jeudi 28 février 2019

Nihil Nove Sub Sole

Il y a eu deux témoignages importants hier, en Amérique du Nord.

Celui au Canada de la député Judy Wilson-Raybould.
Celui aux États-Unis d'un ex (il y en a beaucoup autour de lui) homme de main avocat de Donald Trump, Micheal Cohen.

Ce qui a été livré dans les deux témoignages n'a étonné personne.

Miss Wilson a confirmé qu'elle a dû essuyer une dizaine de messages lui suggérant fortement d'être clémente envers les crimes soupçonnés contre la firme SNC-Lavallin, alors qu'elle était ministre de la justice, et d'intervenir en trouvant un arrangement qui ferait alors tomber toutes les accusations. Ça a en partie marché, des juges et avocats ont réussi à tomber dans des cas Jordan, où les délais, devenus déraisonnables, ont effacé toutes accusations contre quelques ripoux avérés. Je ne dis pas que le même type de pression a été exercé contre sur certains avocats et juges. Mais je ne dis pas le contraire non plus. Faites vos calculs tout seuls. Je suis un homme de lettres, pas de chiffres.

Mister Cohen a pour sa part dit que son ancien client, le dummy président, était un raciste, un escroc et un tricheur.

QUI
S'EN
ÉTONNE?

Sommes nous vraiment en train de tomber des nues?
Vraiment?

Les Républicains se sont défendus en disant que Cohen était désespéré, car il a été condamné pour fraude fiscale et qu'il purge une peine de toute manière. Il dit alors n'importe quoi pour se rendre intéressant. Il ment surtout, disent-ils.

Mais une poule qui se fait dire par le loup que son amie poule est dangereuse, est-ce que la poule sera vraiment assez sotte pour le croire?

Nous quittons dans la nuit de jeudi à vendredi, cette Amérique sans surprises, pour l'Amérique Centrale. Où tout ne devrait être que surprises.

De bon goût, là-bas, surement.
De retour ici, Ce sera relativement troublant.

Je vis des grandes déceptions, de profondes amertumes, de douloureuses choses que je garderai pour moi, mais qui bouleverse l'entièreté de ma personne. Profondément. Je suis brisé d'un peu partout. Mais tout ce qui se brise, se reconstruit. Différemment.

Je survivrai, les vampires sont ainsi faits. J'ai toujours survécu. Mais on reviendra de l'Amérique Centrale face à une montagne que je ne comptais plus affronter.

Que je n'avais jamais vraiment voulu affronter. Un changement qui ravi les 3/4 de mon unité familiale.
Non

Et m'isole dangereusement.
Je ne témoignerai moi-même pas davantage sur cet obscur sujet.
Je n'abandonne pas mon blogue. J'en ai trop besoin.

Mais mon équilibre est secoué. De tout bords tout côté.
À chacun sa fin du monde.

Je tenterai de retrouver le goût de rire.

Il faut garder l'envie de rire.

The only real laughter comes from despair disait un grand sage avec des lunettes, une fausse moustache et qui était un pain in the neck.

J'amène ce sage avec moi en voyage.

Rien de nouveau sous le soleil.
Sinon nous, en Amérique Centrale.

mercredi 27 février 2019

À La Recherche du Temps Perdu***********************Rhinocéros d'Eugène Ionesco

Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et pour la musique (vers le milieu) je vous parle de l'une des mes trois grandes passions: la littérature.

Je vous parle d'un livre de ma bibliothèque qui m'a marqué et je tente de vous dire à quel niveau. De vous en raconter les thèmes et de vous donner le goût du livre ou de l'auteur.

Lire, c'est pas mal beaucoup mon métier. Je suis traducteur. je considère à peine que c'est travailler. Au point, de m'être déniché un second emploi. À deux jobs, j'ai un presque salaire décent. Selon des critères du tiers-monde.

Lire c'est accéder à un univers qui n'est pas nécessairement le sien, c'est découvrir des angles, des thèmes, des moeurs, des styles, des personnalités, c'est rire, pleurer et s'exciter.

Lire c'est vivre.

