mercredi 20 février 2019

Le Cachot du Désepoir

Ils ne savent plus qui écouter.

Un peu naïvement, il y en a beaucoup qui écoutent la parole de Jésus. Le personnage fictif le plus populaire sur terre. Même avant le Père Noël qui ne se limite qu'aux enfants et aux chrétiens.

L'instabilité, récurrente en Haïti, mais la plus récente, a eu comme source l'échec du processus électoral et la fragile transition gouvernementale de 2015-2016, quand le président est élu avec moins de 20% d'appui populaire. C'est pire que notre 37% provincial actuel. Projection dans le temps jusqu'en 2018, juillet 2018, la nation est dans la rue afin de protester contre le scandale de l'affaire Petrocaribe, qui implique 4 présidents et 6 gouvernements. La corruption, dont personne n'a jamais douté, est maintenant claire, nette et précise. 3,8 milliards seront détournés des fonds publics. De plus, le Venezuela refuse de livrer le pétrole qu'il livre habituellement à Haïti, car Haïti n'arrive pas à payer le 35 millions de dette que le pays doit au Venezuela.

Depuis juillet 2018, les protestations ne font qu'escalader. Depuis le 7 février dernier, c'est pire. Puisqu'à partir de ce jour-là, l'opération pays lock, qui a pour but de fermer tous les aspects publics de la vie haïtienne, politiques, sociaux, économiques, éducatifs et même médicaux.

La majorité des protestataires sont sans emplois et entre 18 et 25 ans. Le chômage est au dessus de 80% pour ce groupe d'âge. Ce groupe a largement supporté et cru les promesses du PTHK,qui lui était largement supporté par la communauté internationale. Jovenal Moïse, son candidat, un riche hommes d'affaires qui a fait fortune dans les bananes, a été choisi par son prédécesseur, Michel Martelly.

Dans les 10 derniers jours, la plupart des routes principales ont été bloquées. Des villes se sont retrouvées barricadées par des blocs ou des pneus en feu, des cailloux pleuvent de partout, des arrestations musclées s'en suivent, des véhicules sont renversés, des stations services pillés, car à partir de demain (aujourd'hui?), on craint qu'il n'en reste plus. La station télé nationale a été mis en feu, beaucoup de voitures aussi. 78 prisonniers se sont évadés de la prison Aquin dans le Sud d'Haïti. Les journalistes se sont fait agresser. L'un d'eux s'est fait tirer une balle dans la main. Un ancien préfêt de police, devenu fugitif recherché (pouvoir et crime ne font souvent qu'un) a tenté d'entrer au palais national, mais on l'a arrêté en pleine progression.

Chaos, vous dites?

Chaque jour de "fermeture" plonge le pays dans la dette plus profondément. C'est un entêtement entre un peuple qui ne sait plus qui croire et un gouvernement qui voudrait qu'on l'écoute.

Plusieurs dignitaires étrangers, des ambassadeurs, des élèves en visite, des touristes, sont revenus tant bien que mal, après des jours et des jours d'aéroport non fonctionnels. Plusieurs y sont encore prisonniers.

Le President Moïse a tenté de calmer le jeu en faisant un discours national, mais l'effet contraire s'est produit.

Le niveau de danger est passé à 4.
Comme dans "Do not travel there".

Ironiquement, dans le mois de l'histoire des noirs, février, on nous raconte encore l'histoire d'un peuple se nourrissant d'espoir, au cachot du désespoir.

Le monde entier voudra les conseiller.

Surtout les États-DésUnis et leur shitty président.

Ils ne sauront toujours pas qui écouter.

Même son peuple crie.
Et on entend rien quand on crie. On craint.




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