vendredi 30 avril 2021

L'Automne De Mes Jours

 Oooh ce ronflant titre...


Je me sens ridicule de vous parler de cela alors qu'un de mes meilleurs amis, un vrai frère, fait face à la mort tous les jours dans son combat contre les nénuphars qui poussent en lui. 

Mais chaque jour, plus que jamais, je meurs. On le fait tous. Mais moi, particulièrement, je me sens vraiment disparaître. Pressé par cet ami qui combat le pire, je me suis inscrit pour avoir un médecin de famille. "J'en aurai un" d'ici 2022 qu'on me dit. Je le croira rendu là. Si je m'y rends. 


Je m'explique. Depuis l'an dernier, pareille date, j'ai les sinus apparemment si congestionnés (je ne m'en rend pas complètement compte) que la pression se fait sur le flanc gauche des mes dents de manière insupportable. En allant voir un médecin vendredi dernier pour savoir comment dompter, sans toujours affaiblir mon coeur à coups de double Advil, la doc a aussi pris ma pression. 

Et là, ce fût la catastrophe. Moi qui ai toujours oscillé entre 120, 124, (pris à la pharmacie) soit la santé optimale, je défonçais à 146 sans arrêt. 


"Zêtes nerveux?"

Pas du tout.

"Zavez fait du sport?"

Un jogging qui a pris fin quelques 40 minutes plus tôt

"Zavez mangé?"

Pas encore mais j'ai faim. 


On aimait tellement pas ma pression qu'on l'a prise près de 10 fois. On m'a donné (deux heures plus tard, on m'avait oublié, j'ai toujours cette chance en santé) des gugusses pour mes sinus, un rendez-vous dans 6 mois pour un test d'allergies, une autre prise de rendez-vous pour dans un mois avec un médecin pour revoir tout ça, et l'achat d'un mesureur de pression personnel, que je prends depuis, deux fois par jour. En me levant vers 5h00 et en soirée entre 20h30 et 22h. 


J'ai beau faire du jogging aux deux jours, ne plus prendre de sel, ni de liqueurs, manger santé, faire deux séries de 25 redressements assis matin et soir (les jours où je ne cours pas) sentir la différence et me sentir en santé, je défonce des scores entre 148 et 154 tout le temps. J'ai eu un 134 l'autre tantôt, mais c'est la seule fois que j'ai fait le test debout et je crois que ça a eu une influence positive sur le résultat. Donc, malgré le changement de mes habitudes, ma pression, si belle il y a un an ou deux, est devenue une horreur. Et je ne me sens pas particulièrement stressé davantage. Mes très minimes heures de sommeil doivent y être pour quelque chose. Je me lève à 5h00 du matin et me couche entre 22 et 23h, 5 fois par semaine. Vers 6 ou 7 les week-ends (par habitude) et encore plus tard le soir (pas toujours). 

Je ne suis pas seulement plus conscient de ce que je mange, de ce que je fais, de mon corps, mais tout le monde autour de moi l'est aussi. On passe son temps à s'inquiéter. Ce, avec quoi je négocie assez généralement mal. Certains soirs, je me couche tout de suite après avoir pris ma tension, déçu d'un résultat sur lequel je ne peux pas exercer davantage de contrôle en ce moment. 

Frustrant.


Quand je travaille, une de mes tâches, quand les citoyens ne sont pas assez clairs sur les modèles des bacs qu'on doit réparer, je dois me rendre sur Google Map, Street View et souhaiter que le bac en question soit dehors, bien en vue. Ce faisant, j'ai remarqué récemment que la camion qui enregistre les images, de Google Street View, était passé dans nos secteurs, en automne 2019 et en automne 2020. Des fois je me promène volontairement loin des maisons et des bacs, simplement pour savourer le décor. Pour le respirer.

Ça m'a rappelé à quel point l'automne reste ma saison préférée. 

L'automne de la vie est une locution qu'on peut utiliser pour décrire l'âge adulte, ou bien la période précédent la vieillesse. C'est aussi à peu près lorsque commence l'âge d'or, soit la retraite. Je ne crois pas en ma retraite, je suis encore loin de l'âge d'or, mais je suis adulte et à un âge précédent la vieillesse.

Et ma santé, sans médecin de famille, me dicte que je n'ai plus ce que j'ai déjà eu.

