dimanche 30 septembre 2018

Luttes à 4

Suivez moi bien sur ce qui se passe au Nouveau-Brunswick.

Il s'agissait d'une élection provinciale où une lutte à 4 sévissait.
-Le Parti Libéral
-Le Parti Progressiste-Conservateur (sic)
-L'Alliance
-Le Parti Vert

Pour avoir la majorité on doit avoir 25 sièges ou plus.
Les Libéraux ont obtenu 21 sièges la semaine dernière.
Les Conservateurs 22.
L'Alliance 3
Le Parti Vert 3

Mais les Libéraux ont obtenu 38% des votes
Un gros 6% de plus que les Conservateurs.
Ils sont donc encore au pouvoir, minoritaires, et tenteront de gouverner dans l'espoir que la chambre ne choisisse pas de les faire tomber. lors du vote. Le vote sur le discours du trône, qui serait le programme du gouvernement Libéral, décidera si le gouvernement minoritaire tombe ou non.
L'anti bilingue

Si il tombe, les Conservateurs, qui ont un siège de plus, pourraient devenir les nouveaux leaders du gouvernement, mais la Lieutenant-gouverneure peut aussi décider que de nouvelles élections devraient avoir lieu. Après tout le peuple veut beaucoup plus les Libéraux.

En principe, le second scénario est plutôt improbable.

Toutefois, deux problèmes majeurs surgissent. Pour qu'un accord soit fait, un député doit devenir président de l'assemblée législative, et ne pas prendre part au vote. Vous comprendrez que ni les Libéraux, ni les Conservateurs ne veulent céder un de leur député.

Les 3 Verts ont plus d'atomes crochus avec les Libéraux. 
Les 3 de l'Alliance veulent faire la guerre à la taxe contre le carbone, comme les Conservateurs.
L'Alliance est un parti anti biliguisme, ce qui ne les place aucunement près des Libéraux, de toute manière.

Robert Gauvin, unique député Conservateur élu en Acadie, donc en sol très bilingue, a dit que si son parti, les Conservateurs, s'alliaient à l'Alliance, il ne les appuierait pas.

Ce qui enlèverait un vote aux Conservateurs en chambre.
Donc on serait à 21+3 chez les Conservateurs.
Et 21+ 3 chez les Libéraux.
Égalité parfaite.
Aucune majorité.
Que des perdants.

De plus, Andrew Sheer, chef Conservateur national, ne voudra pas qu'une alliance anti bilinguiste rejaillisse sur son parti. Ça tuerait le vote au Québec. Qui est en ce moment à son plus serré avec les Libéraux.

C'est très loin d'être terminé.

Les luttes à 4 sont toujours étonnantes. Prenez 2015 au Canada:
-Conservateurs de Harper
- NPD de Mulcair
-Libéraux de Trudeau
-Bloc de Duceppe

Dans cet ordre de popularité dans les sondages avant les résultats finaux. Le Bloc de Duceppe a obtenu moins de votes que la vague orange, mais plus du double des députés par rapport à 2011. Puis, Trudeau, qui était troisième, a gagné haut la main. Par 8 % d'avance.

Tout peut arriver dans une lutte à 4.
Surtout avec 33% de voteurs sur trois générations différentes.

C'est ce qu'on a au Québec en ce moment. Dans le dernier vote qui nous offrira 4 baby-boomers, on a:
-Les Libéraux de Couillard
-La CAQ de Legault
-Le PQ de Lisée
-QS de Gaetan Châteauneuf, Manon Massé, Gabriel Nadeau-Dubois, Mao Tsé-Toung.

Imaginons que demain, Legault est élu minoritaire. S'alliera-t-il avec le PQ ou QS pour obtenir une majorité? Si les Libéraux ont trois sièges de moins mais la majorité des votes comme au Nouveau-Brunswick, demanderont-ils à siéger quand même et avec qui, mais avec vraiment qui pourront-ils s'allier?

Les débats seront un monstre dont la tête coupée en fera pousser trois autres.
C'est aussi loin d'être terminé. Avant même que ce ne soit terminé.
Le mode de scrutin est appelé à changer.

