dimanche 31 juillet 2022

Héros de La Langue

 

Je ne vous parle pas souvent de mon métier de traducteur autant que je vous parle de mon travail en service d'hygiène urbaine. 

C'est parce que pour le commun des mortels, la traduction, c'est assez ennuyeux (même pour moi, parfois) et ça peut même avoir un petit côté snobinard rebutant. Les gens font de fautes et ce n'est jamais tellement grave. Ça le devient quand on s'adresse au plus grand nombre. Là, on doit être impeccable. 

Ce que n'a jamais été Mélania Trump et son entourage quand ils ont mis sur pied un programme appelé grammaticalement, incorrectement Be Best. Programme venant en aide aux enfants et adolescent(e)s victimes d'intimidation et subissant des préjudices. Ce que ce mauvais anglais pouvait, ironiquement, aussi encourager. 

La dizaine de noms que je vais vous nommer sont en quelques sortes des héros pour notre profession. Pas nécessairement les meilleurs, mais les plus connus. Les rock stars de la langue. Mais comme dans le monde de la musique, Beatles ou Rolling Stones ? Elvis ou Jerry Lee Lewis ? Ray Charles ou Elton John ? David Bowie ou Queen ? John Coltrane ou Parker ou Davis ? Beethoven ou Mozart ? Gainsbourg ou Kuti ? 


C'est selon, ils sont tout simplement tous très très très très bons dans leur profession. 

Les nôtres sont plus nerds, un peu. Moins bruyants. Plus cérébraux.

Ferdinand de Saussure (1857-1913)

Linguiste d'origine Suisse, il a mis sur pied toute la sémiologie et la linguistique, toute la base avec laquelle, tous les linguistes et traducteurs du 20ème siècle ont par la suite puisé leurs créations. Car oui, nous sommes traducteurs, mais toujours aussi, un peu créateurs. Les sciences, la philosophie, la sociologie, la psychologie, la psychoanalyse, l'anthropologie lui doivent presque tout leur vocabulaire, c'est dire à quel point Saussure est immense. Il a donné les théories de bases pour le discours humain, scientifique actuel.

Eve V. Clark (1942-    )

Americano-Britannique linguiste, ses recherches sur les langues d'origines et le sens des mots ont mené à des observations et des développements majeurs dans la langue anglaise. Sans être juive, elle-même, elle a aidé à créer des ponts importants entre les mots de la langue anglaise et les mots de la langue hébraïque. Elle a aussi travaillé étroitement avec les enfants et sur leurs manières de s'exprimer et l'influence de leurs univers sur le langage adulte. Elle enseigne actuellement à l'Université de Stanford, en Californie. 

Panini (période indeterminée)

Philologiste Indien, spécialiste du sanskrit, langage indo-européen d'une très large influence sur la langue française, il n'a rien à voir avec le sandwich du même nom ou le compositeur italien. Il s'agit de la langue des textes religieux ou bouddhistes, une langue litturgique, encore conservée et parlée quelques 6000 fois sur la planète, de nos jours, comme certains ont conservé le latin. Considéré comme l'un des tout premiers linguistes, Saussure et son équivalent Étatsunien, Leonard Bloomfield ont beaucoup puisé dans ce qu'il avait développé comme écriture sanskrite, pour créer respectivement les structures grammaticales du français et de l'anglais. 

J.M. Coetzee (1940-    )

John Maxwell est Sud-Africano-Australien. Romancier, essayiste, linguiste, traducteur, récipiendaire du Prix Nobel de Littérature de 2003, il a aussi gagné deux fois le Booker Prize, trois fois le CNA prize, le Jerusalem prize, le Prix Fémina Étranger et le Irish Time International Fiction prize. Il est l'un des auteurs les plus décorés dans le monde en plus d'être docteur en langue. Travailleur acharné, extrêment discret, il n'a jamais été cherché un de ses prix, aurait été vu rire très rarement, serait presque moine dans sa discipline qui comprend des kilomètres de vélo tous les jours et 7 jours sur 7 d'écriture. Dans le peu de soirées mondaines où on l'a vu, il n'aurait jamais ouvert la bouche. Curieux pour un intéressé du langage comme lui. 

Anthony Burgess (1917-1993)

Kabir (1398-1518)

Poète indien mystique, influencé par l'hindouisme, il sera aussi influent dans le développement du sanskrit que critique des religions organisées, ce qui était hautement controversé au 15ème siècle. Il a toujours questionné la non nécessité de pratiquer la religion, qu'il considérait unanimement non éthique. Même l'hindouisme. Il a d'ailleurs été menacé toute sa vie, à la fois par les hindous et par les musulmans. Mais il s'en tire excessivement bien tout de même puisqu'il vit pas moins de 120 ans. L'inde en fera donc une figure si respectable qu'elle le déclarera saint, à sa mort. Ironiquement, des mouvements religieux naîtront de son influence langagière.   

Roman Jakobson (1896-1982)

Américano-Russe, linguiste et théoricien littéraire, pionnier de la structure linguistique il a développé, en collaboration avec son collègue Nikolai Trubetzkoy des techniques révolutionnaires de phonologie. Ses études de morphologie, de syntaxe et sur la sémantique sont exceptionnelles dans le développement du langage autant anglais que slave. Jakobson et sa vision de la morphologie épouse complètement ma vision de la présence de l'anglais dans le miracle francophone que nous sommes, en Amérique du Nord. Notre langue ne mourra jamais. Elle se transforme. 

Noam Chomsky  (1928-    )

Linguiste, philosophe, scientifique cognitif, essayiste historique, critique social, activiste politique, super intelligence, il est probablement le plus important dans notre domaine, toujours vivant. Ce sont plus de 150 livres qu'il a signé, et aucun n'est de fiction. Il sera majeur dans le déclin de la linguistique behavioriste (je vous endors là, hein ?) et est définitivement le Mick Jagger de notre milieu. 

