jeudi 31 mars 2022

Au Delà des Adieux


(tel que promis hier)

2004

La meilleure amie de ma conjointe, Djou-Lee Toutalovski, une amie qu'elle connait depuis ses 12 ans (elles en ont 33) depuis leur école secondaire de filles où elles rêvaient ensemble pendant 5 ans l'homme idéal, avant de nous rencontrer et d'affronter les princes déchus, est atteinte du cancer. C'est au chalet de mes parents, la première fois, qu'elle se découvre une bosse, du moins, qu'elle nous en parle, sur un de ses seins. Elle a été diagnostiquée du crabe il y a quelques années, et puisque jeune et en santé, le crabe progresse agressivement. 


Après plusieurs mois de chimiothérapie, elle souffre tant que son entourage lui suggère des thérapies différentes, axées sur les plantes médecinales à l'étranger et moins ravageuses pour elle. C'est moins ravageur sur elle, mais c'est aussi moins ravageur pour le crabe. Qui ne diminuera pas. Nous la voyons, un dimanche, dans la région de Québec, où elle vit avec ses deux jeunes enfants, 5 et 7 ans. La plus jeune, a l'âge de mon plus vieux. Les deux 5 ans ne comprendrons pas complètement ce qui se passera. 

Nos visions de certaines choses seront aussi ébranlées. 


Après ce dimanche, heureux, où on soupe tous ensemble, elle est toujours malade, très amaigrie, mais on arrive à rire et à se détendre. Ce dimanche est une belle soirée. À la fin de celle-ci, on revient à Montréal et on fait notre semaine de travail, à Montréal. 

Le vendredi soir, la belle et moi nous nous couchons. Enfin pas complètement. On pratique une gymnastique sexuelle comme seuls les vendredis ont été inventés pour. Il est tard dans la nuit. Tout juste passé minuit. Après nos efforts, corps à corps, ma conjointe commence à pleurer. Je m'inquiète aussitôt pensant l'avoir blessée dans nos rapports. Mais non...


"Hunty...Hunty...je viens de sentir Djou me passer à travers le corps...c'est...c'est tellement bizarre!...j'aime pas ça! "

Je la réconforte, on appellera pas à Québec à cette heure. On ne texte pas encore, en 2004, on se couche là-dessus, après quelques temps de réconfort. Toutefois, quand le téléphone sonne, samedi matin. 6h00 du matin, le père de ses enfants nous apprend qu'à 0h04, Djoulee a rendu l'âme. À 33 ans. Au moment où ma conjointe la sent lui passer à travers le corps.

J'avais beau ne pas croire en l'extranaturel, je me dois de me raviser sur cette position. On peut probablement visiter ceux qu'on aime avant notre dernier souffle. Quand on se sait partir.

2010


Mon père est décédé le 17 décembre 2009. Comme sa mort n'avait rien de prévu, avec ma mère ils avaient acheté un voyage en croisière, pour avril 2010, avec deux leurs amis de leur âge. Comme mes deux soeurs sont enseignantes et que moi je suis traducteur pigiste, travaillant de la maison, je serai celui qui remplacera mon père pour cette croisière. Paierai ma part sur place. Pendant le voyage, ma mère passe pour une cougar. Trois boomers et moi, 38 ans. Au retour, je serai fouillé à l'aéroport car j'ai l'air du jeune trafiquant de drogues qui s'est trouvé des boomers avec qui faire semblant de voyager. C'est un somptueux voyage que je n'aurais jamais pensé être en mesure de payer. Venise, Rome, Capri, Pise, Pompei, Athènes, cette île si blanche et bleue qu'on voit partout quand on parle de la Grèce, Istanbul, Barcelone. J'ai la bonne idée d'apporter une ciné caméra (pas encore de téléphone intelligent) Je filme beaucoup. J'ai encore tout ça qu'il faudra un jour copier sur un autre support. Ce que je ne filme pas, mais qui restera mémorable est ce qui suit.


Vers la fin du voyage, on est tous les 4 très fatigués. Ma mère, moi, les deux amis de mes parents. On choisit d'aller à une soirée karaoké sur le bateau. Mais on s'y prend tard et la soirée est populaire, on hérite de places dans le fond de la salle que personne n'a prises parce qu'on ne voit rien de ceux qui chantent, c'est derrière une colonne. Sur cette colonne, au moins, il y a les chansons et les paroles, avec la petite rondelle qui bouge pour marquer le rythme de chant sur les mots sous-titrés. À un certain moment, l'écran qui nous fait face, ne fonctionne plus. On a un écran bleu. Avec rien. Il nous fait face. Nous sommes le seul écran ainsi.