RHINOCÉROS de EUGÈNE IONESCO

Dans une société qui pourrait facilement être la notre, des rhinocéros commencent à peupler une ville non identifiée de France. Ça choque les gens du village. On est même incertain si tout ça est vraiment réel. Les gens sont tout d'abord effrayés. Puis, la rumeur court que les gens commenceraient à se transformer en rhinocéros, eux-mêmes. Ça s'appellerait la rhinocérite. On doutera aussi que tout ça existe. Mais les plus farouches douteurs, deviendront eux-mêmes des rhinocéros. Quand Monsieur Boeuf devient rhinocéros, sa femme le suit dans la métamorphose, simplement parce qu'elle ne doit pas laisser les choses aller comme ça!.
Bérenger, notre personnage principal, assiste à la transformation humaine de Jean en Rhinocéros. La rumeur n'est plus rumeur. Il faut maintenant admettre que ce phénomène est bien réèl. Quand tout le monde devient rhinocéros, Bérenger s'en affole. Il est maintenant le seul à ne pas l'être. Même sa Daisy a commencé à les trouver beaux et s'est portée volontaire pour devenir rhinocéros, une tendance qu'elle trouve maintenant charmante.

Bérenger, hésitant tout de même, choisi de ne jamais se rendre et de rester Homme.

Mais il est bien seul.

L'absurde m'a toujours charmé. Il déstabilise. J'aime ce qui déstabilise. Qui fait passer du contemplatif à l'esclaffe. Eugene Ionesco était un leader du théâtre de l'absurde. Quand il a écrit et mis en scène La Cantatrice Chauve, en  1950, il réagissait aux cours de langues qui utilisent des séries de phrases sans suite logique qui le faisaient, lui, s'esclaffer tellement ça lui paraissait absurde.
Ionesco ne lésinait pas sur le crayon (oui, les enfants, nous écrivions au crayon) et entre 1950 et 1959, ce sont 20 pièces de théâtre qu'il écrira avant de lancer Rhinocéros.

Les interprétations de sa pièce sont multiples, mais la plupart, dont moi, s'entendent sur une critique des fascistes, de la montée du totalitarisme, des dictatures et des mouvements nationalistes comme les Nazis qui ont fait tant de ravages quelques 20 ans plus tôt.
Suivre le troupeau aurait pu en être un sous-titre.
Ionesco est habile en nous faisant raconter de petites anecdotes qui en cachent des grosses. Ionesco nous cache aussi son héros, assez bête et niais au début, anti-héros, mais seul humain faisant preuve...d'humanisme à la fin. En apparence, celui qui paraissait le plus faible, sera en fait, le plus fort. Le texte de Ionesco est tout en apparences trompeuses. Comme le sont les discours des manipulateurs que sont les dictateurs ou les fascistes.
On dit aussi qu'en temps de guerre, la toute première victime est toujours la vérité. Rhinocéros est aussi une critique voilée de la guerre, jugée absurde par Eugene. Nous sommes plusieurs à le seconder là-dessus.

Les références à la guerre sont nombreuses dans son texte. On y évoque le costume vert, qui était aussi celui des Nazis, la cruauté, la famine, la collaboration, des mots très présents pendant et au sujet de la guerre.

La rhinocérite met à mal la pensée humaine. Comme le totalitarisme ou la dictature. Ionesco nous met en garde sur les dangers de vivre avec une pensée unique. Une masse floue forme des pensées floues. Des pensées floues forment des peuples floues. Rhinocéros encourage la diversité des gens et de la pensée.

Il y critique l'absence de réflexion, comme Daisy qui choisit de devenir Rhinocéros, puisque tout le monde le fait, ça doit être bien

Bien que rédigée en 1959, ce texte fait écho à l'absurdité de nos jours.

Fabuleux Eugene.


mardi 26 février 2019

Entre Discriminateurs d'un Même Peuple (le sien)

Les enfants de nos enfants étudieront un jour cette étrange époque que nous vivons où l'immaturité domine nos sociétés.

Je n'aime pas ce qui pointe la tête en Italie. Je n'aime pas ce qui se défoule en France. Je déteste les vannes ouvertes par cet idiot à la présidence des États-Unis.