Je ne suis plus la saison forte. 

jeudi 29 avril 2021

Presqu'Impossible d'Être Juste et Bon


 Dans ma construction d'être humain, issu de ma planète, apparemment rare, je ne me suis jamais pleinement posé la question. Il allait complètement de soi d'être en tout temps, juste et bon. Du même pas qu'on prend pour avancer dans la vie. Est-ce issu de l'éducation pseudo-catholique où les paiens répondaient en choeur dans l'église "cela est juste et bon" à l'invitation d'un curé qui nous parlait de la fantaisie religieuse qu'est Jésus? Peut-être un peu. Mais j'ai fréquenté (outre au réveillon de Noël) les églises moins de 10 fois dans ma vie, et presque chaque fois, forcés par l'école (adulte, il y a eu quelques mariages et quelques baptêmes que je ne compte pas non plus on y allait pas pour JC).  Je ne crois pas que ce soit ça. Être juste et bon, c'est tout simplement sans l'ADN de la fabrication de mon être. 

Mais en vieillissant, on s'aperçoit que rien n'est tellement facile quand on est animé du sentiment naturel d'être juste et bon, dans la vie. 


Parlez-en à Louis Robert, agronome. 

Robert ne fait rien d'anormal. Il est membre de l'Ordre des Agronomes du Québec (OAQ) et employé du Ministère de l'Argriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ). C'est un fonctionnaire du gouvernement provincial. Pour aucune raison sur terre n'aurions nous dû entendre parler de cet homme tout à fait ordinaire. Et si normal. À la limite, banal. 


Mais voilà, il y a un an, il gagnait sa cause en cour pour congédiement illégal par le Ministère, après qu'il eût dénoncé le parfait contrôle des fabricants de pesticides et de leurs lobbyistes. Ce qui était son travail. C'est ce que la cour a tranché. Vous le payez pour ça, ne le limogez pas pour travail bien fait. 


EXACTEMENT comme l'ancienne ministre libérale Jody Wilson Raybould, qui a été brièvement ministre de la justice sous Trudeau, quand la corruption s'est pointée la tête, elle n'a fait que son travail et assuré que justice serait rendue dans l'octroi de contrats. Jusqu'à ce que les proches de Trudeau, ainsi que le ripoux en chef,  mettent de la pression sur elle pour qu'elle ferme les yeux. Ce qui était contraire à la justice. Elle a été rétrogradée quand elle a freiné les ripoux, et a ensuite, très justement choisi d'être candidate indépendante puisqu'elle ne se sentait pas aussi pourrie que Juju est ses amis. 

Robert a dénoncé le total pouvoir des fabricants de pesticides, de leurs lobbyistes et de la loi de l'argent qui règne (encore) dans le milieu agricole. Le Ministère a été obligé de le réembaucher, à contre coeur, et Robert, à très juste titre, ne se sent coupable de rien. Il regrette même davantage le manque de support de son Ordre et du MAPAQ dans tout le dossier. Il sait bien qu'il n'est aucunement "le mal" dans toute cette histoire.  Il lance cette semaine un livre qui détaille davantage ses mésaventures et surtout, la totale soumission à l'argent au détriment de la nature et de l'éco-système. Ridicule d'avoir à se battre en cour simplement pour avoir été juste et bon. 


Toujours en cour, mais aux États-Désunis cette fois, Brendan Hunt, une ampoule brûlée de 37 ans, a invité, deux jours après les attaques mortelles contre le Capitol, le 6 janvier dernier, les gens à retourner sur place, mais cette fois armés jusqu'aux dents, afin de tuer les sénateurs (c'est le titre de sa video sur le net kill your senators) plus précisément les leaders démocrates Nancy Pelosi, Chuck Schummer, et la jeune sénatrice de New York, Alexandria Ocasio-Cortez. Hunt se défendait en disant qu'il ne faisait que faire usage de la sacro-sainte liberté d'expression. Dieu merci, il a été trouvé coupable hier d'incitation à la haine. 


Ocasio-Cortez avouait, sans sa video de présentation, pour se faire élire, que jamais une personne comme elle n'aurait dû se trouver en politique. Qu'elle s'y trouvait par simple esprit de justice et de bonté. Qu'elle avait compris le sens du "bien commun". Et que pour faire une vraie différence dans le monde, il fallait travailler dans les cercles de décideurs. POUR LE BIEN COMMUN. Symbole devenu presque risible aux yeux de la plupart des gens plongés en politique. On sent de tout son être qu'elle est guidée par le sentiment d'être juste et bonne. Ça lui vaut des promesses d'assassinat.