Samuel Beckett (1906-1989)

Auteur, romancier, directeur de théâtre, il était aussi traducteur et a travaillé avec James Joyce pour Finnegan's Wake, faisant de la recherche pour lui. Il était aussi traducteur. Héros de la Guerre, héros du théâtre absurde, héros anglo et franco, c'est pour moi un véritable héros, irlandais et francophone de surcroit. Absurde. Donc, au moins trois fois moi.  Il gagne le Noble de littérature en 1969, à 53 ans. Je n'en ferai pas autant dans 3 ans.

Umberto Eco (1932-2016)

Vladimir Nabokov (1899-1977)

Aussi connu sous le pseudonyme de Vladimir Sirin, Russo-Étatunien, poète, traducteur, entomologiste, il avait écrit ses premiers livres en russe, à Berlin. Aux États-Unis, il devient mondialement une star. Il y sera fait citoyen à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, en 1945. Il reviendra finir sa vie à Montreux à partir de 1961, avec sa femme. Il était aussi lépidoptériste et si féru du jeu d'échec qu'il en écrivait des problèmes énigmatiques de situation de jeux. Il usait de brillante subtilité linguistique dans Lolita, d'alitérations savoureuses, Pale Fire est aussi presque toujours listée parmi les meilleurs écrits de tous les temps (Lolita, souvent dans le top 5) et ses mémoires, rangées parmi les 10 meilleures de tous les temps.

Qui a dit que les traducteurs n'étaient pas intéressants ?  

samedi 30 juillet 2022

À La Recherche Du Temps Perdu************************A Confederacy of Dunces de John Kennedy Toole

Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parle de l'une de mes trois immenses passions: La littérature.

Lire c'est choisir de s'ouvrir les sens, c'est choisir de plonger dans la tête d'un(e) autre, c'est explorer des univers inconnus, se rassurer, craindre, découvrir, être tranporté ailleurs. C'est accepter le pari de frayer avec un monde qui n'est pas le sien. C'est se laisser se surprendre. C'est s'amuser, avoir peur, être attendri, rire, pleurer. C'est voyager à très peu de frais. C'est apprendre à respirer au rythme de quelqu'un d'autre.

Et respirer c'est vivre. 

Lire, c'est un peu beaucoup mon métier. C'est ce que je fais le plus en tout temps. Je n'ai jamais l'impression de travailler quand je lis. Même pas mes yeux qui pourtant ont usé des milliards de pages, et qui ne me forcent pas encore à porter des lunettes en tout temps. 

Allons au Sud des États-Unis. Au début des années 60. Non, pas hier, ni aujourd'hui, qui peuvent aussi donner cette impression parfois. Allons en Nouvelle-Orléans. 

A CONFEDERACY OF DUNCES de JOHN KENNEDY TOOLE.

Picaresque roman écrit principalement entre 1961 et 1963, Kennedy Toole nous y raconte la vie d'Ignatius J. Reilly, Don Quichotte moderne en surpoids, issu de la Nouvelle-Orléans dont il n'est jamais sorti, excentrique, idéaliste, créatif, parfois sur le seuil de la désillusion, la même qui peuple parfois les réseaux sociaux de nos jours. On le compare à un Oliver Hardy (il est drôle sans toujours le réaliser) qui serait aussi croisé de Saint Thomas D'Aquin. Reilly est toujours affublé de son chapeau d'hiver à grandes oreilles. Et il est plein de rancoeur envers ce monde qui fait fi de la théologie et de la géométrie. Son dédain généralisté se concentre assez souvent contre la culture populaire. Il se rend au cinéma pour mieux en haïr les acteurs et les actrices. Il ne jure que par la philosophie médiévale de Boèce et se plaint constamment d'avoir été tourné du mauvais côté de la rue par la déesse Fortuna. 

Constamment sur la défensive, ce n'est pas ce qu'on appelle un gagnant de nature. Il habite toujours avec sa mère et son unique voyage, loin de son endroit de naissance, était encore en Nouvelle-Orléans, en autobus Greyhound,à Bâton Rouge. et fût une catastrophe, une dérisoire aventure traumatique. 

Étrangement, il a comme amie, Myrna Minkoff qu'il a côtoyé sur les bancs d'école, et qui est presque 100% son contraire. Ils correspondent plus qu'ils ne se fréquentent. Et semble tous deux être animés d'un sentiment de bravade orgueilleuse. Voulant toujours impressionner l'autre. Les deux déplorent ce que l'autre représente, et pourtant, ils sont bons amis. Du moins, à l'écrit.

Irene, mère d'Ignatius, est veuve depuis 21 ans, et aime beaucoup l'alcool. Bien qu'Ignatius ne soit pas un narrateur auquel il faille faire totalement confiance quand il parle d'elle. On y croise des ennemis avoués d'ignatius, ce qui n'est pas difficile d'imaginer, un vieil homme anti-communiste qui plaira à Irene, un policier inepte qui fait tout dérailler comme seuls les Étatsuniens en sont capables, une mannequin versant vers le porno, un pervers qui vend des photos d'elle nue, à des jeunes étudiants, une sotte qui voudrait devenir vedette de boîte de nuit avec un oiseau sur l'épaule et peu de linge sur le dos, un concierge à la peau noire, le propriétaire frustré d'une concession de hot dogs, l'entourage de l'entreprise Levy Pants, un flamboyant homosexuel, un trio d'agressives lesbiennes, un médiocre professeur qui a enseigné à Myrna & Ignatius et une voisine accroc aux médocs. 

Je vous recommande la version originale anglaise si vous voulez vraiment "kiffer".

Il y a un aura de fatalité autour de ce livre. L'auteur, lui-même, s'est suicidé suite aux multiples refus de ce livre (et d'un autre). À 31 ans. C'est sa mère (il y avait de très nombreux points communs entre Ignatius et J.K. Toole) qui a insisté pour qu'on tente de faire publier son défunt fils, post-mortem, ce qu'il aura été au moins deux fois. La première fois, avec ce livre, publié 11 ans après la mort de Toole, en 1980. Ce sera un très grand succès, au point de même gagner le prestigieux prix Pulitzer en 1981. In absentia. 