Je ne suis pas le seul.

Dimanche soir, j'écoutais la soirée des Oscars, ne serais-ce que pour voir si notre amie commune allait gagner dans la catégorie court-métrage (elle n'aura gagné que les coeurs, ce qui est énorme). Spike Lee a remporté son tout premier Oscar, celui du meilleur scénario adapté, 30 ans après son chef d'oeuvre Do The Right Thing, qui avait, lui aussi avait été nommé dans la catégorie du meilleur scénario, original, celui-là. Celui de Spike.

Il y racontait avec humour et violence les relations tendues entre commerces italiens, asiatiques et population noire dans un quartier de Brooklyn par un été extraordinairement chaud. Un formidable film.

Spike, en récoltant son prix, a fait un discours à son image, très amusant, agité, sans jeux de mots, coloré. Il a même dansé. Ça m'a beaucoup amusé.

Spike, je l'ai aimé dès 1990. J'ai acheté Do The Right Thing. Enfin, volé, une première fois, en le louant au club vidéo, débobinant les rubans de la copie originale pour les placer dans une copie VHS à moi, faisant l'inverse avec les rubans de ma copie VHS, substituant la version originale par une version plus moche que j'avais doublé, remettant le film au club vidéo disant que la qualité était pénible, et ce club vidéo le plaçant ainsi dans les copies défectueuses.

Vilain, je sais. Mais j'étais pauvre. Le suis toujours. Mais, karma oblige, quand les VHS sont plus ou moins morts, j'ai dû le renouveler en dvd. Pour 5$ si je me rappelle bien. Ce qui est encore pas si mal.

Peu importe, Lee a toujours traité de nos relations avec les noirs, des noirs et des blancs en harmonie (ou non), de la réalité noire aux États-Unis. Inutile de vous dire qu'il a toujours eu du riche matériel à explorer. Et qu'on ne fait que commencer à y comprendre les dynamiques.

Spike a souvent jappé sa réalité. C'est-à-dire qu'il prenait le ton du prédicateur afin de sermonner les oreilles qui voulaient bien l'entendre. Alors quand on lui a offert un micro, dimanche soir, pour BlaKkKlansman, il a tout de suite voulu prendre tout le plancher et pour longtemps. Il a été le premier à dire un "fucking" en menaçant de ne pas lui couper le micro. Qu'on lui a coupé quand même quand il a osé danser loin de celui-ci. Spike eu le temps de dire qu'il faudrait toujours choisir l'amour avant la haine. Et qu'en 2020, les Étatsunis doivent faire la bonne chose (do the right thing). Un beau clin d'oeil au film qui l'a catapulté sur la planète superstar, et un jab à la présidence raciste actuelle.

Par la plus grande des ironies, le président à répondu sur les réseaux prétendus sociaux, avec l'immaturité qu'on lui connait, et a redirigé le mot "raciste" à l'égard de Spike Lee. Qui a, effectivement, par le passé, quelque fois marché sur la fine ligne du racisme, lui-même. On raconte que lorsqu'il croise des couples interaciaux (il en a traité en film), il leur lance des flèches des yeux.

Mais le président, comme trop souvent, prend des vessies pour des lanternes. Dans sa dernière sortie pyschotique avant d'aller baiser avec son dictateur chéri Nord-Coréen, il a accusé Lee d'avoir osé faire une sortie raciste contre le président, aux Oscars. LUI! celui qui baigne dans la marmite du racisme depuis qu'il est tout petit!

Spike a quelques fois été fourvoyant et a fait preuve d'une certaine mauvaise foi, par moments à l'égard des blancs. Mais il se soigne. Et comme un bon vin, avec l'âge, il devient meilleur.

Donald est un convaincu raciste. C'est à la base de son éducation. Faites vos recherches. Papa était sévère raciste, fiston l'est tout autant. Et pas juste avec les noirs. Ça vous prend un dessin pour vous faire sentir son racisme envers les hispaniques?

Je vous ferai le dessin sur un mur.