Finalement, Jonathan Drouin avait connu un excellent début de saison avec les Canadiens, alors qu'il se comportait en parfait leader, alimentait intelligemment ses coéquipiers, montrait de nouvelles qualités défensives qu'on lui connaissait peu. Mais, du jour au lendemain, il est devenu une cible facile puisque sa production de buts s'est limitée à 2, depuis le début de la saison, ses choix sur la glace, douteux, et même que, lors des derniers matchs, quand tout le monde jouait son meilleur match, il connaissait son pire. Forçant l'entraineur à le faire jouer sur la 4ème ligne. Il a quitté la période d'échauffement lors d'un match récemment, son dernier, le soigneur s'est penché sur son oreille, lui a glissé quelques mots, puis on a plus jamais revu Drouin. "blessé" officiellement, mais aussi à la maison "pour des raisons personnelles". Qui sont quand même deux choses très différentes. Trahissant un secret mal gardé. 


Hier, on apprenait que sa famille avait été victime de chantage et de menaces,  de la part de terribles poltrons sans visages. 

On peut regretter les performances d'un joueur qu'on a déjà vu meilleur, mais menacer, sous toutes ses formes, est toujours, TOUJOURS, la forme la plus lâche des attaques. Et sa famille? Quel est le rapport avec sa famille si Drouin n'est pas bon sur la glace? 

Certaines choses sont plus grandes que le sport, plus grandes que peu importe le métier que vous exercez. Et en homme juste et bon. Drouin s'est rapproché des siens. Afin qu'ensemble, ils soient unis contre ces idiots qui méritent des bannissements du Centre Bell. Et même un séjour en prison.


Son cas n'est pas du même ordre que les trois autres cas que j'ai mentionné plus haut. Mais c'est fort admirable de sa part de laisser tomber ce qui le rend public, afin de solidifier ce qui est privé.

Et du même coup rassurer et fortifier autour de ses proches. Cela est juste et bon. 

Des déséquilibres, ça se rééquilibre. 

On le voit encore un peu des fois. 

Des fois...



mercredi 28 avril 2021

Stephen King en Films


C'était la soirée de remise des Oscars dimanche dernier. La toute première séance virtuelle du genre. Je me suis mis beau pour l'occasion, j'ai enfilé un bas de pyjama, et un vieux t-shirt, noir. Personne n'allait me voir regarder la soirée. Et le noir amincit.

Pour en faire une soirée spéciale je ne comptais pas manger au resto Chez Stanley K. 
La bouffe y est horrible. Et servie en si petites portions. La vie n'est pas cirrhoses. J'ai mangé mou. 


Quand la catégorie du meilleur scénario, adapté d'une autre source, est arrivée, j'ai pensé à Stephen King. Je ne sais pas pourquoi. Les Oscars récompensent en général la qualité. Enfin, c'est plus politique que ça, la soirée, cousue lourdement de fil noir l'a aussi prouvée. Mais pour une raison plus obscure encore et surréaliste, c'est la tête de Stephen King qui m'a collé au cerveau quand la catégorie qui a honoré Emerald Fennell, Christopher Hampton et Florian Zeller est arrivée. Et j'ai ensuite réalisé que j'avais vu pas moins de 20 adaptations de ses livres. 20!


Vous remarquerez que j'ai vu pas mal de ses films dans les années 80. J'avais alors entre 8 et 18 ans. Et ses livres étaient les premiers que je me tapais en anglais. Je ne considèrerai aucunement toutes les reprises qui sont toujours un outrage et que je n'ai vu pour cette raison. Les suites, en général, sont pires. (À moins d'avoir été pensées d'emblée ainsi). Je n'ai jamais tenté non plus.
Les adaptations de ses livres n'ont pas toujours été heureuses. J'aurais pu faire un plate top 9 qui serait le réel pouls de ce que j'ai davantage aimé. Mais j'ai poussé pour vous parler de l'entièreté afin de vous donner une idée de ce, à quoi vous devez vous attendre si vous vous compromettez pour visionner un de ces films.

Car pour plus de la moitié de ces films, ce serait une certaine forme de pêché que de les consommer. 


    (1986)
Tanné de voir ses livres être adapté par d'autres, Stephen choisi de tourner lui-même l'histoire d'un comète frappant la terre, animant soudainement un paquet de choses inanimées, notamment, des camions et des pompes à essence qui aspergent les insolents autour. Seul effort du genre de M.King, qui a avoué être sous l'effet de la cocaïne du début à la fin et ne pas savoir du tout ce qu'il faisait. Mauvais sans bon sens. Potentiel culte. AC/DC à l'oreille pendant le film était un choix judicieux. Peut-être le seul. Adapté de sa nouvelle "Trucks"
 
Un scientifique teste sur un handicapé mental la super intelligence humaine qui, bien entendu, vire mal, il devient agressif et voudra de plus en plus devenir une machine plus qu'un homme. Si mauvais que King a fait retirer son nom du titre, qui devait être Stephen King's Lawmower Man. Le film diffère d'ailleurs beaucoup de sa nouvelle Cybergods. Il a aussi fait retire son nom du film tellement il n'aimait pas. Il y a peu à aimer, c'est vrai. 