Puis, sur cet écran bleu, soudainement des paroles de chansons, mais il n'y a pas de musique en cours. Ma mère et moi nous demandons mollement qu'est-ce qui se passe avec cet écran. On s'en moque un peu. Jusqu'à ce qu'on remarque les paroles...on les connait ses paroles...c'est quoi déjà? 

(...)


Les yeux pleins d'eau, ma mère et moi nous nous regardons et comprenons que la chanson dont les paroles défilent est la chanson préférée de mon père, celle qu'on a joué à son enterrement, à son dernier jour de retraite, en limousine la préférée de mon père et ma mère, ensemble. Il y a deux témoins, les amis de mon père et ma mère qui voient la même chose que nous. Nous ne sommes pas fous, le temps de quelques minutes, sur notre écran, pour nous seuls, les paroles de la chanson préférée de mon père ont une pastille sur chaque syllabe, sur un fond bleu, sans musique qui joue pour quiconque. 

Ce moment nous renverse.     

Baby I'm amazed by you.

We was. (sic)

Ces deux évènements me forcent à voir les choses différemment par rapport aux disparu(e)s. 

mercredi 30 mars 2022

La Vie Après La Mort


La vie après la mort est un espoir et une malédiction pour l'imagination humaine.

Pensez seulement aux artistes, poètes et mystiques qui, au travers des siècles, par la peur, le deuil, les deux combinés, ont tenté de construire l'impossible dans leur esprit, à l'écrit ou dans leur art. 


Dante Alighieri dessinant le canevas circulaire de l'enfer dans les cieux architecturaux du paradis, rendu à moitié fou par l'exil et la perte de sa muse traquée Béatrice. Hieronymus Bosch ajoutant des allergies perdues dans ses paysages peints, surréalisme de châtiments et plaisirs, matériel de cauchemars et d'épanouissements rêvés. Parfois, ces vies après la mort interfères avec nos vies actives.

Il y a des routes et des présences fantômes. Des trajectoires de vies passées. Des déjà vu. Des passages non repérables pas GPS. Pas simplement des flashs de chevaliers de l'apocalypse sans tête à dos de cheval blanc guidé par un éclair ou de bateaux fantômes, James Dean conduisant sa Porsche 550 Spyder sur la route 466 ou Elvis grattant sa guitare les orteils dans le sable d'Hawaï, mais des fantômes, de vraies sensations de présences, des rues, des gens, des sons, des gestes, hantées par la mémoire du passé. Bienheureux et bouleversants moments revenus en tête par l'absence dans une certaine solitude émotive. 

Les fantômes ne sont jamais complètement ceux qui partent, mais plutôt ceux qui restent.


Selon une étude belge, il y aurait bien une vie après la mort. une conscience trainante. Dans les premières minutes suivant la mort, la conscience ne serait pas 100% annihilée. Le cerveau cesse de fonctionner proprement 20 ou 30 secondes après la mort, mais continuerait d'essayer de le faire. Lors d'un arrêt cardiaque, le cerveau continuerait de fonctionner 3 longues minutes. Un Anglais, lors de l'étude, raconte avoir clairement été témoin de son corps quittant le sien momentanément et d'avoir assisté, d'un angle inexplicable, à sa propre résurrection. Il a clairement décrit ce que leur faisait les médecins et techniciens de santé ainsi qu'il a pu dire ce que se disait les infirmières autour alors qu'il était techniquement mort temporairement. 


La mort ne serait donc pas autant un moment qu'un processus, réversible. 

Un médecin avait déclaré, il y a 9 ans, vouloir tenter de ramener à la vie des gens morts, 12 ou 24 heures après le décès confirmé. Sans parler de ressuscitation, il préférait parler de clinique de réanimation. Il n'a jamais eu les permissions requises pour tenter ce types d'expériences, porteuse d'espoir potentiellement très malsain, et moralement discutables. 


Anaïs Nin disait que nous ne voyons pas les choses telles qu'elles sont, mais telles que nous sommes.

Ma mère et moi, mais 4 ans avant, ma conjointe et moi avons senti des présences, ensemble, à des moments précis de gens décédés et d'amie en train de trépasser, respectivement assez troublants. Des choses auxquelles je n'aurais jamais cru, mais que vécues à deux, ne peuvent que forcer la chose. 

J'hésites encore à détailler ces deux évènements qui me les font revivre et qui ébranlent. Qui ont aussi le potentiel de susciter l'incrédulité ou l'indifférence, ce qui est lourd comme réponse quand on livre du si personnellement intime et chavirant. 