Les deux, Spike & DingDong, font preuve parfois d'une certaine immaturité étonnante.

Ils discriminent tous les deux de manières inégales. Le premier en se corrigeant avec le temps, l'autre et déjeunant de la soupe à la blanche suprémacie.

Tristement, je ne sais pas si les citoyens Étasuniens sont capables de faire la bonne chose.
Pessimiste vous me croyez?

Ils l'ont quand même mis mis au pouvoir ce faux-jeton.

Les enfants de nos enfants étudieront notre époque en la qualifiant de l'ère immature.

Une époque où christ qu'on peut faire parfois dur.

Lee n'a pas répondu au commentaire du grand con.
On est jamais obligé de souligner que ça pue quand quelqu'un pète.
On se garde tût. 

lundi 25 février 2019

Cactus Piquant (& l'argent dans ses bas)

Le propriétaire d'une équipe sportive est une drôle de race de célébrité.

Il, parfois elle, mais plus rarement, n'est connu que pour son argent. Qu'il a, forcément, beaucoup. Il n'est pas connu pour un talent particulier. Tout ce qu'il est reconnu pour faire est d'entrer dans un vestiaire, rempli d'athètes rendus extrêmement riches par lui, et d'en inconsciemment souhaiter la déférence. 

Il est respecté par ceux qu'il paie pour le faire.

Il est le pusher en chef.

Robert Kraft, propriétaire des Patriots de la Nouvelle-Angleterre est l'un des propriétaires de formation sportive les plus connus en Amérique du Nord. Ça s'explique par l'immense succès que son club de football de la NFL, l'embauche de l'entraîneur Bill Belichick, et le repêchage en 6ème ronde, en 2000, du quart-arrière Tom Brady, devenu depuis, le meilleur quart-arrière de l'histoire de son sport. 

Le 3 février dernier, Kraft acceptait le trophée Vince Lombardi, comme gagnant du Super Bowl, cheveux blancs léchés vers l'arrière et cravate rose au cou. Son sixième trophée du genre comme propriétaire. Mais il n'est pas célèbre simplement pour ça. Il est aussi membre d'une petite confrérie de propriétaires de la NFL partageant une amitié avec l'actuel ignoble président des États-Unis. Son groupe d'affaires a versé un million dans la campagne du sombre président. 

Depuis peu, il est maintenant célèbre pour autre chose. 

La Floride a annoncé qu'il était accusé de deux chefs de sollicitations d'une travailleuse du sexe au Orchid of Asia Spa, à Jupiter. La police dit avoir de la preuve video. Un porte parole du groupe Kraft a laissé entendre que Kraft ne s'était engagé dans aucune activité illégale et n'avait donc rien à se reprocher. Qu'ils ne commenteraient aucunement autrement à partir de maintenant.

Un massage d'une heure au Spa de Jupiter coûte 79$ USD pour une heure, 59$ USD pour la demie-heure. Kraft vaut à lui seul, 6,6 milliards. Il semble étrange qu'un multimiliardaire de ce calibre puisse fréquenter un lieu déclaré "minimal" au niveau de l'hygiène par la police même. 

Suite au décès de sa femme, auprès duquel il était complètement voué, on a aperçu Kraft au bras de plusieurs jeunes femmes. L'argent séduit. Kraft ne serais pas le premier à être lié à plusieurs jolies jeunes femmes et pas plus qu'il n'est le premier à être accusé de solicitation de prostitution. Souvent tout ça a très peu à voir avec le sexe et tout à voir avec le pouvoir. On le sait tous. Kraft mieux que quiconque. 

Rarement asymétriques, le pouvoir est inégalement réparti entre un homme de 6,6 milliards et une travailleuse du Orchids of Asia Spa. L'enquête a prouvé que des femmes de Chine ont été humainement trafiquées en direction de ce spa dans un impressionnant réseau mis à jour. Les jeunes femmes étaient emprisonnées au Spa, ne pouvait pas le quitter, et étaient forcées de vivre dans des conditions délabrées. 