Sa mère, son éditeur
Quand on a voulu le faire en film, d'abord en 1982, avec Harold Ramis à la réalisation et John Belushi dans le rôle d'Igatius, Belushi meurt d'une fatale overdose avant. Quand on veut le refaire plus tard, avec John Candy, le coeur de Candy lâche avant. On choisit de le faire avec Chris Farley, mais ses excès font aussi céder son coeur. John Waters a aussi voulu l'adapter et le tourner avec Divine dans la peau d'Ignatius, mais là aussi, Divine ne se réveille pas de son sommeil, en mars 1988, quand son coeur cesse de battre. 

Finalement, quand Steven Soderberg en fait une adaptation, en collaboration avec Scott Kramer en pensant à David Gordon Green pour la réalisation, en 2005, et avec Will Ferrell, Lily Tomlin, Paul Rudd, Mod Def, Kristen Johnson, Rosie Perez, Olympia Dukakis, Dan Hedaya, Natasha Lyonne, Jesse Eisenberg et Alan Cumming (quel cast!), le tout fini par planter quand Hurricane Katrina ravage tout et quand la patronne de Louisiana Films est platement assassinée dans un crime jamais résolu. 

Toutefois, une version théatrale de Jeffrey Hatcher mettant en vedette Nick Offerman, en 2015, devient un record de ventes (imbattu) pour la maison de théâtre du Masschussetts qui présente la pièce. 

Vous n'aurez pas de malheur à le lire. Mais vous devriez pleinement sourire. 

Sa folie est encore assez contemporaine.  

Et pas nécessairement 100% malsaine. 

vendredi 29 juillet 2022

9 Vies ou 9 Trajets Vers La Chute Finale ?

La semaine dernière se clôturait la commission d'enquête sur les évènements dramatiques de l'insurrection du Capitol, du 6 janvier 2021, ayant causé 5 morts. On en a appris beaucoup. 

On a entre autre appris que l'ancien président Trump avait accueilli favorablement le fait que ses supporteurs eût été armés. Qu'il avait vivement souhaité joindre ceux et celles qui envahissaient le Capitol au moment où cela se passait, qu'on lui avait déconseillé, que plusieurs avaient demandé le pardon présidentiel, en vrac, avant que Biden ne soit officiliasé président ce soir-là. Et qu'on avait beaucoup de plus en plus de matériel pour inculper l'ancien président.

Plein d'inconnu reste en surface. On a essayé de le dévisser du piédestal qu'il s'est monté, mais l'homme aux 9 vies se dirige peut-être vers 9 avenues qui l'amèneront là où il voulait voir Hillary lui-même, sans réelles explications saines, en prison.

1. Jusqu'à quel point la grosse escroquerie était préméditée ?

On a pu entendre un enregistrement de Steve Bannon, tout juste avant le soir de l'élection, conseiller à Trump de tirer avantage des retards dans les votes par courrier, en clamant avoir gagné, que ce soit vrai ou non. Bien avant que les votes du parti Démocrates (très majoritaires par la poste, ce que tout le monde savait) ne soient tous décomptés. Il dit clairement qu'il a tout avantage à se déclarer gagnant, peu importe l'issue finale. L'avocat William Barr, de D.Trump, a dit que son client a dit le soir même qu'une vaste fraude était désormais en cours. Sans preuves. Simplement parce que Trump tirait de l'arrière. Son avocat, convaincu qu'il blaguait, ne prenait pas la chose au sérieux. On avait tenté d'encourager Trump à faire voter sa gang par la poste, ce qui aurait pu renverser la dynamique, mais Trump avait promptement refusé. 

Ce qu'on ne sait pas: Il n'y a pas de confirmation claire que Trump comptait utiliser les votes par la poste, accusant des retards le soir du vote, afin de clamer une victoire illégitime. 

Quand pourrait-on savoir: Si Bannon, Giulani, Roger Stone, choisissent de témoigner contre lui (C'est dans leurs intérêts), ou sin Trump témoigne lui-même, on pourrait en savoir davantage là-dessus.

2. Qu'est-il arrivé au 250 millions que Trump avait réussi à aller chercher pour sa défense entre le jour de sa défaite et le 6 janvier ?

Bien que déclaré fond pour sa défense électorale, rien du genre n'a réellement existé. On a appris que 1 million a été versé à Save America. Un autre million a été versé à un organisation conservatrice comprenant exclusivement des anciens employés de Trump. 204, 857 $ ont été versés à la Trump Hotel Fondation. 5 millions ont été versés pour le rassemblement partisan désastreux du 6 janvier, 2021. C'est encore peu clair si tout cet argent était légalement investi.

Ce qu'on ne sait pas: Où est passé le reste de l'argent ? Plus de 200 000$ ? Qu'est-ce qui était légal ? Qu'est-ce qui ne l'était pas  ?

Quand pourrait-on savoir: Le comité tiens à en savoir plus, car il y a là, matière à criminalité facile à prouver si confirmée. On reprend l'enquête cet automne. 

3. Pourquoi DJT a tweeté que son rallie du 6 janvier serait "wild" dans la nuit du 18 décembre, soit tout de suite après que ses chefs militaires avaient voté contre l'idée d'aller de l'avant avec le mensonge des machines à vote défectueuses ?

En effet, dans la nuit suivant la réunion folle où tout le monde était sorti de ses gonds et qu'on s'était crié tous les noms, à 1h42 du matin, Donald disait "Big Protest in D.C. on January 6th, be there, will be wild!". Ses conseillers venaient de lui dire qu'ils n'iraient pas de l'avant avec le mensonge. 

Ce qu'on ne sait pas: Tweet calculé ou impulsivité dans l'ivresse de la nuit ?  