Curieux de voir l'issu de notre nuit de lundi.
On aura un résultat. Mais ça ne fera que commencer...
TOUT peut arriver.

samedi 29 septembre 2018

Délai de Raison

Le délai de prescription.

La première bêtise sur les agressions sexuelles est issue même du système de justice.

Si, depuis quelques années, même avant, on a appris quelque chose des victimes d'agressions sexuelles c'est qu'il y a une constante. La honte est absolue lorsqu'agressée. Une humiliation est TOUJOURS difficile à ramener à la surface. On veut l'enterrer, la cacher, reculer dans le temps pour l'éviter, la chasser de nos esprits. Ça semble être la chose la plus difficile à se faire revivre dans la tête et dans le corps. Plusieurs se sont aussi posé la question si ils avaient été responsable de la chose.
Chrissie Hynde, chanteuse des Pretenders, a même reçu un lot de cochonneries de la part du public parce qu'elle a dit que, plus jeune, elle avait été agressée, mais que ce soir là, elle flirtait avec tout le monde, ivre, et l'avait bien cherché. Fallait pas être honnête Chrissie, Voilà ce qu'ils t'ont dit.
Avouer avoir été violé(e)/agressé(e) est extraordinairement difficile à faire.

Le concept d'un délai de prescription dans les cas de viol est une folie. Bill Cosby, prédateur sexuel dangereux, a drogué des dizaines et des dizaines de femmes sur des décennies. Il vient d'écoper d'un maigre trois ans de prison (il ne fera pas les sept autres, soyons réalistes) pour le viol d'UNE SEULE personne. Alors que l'on sait tous qu'il a répété la chose contre plus de 40 autres!

Un prédateur sexuel détruit la dignité d'autrui. On méprend la dignité pour de l'ego de nos jours.

Prenez le témoignage de Christine Blasey Ford devant un jury judiciaire du Sénat des États-Unis cette semaine. Le président Trump a passé la semaine a tenter de faire dévier l'attention sur une stratégie honteuse des démocrates. Dignité et ego amalgamés, ici.

Christine Blasey a dû se rappeler un traumatisme d'il y a 36 ans. Elle ne poursuivra pas l'aspirant juge Kavanaugh en justice. Le délai de prescription ne s'applique donc pas. On la rencontre et la fait parler pour se demander ensuite: "Coudonc, notre président manque-t-il de jugement à ce point pour continuellement choisir les mauvaises personnes aux mauvais endroits?".

Blasey était terrifiée de parler aux yeux et aux oreilles de l'Amérique du Nord au grand complet. Et peut-être d'ailleurs dans le monde aussi. Elle était émotive. On ne remue pas le cauchemar de rires adolescents en train de tenter de vous violer sans que quelques frissons se transforment en larmes.

Pendant que Blasey était calme et digne, Kavanaugh, qui a aussi témoigné de sa version des faits, était volatile et belligérant. Pendant qu'elle était fortement attentive et soucieuse d'aider quiconque, il était ouvertement agressif envers certains sénateurs, mais plus important encore, elle était crédible et solide sur toutes les questions posées à son égard, là où monsieur a hurlé évasivement s'égarant sur la crédibilité de certains points.

Ce sera lui, le juge!

En hurlant ses plaintes tout le long comme il l'a fait, Kavanaugh démontrait en même temps qu'il avait le tempérament de la brute.  Il a raison de dire que, peu importe l'issu de cette saga, son nom sera sali à jamais.

Il n'a fait aucun doute que les réponses de Kavanaugh, entre deux cris, manquaient d'une certaine maturité. L'arrogance du fier batailleur mais surtout la déviation de la vérité suggérée l'ont fait très mal paraître. Il a répété plusieurs fois, si bien que la plupart des journaux n'ont retenu que ça, que tous les gens présents à ce party disent que ce moment ne s'est jamais produit.

Ce qui n'est pas vrai du tout.

Au moins deux ont dit qu'ils ne s'en rappelaient pas. Et l'une d'elle dit que ce serait fort possible et qu'elle croit Miss Blasey sur ce qu'elle connait d'elle et de Kavanaugh.
Différente vérité.
Mike Judge, (ça ne s'invente pas comme nom...) était dans la même pièce que Blasey et Kavanaugh. On ne juge pas bon de le questionner non plus.
Misleading dit-on en anglais. Le pire défaut que pourrait avoir un juge.
Sinon manquer de jugement.