Le livre est très bon. Ce qui mettait la barre haute pour le film. Un cimetière pour animaux, sur un terrain qui comprendrait des âmes Micmacs a des effets étranges sur les gens. La réalisation molle et sans réflexion de Mary Lambert ne semble jamais se questionner sur les motivations de certains personnages et ça tue la crédibilité et l'intérêt du film. Qui est un très bon livre, je le répète. Moins horrifiant que "gouhlishien". L'idée lui est surement venue en circulant sur la route, croisant des cadavres d'animaux crapauds sur l'accotement. 


Apt Pupil
(1998)
L'action se déroule dans les années 80, où un jeune étudiant, obsédé par l'Holocauste, découvre un ancien Nazi, vivant maintenant sous une fausse identité et lui tire les vers du nez sur les histoires du passé. Un exercice sur la cruauté pas complètement réussi signé Bryan Singer. Le mal existe chez les deux personnages et il y avait vraiment quelque chose d'intelligent à faire ici, mais on a un peu raté en marchant presque tout le film à côté d'un si grand sujet. On aurait voulu plonger dans le mal davantage et le regarder de face. Mais on le traite un peu de biais.  


Cujo
(1983)
Le chien de la famille d'un garagiste se fait mordre le nez pas une chauve souris qui a la rage et ça le rend tout simplement assassin. C'est con parce que le film en soi n'est pas si mal, mais au final, on se demande pas mal à quoi ça a vraiment servi ce visionnement. Un film de monstres, ça fait pas tout le temps peur. Très 80's.

Avec la version télé il était arrivé la même chose. La portion adulte de ce gang de "perdants" affrontant leurs peurs sous la forme d'un clown assassin, était beaucoup moins bonne que la première partie, comprenant les mêmes personnages, enfants. À la télé on y trouvait Harry Anderson (associé à la comédie) Annette O'Toole, John Ritter, Tim Curry et Seth Green, ce dernier, chez les enfants. Dans la portion adulte du film, Jessica Chastain, James MacAvoy, Bill Skarsgard et  Owen Teague, ce denier, parmi les enfants. Dans le livre aussi, la seconde partie frappait moins fort.


J'avais 15 ans. Oui, j'étais amoureux de Maria Conchita Alonso qui avait alors 29 ans. Dystopie? Oui! Il y avait beaucoup à aimer de cette idée de télé-réalité avant l'heure, avec Richard Dawson, l'animateur télé. Terrible acteur. Mais justement, y a eu beaucoup plus de terrible que de séduisant dans cette adaptation. Arnold est toujours "cringe". Il y a peut-être Mick Fleetwood de la formation Fleetwood Mac et les cuisses de Maria qui charment. Mais ça reste maigre. Et jamais épeurant. Voilà peut-être pourquoi King avait écrit ce livre sous le pseudonyme de Richard Bachman, 5 ans avant. Il n'y croyait pas tant. Ce n'était pas son ton habituel.


Christine
(1983)
Arnie a une Plymouth Fury1958...zzzz... et celle-ci a une personnalité. Jalouse, possessive et un cerveau bien à elle. Un brin misogyne dans la métaphore, culte dans l'exécution, maintes fois imité. Encore récemment, dans Stranger Things. La jalousie, c'est pas beau. Vroum, vroum. Pwet.


The Mist
(2007)
Frank Darabont a obtenu ses lettres de noblesse avec l'oeuvre de King en tournant trois adaptations. Celle-là raconte le village de Bridgetown, au Maine, frappé par une tempête forçant ses habitants à se terrer dans des commerces abandonnés. Jusque là, c'est potable, mais en naissent aussi des monstres du brouillard, et là, ça devient gnagna... Bien que la cinématographie soit passablement bonne. Y a pas mal rien d'autre d'intéressant.


Creepshow
(1982)
J'avais 10 ans. Stephen en avait 34. Il signait son tout premier scénario. 5 vignettes navigant entre horreur, absurde, macabre et grotesque. King rend hommage aux équivalents qu'étaient les films des années 50 Tales From the Crypt, The Vault of Horror, The Haunt of Fear. Amusant plus qu'horrifiant. On sent qu'il y a de l'amour dans ce qu'il a écrit et y en a autant dans ce que George A.Romero tourne. Léger. Je devais avoir 12-13 ans quand je l'ai vu parce que c'était à la télé, sous l'infect titre Histoires à Mourir Debout.  