Quand pourrait-on savoir: Si Sidney Powell, chef militaire, le général Micheal Flynn, l'ancien chef du conseil d'administration d'Overstock.com, Patrick Byrne et le singe Giulani choisissent de témoigner contre lui. Ils y étaient. Savent tout ce qui s'y est dit. Ou si DJT est forcé de témoigner, en cours. 

4. Qu'ont discuté Steve Bannon et Trump, le 5 janvier et tout de suite après ?

On a appris que Bannon a discuté avec Trump 11 minutes, le 5, au matin. Tout de suite après, à la radio, dans un ballado, Bannon disait "All hell is going to break loose tomorrow". Il a ajouté "Tout est en train de converger et nous sommes sur le point d'attaquer, demain. Et ça ne se passera pas comme vous pensez que ça pourrait se passer". Il a ensuite reparler à Trump, pendant 6 minutes, à 21h46. On s'est reparlé à 23h19, le 6 janvier cette fois, 7 minutes. Quelques heures après l'horreur de l'invasion. Bannon a refusé toute collaboration, a été condamné pour ce, et a été trouvé coupable. Il fait face à un an de prison.  Ce qu'on ne sait pas: Ce qu'ils se sont dits. Et pourquoi Bannon est prêt à aller en prison pour Donald J. Trump. ?

Quand pourrait-on savoir: Si Bannon témoigne. Si Trump est forcé de le faire.

5. Que savaient Roger Stone et Micheal Flynn des violence prévues le 6 janvier ? Qu'ont été leurs propos envers la Maison Blanche ?

Les deux ont été en prison pour Donald J. Trump. Les deux savaient aussi qu'ils seraient pardonnés par DJT. Stone était très lié à deux groupes extrémistes qui ont investi le Capitol, les Oath Keepers et les Proud Boys. Deux groupes terroristes. Des membres des deux groupes ont été trouvés coupables la semaine dernières de toutes leurs âneries. On a appris que le chef des employés Mark Meadows, a eu la tâche, commandée par Trump, de rencontrer Flynn & Stone, ainsi que l'aide Cassidy Hutchinson dans une pièce, avec les avocats Rudy Giulani et John Eastman, mais les détails de cette rencontre n'ont pas été dévoilés.

Ce qu'on ne sait pas: Que savaient Flynn & Stone du plan d'investir la Capitol ? Que s'est-il échangé dans cette réunion avec Mark Meadows ?

Quand pourrait-on savoir: Les leaders des Proud Boys ont leur propre procès en décembre prochain. Les leaders des Oaks Keepers auront le leur en septembre. Ils ont demandé à passer plus tard, et plusieurs de leurs membres veulent sauver leur peau et collaborent pleinenement, voulant se négocier des réductions de peine.

6. Que s'est-il dit dans les textos effacés des services secrets ?

Une enquête criminelle parallèle est en cours autour de cette question. Il est de coutume d'effacer les échanges après un certain temps, c'était prévu le 27 du mois, mais 10 agents l'ont bien avant. On serait potentiellement en mesure de tout récupérer quand même. 

Ce qu'on ne sait pas: Pourquoi l'urgence de tout effacer ? Des activités criminelles compromettantes y figuraient ? Le dévastateur témoignage de l'aide Cassidy Hutchinson y était confirmé ?

Quand pourrait-on savoir: L'enquête informatique travaille durement sur le dossier et des réponses pourraient arriver avant l'automne. 

7. Trump (& Meadows) ont parlé à qui le 6 janvier et qu'est-ce qui s'est dit ?

On a appris un trou de 7 heurs le 6 janvier. On dit que Trump regardait la télé et faisait des appels durant cette période. Le Washington Post, excellence en recherche du genre, a confirmé et prouvé que Trump a parlé au téléphone. Mais on ne sait pas avec qui. Hutchinson a confirmé que Meadows s'est enfermé entre 20 et 25 minutes dans une voiture afin de parler au téléphone, pendant les attaques. 

Ce qu'on ne sait pas: À qui parlaient-ils ?

Quand pourrait-on savoir: Si Trump, Meadows, les anciens associés de président témoignent aussi brillamment que Cassidy Hutchinson.

 8. Qui a placé une bombe au seuil des portes du Démocratic National Committee et ensuite à celles du Republican National Committee, pour brouiller les pistes. 

Le 5 janvier, une personne portant une veste avec capuchon, masquée, est allé poser une bombe aux portes des deux centre Nationaux. Heureusement, aucune n'a sauté. 

Ce qu'on ne sait pas: Tout. Pourquoi, c'est qui ? what the fuck ?

Quand pourrait-on savoir: Après 18 mois d'enquête, aucune piste. Gone cold. 

9. Est-ce que Trump était directement impliqué dans l'intimidation de témoins et les sabotages de témoignages ?

Il a été confirmé qu'un intermédiaire a tenté de mettre de la pression sur Hutchinson. Ce serait Meadows. Ou celui qui accepterait de tomber pour son président. On a confirmé que Trump a appelé un(e) autre témoin pour l'influencer mais cette personne n'aurait pas répondu. 

Ce qu'on ne sait pas:  Qui ? Et c'est vraiment Meadows qui a tenté de convaincre Hutchinson de ne pas témoigner ? ou de dire autre chose ? 

Quand pourrait-on savoir: À l'automne, on reprend les témoignages. 


jeudi 28 juillet 2022

Pape Gomme Baloune


Qu'est-ce que je m'en calissait du christ de pape, du tabarnak.

J'ai failli ne vous écrire que cela. Je trouvais mes mots bien choisis.

Je trouvais que c'était une très belle phrase, tout à fait appropriée. Plein de mots d'église Sa visite a occupé l'actualité toute la semaine. "Le pape arrive à Edmonton" et alors ? À quelle heure fait-il son premier pipi? Préfères-t-il Antonio Carlos Jobim ou Metalicca ? Crois-t-il à tout ce qu'il lit sur internet ? Qu'il vienne s'excuser pour les méfaits passés contre les peuples autochtones est un symbole important. C'est l'église catholique qui est largement criminelle dans la tentative de total génocide du peuple autochtone au pays. Mais on a survécu. Pas tous, mais on l'a fait pour la plupart. Ma famille en est une preuve vivante. 