"Avez vous de la difficulté à vous freinez de prendre de l'alcool?" lui a-t-on demandé puisqu'il a crié qu'il aimait la bière et l'aime encore. Kavanaugh a manqué de jugement. Il a crié "I don't know, have you?" renvoyant la question de manière condescendante au sénateur qui avait délicatement posé la question, mais aussi et surtout en évitant de répondre. Il s'en est excusé plus loin, mais ce moment montre déjà deux choses importantes: Il peut manquer de jugement, il est impulsif.

Impulsif comme dans "J'ai besoin de sexe maintenant. Et je suis un homme blanc privilégié. Je peux tout me permettre"

Au contraire, Miss Blasey a dit ce qu'elle se rappelait, mais a surtout été honnête sur ce qu'elle ne se rappelait pas.
Elle n'a rien à gagner de faire ce qu'elle fait. Elle est même cachée avec sa famille puisqu'au pays du fusil et du Trump, on l'a menacée de mort.

Ce qui reste fascinant est tout de même les 11 sénateurs républicains, tous des mâles, incapables de poser UNE SEULE QUESTION à Miss Blasey, laissant la tâche à UNE procureure, une FEMME, pour tenter de questionner et créer des brèches dans son témoignage. Quelle lâcheté. Que c'est néandertal.
Ils ne sont réapparus qu'au témoignage de Kavanaugh. Et moins pour le questionner que pour crier, eux aussi, leur outrance face à ce  que leur président qu'ils disent être une stratégie des Démocrates pour ne pas perdre au nombre de juges identifiés aux partis à la cour suprême (Kavanaugh ferait pencher la balance du côté républicain).  Dans le but évident de vouloir bien paraître aux yeux de leur président.

En bons petits singes.

Certains ont même tenté d'imiter le style Trump.
Pathétique dites-vous?

Kavanaugh s'est comporté exactement comme un prep school boy qu'on a coincé profiter d'un contrat social d'une autre époque, profitant d'un milieu où un abus et la dénégation de toute notion d'égalité étaient absolument permis.

Et qui ne veut pas être celui qui paiera alors qu'il sait qu'il en existe tant d'autres. Il sera fait juge anyway. c'est certain.

Miss Blasey met sa vie en danger.
En faisant que son devoir.

Notre Amérique du Nord commence à écouter les femmes.
Faudrait maintenant commencer à les croire aussi.

Vous savez pourquoi ils criaient tous?
Pour ne pas entendre la petite voix dans leurs têtes qui disait:
"you know you're wrong"

Animaux.

vendredi 28 septembre 2018

À La Recherche du Temps Perdu**********Slaughterhouse 5 de Kurt Vonnegut

Chaque mois, vers la fin, je vous parle de littérature, tout comme je vous parle de musique (vers le milieu), et tout comme je vous parle de cinéma (vers le début), trois passions personnelles.

Lire, c'est un peu beaucoup mon métier (je suis traducteur), ce n'est jamais complètement travailler non plus. C'est naturel. C'est comme marcher ou respirer. C'est explorer la vie des autres. L'espionner. Y plonger. C'est fréquenter sa/ses vision(s). C'est vivre certaines états, certaines époques. C'est accepter de se laisser transformer.

Lire c'est vivre.

SLAUGHTERHOUSE 5  or The Children's Crusade : a Duty Dance With Death de Kurt Vonnegut.

1969.

Je n'étais pas né. Donc non, je n'ai pas lu ce livre lancé au printemps de cette année-là, cette année-là. Ni enfant. Non, je l'ai lu au secondaire. Pas parce que l'école me l'exigeait. Parce que la souris littéraire que j'étais devenait rat de bibliothèque. Mes parents nous ont souvent "placés" en bibliothèque (avec les petites fiches pour trouver les livres, oui!) économisant sur les gardiennes. Je leur serai éternellement reconnaissant pour ça. J'ai développé une véritable curiosité pour à peu près tout. (Sauf les voitures et l'argent). C'est toutefois tiré de la bibli de l'école secondaire que j'avais trouvé Vonnegut. Je ne sais trop comment. Peut-être parce que j'aimais Ballard et qu'on m'avait peut-être alors dit que j'aimerais probablement aussi Vonnegut.

