jeudi 31 mars 2011

Consommer Son Vote

Le Ipad 2 est sorti.

Les gens qui ont acheté la première version se questionnent.

Nous sommes devenus siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii consommateurs que de lancer un produit, aussitôt remplacé par une nouvelle version un an ou deux plus tard ne fait pas en sorte que nous méprisons la dite compagnie et la poussons à la faillitte en lui tournant le dos, non, nous la rendons tout aussi riche, sinon plus en faisant des line-up, 48 heures avant la sortie en magasin.

Nous ne sommes plus des électeurs non plus, mais des consommateurs.

Nous consommons de plus en plus TOUT dans notre vie.
Comme tout est politique nous consommons notre vie comme nous consommons notre nourriture.

C'est à dire facilement, rapidement, bourrativement et vide de toute substance.

Société obèse.

Ce qui est dommage dans le paysage politique qui se dessine à l’horizon c’est la nécessité de se réclamer d’un camp ou de l’autre, de rejeter en bloc et de rejoindre cette fiction qu’on appelle le « Peuple ». On ne peut plus mettre en commun nos idées et n’en garder que le meilleur, il faut prendre nos élus en formule tout inclus comme on choisirait nos vacances, sans surprises et sans risques… éviter l’inconnu à tout prix et se prélasser dans notre confort, aussi illusoire soit-il.

Le Bloc? 
Le gardien de but auxiliaire. C'est ben cute l'idée du chevalier nous protégeant des "méchants" anglos mais bon...on fait du surplace. On ne regardera l'action que du banc. On choisit de ne pas choisir. Don't you wanna be on the ice?

Les Conservateurs?
Le terme "conservateur" est déjà suffisament répulsif, si il faut en plus se taper les croyances spirituelles, la morale de dinosaure et la gestion pétrolifère anti-kyoto (pour ne nommer que ça) pfff! Un seul mot pour ses morons: outrage. Mot qui contient les mots "out" et "rage". Sortons-les donc ainsi.

Le NPD?
Petit. Bon deuxième. Et outre Layton et Mulcair, qui sont ses gens?

Reste les rouges.

Je vais voter pour les rouges?
J'ai peine à me l'imaginer.

Voter local ou voter big country?
Je n'aime pas mon quartier. Je n'aime pas ses habitants, je n'aime pas le décor, je n'en aime pas les organisations sportives, ni les fêtes dans les parcs, ni le maire, assurément l'un des plus corrompus en province, peut-être au pays.

Je n'ai jamais voté pour un représentant de quartier. Je me calisse de mon quartier. Mon quartier m'intéresserait si c'était la rue Saint-Norbert au coeur de Montréal. J'ai toujours voté pour un parti, une idéologie, une vision dans laquelle je me reconnaitrais. Pas un député. Depuis mes 18 ans, j'ai toujours voté pour le Bloc. Parce qu'au bout du compte, quand est venu le temps de me placer dans l'isoloir, le seul auquel je pouvais (un tantinet)toujours m'identifier c'était la bouille du bloquiste.

Et quand j'ai voulu voter pour le pays, il a refusé d'être.

Pour la première fois, les rouges ont à leur tête un gars en lequel je pourrais peut-être un peu me reconnaître.

Iggy est un intellectuel, écrivain, journaliste. Arrière-petit-fils de tsar, il a été recherchiste comme moi. Il parle trois langues et s'intéresse en général aux langues qui sont en quelque sorte mon métier. Il s'intéresse aussi aux droits humains, ce qui le fait détonner du robot de Dieu, Harper.

Mais voter Ignatieff? Dur. Je suis incapable de m'enlever de la tête cette image à la télé qui titrait "En attente d'Ignatieff" et qui nous montrait un lutrin et un micro où il n'y avait personne. Je savais très bien que les journalistes attendaient, au sens propre, qu'Ignatieff fasse une allocution. Mais il me semble aussi que cette image illustre très bien ce que les gens au pays ressentent depuis deux ans, depuis qui'il est chef des Libéraux.

 Peut-on croire en Iggy?