Ça n'empêche pas cette même église catholique, en coulisse, de porter en appel les montants à débourser pour les pêchés passés. Excuses publiques, batailles privées encore. On s'excuse, mais pas trop non plus. Cette église beaucoup plus proche des juges de la cour suprême des États-Unis qu'on pourrait le penser. Ils sont, comme eux aussi, lie des alcools. Ils ne veulent pas entendre parler d'avortement. De Femmes dans les églises. D'homosexualité, François a ouvert la porte du bout du gros doigt de pied. C'est pourtant un milieu qui en cache tout plein d'homosexuels. Homme comme Femme. Et d'affreux pédérastes. Je ne le dirai jamais assez, salles de bain, chambre à coucher, religion, devraient partager la même discrétion.

Si on est si rétrograde et si peu 2022, pourquoi s'intéresser tant au fucking pape ?  Il nous coûtera une fortune de sécurité. L'homme de main du Premier Minus Québécois François Legault s'était plaint des festivals et les avait pointé du doigt pour la recrudescence de la Covid dans la région de Québec. Duh ! Voici maintenant le pape et 100 000 nouveaux entassés sur le même site. Et pratiquement que des têtes blanches dans une ville surpeuplée de têtes blanches (et pleine de peau blanche). Les victimes idéales du virus. 

La religion et la science se travaillent un petit cocktail de purge générationnelle. Ce n'est pas un souhait, c'est une simple observation. Le maire de Québec, Bruno Marchand, mon âge exact, ne pourra même pas se présenter devant lui  puisqu'il est désormais atteint de la Covid. Même si c'était une fausse excuse, je m'en serais servi!

Ma religion à moi ce sont mes trois proches. L'amoureuse, Monkee & Punkee, nos deux rejetons. Prolongement de notre amour. Dans une moindre mesure, il y a aussi Spooky, notre malin félin. Et ensuite, il y a la sainte trilogie artistique. Littérature, musique, films. Ma religion c'est l'art. Et comme la foi, je la vois parfois partout. Pour la semaine de la visite papale, j'ai honoré les trois. Je me suis fait des listes de lecture musicale de Charlotte et Lulu Gainsbourg, des Moody Blues, de Beck, de Felix Leclerc, Marie Laforêt et Alanis Morrissette/Sheryl Crow. J'ai écouté Tirez Sur le Pianiste (dans lequel Felix chante, vers la fin, dans la montagne),  suivi un inintentionnel filon Delon en écoutant successivement Plein Soleil*, Rocco & Ses Frères et Le Guépard. Je me garde aussi The Postman Always Rigns Twice de Bob Rafelson, cette semaine parti pour un monde meilleur et Mon Oncle d'Amérique d'Alain Resnais que je crois n'avoir jamais vu. Je me les garde pour visionnement d'ici lundi. 

J'ai aussi terminé ma lecture de mon livre d'Akim Gagnon et repris ma lecture d'un 33 1/3 sur le bouleversant album () de Sigur Ros, tout en commençant L'Adversaire d'Emmanuel Carrère. Oui, je surconsomme ma religion comme on mâche trop de gomme balloune. Comme on abuse de la foi religieuse. Mais je ne tords le bras de personne pour leur faire avaler par la gueule. Ou par l'anus.

Il a fait si chaud ces derniers temps, pas les 50 d'Europe, mais plus de 20 la nuit quand même, et plus de 30 de jour. Même le chat n'en pouvait plus. 

J'ai croisé notre amie Mona qui s'était fait couper les cheveux très courts pour avoir moins chaud. 

J'ai aussi pourchassé le petit bonhomme vert de la circulation piétonnière qui s'était échappé. On l'a rattrapé, il a réintégré la boite il ne marche pas très vite. Il est vraiment pas fréquent.

J'ai aussi été jammer à la guitare avec la soeur de Mona, Lisa. 

Et finalement on a aussi été voir notre amie, néérlandaise, pour lui conseiller de cesser de twerker sur Instagram. C'est trop 2015.

Une semaine active qui ne nous as donné aucun moment pour accorder quelque attention que ce soit au pape (et nous ne sommes que jeudi) et qui nous as tout de même à la fois fait pratiquer notre religion, la famille & l'art, tout en nous faisant réaliser que ce pape aurait été très dépassé partout où nous avons oeuvré.

Confirmant un statut de débranchement permanent de nos sociétés. 

Le pape, ses excuses, sa religion, auront la durée d'une gomme baloune.

Éphémère, mais qui aura carié nos portefeuilles en saint-ciboire.   

Je sais que je peux être papesse


*C'est même ma curiosité au sujet de Marie Laforêt qui m'y avait guidé.

mercredi 27 juillet 2022

25 Premiers Albums Jugés Fameux

(Par moi and only mwa)

Désolé pour la France, autant au Québec que par chez vous, on a très longtemps privilégié le 45 tours ou le single avant la galette complète, Le contenu sera donc très majoritairement anglophone, à 2 albums près. De mon pays qui n'a pas souhaité le devenir, 2 fois déjà. 

Un premier album, c'est souvent la somme de plusieurs années de travail, de refrains inconscients qu'on fredonne sous la douche de la pré-adolescence à l'âge adulte, des airs qu'on gratte sur une guitare ou au piano sans arrêts, sans la pression d'une compagnie de disque qui vous pousse dans le cul pour des hits. C'est fraicheur nouvelle quand ça arrive, et ça peut être trompeur si on arrive jamais par la suite, à faire mieux. C'est le cas de quelques-uns, ici. 

