morrison remplit cette obligation en enregistrant 36 chansons sur un album double, des chansons idiotes, se moquant ouvertement du style de son ancien producteur, un album presque appelé "payin' dues" dont aucun des morceaux ne pourrait être commercialisables. Il s'exposait à des poursuites, mais aucune n'a été déposée contre lui. Son ancienne maison de disque devait aussi engranger les profits de ses singles du 12 septembre 1968 au 12 septembre 1969. Warner, à la suggestion de Morrison, ne lancera aucun single sur cette période. Les ventes s'en trouveront affectées, mais Morrison sera très fier, l'est toujours, du son qu'il a alors créé. C'est ce qu'il voulait.
Deux de ses nouvelles chansons, de son prochain album, devait aussi devenir la propriété de l'ancienne maison de disque. Morrison leur a donné deux ébauches, bien différentes de ce que Madame George et Beside You seront sur Astral Weeks.

Maintenant plutôt libre, VM s'entoure de John Payne, à la flute traversière et au saxophone soprano et de Jay Berliner et épouse son amoureuse en Amérique afin de rester loin des conflits contractuels. Il jamme à New York et explore le celtic folk et Berliner, guitariste classique et jazz, le dirige inconsciemment dans des directions nettement moins commerciales. Richard Davis, contrebassiste, collaborateur d'Eric Dolphy, sera amené en studio pour l'album et il sera essentiel à la dynamique du band. Berliner a aussi de fortes racines jazz. Il a travaillé avec Charles Mingus. La batteur Connie Kay se joint au groupe. Il est, lui, du Modern Jazz Quartet. Le percustionniste Warren Smith Jr, était collaborateur de Max Roach. Larry Fallon fera des arrangements de cordes, conduira les orchestrations et jouera de la harpe.

La première session se tient le 25 septembre 196, Morrison, s'isole des autres membres en ne présentant que ses chansons à la guitare et leur disant "jouer ce que vous sentez là-dessus". Il s'enferme dans son cubicule vocal et chante sa poésie impressionniste. La première session dure toute la nuit et on enregistre la moitié de l'album. Madame George et Beside You, retravaillées par VM, puis Cypress Avenue. John Payne regarde un autre flutiste jouer à sa place sur ces 3 morceaux, il ne se présente à personne, et on ne saura jamais son nom. Payne insiste pour jouer sur le 4ème morceau qui sera le morceau titre. On aime tant que Payne sera du reste des morceaux. Pas l'autre, l'inconnu.

La session suivante sera tenue un matin et rien, mais rien ne fonctionnera. Le matin est mauvais aux gens de jazz. On ne fait que l'ébauche de The Way Young Lovers Do, un de mes morceaux préféré de l'album, morceau qu'on refera mieux à la session suivante. En octobre. Qui produit aussi Ballerina, Slim Slow Slider et Sweet Thing. Ce dernier morceau, j'avoue le découvrir par un autre de mes bands préférés, The Waterboys, qui en fait une fameuse version sur Fisherman's Blues, en 1986. Année presque 1968 pour dyslexique.

Instinctif, poétique, organique, bluesy, celtique, classique, folk, jazz, l'album est à la fois incantatoire et plein de ruminations subtiles.

Morrison compose cet album dans un flux de conscience évoquant des émotions et des images placées moins dans la cohérence que dans la transe impressionniste. Une seul écoute ne plaira pas.
Il en faut, au minimum 2. Afin de baigner dans l'esprit du collectif car Astral Weeks, bien que dirigé par Van Morrison, et dont l'architecture flotte autour de Davis, Berliner & Payne,

Pour amateur de poésie expresionniste, de folk, de musique celtique, de guitare acoustique, de jazz, de flûte traversière, de méditations musicales, d'Irlande, de Them, de guitare espagnole, de jam musicaux.

En vous souhaitant le plus verte des journées!
Mes petits leprechauns.


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