Si je pouvais, je voterais Emmanuelle Latraverse et Céline Galipeau.

J'aimais déjà Emmanuelle Latraverse quand elle était à TVA.

Une intelligence dans l'oeil que peu de gens de cette station ont en général. Elle était toujours au dessus de la mêlée et ça n'a pas pris beaucoup de temps avant que Radio-Canada ne le remarque aussi. Il l'ont tout de suite recrutée et engagée sur la colline parlementaire à Ottawa.

Et là, elle brille.

Céline aussi. D'abord comme journaliste à l'étranger pendant de nombreuses années.

Je me rapelle du coup de foudre de 1995 quand, alors que je travaillais dans un magasin de musique, par une soirée tranquille, elle errait dans ma section de jazz. J'avais mis Coltrane et je fondais tranquillement derrière le comptoir, ronronnant en la regardant laisser glisser ses doigts sur des rangées de Stan Getz. Je l'aimais avec ses éclairages intelligents sur la scène internationale à la télé en soirée et là je l'avais devant moi en vrai, dans un bel éclairage tamisé.

Dans une élection précédente je disais à la blague que je voulais voter pour Marie-Mai (hahaha, hahaha). C'était une boutade qui en quelque sorte souhaitais voir la même candeur au pouvoir, la même transparence, voire la même naiveté qui ferait en sorte que lorsqu'un premier ministre se pointe au micro et nous raconte des trucs, ce ne soit pas un véreux verrat qu'on y perçoive mais un brin de transparence et d'honnêteté.

Un pantin peut-être, mais avec au moins une équipe derrière qui nous représente un brin fidèlement.

Pas des créationistes qui communient à l'église anti-avortement.

Avortons les Conservateurs.

Mais qui faisons nous naitre pour compenser?

L'intelligence des Latraverse et Galipeau (rajouter Chantal Hébert et Josée Legault) qui nous traduisent la langue de bois de ses manipulateurs de foule.

Visiblement je veux une femme dans ce monde d'homme cochonné d'hommeries.

Ces gens semblent avoir oublier que la politique c'est aussi charmer son public. Les femmes sont des naturelles pour le charme.

Il y en a une, à la tête du parti vert, mais bon le parti vert...
Ça ferais au moins un bon ministère.
Un.

Campagne, gagne-moi.
Je suis à prendre.
(Voilà peut-être pourquoi je souhaite une femme...:)

À chaque fois c'est pareil... Je tergiverse pour mon vote le temps d'une campagne et je finis par faire de mon vote une commande de Mcshit.

Lourd sur l'estomac et au fond du bol deux jours plus tard...

Mieux consommer.
Mieux.

mercredi 30 mars 2011

Travailler

L'autre jour, à l'école de mes enfants, il y avait une journée "spéciale parent".

Un membre de la famille était invité à se pointer dans la classe de son enfant afin de parler de l'époque où lui ou elle était allé à l'école au même âge.

Un mercredi matin...

Je ne sais trop comment pensent ses gens, mais bon... j'y reviendrai.

Nous n'étions pas plus que 6 dans la classe de ma fille. Moi parce que je suis traducteur, travaillant à domicile et que mes heures sont flexibles. Un grand-papa et quatre mamans, toutes italiennes. Nous étions invités à nous présenter et à nous raconter un peu pour les mousses. Le grand-papa a vite pris le plancher et a raconté presque toute sa vie occupant, comme tout bon boomer, l'espace des autres. Il a entre autre souligné plusieurs fois qu'il avait quitté l'école avant la fin de sa sixième année mais qu'il avait été un fier directeur de compagnie d'imprimerie qui avait eu beaucoup de succès (pour le plus grand plaisir de son petit-fils, Antoine). J'ai laissé, par courtoisie, parler les quatre femmes avant moi. Elles ont toutes dit qu'elles n'avaient pas été au CEGEP ou à l'université et qu'en somme, elles ne travaillaient pas. Elles ont raconté leur pirmaire à elles. Elles irradiaient le bonheur devant ses petites faces à l'écoute. Quand est venu mon tour, je leur ai parlé de mon travail de traducteur. Je les ai fait rire en disant que j'étais même capable de traduire les rires et les éternuements dans toutes les langues. Ils se sont roulés par terre quand j'ai fait semblant que je parlais italien.