Je ne suis jamais fan des suites. Jamais. À moins qu'on les ai d'emblée planifiées ainsi. Mais encore. Les trois (nouveau) premiers Star Wars étaient une horreur en trilogie puisque le premier n'était que familialement rassembleur, le second semblait vouloir passer du temps, puisqu'on avait promis une pre-quel en trilogie pour en arriver à un très fort troisième. Un seul film, épique, aurait été possible. The Shining n'avait pas besoin de suite. Dany Torrance n'est plus un enfant, il dans les 40 ans, et reste hanté par les démons du passé. Bouh! tire le pis de cette vache à lait. Mais j'aime beaucoup Ewan McGregor. Henry Thomas y fait aussi une présence remarquable. Mais bon...C'était pas nécessaire. 

Un autre effort Frank Darabont, les 9 suivants je les ai pas pire aimés. Enfin, les deux prochains s'enduraient, les 7 autres, oui, j'ai aimé pour vrai. Dans le couloir de la mort, un geolier, pendant la Grande Dépression, est témoin d'effets surnaturels de la part d'un condamné à mort. Cinématographie impressionnante de David Tattersall, habile utilisation du son. Fameux casting.

Tourné en Nouvelle-Écosse, rien dans ce film ne ressemble tant à l'univers de Stephen King. Il est raconté tout en retours en arrière et favorise même quelques scènes de palais de justice. La trame narrative raconte la relation difficile entre une mère, accusée du meurtre de la femme âgée dont elle devait prendre soin. C'est la finesse de l'adaptation de Tony Gilroy, mais surtout les performances de Jennifer Jason Leigh, Christopher Plummer et Kathy Bates qui sont aussi éblouissantes dans ce que Taylor Harkford a tourné. La cinématographie de Gabriel Beristain n'est pas non plus à négliger dans cette Nouvelle-Écosse déguisée en Maine. 


Carrie
(1982)
Celui-là, je l'ai acheté. Pour DePalma, Sissy Spacek et le côté culte qui parfume ce film. Celui-ci fera presque 34 fois le millions d'investissement. C'est aussi le tout premier Stephen King adapté en film. Piper Laurie l'a tournée, convaincue que c'était une comédie tellement elle trouvait le jeu comique et grossier. Elle en parlera toute sa vie comme d'une comédie. Elle sera nommée aux Oscars pour sa performance (Sissy aussi). Nancy Allen ne réalisera qu'à la première toute la méchanceté de son personnage. Ce bal des finissant(e)s sera le cauchemar de toutes les princesses d'Amérique et d'ailleurs.  Mais fera aussi rêver de télékinésie.

J'avais adoré le livre, pré-ado, lu en anglais. J'avais aussi aimé (un peu) l'adaptation télé au début des années 90. La version ciné, signée Andy Muschietti, sensation d'Argentine, est beaucoup plus sombre que tout ce qu'on pouvait lire ou voir en télé. C'est plus de 700 millions de fois qu'on fera des recettes sur ce film. C'est pas rien. Et c'est entre autre parce que c'est très bien. Terrifiante adaptation des frayeurs et traumatismes de jeunesse, l'ensemble du casting sera tout simplement parfait. La cinématographie de Chung-hoon Chung  et la musique de Benjamin Wallfisch, doublée de la performance des acteurs, Bill Skarsgard, horrifiant et cauchemardesque, mais aussi les enfants, auquels on croit complètement. Bravo. Adaptation fort réussie. 

Un enseignant découvre, suite à un coma de 5 ans, qu'au simple contact physique de quelqu'un, il est maintenant en mesure de lire une partie de sa vie et de découvrir bien des choses. Ce qui plait à la police qui le harcèle afin qu'il les aide à solutionner des crimes. Mais ce don soudait contient aussi une zone neutre qui permettrait d'altérer le futur...Christopher Walken, à qui je pardonne tout, et David Cronenberg, que j'aime aussi beaucoup sont de grosses raisons qui font que j'ai vraiment aimé ce film, vu, ado. Je viens de me le reréservé à la Vievliothèque. Question de le revoir d'un oeil plus mature. 


Misery
(1990)
Une superfan d'un romancier a la plus stupéfiante des surprises quand celui-ci est victime d'un important accident de voiture qui le garde paralysé dans son lit à elle. Pas question qu'il en sorte à moins qu'il n'écrive ce qu'elle a envie de lire. Et elle prendra les moyens pour qu'il y reste. Kathy Bates y est si formidable qu'elle a gagné un Oscar pour sa performance dans ce film. Elle avait d'ailleurs ému encore, recevant son prix, en parlant en langage des signes. J'avais aussi lu ce livre en anglais, ado. 