Ce fût vrai.

Vonnegut as offert, en 1969, un véritable chef d'oeuvre.

Son livre est un croisement de science-fiction et de sa réelle expérience personnelle traumatisante au bombardement de Dresden entre le 13 et le 15 février 1945, comme prisonnier de guerre. Rendant le livre semi-autobiographique.

Il raconte l'histoire de Billy Pilgrim, comme soldat et victime d'épisodes de voyageur dans le temps. Ainsi, il peut vivre, au même moment, une visite dans un magasin d'optique dans une petite ville des États-Unis en 1968, et se trouver dans une rangée de prisonniers Étatsuniens en Allemagne, en 1945.

"There's nothing intelligent to say about a massacre" dira Vonnegut de son propre livre. Qui a un style unique. Il est simple en syntaxe et en structures de phrases, mais narrativement déroutant. Iornique, sentimental, noir dans son humour, didactique, Vonnegut aura toujours ce style d'écriture dans le futur. Comme à peu près toute ses oeuvres, Slaughterhouse 5 est fracturé en plusieurs segments ressemblant à la chronique. Dans le cas précis de ce livre, de brèves expériences dans une époque variée d'un épisode à l'autre. Vonnegut lui-même dira que c'est une mosaïque composée de plusieurs petites broderies, et que chaque broderies est une farce en soi. Il y a inclus des dessins faits à la main par lui-même. Ce qu'il répétera dans un autre de ses livres, très célèbre aussi, Breakfast of Champions. Livre lancé trois ans plus tard. (et aussi très bon).

L'auteur fait une utilisation répétée (sic) des répétitions. Ainsi, il utilise l'expression "so it goes..." plus d'une centaine de fois dans ses oeuvres, presque toujours dans un contexte mortel.

Postmoderne et métafictif, la première partie est comme une préface d'auteur sur comment il en est venu à composer le roman. Tout de suite, on comprend son lien direct avec le bombardement de Dresden, où il a été fait prisonnier, en 1945. La fin du livre est discuté dès le début. La portion "fictive" semble débuter au second chapître. Comme si il n'avait pas voulu aborder (trop de) front son traumatisme. La narration est variable. Quelques fois on a le point de vue de l'auteur,  Vonnegut lui-même, quelques fois on a le point de vue de Billy Pilgrim, quelques autres fois on parle de lui à la troisième personne du singulier. Nous pouvons nous trouvé aussi désorientés dans le temps que le sont ses personnages. Le désordre est justifié.
La narrateur nous expose que Billy Pilgrim vit de manière discontinue, vivant et revivant sa naissance, sa jeunesse, un âgé âgé qu'il n'a pas encore, et même la mort. La narration n'est pas linéaire. Les moments à la guerre, ou se référant à la guerre sont plutôt linéaires. Certaines phrases déclaratives laissent suggérer qu'il s'agit d'un rapport des faits que nous avons sous les yeux et non une oeuvre littéraire.

Vonnegut fait croiser fiction et réalité, si bien que l'auteur interviewé à la radio, dans son livre, Kilgore Trout, est peut-être son alter ego. Mais peut-être pas non plus. La première ligne du livre, votée comme l'une des meilleurs toutes catégories confondues, est d'ailleurs :
"All this happenned, more or less".

Le livre est aussi un vibrant plaidoyer anti-guerre, ce qui, en pleine crise sur l'implication de jeunes soldats Étatsunien à la guerre du Vietnam, a trouvé écho dans la population. Et continue de bien faire vendre le livre.

Le livre a créé une certaine controverse quand certaines écoles, en désaccord avec le discours anti-guerre, dès 1972, ont choisi de bannir le livre de leurs institutions. On le jugeait immoral, dépravé, psychotique, vulgaire, Donald Trump.

Anti-chrétien aussi.
THANK GOD il est anti chrétien!

Mais 10 ans plus tard, la loi empêchait les écoles de bannir le livre, considérant qu'on ne faisait que pas aimer les idées qui y étaient véhiculées, et que la moral des uns n'est jamais celle des autres.