Par ordre de lancement public:

Elvis Presley d'Elvis Presley (1956)

Dès les deux premiers proposés je triche un peu car la plupart des morceaux sont alors déjà joués à la radio depuis quelques temps ou en spectacle et les gens les connaissent déjà. On pense faire plus d'argent à l'unité que rassemblés. Mais quand on comprend que plus de morceaux implique plus de sous à demander aux consommateurs, ça prendra un certain temps, mais on réunira sur une même galette et on vendra plus cher pour faire plus d'heureux, plus longtemps. Sur le premier effort officiel, en 33 tours, on retrouve d'Elvis pas moins que Blue Suede Shoes, My Baby Left Me, Shake Rattle & Roll et Heartbreak Hotel.  Le king devient le premier icône démesurée de la business. Il invente la business. 

Please, Please Me des Beatles (1963)

Même chose pour les 4 gars de Liverpool, la chanson titre, Love Me Do, P.S.I Love You, Do You Want To Know a Secret, I Saw Her Standing There, Twist & Shout n'ont plus besoin de présentation, ils cartonnent déjà partout dans le monde, sur scène et à la radio et à l'internationale. 10 ans après la sortie de cet album, une fois le groupe séparé, l'album sera encore d'une fraicheur sans précédent, les 4 garçons dans le vent séduisant de 7 à 77 ans, à la télévision, dans les magasines, partout sur terre.  

The Doors de The Doors (4 janvier, 1967)

La guerre du Vietnam met sur le terrain, du côté des États-Unis, des jeunes hommes dont la moyenne d'âge est de 19 ans. Ceci veut dire qu'il y en aurait autant plus jeunes qu'il y en aurait plus vieux. C'est horrible. Toute guerre l'est. Celle-là sera un mouroir pour la jeunesse Étatsunienne qui se trouve quelques idoles à écouter là-bas. Oliver Stone sera parmi ces jeunes. Il en fera trois films sur le traumatisme qu'aura été cette guerre. Leur trame sonore pour se divertir ? Le premier album de The Doors. Que Coppola utilise aussi pour Apocalypse Now. That was the end, yes. The end of the american dream. Stone a tant les Doors dans la peau qu'il fera aussi le film fictif de son impression du band. Un premier album extraordinaire. 

The Velvet Underground & Nico de The Velvet Underground & Nico (12 mars, 1967)

Lou a eu le temps de travailler pour une maison de disque et d'écrire des morceaux de musique de tous les styles pour d'autres. Il continuera de le faire, mais avec John Cale, Sterling Morrison, Maureen Tucker et Andy Warhol leur impose la mannequin allemand Nico. Le temps de ce seul album. Mais quel album ! La rumeur veut que tout ceux et celles qui ont entendu ce disque en 1967 ce sont aussi parti un band. Qui passe de l'expérimental à tout ce qu'il y a de plus traditionnel. Mythique.  

Are You Experienced? de The Jimi Hendrix Experience (12 mai, 1967)

L'année 1967 est pleine de découvertes. Mon père a 20 ans. Ma mère, 19. Les boomers sont verts de jeunesse. Le gaucher guitariste né à Vancouver nous présente son talent avec Noel Redding à la base et guitare rythmique et Mitch Mitchelle aux percussions. La forme originale et presque jazzée du Cherokeee Irlandais offre un doigté aux cordes rarement égalé. Brillant guitariste et fabuleux arrangeur dans moins de 5 ans il sera déjà mort. Mais quel premier album contenant Purple Haze, Foxey Lady, Hey Joe, The Wind Cries Mary, Fire et la chanson titre.  

The Piper At The Gates of Dawn de Pink Floyd (5 août, 1967)

4ème album marquant de nouveaux venus dans cette seule année de l'amour, année de l'Expo (de Montréal). Le groupe de Sid Barrett donne vie au psychédélisme et donne un son au mouvement. Dans la chambre d'écho des studios Abbey Road, entre autres. Même la pochette tentera de reproduire l'effet du LSD dans le regard. Seul véritable album où Sid est à 80% allumé. Il ne fera que détériorer par la suite. Plusieur magazines, dont ceux axés sur les drogues, parlent d'un album indispensable. Coloré, parfois enfantin, définitivement british, acidement pop et aérien. Sid n'en reviendra pas. À quelqu'un qui disait nommez moi un band sans mauvaises chansons, j'ai répondu Pink Floyd. Je le pense encore. 

Led Zeppelin I de Led Zeppelin (1969)

Jimmy Page s'est entouré du producteur John Paul Jones et du jeune Bobby Plant qui lui, importe son ami Bonzo Bonham. Ensemble, ils sont lourds. Voilà pourquoi Keith Moon dira d'eux qu'ils ont comme un ballon gonflable de plomb quand ils jouent ensemble. On emprunte partout, on refait, souvent beaucoup mieux et leur premier effort, les 5-6 premiers albums, en fait, sont de grandes oeuvres sonores. Led Zep naît et vieilli terriblement bien. Leur son ne prends pas une ride. Blues rock et ancêtre du heavy  metal. 

Roxy Music
de Roxy Music (1972)

Rares sont des premiers albums aussi parfaits. La chanson d'ouverture étant elle-même une parfaite présentation du band de Newcastle. Pastiche postmoderne, crooner par moments, astral et ésotérique aussi, le groupe, et cet album sera inspirant pour des tonnes de gens. Bowie reprendra un morceau de cet album. Un autre morceau, inspiré de l'atterrissage sur la lune, inspirera le nom d'un groupe électro des années 90-2000. Sera toujours inclus dans les 100 meilleurs albums de tous les temps. Année tout simplement formidable que celle de 1972. Pour des tonnes de raisons. 