Ce n'est qu'après que j'ai réalisé que j'étais le seul qui avait eu un parcours scolaire et universitaire étoffé. Le seul qui travaillait encore aussi.

Dans la classe de mon fils, nous étions 7. J'étais encore le seul papa. 4 des femmes avaient aussi eu des parcours scolaires arrêtés précocement ou ne travaillaient tout simplement pas.

Quand j'ai lu dans le journal qu'une école primaire de Répentigny organisait une soirée poker de célébrités afin de lutter contre le décrochage scolaire je me suis esclaffé de rire. J'ai même cru à une blague. Une soirée de poker, why not? Mais pour LUTTER CONTRE le décrochage scolaire? de toutes les activités possibles? le poker?

En l'espace de quelques jours je venais d'avoir en pleine face, moi et un paquet de petits mousses, des exemples criants que décrocher, c'est pas le démon annoncé.  Voilà qu'une école organisait une soirée poker, "sport" dont le le plus riche et meilleur joueur au monde est un décrocheur multimillionnaire bien de chez nous.

J'ai essayé un instant de me mettre dans les souliers de mes enfants. Quels signes enregistrent-ils?

Frédéric Plante, animateur de RDS, nous parle à la télévision de son décrochage et demande aux jeunes de tenir bon et de lui parler de "leur histoire" à eux.

Quelle histoire sommes nous en train de leur raconter nous?
Des balivernes?

Alors que les réseaux sociaux sont à leur apogée, qu'être "taggé" dans l'album facebook de chose devient la référence populaire et un gage de succès, comment reçoivent nos enfants ce message de Frédéric Plante?
Ne pensent-ils pas légitimement, "ben y a réussi pareil, i' est à' télé!"

Nous leur racontons nous une histoire pleine de fautes?

Je suis sévère avec les enseignants car, très souvent je les corrige leurs fautes. Pas dans une commande de métier. Je corrige les fautes dans les notes écrites dans la marge!
Souvent je suis carrément enragé quand leur syndicat semble dicter leur comportement. Sur 5 dans ma famille ils étaient 4, dont la moitié sont encore enseignants. Dans ma famille élargie, chez les oncles, les tantes, les cousines une douzaine à aussi faire le métier.

Il n'est pas interdit de croire non plus que j'y toucherai aussi un jour, on me trouve toute sortes d'aptitudes à enseigner le hockey aux jeunes.

Quand ma famille me parle de son métier, le syndicat y est toujours évoqué.
"Pas question que je reste! je vas en parler à ma représentante syndicale!"

Se battre pour ne pas travailler.

J'aime le football entre autre parce que chaque fois que les athlètes sont présentés, on nomme l'Université ou le Collège qui les as accueillis.

...ou laissé partir.

Qu'ils aient réussi, fréquenté juste une semaine, que l'école ai triché les notes scolaires pour les faire jouer au football m'importe peu. C'est le problème de conscience de l'institution scolaire.

Mais je trouve ce maquillage sain
Au moins le message envoyé est "L'école  X  peut te mener ici"

Si tu travailles.

Quelque chose que nous faisons, nous les grands, de moins en moins bien.

Un exemple? c'est pas la secrétaire qui jouait dans les films pornos qui s'est fait limogé d'une école secondaire, c'est l'élève qui l'a dénoncé...

Tirez sur le messager qu'ils devaient dire dans les livres d'enseignants j'imagine.

mardi 29 mars 2011

La Face Cachée de la Une

"Tiens, je mangerais bien un savoureux PANINI"

C'était le slogan inscrit sur une affiche annonçant le café étudiant de l'université. J'avais un crayon feutre foncé dans le même ton que les lettres de l'écriteau. À la fois pour nourrir mon appétit anti-publicité et aussi pour passer le temps (car j'attendais un ami qui n'arrivait pas) j'ai trafiqué le "a" en "e" et le dernier "ni" en "s".