Kraft vit dans un monde complètement différent où l'argent solutionne absolument tout. Il est maintenant au coeur d'une enquête dans un domaine où l'argent est très difficile à retracer: le trafic humain. Selon le bureau d'enquête des Nations Unies sur le sujet, il n'existe statistiquement que très peu de données sur le sujet car on ne rapporte généralement rien. L'exploitation sexuelle est le pain et le beurre du trafic humain en général. Le Grand Prix de Montréal en sait quelque chose.

En Floride, les condamnés à une première offense auront droit, au minimum, à des travaux communautaires, à des cours de réhabilitation, un suivi légal, un casier et une pénalité d'au moins 5000$. Si il est trouvé coupable, Kraft paiera avec les sous dans ses bas. 

Combien de fois a-t-il payé des sous de ses bas?

Peu importe l'issu de tout ça, ce sont les travailleuses forcées qui en subiront les contrecoups. 
La salon fermera peut-être. Elle ne seront jamais payées. Elles seront peut-être déportées. Le permis de massage pourrait être révoqué. 


Kraft ne sera jamais inquiété. 

Il a la drogue pour étouffer tout ça. 

On aura peut-être tous de nouvelles raisons d'avoir un léger sentiment de dégoût à l'égard des Patriots de la Nouvelle-Angleterre.



dimanche 24 février 2019

Victoire de Colin Kaepernick, Défaite de la NFL

Techniquement, le quart-arrière sans emploi de la NFL a retiré sa plainte pour collusion contre la Ligue, et techniquement la Ligue n'a jamais admis qu'elle a conspiré entre elle afin de bannir le joueur qui avait choisi de poser son genou au sol afin que les gens à la peau noire soient mieux respectés en société, aux États-Unis.

Mais non techniquement, la NFL a perdu sur toute la ligne.

Les détails de l'arrangement financier entre la Ligue et Colin Kaepernick n'ont pas été révélé et ça importe peu. Kaepernick a gagné là où la Ligue a toujours vaincu ses opposants en cours: très souvent, ses propres joueurs.

La NFL n'avait pas le choix. En août dernier, un juge refusait à la NFL la demande de mettre un terme au procès, fautes de preuves. Ce que ça voulait aussi dire c'est que le clan Kaepernick avait recueilli justement surtout le contraire, bien des preuves de collusion. Et qu'avec une audience prévue alors en mars, la NFL ne voulait surtout pas que cette preuve soit rendue si publique.

Les propriétaires et les instructeurs de la NFL avaient déjà remis leurs témoignages au clan Kaepernick et ça ne regardait vraiment pas bien pour la NFL.

Les dépositions montraient que les propriétaires étaient terrorisés face à Donald Trump qui avaient vivement critiqué les "son-of-a-bitch" qui posaient leurs genoux au sol et déshonoraient (plus que lui) la fierté d'être Étatsunien.
Jerry Jones, propriétaire des Cowboys de Dallas, pour un, a précisé que le président l'a personnellement appelé pour lui dire "...que ce sujet est très rapporteur, très fort, pour moi. Dis à tout le monde qu'ils ne peuvent gagner cette bataille là. Cette bataille me soulève."

Trump, dans un monde à part, était convaincu que l'opinion publique était massivement derrière lui sur le sujet. Il ne pouvait plus reculer. Trump a eu des conversations du même ordre avec Stephen Ross, propriétaire des Dolphins de Miami et Bob Kraft, propriétaire des Patriots de la Nouvelle-Angleterre (plus sur lui demain). Suggérant fortement que la direction des décisions des proprios au sujet d'engager ou non l'agent libre qu'était Kaepernick allait être influencée par ces discussions.

Si le procès allait plus loin, de plus graves dommages se seraient pointés. Qui sait ce qui a pu se raconter dans les échanges sur ce joueur noir, entre joueurs, entre courriels. Même si Kaepernick perdait en cours, il allait laisser encore plus de laideur publique pour la NFL.

Et laideur, il y a.