Complètement ailleurs dans l'univers de King, alors qu'on baigne dans la nostalgie, le regret, le passé. Un homme d'âge mur revisite son enfance et les amis avec lesquels ils avaient découvert un cadavre près du chemin de fer. Adapté par Bruce A.Evans et Raynold Gideo pour Rob Reiner de la nouvelle The Body, qui n'était vieille que de 4 ans, le film est nettement plus touchant que quoi que ce soit d'autres. J'avais l'âge de ces personnages. Un casting encore assez parfait. Dont Kiefer Sutherland et John Cusack, dont on oublie les présences avec le temps mais qui font de ce film un maudit bon produit final. C'est aussi Reiner qui réalisera Misery. La dernière ligne du film m'a fait verser une larme.  King qui fait verser une larme, un exploit. 

La plupart des Femmes que je connais ont effectivement verser une larme sur ce film. C'est la première adaptation de Frank Darabont d'un livre de King. C'est une merveille. Narrative, cinématographique, d'interprétation. Morgan Freeman et Tim Robbins y trouvent des rôles d'immortels. L'affiche reste l'une des plus belles aussi. Adapté de la nouvelle de 1982, Rita Hayworth & Shawshank Redemption, Darabont avait acheté les droits de King, 5 ans plus tard. L'histoire d'un homme emprisonné pour le meurtre de sa femme et de son amant, se liant d'amitié avec un contrebandier d'alcool, touchera bien des gens. Mais étrangement quand il est lancé, il fait patate. 16 millions seulement alors qu'il en avait coûté 25. L'absence de femmes et le titre un peu lourd, doublé de l'intérêt démesuré pour Pulp Fiction et Forrest Gump, au même moment, plombe les recettes de cet excellent film. Toutefois, lorsque 7 fois nommé aux Oscars, il générera soudainement plus de 58 millions. Le film sera aussi enregistré dans la librairie patrimoniale de l'Histoire des États-Unis.

Bien que King sera outré de l'adaptation de Stanley Kubrick, il s'agit d'un film grandiose. J'avais lu le livre avant de voir le film, à 16 ans, seul, au chalet familiale, en un seul soir, dans la nuit, avec le vent qui soufflait fort dehors. Une expérience extraordinaire. Puis, quand j'ai vu ce que Kubrick en a fait, c'était mieux encore. Tout ce que Stanley K touchait devenait de l'or (à mes yeux, en tout cas). Un homme aux prises avec ses démons d'alcoolique, emménage dans un hôtel fermé pour la saison. Mais le fils de Jack & Wendy se découvre des dons psychiques troublants. La détériorations mentale du père, un écrivain, victime de la page blanche, aura des effets dévastateurs sur tout le monde. L'Overlook est hanté. Extraordinaire film qui n'a pas pris une ride.  Ce film aussi est enregistré dans la librairie du Congrès des États-Unis.

Rien à voir aves la soirée Oscars, cette année cousue de fil noir, tout à voir avec l'univers du mythique auteur du Maine. 
Et un peu du 7ème art. 

mardi 27 avril 2021

À La Recherche Du Temps Perdu*******L'Écume Des Jours de Boris Vian

 "Je ne veux pas gagner ma vie, je l'ai"


Chaque mois dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle de l'une des mes trois immenses passions: La Littérature.

Lire, c'est un peu beaucoup mon métier. Je suis traducteur. Je ne sens jamais que je force, ni ne travaille quand je lis puisque je le fais tout le temps. Ce n'est même pas un effort pour mes yeux qui n'ont pas tellement besoin de lunettes, à moins d'être très épuisé. 

Lire peut m'habiter au point de ne plus voir ce qui se passe autour. Parce trop se passe alors, en dedans.


Lire c'est apprendre, plonger dans un univers qui n'est pas le sien. C'est accepter de pénétrer des univers insondés. C'est naviguer sur un rythme qui n'est pas le sien, au travers d'une vision qui n'est peut-être pas la sienne, c'est respirer d'un autre souffle.

Et respirer, c'est vivre. 

L'ÉCUME DES JOURS de BORIS VIAN

1946. La guerre est à peine finie. le livre sera écrit très vite, et le manuscrit, à la grande déception de Boris, ne sera pas récompensé du prix de la Pléiade. De son vivant, Vian n'en connaîtra pas le succès. 


Le livre commence comme le film français de 1980, La Boum! et se termine comme le film Étatsunien de 1970, Love Story. C'est un poème de Prévert, illustré de la main de Salvador Dali. C'est une plume d'oie caressant la peau, et y laissant une plaie saignante qui ne guérira pas. C'est un livre qui marie le blues et le jazz.