Je vous promets un effort à ce niveau demain. Ou je ne ferai que raconter ces deux fois.

J'aurai ma boite de papiers mouchoirs, au besoin, à mes côtés. Verser une larme hydrate les joues.

Mais pas aujourd'hui. Je ne crois pas vraiment en la vie après la mort. 

Les vies après les morts, ce sont les nôtres. Celles qui peuplent la planète terre. 

Je ne crois pas vraiment en la vie après la mort. 

Pas plus que je n'y croyais dans ma première vie. 

      

mardi 29 mars 2022

Entre Semblables


C'est facile de dire ce que je vais dire, après les (voies de) faits. Et ce serait lui prêter trop de sagesse. Après tout, il est fier membre de l'église de la scientologie. Le déséquilibre s'y trouve.

Si Will Smith, recevant son Oscar du meilleur acteur, peu de temps après avoir giflé Chris Rock sur scène, disait tout simplement "Sorry Chris, you were outta line, I was outta line too, this is a sad moment for both of us and oddly enough, I'm expected to be overjoyed at the moment", le public aurait peut-être même ri et ça aurait fait de lui un Homme de plus grande stature. Mais lundi matin, on pensait à Smith comme un incontrôlable trou du cul.


Jada Pinkett-Smith, l'épouse de Will Smith, a une maladie qui lui font perdre ses cheveux et les rendent inégaux. J'ai une cousine qui a la même maladie: l'alopécie. Elle les rase donc complètement. Chris Rock a fait une très mauvaise référence à sa coupe de cheveux, avec une blague molle. Will Smith s'est transformé en masculinité toxique sur deux pieds et a agressé physiquement Rock, 50 pieds devant lui. Avant de le faire verbalement deux fois de sa table une fois revenue sur sa chaise. Créant le malaise le plus total dans la soirée de remise des prix des Oscars. Une violence qui m'habite encore.


"I want to be a vessel of love" dira Smith, en larmes, recevant son Oscar, 10 minutes plus tard. Là, ça ne faisait que faire grincer des dents. 

Sa soirée de consécration aura été un échec.


Ce qui était le plus triste du moment de la soirée des Oscars, c'est que Smith a tenté de de modeler son discours de remerciement autour d'une masculinité tellement démodée, toxique, un grave problème de société. Protéger sa famille ? D'une blague de mauvais goût ? Il y a d'autres manières de le montrer. C'étais pas humain, c'était animal. Et dans une soirée où les artistes se serrent les coudes et tentent de faire unité, Will Smith a détonné. Le tonnerre a franchement détonné. Je ne sais pas si Jada était fière de son ogre homme. Avec le plus petit des "h". 

Will n'était pas un homme dimanche, il était un animal. Malade.


La violence est l'arme des faibles.

En écoutant la soirée des Oscars, je réalisais que mon empressement et mon enthousiasme à écouter la remise de prix était issue du fait que j'avais l'impression, peu importe qui gagnait ou perdait, de passer une soirée avec mes semblables (sauf Will Smith). L'amoureuse et moi avions une amie (Marianne Farley) qui était nommée pas plus tard que l'an dernier pour l'Oscar du meilleur court-métrage. Cette année, c'était un de mes anciens profs (Roger Frappier) un des producteurs d'un film (The Power of the Dogqui était plusieurs fois nommé. 

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À Québec, il y a cette station de radio dont je tairai le nom qui se présente souvent, assez tristement car c'est aussi la dénomination de ma génération, Radio X. Ça donne la double impression que ma génération (X) est bien représentée par les imbéciles qui pilotent, co-pilotent, plusieurs des émissions phares de la station, et ça donne aussi la fausse impression que les gens de Québec sont tous aussi niais de la sorte. Désinformation, radio réactionnaire, impulsive, étonnamment peu éduquée et populiste, elle est aussi toxique de manière dérangeante. Le mot populiste est un dérivé du mot "populaire". La station semble se faire l'écho de ceux qui veulent faire du bruit, tant et aussi longtemps que ça les énergisent dans leur ego narcissique. Que ça leur donne l'impression d'exister.  


Un des lutins mental de la stations se nomme Dominic Maurais. Mauvais disent beaucoup de gens qui, comme moi, le considèrent aussi imbuvable que du lave-glace. La station radio en question est souvent qualifiée de radio-poubelle. Du junk food radiophonique. Vraiment. On a nié la Covid longtemps, on le fait encore du bout des lèvres. On donne des tribunes à des complotistes. On ne lève pas le nez sur Donald Trump. On fait tous les mauvais choix et on en est fier.