C'était ma foi, très réussi. En ajustant les autres lettres un tantinet on aurait franchement pensé que l'affiche avait été conçue pour dire complètement autre chose. Inspiré, j'avais aussi esquissé le visage d'une femme avec un sourire satisfait. C'était très beau. Je changeais le "n" de Café la Brunante, inscrit en plus petit dans le coin à droite, en "L" quand mon ami Gregorio Kosstugosstwékriss, un grec, s’est finalement pointé.

"Jones, tabarnak "
Un bouillant Grec

"Commence pas à parler comme ma grand-mère, comment tu vas Greg?"

"T'as vu la route qu'ils ont reconstruit en trois jours au Japon? Ostie ça fait trois semaines que je roule dans les pires nids de poules au MONDE! Je viens de me taper une crevaison pis y a pas encore un calisse de col bleu qui a bouché les trous de la rue Lacombe! CHRIST mon char entre presque complètement dans un des trous!!!"

"Oui mais tu conduis une Smart..."

"PEU IMPORTE! Ça va tu nous prendre un tremblement de terre nous aussi pour qu'ils fassent quelque chose?"

"La pègre a son horaire à elle, faut pas s'énerver. Vicky arrive-t-elle?"

Nous avions tous trois rendez-vous afin de compléter un lamentable travail sur un métier que nous n'exerceront jamais: Interprète. Pour être interprête, il faut avoir peu de caractère, une personalité plutôt effacée, accepter de se faire marcher dessus et se réjouir de peut-être être parmi les 8 sur 300 à faire 40 000$ ou les 9 qui font entre 30 000 et 40 000$ par année.

"Oui elle m'a texté qu'elle serait là dans dix minutes, elle sortait du métro"

"Greg, t'as tu vu La Face Cachée de la Lune ?"

"er...non je suis pas cosmonaute..."

"Crétin, je te parle du film de Robert Lepage"

"Je pense pas non, il fait pas du théâtre lui?"

"Oui mais c'est justement une de ses pièces qu'il a tourné en film, c'est assez merveilleux comme film. Un grand film sur la solitude et sur notre rapport à l'autre. Brillante cinématographie aussi. Ce que j'ai toutefois trouvé triste c'est que j'ai trouvé Anne-Marie Cadieux parfaite dans ce film..."

"Qu'est-ce qu'il y a de triste là-dedans, Jones?"

"Elle n'a aucune réplique, elle est 100% muette..."

"Ouin ...pis?"

"Ben...si je l'ai trouvé si bonne, muette, c'est que lorqu'elle joue des rôles parlés, je n'y crois pas, je la trouve donc en général plutôt poche...Elle pose bien mais joue mal à mes yeux"

"Ben...t'as le droit, buddy, t'as la tristesse facile, tsé...si tu conduisais ma Smart dans les nids-de-poules à 1,35$ l'essence, t'aurais des raisons d'être triste"

Vicky est arrivée sur ceci.

"Salut les gars vous parlez de quoi?"

"De La Face Cachée de la Lune"

"Pink Floyd?"

"Noooooooon le film de Robert Lepage, t'as vu?"

"Non moi le films Québécois..."

"Tchuuuuuuttt! arrête avant de te caller"

"Tu devrais c'est vraiment très bien. Fin. Bien tourné. Intelligent"

Vicky a planté ses yeux sur l'affiche derrière moi.

"Pourquoi j'ai le goût de saucisse tout d'un coup?...on va tu au café de la...de la... Brûlante? i' ont changé le nom? Ha! y ont changé le slogan aussi... "

lundi 28 mars 2011

Les Imparfaits et Les Ordures


Il y a un livre actuellement de Tom Rachman qui a beaucoup de succès et qui se nomme The Imperfectionnists.

Il raconte l'histoire d'un improbable journal de Rome où 11 employés se croisent dans une narration chorale où les imperfections de tous et chacun sont mises en lumière.

Les imperfections sont touchantes. Elles rendent les gens humains. Voilà pourquoi le livre de Rachman (et le style et l'originalité, surement) lui rapporte de gros sous.