Certains ont critiqué Kaepernick d'avoir accepté un arrangement. Il est si rare qu'un joueur peinture dans le coin, la NFL. Même Tom Brady, probablement le meilleur quart-arrière (terni par la triche) n'ayant jamais existé, n'avait pas pu battre la NFL en cours. Il a dû purger ses 4 (maigres) matchs de suspension pour avoir été complice dans le dégonflement des ballons remis aux équipes adverses en 2016.

Quel joli karma tout de même. Si la Ligue n'avait pas été si lourde à négocier avec les joueurs, entraîneurs et personnels qui posaient leurs genoux au sol, probablement que tout ça aurait été réglé plus tôt. Si la Ligue avait gardé le profil bas quand leur imbécile de président jappait son racisme sans honte, au lieu de plier comme des pâtes molles, le feu se serait peut-être éteint plus rapidement aussi. Si UNE SEULE des organisations offrait un poste, même de réserviste, ce cas de collusion n'aurait jamais vu le jour.

Trop souvent, la Ligue, et ça se répète un peu partout en société, ailleurs, s'est retrouvée du mauvais côté de l'Histoire au nom des sacro-saints profits. La NFL a payé 1 milliard pour faire taire les poursuites contre eux au sujet des commotions cérébrales, ayant l'air d'un stupéfait stupide, niant toute responsabilité.  La responsabilité de la NFL au sujet de commotions cérébrales, personne, mais personne sur cette planète n'en doute. C'est toujours dans la conscience publique populaire.

Kaepernick ne jouera plus dans la NFL. Mais le but de Kaepernick était plus noble. Pas de revenir dans la NFL. Mais de souligner quelque chose qui était facile à éviter.

Bien que le dossier Kaepernick semble avoir été fermé, il restera dans les mémoires longtemps.

La NFL vivra toujours avec le spectre d'avoir volontaire détruit la carrière d'un homme qui ne voulait qu'attirer l'attention sur les injustices sociales faites aux noirs des États-Unis.

Voilà un erreur de la Ligue qui ne sera jamais pardonnée.
Tout comme les Républicains peinent à se pardonner la leur...

C'est la  bête NFL qui a aujourd'hui un genou au sol.

samedi 23 février 2019

The Monkees

Le jeune réalisateur Bob Rafelson tente, en 1962, de vendre le projet d'une série télé mettant en vedette un jeune groupe de musique. Deux ans plus tard, les Beatles scorent très fort avec le film A Hard Day's Night, et le projet de Rafelson suscite déjà beaucoup plus d'intérêt.

Voulant d'abord filmer le quotidien de The Loving Spoonful (dans des fictions toutefois), la maison de disque du groupe de John B. Sebastian refuse qu'on utilise leur musique.

Davy Jones est déjà un jeune talent qui rôde depuis 1963 issu d'Angleterre. Le 9 février 1964, quand les Beatles révolutionnent sons et images chez Ed Sullivan, on diffuse aussi, dans l'émission de fin de soirée, un extrait de la comédie musicale Oliver! dans laquelle Jones y joue et chante. Avant même que les Monkees existent, on l'a choisi dans le projet.

En septembre 1965, on place une annonce afin de former un groupe de 4 "garçons dans le vent" pour la télé (même si Jones est déjà choisi). Sur 437 jeunes hommes, on choisira le guitariste ayant déjà un album à son actif, Micheal Nesmith, Micky Dolenz, acteur, grattant un peu la guitare et fils de l'acteur George Dolenz, et Peter Torksenson, qui racourcira son nom à Peter Tork, guitariste, joueur de banjo et multi-instrumentiste qui a partagé la scène avec Pete Seeger. 

Un problème se pose rapidement, seuls Tork et Nesmith sont vraiment des joueurs d'instruments, et ils jouent du même. Pour la série télé, on placera plus souvent qu'autrement Jones au chant, Dolenz à la batterie, Nesmith à la guitare et Tork à la base. Mais toujours, pour la série, seuls les voix seront enregistrées, des musiciens de sessions feront tout le reste en studio. 