Il y a cet (ces) abonné(s) de Twitter qui se nomme(nt) Sortons les radios-poubelles. Cet/ces abonné(s) expose(nt) à temps plein les cas de coucous issus de leurs tribunes. Ils font des gros plans sur leur remarquable idiotie. Maurais, hier, à lancé un ultimatum à la député de Québec Solidaire Catherine Dorion. Pourquoi elle ? je ne sais pas, elle a peut-être dit qu'elle en connaissait l'/les auteurs. Maurais lui a demandé, le plus sérieusement du monde "Tu as 24 heures pour révéler l'identité de Sortons les radio-poubelles.   

Vous avez le droit de rire. Sinon quoi, Mussollini ? Pour qui Maurais se prend-t-il ? Vraiment ? 


La radio rejoint beaucoup de ses semblables. Des complexés face à la ville de Montréal, avec laquelle ils sont en guerre, mais Montréal ne le sait pas. Des immatures. Des brasseurs de microbes. De l'humour de secondaire III (14-15 ans). Je suis originaire de la région de Québec. J'ai encore de très nombreux amis là-bas. Aucun d'entre eux ne les écoutes à la radio. Ça ne nous ressemble en rien. C'est vraiment de la poubelle. Mauvais en est ver qui grouille au fond. 


À Noël, j'ai eu vent qu'un groupe hommage à David Bowie, allait se produire à la Place des Arts, en avril 2022. Couvrant l'oeuvre de mon artiste préféré sur la période de sa carrière, qui est AUSSI, ma préférée: 1976 à 1979. Peut-être des clins d'oeils à 1974 et 1975 aussi. Bowie OWNED the 70's dans mon coeur. Je n'en ai pas parlé dans ma famille, tentant de voir si ils me connaissaient assez bien pour m'acheter un billet pour ce spectacle. J'exigeais beaucoup de flair de leur part. Ça ne s'est pas produit. 

J'ai ensuite confessé mon enthousiasme à des amis dont 4 ont manifesté leur envie d'y aller aussi. Puis, petit à petit, les 4 ont eut des empêchement et se sont finalement désistés. Je ne pouvais pas le prendre personnel car je sais fort bien que du lot, c'est moi le plus fan de Bowie et que ce show est taillé 100% pour mes intérêts.  Le voir seul serait même la meilleure condition pour savourer l'oeuvre, incarné par d'autres, comme on se laisse glisser dans le zen du moment. 


Comme il y avait des annonces à la télévision passé Noël, j'ai monté le son en janvier, chaque fois, pour que les gens dans ma maisonnée comprennent que mon anniversaire arrivait sous peu, en février. Pas de chance, là non plus, y aurait fallu que je sois explicite. Dimanche, j'ai fucking acheté. 

Quand mon fils m'a montré comment ranger mon billet dans mon portefeuille de téléphone, j'en ai presqu'eu les larmes aux yeux.  

Si les gens autour de mois, dans une même salle, calibre sur le même X que moi, au même moment, je touche au paradis.

Je ne serai pas seul, le vendredi 15 avril prochain. À simplement regarder autour, je serai parmi mes semblables. Pour avoir envie de cet artiste mort, encore en 2022, tu est définitivement mon ami, voisin de balcon. 

Je serai dans une bulle formidable, entre semblables, à la Place des Arts, le vendredi du week-end de Pâques.

lundi 28 mars 2022

Roumanie Communiste Sous Ceaucescu

Témoignage d'un Roumain, maintenant ici, qui y est né et qui y a vécu jusqu'à ses 19 ans. 

Avec le drame ukrainien actuel, il avait envie de partager son vécu de l'autre côté du mur. Qui amène à comprendre un peu l'attachement à l'OTAN. Tout en expliquant l'ordre des valeurs des résidents de cette partie de l'Europe de l'Est.


À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la Roumanie, État prospère et monarchie parlementaire de l'Europe de l'Est tombe dans le spectre de l'influence de L'URSS. La Roumanie se voit imposer un régime communiste. Les élites sont éloignées de force et violement du pouvoir et les prolétaires s'installent. Beaucoup de Roumains, comme l'Ukraine, en ce moment, pensaient alors que les États-Unis et l'occident allaient intervenir et les libérer. La pensée est si férocement ancrée dans les esprits que certains vivent de cet espoir jusqu'à la fin des années 60. 


Malgré tout l'économie roumaine semble connaître une croissance économique formidable. L'une des plus grandes au monde entre 1950 et 1970. Ça impressionne tant, que le président des États-Unis d'alors, Richard Nixon*, rend visite au président Nicolae Ceaucescu, qui lui, est considéré comme un magicien prodige. Il réussit la transition d'un pays agricole vers un pays industriel. Des villes-usines poussent ici et là et semblent sortir de terre. Rien ne semble vouloir arrêter la politique productiviste du "génies des carpates". 