Le génie (et le succès) des séries télés de nos jours, que ce soit Lost, Six Feet Under, The Sopranos, The Wire, Cougar Town, Nurse JackieWeeds, 19-2 ou The Good Wife, c'est que leurs principaux protagnosistes ne sont pas lisses comme les héros d'antan. Ils sont plutôt bourrés de défauts auxquels nous sommes sensibles car nous les savons enfouis en nous. Comment eux s'en sortiront? nous demandons-nous. Jack Bauer peut-il le corriger comme je le corrigerais le salaud?. Comment Nate gèrera cette colère qui l'habite comme moi dans Six Feet Under? Cette femme victime d'adultère dans The Good Wife? comment fera-t-elle face à sa vie, très publique, après ce deuil intérieur?

 Notre vie quotidienne est ponctuée de ses moments profondément imparfaits.
Regardez l'espace médiatique accordée à certains individus.

Charlie Sheen, par exemple.

Peut-être que dans 25 ans parlerons nous de lui comme de la première créature artistique née des réseaux sociaux.

La première "bebitte" car nous sommes franchement, humains du 21ème siècle, trop près de l'animal pour pouvoir l'analyser adéquatement.

Le gars est un toxicomane notoire. Il est aussi un sex addict (comme la plupart des hommes le sont) qui s'affiche publiquement avec deux pitounes, qui offre sur le net quasiment un journal de baise, qui compte 3 millions d'abonnés sur son compte twit, qui semble avoir à la fois perdu son filtre du jugement et son filtre de censure en disant tout tout tout TOUT ce qui lui passe par la tête. Comme il est rarement à jeun, ça donne un cas de psychanalyse en direct et c'est, malheureusement, très très fascinant. On en redemande.

Le cas Sheen est si particulier que, depuis qu'il a été officiellement viré de son show télé, d'où il pensait être l'intouchable et le seul responsable du succès (Il a pensé la même chose de Platoon, PUH-LEASE, Sheen en est le point faible!) il se lève le matin, ouvre la bouche, et divague jusqu'à ce son corps tombe en mode sommeil.
Un ordinateur qui vous offrirait une succession de chiffres issus d'un disque dur déficient et qui tomberait en mode veille entre 8 et 10 heures avant de recommencer à offrir une succession de chiffres sans liens totalement cohérents entre eux.

Et bien maintenant officiellement en chômage, Sheen essaie de monnayer cette bouche incapable de ne pas meubler le silence. Il part en tournée (!?!) dans un...spectacle (!?!)...appellé My Violent Torpedo of Truth/Defeat is Not An Option où on imagine qu'il continuera à parler comme le cocainomane en rut qu'il rapelle très facilement en entrevue. Le 14 avril il sera à Toronto. Le 2 mai (peut-être) à Vancouver. Avant il commence tout ça chez lui, aux États-Unis.

Je dis "peut-être" car avec Sheen, reliability is always an option.

Il vous en coûtera entre 85$ et 112$ (taxes incluses) pour entendre son cerveau échapper des mots.

Aux États-Unis, les billets se sont vendus comme des billets de Céline à Vegas quand on est boomer ou gay.

Et ce, même si on ignore tout de la performance que le comédien troublé compte offrir.

Ce qui nous empêche tous de le condamner pour l'âne qu'il est quand même, c'est qu'il compte donner 1$ par billet vendus au Japon et à sa reconstruction post-cataclysme.

Forcément noble. Pas 100% ordure. Imparfait.

L'homme qui a donné un visage aux termes "unemployed winner" a intenté une poursuite de 100 millions de dollars contre les producteurs de la série Two & Half Men pour bris de contrat. Il a bel et bien une équipe pour sa tournée mais il fera quoi? Il parlera de lui. Un vrai animal des réseaux sociaux.

Moi moi moi, miroir dis-moi si je me vois. (à tweeter,svp)

Là où je m'inmterroge ce sont sur les vidanges.
Les dictatures qui tombent les unes après les autres en sont un bel exemple. Ils ont d'abord régné en despote. Maintenant ils tombent.