Ils ont tous signé un contrat avec la maison de production Screen Gems et la série prend vie sous forme de comédie, avec Dolenz dans le rôle du burlesque, Mike comme le débrouillard, Tork comme le naïf et Jones comme le beau garçon. (un Jones est toujours un beau garçon;). Nesmith réussit à se négocier le droit de produire les morceaux de musique pour le show télé, tant qu'il ne joue pas dessus. Mais il engage en secret Tork quelques fois. Et joue, sans en être crédité.

C'est que pendant que les techniciens les font patienter sur les plateaux, les 4 singes composent ensemble des morceaux de musique sans arrêt. Une vraie chimie se dessine. Tommy Boyce & Bobby Hart composent les morceaux, mais les Monkees en composent aussi en parallèle. Qui ne seront enregistrées que plus tard.

Leur premier album est lancé en juillet 1966, afin de mousser la série télé, prévue en septembre. Bien que la première saison soit un grand succès, les ventes d'albums le sont encore plus. On les envoie en tournée où toutes les positions changeront. Selon les réels talents: Dolenz au chant, Jones à la batterie (où il a toujours été le meilleur, mais jugé trop petit, donc trop caché derrière le kit), Nesmith et Tork aux guitares, Tork passant aussi à la base et aux claviers par moments. Dès Janvier on les pousse en studio pour qu'ils y enregistre au plus vite un second album. La Monkeemania bat son plein. Ils feront une tournée britannique.

En mai, les Monkees ont des chansons à eux jamais enregistrées. On bat le fer pendant qu'il est chaud et on les fait enregistrer un troisième album. Et en novembre de la même année, on sortira le 4ème album du band, appuyant la saison 2 télé, un troisième album des Monkees en 1967. Dans leur show télé, les Monkees réussissent à se négocier des invités et à faire supprimer les rires pré-enregistrés.

Ça les fera travailler avec Frank Zappa, Candy Store Prophets, Stephen Stills, Neil Young et Harry Nillson.

Le 5 mars 1968, le dernier épisode de la série télé The Monkees est diffusé. On se concentrera sur la musique. On part en tournée avec Jimi Hendrix en première partie. Celui-ci n'est pas du tout pour le public familial des Monkees. Hendrix ne terminera pas la tournée avec eux. Dans la business , les Monkees attirent le mépris. Le même type qu'attirent les boy's band/girl's band de nos jours. Ça les affecte.

En avril 1968, on lance un cinquième album. Malgré leur plus gros hit sur cet album, il ne cartonne pas autant. Bob Rafelson (et un jeune Jack Nicholson) réalisent un film qui est en quelque sorte une tentative avouée de "tuer" l'image du groupe. Le film brise l'image d'un public conquis autrement mais la trame sonore qui en est tirée (supervisée par Jack Nicholson) et le film lui-même deviendront cultes avec le temps.

Peter Tork en a assez, il rachète les 4 dernières années de son contrat (l'équivalent de 1 millions de dollars par année, chiffres de nos jours) car il est épuisé mentalement et physiquement. Il quitte les Monkees qui lancent un septième album sans lui en février 1969.

En octobre, toujours en trio, on lance un 8ème album. Ce sera le dernier album avec Micheal Nesmith qui penchait toujours plus vers le country folk se rapprochant du son de Neil Young ou du Grateful Dead de toute manière.

Le duo Jones/Dolenz lance un 10ème album en juin 1970.

En 1971, les Monkees n'existent plus vraiment.

On se réunira en 1987 sur disque. Mais encore là, seulement Tork, Jones et Dolenz.
Puis, en 1996. Tous les 4 cette fois. Dans la dérision.

Davy Jones décède en 2012, d'une sévère attaque cardiaque résultante de l'artérioclérose. Ils avait 66 ans. Il est la raison pour laquelle David Jones, débutant alors sa carrière à peu près en même temps que lui, changera son nom pour Bowie.
Le personnage de Chekov dans Star Trek a aussi été créé à son image.

Micky Dolenz a continué dans la business, tâtant de la comédie musicale et dirigeant ses premiers épisodes télé comme réalisateurs.

Micheal Nesmith n'a jamais cessé d'être musicien.

Jeudi dernier, le seul singe blond, Peter Tork, décède des complications d'un carcinome adénoïde kystique.

Il avait 77 ans.