Entre 1990 et 1999, on a encore tenté régulièrement de le faire interdire. En faisant un éternel un best-seller. (ces cons!)

En 2011, une école secondaire du Missouri a à nouveau interdit le livre sur son campus. Le Kurt Vonnegut Memorial Library s'est alors présenté à cette école et a offert au 150 premiers étudiants le livre gratuitement.

Formidable livre.
So it goes...

jeudi 27 septembre 2018

Les 15 Proscrits en 1985

Les États-Unis amusent.

Le clown Trump l'a bien montré à l'ONU cette semaine quand il a commencé à complètement délirer.

En 1985, j'avais 13 ans. Nous avions toute la vie devant nous. L'école secondaire nous ouvrait la porte de la vie de jeune adulte. Les vidéoclips étaient la publicité qu vendait la musique que nous pouvions aimer. C'était bien souvent primaire comme vidéo. Un chanteur, une chanteuse, un micro, un band, une image à vendre avec le produit musical. On avait pas 100% encore compris comment l'image pouvait vraiment vendre le produit, comme aujourd'hui.

De nos jours, si tu est incapable de vendre la musique, vend le corps.

Avant que Madonna nous apprenne à vendre le corps d'abord, certains textes inquiétaient les conservateurs Étatsuniens. 4 Femmes de politiciens (elles n'étaient que ça, parce que travailler c'était pas pour les femmes) dont Tipper Gore, femme de Al Gore, avaient fondé le Parents Music Ressource Center (PMRC).

Ce regroupement dénonçait l'évocation du sexe (bien que plusieurs de ces femmes ne vivaient alors que comme des usines à bébés), de la violence, du satanisme, et de la vénération de l'usage de drogue et d'alcool, dans l'univers croissant de la musique. Ce sont eux qui forceront sur plusieurs albums, dès 1985, le bandeau noir et blanc spécifiant Parental Advisory, Explicit Content,  qui coiffe ce billet. Et

Ça nous faisait bien rire ces gens qui puaient la poudre à bébé Johnson. Même à 13 ans. L'âge mental actuel de Donald Trump.
La première action que ce groupe avait fait avait été de nous faire une liste de compilation.

euh...

Non...
C'est devenu une liste de morceaux à enregistrer sur une cassette (ça prenait une 90 minutes avec 45 minutes de chaque côté), pour nous, mais à l'origine, c'était une liste de "filthy fifteen", 15 titres jugés sales, mal bienvenus, grossiers, à proscrire, qu'il fallait éviter à tout prix, ce qui a, bien entendu, créé l'effet contraire.

Voici les 15 titres, devenus des pistes de lectures pour plusieurs d'entre nous:
1. Darling Nikki de Prince.
Prince était populaire, pas ce morceau. Qui parle assez ouvertement de sexe, prostitution et de masturbation. Prince est définitivement un artiste extrêmement sexuel. Il signe deux des morceaux et a pu être une influence pour un troisième dans ces 15 qui leur faisaient si peur. Mais qui n'avait qu'attiré nos attentions adolescentes.


2. Sugar Walls de Sheena Easton.
Chanson signée Prince aussi. On lui reproche d'évoquer le sexe, le sucre étant plutôt le fruit du ding dong masculin colorant les murs. Une caméra épaule presque tout le clip, ça ne proposait rien de vulgaire en images. Mais le texte...Prince n'avait que la tête au sexe.

3. Eat Me Alive de Judas Priest.
Le titre dit tout. On parle du sexe. Toutefois, et je ne suis pas convaincu que le PMRC savait aussi que le chanteur lançait ces mots probablement à un autre homme. En effet, il est gay. Ce qui n'était pas tellement su alors. Et je suis certain que dans leurs têtes de linottes, ça aurait été considéré comme pire encore, si ils l'avaient su. Ça ne jouait que dans les chambres de hockey cette musique. Et personne ne réalisait l'homo-érostisme évident des textes. Ou peut-être le savaient-ils pertinemment?...

4.Strap on Robbie Baby de Vanity.
Prince & Vanity ont été deux personnages très sexuels dans nos croissances personnelles. Dans Purple Rain entre autre. Film culte pour ma génération. Après qu'elle et Prince se soient quittés, elle a débuté une carrière solo dont ce morceau, parlant de son objet sexuel qu'elle a baptisée "Robbie", faisait parti du premier album. Jamais vraiment joué à la radio.