Mais Chris Brown? Ce lâche qui a défiguré Rihanna. N'y a-t-il pas de justice?
Je crois qu'il exerce le métier de rappeur dans la vie. Peu importe, qu'on me présente sa situation de n'importe quelle façon, rien rien rien RIEN au monde ne justifie de frapper au visage (ou ailleurs) une femme. Le plus triste (et dérangeant) est que la jolie chanteuse lui ait pardonné et soit retournée dans ses bras.

Brown a refait la manchette cette semaine. Pour sa musique? Naaaaaaaaaaaaan! Il en fait? vraiment? Questionné sur le sale geste posé sur Rihanna dans un talkshow aux États-Unis, il a pété les plombs et démoli sa loge. Il s'en est excusé quelques jours plus tard. 

AAAAAAAAARGH!

C'est beaucoup trop simple!

Zdeno Chara (et TOUS les Bruins)veulent tuer Pacioretty et Subban pendant trois matchs. Les multiples tentatives sont documentées visuellement à la tivi. Au troisième match, Chara réussit son coup sur Pacioretty.
"Je n'ai pas fait exprès", ça va, ça va ne t'en fais pas, on te pardonne.

NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOT

Chris Brown démolit le visage de son amoureuse et une loge. "Je m'excuse, je n'ai pas réfléchi", ça va, ça va on te pardonne.

NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOT

Zavez le droit d'êtres imparfaits.
Mais quand est-ce que le camion à ordure ramasse son stock?!

dimanche 27 mars 2011

Petite Gaëlle Sans Nuages Gris

Tu es si belle en ce moment. Tu l'étais déjà. Mais là tu rayonnes.

Tu t'amuses avec tes amies dans la cour de récré, tu es au-dessus de tout nuage gris.

Tu sembles ne pas réaliser le triste théâtre qui s'est déroulé sous ton toit.

Ton père a fait fermer la rue la semaine dernière. Il t'a donné congé à toi et à tous tes camarades de troisième année. Ma fille de deuxième année était contente de passer sa journée avec son papa. Mon fils, en sixième multipliait les appels à ses amis. C'était Call of Duty Modern Warfare en direct.

"Il y a un tireur à l'école!"

Mais non. C'était dans la rue en face. Mais comme nous habitons à un jet de pierre de l'école, et que l'homme barricadé, ton papa, habitait à un jet de pierre lui aussi de l'école, mais de l'autre côté, nous nous retrouvions donc prisonnier du quadrilatère des rubans jaunes et oranges toute la journée. Avec des policiers partout et des ambulances dès 4h46 le matin.

C'est 12 heures que nous sommes restés prisonniers de notre maison. Sans permission de sortie. Ton père lui, est plus mal en point . Il est prisonnier depuis/pour? longtemps de nuages gris qui l'ont habité à son retour du travail en Bosnie. On ne trempe pas dans l'horreur sans en garder quelques éraflures. Les araignées dans son plafond sont devenues démons quand maman lui a fait comprendre qu'elle ne l'aimait plus comme avant. Que leurs mondes ne communiaient plus. Qu'il faudrait bien faire quelque chose.
Elle, ce qu'elle a choisit de faire, c'est d'en aimer un autre. Quelqu'un qui lui faisait du bien.
Papa, ce qu'il a choisit était moins calculé. Il a perdu l'équilibre. Il a été débalancé. Il est tombé dans un état.

Un état ça peut être toute sorte de choses. Ça peut être imprévisible. C'est pour ça tous les monsieurs en costume de police dehors autour de la maison. Pour contrôler les dégâts potentiels. Tu es partie toute endormie dans les bras de maman tôt le matin. Tu es allée dormir chez grand-maman. "Congé aujourd'hui chérie" t'as dit maman. Puis elle est partie "travailler". Tu as compris plus tard qu'elle était plutôt aller chez son frère, ton oncle. Tu n'as pas trop compris pourquoi cette menterie. Tu n'as pas remarqué son agitation à elle non plus. Ni l'état de siège autour de la maison à votre sortie au pas de course tôt le matin. Tu croyais rêver de toute façon. Tu as profité de cette journée de congé pour dormir longtemps. Tu es une dormeuse. Tu as peut-être encore rêvé. De soldats qui viendraient te protéger de mauvaise météo.