La libre association parfume cette écriture d'un kaleidoscope des genres. Vian, quand il parle, chante, écrit, le fait dans toutes les couleurs, avec tous les sons, avec des émotions tactiles. C'est une littérature néo-baroque déployant toute l'étendue de ce talent et de son génie. L'ensemble est baroque dans le sens que l'histoire est toute simple, mais emballée et livrée dans une extrême complexité des ornementations. Comme la plus petite des fleurs cachée dans un oeuf Fabergé encastré de diamants. Le livre est très court. 214 pages. 


Dans un Paris semi-dystopique et vaguement angoissant, qui pourrait croiser l'imagerie de Dali, les machines surréalistes de Roussel et l'ingénérie sociale de Huxley trempés dans la violence latente chez Orwell, Colin, Isis, Chick et sa copine Alise passent leur temps à écouter du jazz, patiner, et vivre leur jeunesse (Cet état d'esprit du coeur). Le monde adulte semble un distant brouillard, tellement indistinct qu'il se dissipe à l'horizon de la légèreté de leurs envies. Leur passion commune pour le jazz des États-Unis (dont le livre a la structure et la forme)  et dans le cas de Chick, sa passion pour le philosophe Jean-Sol Partre (caricature de Jean-Paul Sartre qui en publiera des extraits dans sa revue Les Temps Modernes), ne sont que le reflet des propres intérêts de l'auteur, alors.  Duke Ellington y est partout. Il faut lire ce livre sur ses trames sonores. Colin confessera adore le prénom de Chloé qui est aussi un titre d'Ellington. 


La trame est une fantaisie amusante, délicate, douce et charmante en rose et bleu qui met la table sans prévenir de la trappe dans laquelle il nous prendra. On réalise trop tard que le fruit qu'on croit consommer est en fait un poison. 

La mort s'invite sous la forme d'un nénuphar au poumon. Probablement la plus belle métaphore du cancer possible. Je la réutiliserai pour vous parler de mon ami qui le combat. Tel un film expressionniste, le monde devient petit autour de la maladie. La vie adulte bouffe la jeunesse dans le désenchantement. Il y a effluves de dépendances aux drogues, nombreuses vignettes de tragicomédies et fatalisme. La beauté des écrits agit comme une révélation. Nous sommes aspirés dans un labyrinthe jazzé, littéraire, plein de références artistiques cernant la trame narrative. Puis, le drame sévit comme une plante vénéneuse à la surface des rêves avec un esprit claustrophobe qui fait son chemin jusqu'au coeur. 


Boris n'avait que 26 ans quand il a écrit ce bijou. Il n'en vivra que 39. Déjà, il avait la tête et les mains des vieux maîtres. C'est à la fois un clin d'oeil au surréalisme des années 20, et à la fois un avant-goût des Nouvelles-Vagues, littéraires et cinématographiques des années 60. Années où le livre connaîtra enfin le succès qu'il méritait. 

Néologismes, jeux de mots, allitérations, anagrammes, mélanges sémantiques, c'est un très intéressant livre littéraire, visuel et sonore que je vous présente, ce mois-ci.

À lire sur Chloe (Song of the Swamp) du grand Duke.   

lundi 26 avril 2021

Crise Dans La Crise (Falloir)


C'était un beau week-end ensoleillé. Le genre de week-end qui rend l'amoureuse heureuse. Rien pour m'exciter, en revanche.  

On torche un peu la piscine, on se fait du barbecue, on monte des meubles, on fait du lavage, on écoute un film d'horreur en famille, on regarde le Canadien rester inconsistant, on va à la pharmacie valider sa vieillesse. 

En faisant le lavage, on sourit. En voyant qu'en achetant ce savon liquide, on peut laver plus de 88 fois!


Bullshit.

Comment ses gens savent-ils la quantité de savon que je mets chaque fois dans mon lavage? C'est n'importe quoi. Mais on avale des phrases comme ça, à l'aveugle, un peu partout "Le meilleur burger en ville! le #1 en province"...selon qui? Matante? On est habitué de se faire enfumer. 

C'est partout. Partout partout partout. Le temps d'ensemencer le gazon, on lit sur la pochette "pousse en 5 jours!"


Bullshit.

Si il fait beau, si vous arrosez,  si vous cacher la semence dans la terre, si les oiseaux ne viennent pas manger vos semences, si, si, si plein plein plein de choses qu'il faudra faire ou qui doivent se produire pour que ça pousse pour vrai, rendant la phrase tellement, mais tellement inutile et caduque. Semer, c'est ensuite arroser pendant deux semaines pour humidifier. C'est de l'hostie la gestion. Moi, ça me plonge dans le marasme. 