Toutefois...

...à la soviétique, l'entièreté de ses statistiques est bidon. Il gère par la terreur et ses subordonnés et bénouiouis maquillent les chiffres et font disparaître les pertes. En vérité, le marché intérieur est excessivement faible, la dette extérieure augmente de manière vertigineuse. Les investisseurs occidentaux ont financé la transition vers l'industrie.


En 1973, lors du choc pétrolier, l'économie du pays se révèle peu compétitive sous l'effet combiné de l'augmentation du prix de l'énergie et des taux d'intérêts. Après une récession globale, en 1974, la Roumanie est au seuil de la faillite. Au début des années 80, la Roumanie doit faire appel au Fond Monétaire International afin de l'aider à payer ses dettes. Ce que propose alors le FMI est de rembourser ave un programme d'austérité. Horreur. Pour ce faire, il faudra maximiser les exportations et réduire les importations. Les statistiques officielles restent faussées et au FMI, personne n'en a rien à foutre que le pays soit dépendant des importations de produits alimentaires et d'énergie. Les besoins essentiels sont largement sous estimés et la tragédie commence. La famille du Roumain qui raconte doit vivre avec des cartes de rationnement de nourriture, en faisant des queues énormes pour pouvoir acheter un peu de lai ou de viande. 

Dès ses 8 ans, celui qui témoigne perd la carte de rationnement du pain et c'est considéré comme un véritable drame familial. Ses parents, oncles et tantes ont des horaires de travail impossibles et imposés de 10 à 12 heures par jour et il arrivait donc à l'enfant qu'il était de faire les courses ou de faire la file. Les produits énergétiques étaient rares, et les gens devaient là aussi, rationner. L'électricité était coupée par le gouvernement, même l'hiver quand, à 16h30, il fait nuit. Pire encore est la souffrance quand il fait entre -10 et -20 (de jour) ce qui n'est pas anormal comme météo, en Roumanie.


Évidemment tout se déroule sous le contrôle d'un parti unique qui se charge de glorifier le régime. On fait tout ça pour votre bien colore-t-on le discours. Une police politique féroce se charge de surveiller et de sévèrement opprimer les éduqués, les intellectuels et les opposants. On les coffre en prison ou pire, on les envoie dans des camps de travaux forcés. Nombreux y meurent d'épuisement ou "d'accidents" de travail sur place. 


Ceci n'est qu'une partie infime de l'histoire Roumaine mais c'est du vécu. Tous les pays du bloc soviétique ont connu plus ou moins les mêmes épisodes, parfois en plus violent, parfois moins. Après la chute du mur, un vent de liberté souffle en Roumanie. L'Union Européenne fait du bien à des pays comme la Roumanie. Et on remonte la pente. Il devient donc évident que les Ukrainiens se battent et soient prêts à y mourir, pour rien au monde ils ne voudraient revenir en arrière. L'Ukraine est indépendante depuis 2014, et son peuple n'a majoritairement pas tellement connu l'ère soviétique que veut imposer le dictateur Poutine. Ils ont été charmés, comme quiconque, par la liberté occidentale et la démocratie. Ils refusent, sans surprise, la tyrannie. Rejettent la médiocrité des dirigeants russes. Ne veulent pas de la souffrance. Voilà aussi pourquoi tous les pays voisins de l'Europe de l'Est suivent attentivement ce qui se passe. Ils sont hyper sensibles à cette guerre. Il en va de même à l'égard de leur attachement pour l'OTAN. Bouée de sauvetage anticipée. 


Contrairement à ce que les mythomanes peuvent dire, l'UE et l'OTAN n'ont annexé personne. Sortir de la sphère d'influence russe est la volonté clairement exprimée par les Ukrainiens depuis 2014. 

Les Russes seront bientôt obligés d'exporter aussi, au niveau alimentaire. Provocant peut-être des famines ici et là. 


Le néo-nazisme en Ukraine c'est de la grosse bullshit. Prétexte à justifier le génocide. Le président ukrainien est juif. Si on plaçait un leader juif au pouvoir ici, au Canada, les néo-nazis sortiraient de leurs camions à Ottawa et parasiterait nos quotidiens tout partout. 

Ionut Mihalcea (en mortaise) est celui qui a vécu ce que je vous raconte, et qui est ce Roumain dont je vous parle. 

Merci de coup de perspective personnelle, Ionut. 

*Un filou sait en reconnaître un autre.