La police a tenté plusieurs fois de rejoindre ton père. Les conversations ne duraient jamais plus que quelques secondes. Ton père avait la mèche courte. Il raccrochait tout le temps. Il ne s'expliquait pas. Il était trop loin dans sa tête, en Bosnie, en douleur, ailleurs. En périphérie du monde réèl. Son monde à lui s'effondrait. Et ça commençait par la tête. Il entendait bien des gens au bout de la ligne mais ce n'était qu'une succession de mots. Rien de cohérent quand les mots étaient additionnés ensemble. Rien pour lui. Ce monde n'offrait plus rien pour lui. Il ne t'avais pas devant les yeux.

Quand la tristesse a fait place à la haine en fin de journée, il a foncé, armé. Dans ce noir qui meublait son regard. Il a entendu un bruit de pétard. Comme un cable qui se sectionnait. Il est tombé. Il saignait tout à coup. Il n'était plus capable de se relever. Les policiers avaient tiré. Il était au sol, bléssé. Il est à l'hôpital depuis.

Tu n'en sais rien. Tu crois qu'il est malade. Tu as raison.

Tu es allée à l'école le lendemain. Personne ne t'as parlé de rien. Pas tes amis de la classe en tout cas. C'était la consigne scolaire. Il faut toujours écouter les consignes scolaires. Tu as joué avec tes amies. Tu en avais plus que d'habitude cette journée-là. Tu t'es sentie spéciale, unique. C'était une belle journée. Sans nuages gris.

Ma fille de deuxième année était contente de passer sa journée avec son papa, mardi dernier.
Quelque chose que je te souhaite de revivre un jour, petite Gaëlle.
Si c'est encore possible.
Sans nuages gris.

Je prends mes enfants à tes côtés dans la cour de recré. J'étire peut-être mon regard sur ta petite personne. Je ne te dis rien, je ne te connais pas.
Je sais que tu es une dormeuse.
Rêve encore.
De soldats qui te protègeront des états seconds.

samedi 26 mars 2011

Portraits (dirigés) de Femmes

Les madames, les mères, les matantes, les putes, les filles, les gurdas, les vierges, les grands-mamans, notre vision de toute ses incarnations de femmes ont été sous le projecteur cette semaine.

M. Baillargeon a un certain courage. Aborder le thème féministe/matantisation/castration de l’auditoire c’est comme discuter de l’Holocauste. Abordé de n’importe quel angle, un homme se fera ramasser, chiffonner et jeter aux vidanges.

Ce qui est plus drôle encore c'est que les matantes se sont senties visées. 'zont crié. Mais le Baillargeon, il a  pourtant dit beaucoup de vrai.

Moi les femmes je les aime. En vrai, en faux, en pantalon ou en jupe. Au bureau, en vélo, au lit ou au sommet de la compagnie.

Je les aime toujours comme mon égal. Il faut donc alors accepter qu'elles soient aussi différentes!

Oui elles m'agressent des fois, mais je sais que je les agresse tout autant et souvent.
Je sais que les hommes, avec un petit h, les agressent au sens tristement propre comme au sens figuré, depuis toujours.

C'est de bonne guerre et de guerre lasse en même temps que de s'attaquer à l'espace intellectuel amené par les femmes.

S'offusquer de le Célination du Québec c'est un peu comme se plaindre des taxes. Ça tourne à vide.
C'est comme la marche contre la brutalité policière. Un swing dans le beurre.

Comme le texte de Baillargeon était dirigé vis-à-vis d'un certain type de femmes, voici quelques portraits d'autres femmes, dirigés de la lunette de cinéastes que j'ai aimé(des hoooooooooomes ben oui, c'est encore un monde d'homme...)