J'ai pas moins de 6 films qui attendent d'être vus, deux livres d'entamés, et tant d'autre choses auquel je me passionnerais! Y avait les Oscars hier, la remise des prix du cinéma des États-Unis. Les 4 derniers mots de ce la dernière phrase que j'ai dites sont importants: cinéma des États-Unis. Certains ne jugent que par ce que par la soirée de remise de prix pensant qu'elle souligne l'excellence de tout le cinéma, mais n'oublions jamais qu'ils n'honorent le cinéma des États-Unis. L'an dernier, se trouvant à être l'exception (il y a en eu quelques autres) quand le film Sud-Coréen Parasite avait raflé les grands honneurs. Il y avait quelque chose de l'affront de faire gagner ce film. Après 4 ans de Trumpisme, et presqu'autant de mois à condamner l'Asie et à raciser le coronavirus, de récompenser le (brillant, et qui méritait son prix) Parasite. Faire gagner l'histoire d'humains à la peau noire se découvrant amoureux et empreints de désirs dans une relation homosexuelle, l'histoire de gens tombant en amour avec un monstre, d'italien défendant la dignité humaine dans les É-U ségrégationiste, durant toute la durée du mandat Trump, relevait du même affront face au vrai parasite qu'aura été le président à la peau orange.

Fuyant plus ou moins la conjugaison du verbe "falloir" dans la bouche de madame, j'ai erré sur les réseaux prétendus sociaux et je reste toujours fasciné par l'astronomique nombre de gens qui considère le simple bon sens comme quelque chose de "dangereux". Ils sont la crise à même la crise. Je peux comprendre l'inconfort généralisé dans toute ce qui passe depuis plus d'un an, mais de qualifier un journaliste qui propose le passeport vaccin qu'on aura tous bientôt (c'est inévitable si on veut revoyager, un jour). de dangereux et de privateur de "droits". 


Il n'est franchement pas anormal, mais pas anormal du tout d'avoir une approche différente avec ceux qui mettent nos vies en danger en refusant de se faire vacciner. Ça va complètement de soi. Vous devenez le parasite si vous êtes un potentiel virus ambulant, vous-même. Un enfant de 5 ans le comprendrait. Mais il s'en trouve beaucoup trop pour penser que le vaccin est l'ennemi. Que de se prendre en photo en train de se faire vacciner est de la porno ou pire! que d'être ému de sa faire vacciner est se prostituer publiquement. 


Ce type d'attitude est un autre virus à combattre. Celle de la tête brûlée. Il est normal qu'on soit plus-que-fatigué de vivre cette lourde pandémie, mais on ne doit jamais perdre de vue l'essentiel: s'en sortir. Une conversation du net où je tentais de comprendre comment on pouvait être contre des mesures préventives pouvant sauver des vies et qualifier de "dangereux", on a glissé vers la vie des insectes, et j'ai cessé la conversation quand un illuminé m'a reproché de me considérer supérieur aux insectes. Je ne réalisais pas que je discutais avec une luciole se dirigeant directement sur l'ampoule. 


J'ai été rassuré de sentir plus de soutien que d'affront dans ce que je partageais comme vision, mais au final, ces gens annoncent d'emblée qu'ils sont le danger de demain. Convaincus de leurs "vérités". Demain c'est le premier mai,  la marche d'insectes intellectuels. Sortez le raid! 

Ils ne sont pas tous âgés et gâteux. Ce qui expliquerait en partie une pente décadente. Ils sont parfois dans la trentaine, dans la vingtaine, souvent dans la quarantaine, bref, je vois un portrait de ma province qui n'annonce rien de bon. Ils seront je-ne-sais combien le 1er mai prochain à marcher, fiers grotesques, en faveur de la mort d'autrui.

Peu importe ce qu'ils auront à scander et à écrire sur leurs pancartes il ne faudra jamais oublier qu'on veut TOUS s'en sortir. 

Bullshit. 


Ceux-là ne veulent pas s'en sortir. Ils veulent faire ce qu'ils veulent. Comme des enfants. 

Ils avalent des phrases comme ça, glanées n'importe où et ne les font pas passer par le processus du jugement.

 Ils sont favorables à la mort des autres.


Égoïstement. 

Égoïsme:moi de 365 jours.

Après avoir pensé à ça, j'ai aidé la belle toute la journée. Faut conjuguer le verbe falloir parfois.

Il n'y a pas de vrai bonheur dans l'égoïsme.