Closing Time de Tom Waits (6 mars, 1973)

Depuis 3 ans, Tom performe au Troubadour,. en Californie. Il y fait principalement des morceaux de Dylan, mais quand il ose des morceaux à lui, on reste impressionné. Quand il a son premier contrat de disque, il sera bien reçu, et considéré comme la version plus alcoolisée de Randy Newman au piano. Basé sur la nostalgie, le fatalisme et fraichement issu des premières parties de Frank Zappa qu'il vient de faire, on peut déjà sentir l'envie de folie et de non traditionnel dans ce qu'il présente dans des arrangements agréable et des paroles somme toutes, vulnérables, sardoniques et assez émotives. Une grande carrière se dessine.  Ma soeur Janiper Juniper (JJ) nait dans 10 jours. Sera baptisée d'une illusion auditive d'une chanson de Donovan de 1968 où il chante quelques passages en français. 

Tubular Bells de Mike Oldfield (25 mai, 1973)

Mike n'avait que 19 ans quand il a composé et performé tout ça. Il s'agit d'un seul long morceau découpé en deux et où il jouera lui-même 90% des instruments. Mick Taylor et Kevin Ayers ont musiciens de l'album. Oldfield avait tout ça en lui depuis longtemps et heureux de l'avoir enfin enregistré et s'en être débarrassé, il hésitera toujours à le rejouer ailleurs, puisque, perfectionniste, rien ne sera jamais aussi parfait que ce qu'il pense avoir fait en studio. Son utilisation dans le film The Exorcist, dès décembre suivant, lui fera une popularité qu'il ne retrouvera plus jamais. Mais qui lui sécurise un avenir sans risques dès ses 20 ans. 

Harmonium de Harmonium (20 février 1974)

Le trio de Montréal-Nord nous présente un bijou acoustique très folk et douloureusement mélodique. Une perle qui devient aussitôt classique de la musique Québécoise. Chef d'oeuvre lyrique et de jeux de cordes, c'est un album que je chante sans accrocs pratiquement sur le même ton que Fiori. Au Cegep, on fera l'erreur de prendre la chanson éponyme, beaucoup trop longue, pour un exercice de vidéoclip dans un cours de cinéma, et vers la fin, on commence à manquer d'idées pour les images. Un Musicien Parmi Tant D'Autres, Pour Un Instant, la chanson titre, y a pas un seul mauvais morceau là-dessus. Et ça vient de chez nous !

Beau Dommage de Beau Dommage (octobre, 1974)

Michel, Pierre, Marie-Michelle, Réal, Robert nous chantent Montréal, les palmiers et les bananiers, et le 7760 St-Vallier Montréal. Ils nous chantent même un blues animal de l'Alaska. Ils nous chantent aussi le squelette du géant Beaupré. 8 des 11 morceaux offerts sont d'incontournables classiques, même un morceau est devenu, avec le temps un classique de Noël. Magique. Encore fièrement de chez nous ! Immortel. 

Horses de Patti Smith (1975)

La jeune poète du New Jersey aime s'habiller comme Beaudelaire (comme sur la pochette) et ouvre son album avec un crescendo exceptionnel emprunté en partie à Van Morrison. Morrissey et Johnny Marr de The Smiths, Siouxie Sioux, Micheal Stipe et Peter Buck de R.E.M. parlent de cet album comme d'une influence majeure dans leurs envie de devenir musiciens. Pratiquement la première femme auteure, la fabuleuse sorcière ensorcelle à merveille. Punk avant l'heure, au moins dans l'attitude, elle a l'intelligence et la sensibilité de l'artiste qui laissera sa peau sur scène ou en studio. Intense, senti et formidable. 

Never Mind The Bollocks Here's the Sex Pistols de The Sex Pistols (28 octobre, 1977)

Le punk naît pour vrai avec ces jeunes indisciplinés qui scandent, avec flair, qu'ils n'auront aucun futur. Ce sera le seul album du band monté par Malcolm McLaren. Mais ce sera un album mythique, l'ultime album punk que moins de 10 ans plus tard, j'écouterai comme on relis la bible, tous les jours de mes 14 ans. Guitare lourdes, propos outranciers, irrévérence, l'adolescence et un peu de son essence inélégante. 

Pink Flag de Wire (décembre, 1977)

Mieux structuré, band tout à fait inscrit dans la durée, 18 albums entre 1976 et 2020, mais tout aussi brutalement punk, au moins les trois premiers albums, ce disque sera si intéressant et influent, que Henry Rollins, Minor ThreatR.E.M , Firehose reprendront des morceaux de cet album. Elastica paiera même en cours un plagiat d'un morceau de ce disque. La "connection" étant trop évidente...Graham Coxon, de Blur dira qu'il a été largement influencé par de disque pour son 8ème album solo, A+E. C'est aussi un de mes albums préférés toutes époques et style confondus. Ma liste de lecture du band comprend 6 des 10 morceaux de cet album.

The Clash de The Clash (8 avril, 1979)

Étrangement, chez nous, on aura leur second album avant le premier. Mais ce premier est sensationnel. On a pas encore de batteur officiel, du moins pas assez pour qu'on l'honore d'une présence sur la pochette, mais Topper Headon est bien là, sur 5 morceaux, et on se présente comme un trio, Joe Strummer et Mick Jones aux voix et guitares et Paul Simonon à la base. Janie Jones, White Riot & London's Burning seront parmi les premiers morceaux à obtenir des diffusions radios populaires en cette ère encore pas mal disco/soul/rock. The Clash passe du reggae à la simple pop et trempe allègrement dans le punk rock.  


Unknown Pleasure
de Joy Division (15 juin, 1979)

Manifeste opaque de Ian Curtis, croisement entre le Jim Morisson de Strange Days, l'expressionisme allemand et la culture punk, on les qualifie d'enfants tordus de Gary Glitter et des Velvet Underground. Can et Neu! sont des bands qui se font entendre en Europe et le son de Joy Division, qui tire son nom de groupe de la culture nazie( Can & Neu! sont 2 bands allemands) n'est pas étranger au pays qui a accueilli les jeunes Beatles avant qu'ils ne soient Beatles. Trame sonore sombre d'un homme qui sera pendu d'ici quelques mois. Mais maudits bon beats quand même. 