5. Bastards de Mötley Crüe.
Signé Nikki Sixx, comme la plupart des morceaux du band, le PMRC condamnait la violence des propos et le langage. On y parle d'agressions contre un ennemi expliquant dans le menu détail comment on le tuerait. C'est juste une toune! Poche en plus.

6. Let Me Put My Love Into You de AC/DC.
Ben non, ce n'est pas de l'amour que les gars d'Australie voulait mettre dans madame, qu'est-ce que vous pensez? c'était beaucoup plus simple. C'était le bambou, c'est tout! D'ailleurs vous remarquerez que le lien que je vous place a inspiré des "into you" jusqu'en 2016.

7. We're Not Gonna Take It de Twisted Sisters.
Le terrrrrrrrrrrrrible video proposait l'insubordination. Le PMRC condamnait la violence suggérée. Ils ont dû s'expliquer devant les saintes nitouches.

8. Dress You Up de Madonna.
Pour vrai? Like a Virgin était plus claire encore. Ce morceau me semble bien bénin. C'est la Madonne elle-même qu'on visait, devenue véritable sexe symbole à son quatrième vidéo tiré de cet album multimillionnaire.

9. Animal (Fuck Like a Beast) de W.A.S.P.
Pfff! ça ne jouait tellement nulle part publiquement! Le sexe, le langage, le ton leur faisait peur surtout. Les cheveux aussi. Trop poilus ses bands pour une époque où les petites madames se faisaient faire des coupes courtes faciles d'entretien.

10. High 'n Dry (Saturday Night)de Def Leppard.
On condamnait la consommation d'alcool et de drogues. On avait pas besoin de ça de toute manière. On avait trop de fun avec le sexe.

11. Into The Coven de Mercyful Fate.
Ces nerds prog metal ont réussi à terroriser les conservateurs banlieusards religieux qui y ont vu détecté de l'occultisme. En effet, on y détaille une séance de satanisme. Ce n'était pas invitant. Juste fascinant.

12. Trashed de Black Sabbath
Si le PMRC s'était donné la peine d'écouter le morceau, ils auraient compris que le morceau condamnait plutôt l'alcool au volant. Ça leur a valu, à Black Sabbath, de nombreuses ventes supplémentaires. Ce qui n'était ni prévu du PMRC, ni anticipé de Black Sabbath.

13. In My House des Mary Jane Girls.
Quel genre de maison pensez-vous? Le vidéo nous dirige dans la maison des filles de Mary Jane pour un peu de paix d'esprit. J'avais oublié comment ce morceau m'avait alors plu. L'ai rajouté sur mon téléphone.

14. Possessed de Venom
Occultisme, le nom de Satan (son fils) tombe autour de la 30ème seconde. C'était suffisant pour ces parents-boucliers.

15. She Bop de Cindy Lauper.
Le thème de la masturbation y était claire. MAIS PERSONNE NE S'EST JAMAIS MASTURBÉ! surtout pas mesdames! Elles n'ont jamais boppé! Pas sous le regard de Dieu! L'une des meilleurs chansons de Cindy. Sur mon téléphone depuis longtemps.

John Lydon, des Sex Pistols, dira de ce comité "Dans le pays des fusils qui tirent partout et de la pollution massive, ces gens s'en prendront aux mots des autres? Laissez-moi rire!"

En 1987, la formation NOFX titrera son mini album The PMRC Can Suck on This.

Tipper Gore sera une cible de bien des artistes par la suite.

Les États-Unis peinent toujours à donner des leçons de morale.

Un pays amoral ne peut pas se le permettre.

Le comité du PMRC doit faire dans ses couches de nos jours avec ce qui se dévoile un peu partout...




mercredi 26 septembre 2018

Misogynie Unie D'Amérique

Il se passe quelque chose de particulier aux États-Unis.

En fait, depuis l'élection haloweenesque de Donald Trump à la présidence des États-Unis, il ne se passe pas une seule semaine sans que l'on sente que nous venons de se surpasser soit dans l'absurdité, soit dans la bêtise pure.