La femme servile.
France. 1967. La plastique Catherine s'ennuie auprès de son mari. Jean Sorel, dont la principal qualité d'acteur est d'être beau, joue ici un docteur fort occupé en journée. Deneuve, auprès de laquelle Yves Saint-Laurent avait compris le placement de produit avant tout le monde, traverse ce film comme une statue. Toujours avec ce visage de jeune femme se retenant de ne pas rire quand on lui tire de la boue au visage. De jour, elle devient au service de ses messieurs. "parce que je ne peux vivre sans ça". "Ça?". L'argent? Le sexe? Kessel, Carrière et Bunuel sont coupables de fanstame masculin transposé chez la femme. Deneuve de passivité. Piccoli a cette tête de vieux qu'il a depuis toujours, Pierre Clémenti, une tête de 2011 en 1967. Une idée assez réductrice de la femme française.

Les femmes seules:
États-Unis. 1977. Toujours fascinantes Sissy Spacek et Shelley Duvall. La première exceptionnellement attirée par Mildred/Shelley Duvall, la seconde,  parfaitement desespérée et à la recherche d'attention autant au féminin qu'au masculin. Willie/Millie, mirroirs au travers de la piscine, au travers de personalité qui, à prime abord semblent très éloignées l'une de l'autre mais qui sont toutes deux reliées sur la même île de la solitude. Deux incarnations de la non-existence. Fans de Lynch (pour Mullholland Driveaussi mystique et sur le même registre), fans de Bergman (pour Persona, ouvertement évoqué), fans de réalisateur sachant donner des rôles intéressants aux femmes, découvrez Altman-le-magnifique tournant l'intimité de deux femmes aux personalités fragmentées qui glissent vers la folie de l'isolement social. Intoxiquant et hanté. Musicalement dérangeant à l'oeil et à l'oreille.

Spacek et Duvall sont immortelles ne serais-ce que pour ce seul film.

La femme manipulatrice.
États-Unis, 2006. Toutes les actrices sont des menteuses par nature. Chloé Sévigny a le visage parfait de la fille traitre. Je l'adore pour sa paupière lourde mais surtout pour le choix de ses projets. Dans Big Love c'est par elle qu'arrive la zizanie, dans Boys Don't Cry c'est aussi par l'instabilité de son personnage que le drame éclate. Lunatique dans American Psycho, territoriale dans Broken Flowers, dans Lying, elle invite quatre de ses amies, et nous spectateur, dans la confrérie des petites traitrises entre amies. Brillante et toujours sous-utilisée Jena Malone, solides Leelee Sobieski, Halley Wegryn Gross et Maya Goldsmith. Bravo à M. Blash, issu du vidéo, pour cette délicieuse incursion chez les femmes. Film puissamment organique.

La femme intelligente.
Canada, 2007. Être une fille je voudrais être Ellen Page.J'ai déjà son indépendance. Lorsqu'elle fût nominée aux Oscars pour Juno, quand la caméra a montré son visage au passage de son nom parmi les nominées de la meilleure actrice de l'année 2007, elle a fait cette adorable face de fille qui sait très bien qu'un groupe de vieux ricains ne ferait certainement pas gagner une petite canadienne d'Halifax. Sa moue, flattée et boudeuse à fois, disait "Zêtes ben twit de m'avoir invitée à votre fête de douchebags..." Dans Smart People, elle joue la fille trop intelligente d'un professeur universitaire trop intelligent. Il est systématiquement impossible de ne pas tomber amoureux de Page. Son rôle est brillamment écrit par Mark Poirier mais il est aussi joué de manière très parfaite, toute en subtilité, par une jeune fille que je soupçonne, justement, très intelligente.

Ellen Page, dans sa vie de tous les jours, a le sommeil si agité que non seulement elle jase une bonne partie de la nuit mais elle marche aussi dans son sommeil. J'ai aussi le sommeil extrèmement agité. Vous réalisez qu'outre mes 5 pieds 10, ma barbe aux trois jours, ma gloire du matin et le fait que je ne porte pas de jupe, je suis déjà Ellen Page? (Laissez tomber cette idée vous n'aimerez plus Ellen Page)

Je vous parlerais bien de la femme parfaite mais on pourrait me la voler...

Je me garde donc une petite gêne et retourne l'embrasser. :)