Duran Duran de Duran Duran (1981)

Les gars comprennent vite le pouvoir de l'image. Ça les rendra riche. Quand je les découvre, je veux avoir leurs 20 ans. Ils seront un de mes premiers bands préférés. Rhodes est le peintre qui installe le décor. Roger, le marteau qui pioche juste. Andy, le rocker, égaré. Simon, le poète narquois. John, le charme fin. Ensemble, ils produisent des sons qui me plaisent énormément inspirés de leurs idoles qui sont aussi les miennes, Gang of Four, David Bowie, Roxy Music, Lou Reed. Le premier album est probablement le seul où on compose pour vrai, à 5. La suite ne sera que vascillante quand au partage des tâches et des envies. Je pourrais écrire très longtemps sur ce band. Je m'arrête ici. Pas eux

Kill'em All de Metallica (25 juillet, 1983)

Pas mon style de musique du tout. Mais un style qui fera malheur partout dans le monde. Lourd, agressif, quand même mélodique par moments, très axés sur la guitare et la batterie pesante. Ces maitres du trash metal voulait appeler leur album Metal Up You Ass montrant une main munie d'une arme blanche menaçant le premier cul à s'assoir sur un bol, duquel était issu la main. On a demandé de changer le titre jugé trop offensant. On a alors choisi Tuons-les tous avec un marteau ensanglanté comme pochette, Hilarant. Le groupe et son son deviendront leaders du genre et archi riches. 

She's So Unusual de Cindy Lauper (14 octobre, 1983)

Je suis en 5ème année. J'ai 11-12 ans. Je suis amoureux de la fille aux cheveux rouges. Resterai toujours amoureux de filles aux cheveux audacieusement colorés. Colorerai les miens aussi dans le futur, de manière osée. Cindy voulait avoir du fun. Cet album est tout simplement le fun. Elle y parle même de masturbation très ouvertement, ce qui a échappé à tous les comités de censure. (Les allusions de Duran Duran, dans The Reflex, la même année, feront de même). Meilleur album de la jeune femme de Brooklyn. Pop et bubble gum fun. Elle reprend Prince, un autre axé largement sur le sexe. Elle est effectivement très inhabituelle. Ce qui la rend si belle.

The Smiths de The Smiths (1984)

Je me revois, dans les meilleurs moments de mon adolescence, sur le patio arrière chez mes parents, avec l'appareil radio-cassette branché sur 2 rallonges afin que la machine se rende à moi dehors, en arrière de la maison, je lis et je bois en écoutant cette cassette que j'ai volé sans savoir c'était quoi, à Place Fleur de Lys, où je ne vais jamais. Je découvre un band formidable qui sera un de mes préférés toute leur durée. D'un admirable acoustique, avec une base assez intéressante, et un chanteur tragiquement immature, mais qui a aussi une voix fataliste assez impressionnante et des textes, qui resteront toujours adolescents. This Charming Man est encore de nos jours un morceau dont les premiers accords me font monter le son et démarre merveilleusement tous mes étés. Bourrés de farandoles autour des fontaines

Dry de PJ Harvey (1992)

Oui, je suis aussi amoureux de Polly Jean. Soeur de Mick. Frère que j'aime bien aussi, au piano de Nick Cave ou en hommage à Gainsbourg, Son premier album est brut, rock et agressif, enregistré en mono. Elle fait cet album en pensant qu'elle n'en fera jamais d'autres. Elle donne donc tout et ça se sent. C'est pas féminin comme le serait Edie Brickel, Taylor Swift ou Sam Brown. Mais c'est pas masculin non plus. C'est intense. C'est proche de My Bloody Valentine, un band que j'adore tout simplement. Bill Wyman des Stones dira que c'est une plongée dans le côté sombre de l'âme féminine. Je suis en amour.

Garbage de Garbage (1995)

Love again. Je suis d'abord en amour avec Shirley dès que je la découvre choriste avec Goodbye Mr McKenzie. Leader vocale de Garbage, le projet du producteur de Nirvana, Butch Vig, le premier effort sera leur meilleur avec facilement 8 morceaux sur 12 qui m'entrent dans la peau. Parce que c'est ce que fait leur rock, il entre dans la peau, et croque quelques morceaux. Elle est définitivement dans la foulée du queen of angst rock. Le premier album séduit de partout. Superbement produit, et avec des couches de guitares, bases et batteries électroniques, encore aujourd'hui, les morceaux d'il y a 27 ans passent encore bien la rampe.  

Is This It? de The Strokes (2001)

Croisement entre The Doors, The Velvet Underground, Bob Marley et Jane's Addiction, quand Albert Hammond Jr, étudiant en film de New York, joint à la seconde guitare Julien Casblancas, Nick Valensi, Nikolai Fraiture et Fabrizio Moretti, il devient l'ingrédient qui en fera une délicieuse salade sonore axée sur la guitare protéinée. Aussi mélodique qu'électrique, Le jeu de guitare est impressionnant et la livraison lyrique de Casablancas est intense. Toujours pertinent de nos jours comme son.  

Funeral d'Arcade Fire (2004)

Ce band, moitié Texas/moitié Montréal, avec racines haïtiennes, offre un petit moment de magie qui fera le tour du monde, séduira une de leurs idoles, David Bowie, qui est aussi la mienne, depuis toujours, et qui les mènera, 3 albums plus loin, aux plus grands honneurs, aux Grammy Awards. Puissant, plein d'espoir, en occasionnels magiques crescendos, euphorique, original, ce band surprendra toujours. 

J'écoute d'ailleurs les deux premiers morceaux de leur effort de 2022, We, en boucle, depuis la sortie d'il y a quelques semaines. 

22 des 25 artistes nommés ci-haut ont des listes de lecture, concoctées par moi, à même mon téléphone. Seuls les Sex Pistols (pour des raisons évidentes, 1 seul album), Metallica et Mike Oldfield n'ont pas honoré ma bibliothèque musicale.