Donald Trump, si l'histoire ne retiendra qu'une seule chose de lui, nous aura tous forcé à reconsidérer bien des choses. Nos visions des femmes entre autre.

Présentement, Trump tente de nommer Brett Kavanaugh, un juge fédéral des États-Unis depuis 2006, à la cour suprême. Toutefois le sénat résiste à cette nomination. Brett, comme beaucoup, BEAUCOUP, trop d'hommes, aurait violé une femme, ou du moins tenté de le faire, quand il avait 17 ans, en 1982.

Il a, comme tout manipulateur, d'abord tout nié et crié à l'invention démocrate puisque tout le monde sait Kavanaugh républicain. La femme, d'abord anonyme, s'est alors rendue publique. Il s'agit de Christine Blasey Ford, une enseignante universitaire, qui avait alors 16 ans. Kavanaugh l'aurait saisie de force, bien saoûl, l'aurait maintenue sur un lit, une main sur sa bouche à elle,  tentant de lui enlever son linge de force, Blasey se débattant et l'aurait agressée, sans réussir à avoir de relations sexuelles comme il semblait le souhaiter puisqu'un ami de Kavanaugh aurait alors sauté sur le lit, les faisant tomber tous les deux.

Elle a jugé important de mentionner la chose quand elle a appris que Kavanaugh serait peut-être dans un rôle de juge décidant de ce qui arrive d'un bébé du viol et du droit de s'en débarrasser un jour...genre...

Un juge et son jugement, ça se souligne. Les commentaires qui sont nés de cette dénonciation font froid dans le dos.

Les alliés de Kavanaugh ont dit qu'elle a peut-être été agressée comme elle le prétend mais que les partys d'école secondaire, où tout le monde boit, elle s'est peut-être trompé sur son identité. Comme toujours, on a minimisé la possibilité qu'un corps féminin ait pu être violé. Des conservateurs faisant référence aux femmes souhaitant avorter, on dit des grossièretés comme "j'ai peu de patience pour un groupe de gens prêts à attaquer un innocent comme Kavanaugh pour pouvoir avoir encore le droit de tuer des enfants à naître". Le ravin est profond comme ça entre conservateurs et libéraux aux États-Unis.

Mais cette fois, un nombre surprenant de conservateurs ont aussi pris le parti de la victime. Ils ont été ce garçon de 17 ans, actif ou témoin de gestes du genre dans les écoles secondaires. Et n'ont pas de difficultés à imaginer Kavanaugh tenter une telle chose. Ils savent que des dizaines de garçons ont essayé des choses du genre. Là dessus, ils sont en conjonction parfaite avec le mouvement #MeToo. Mais les conclusions sont diamétralement opposées. Si en Amérique, en ce moment, on comprend que bien des hommes ont agressés des femmes, certains disent "C'est ça le problème" tandis que d'autre, en ce moment même, le président le premier, disent "Ben oui, c'était comme ça, ça ne l'est plus, voilà pourquoi ce n'est pas un problème qu'il soit juge à la cour suprême."

Brrrr....

Une voix républicaine a tweeté (Twitter, carrefour des conneries), "Je ne vois pas ce que les tribulations d'un ado de 17 ans, saoûl, nous disent sur un juge de 53 ans". Ah Bon.  Parce qu'une jeune fille de 16 ans qu'on cicatrise dans l'âme, ce n'est jamais grave, j'imagine. Un autre a dit que "si tous les comportements stupides du secondaires étaient pris en compte contre les gens, à Washington, tout le monde serait puni". Un avocat de la Maison-Blanche, qui a tenu à rester anonyme, a dit que si un homme tombe suite à des accusations du genre, tous les hommes devraient s'inquiéter pour toujours. Ils oublient tous que leur propre président condamne toujours les 5 jeunes adolescents qu'on a accusé de violer une joggeuse en 1989, même si ils ont été innocenté trop tard (après des années en prison) dans un cas appelé le viol des Central Park Five, quand un violeur en série à confessé le viol en question, en 2002. Les tests d'ADN confirmant le tout. Encore en 2016, l'idiot de président les considérait coupables (ils sont noirs bien entendu!).

Les États-Unis redéfinissent le terme "malsain". Leur sale président en tête.

Ce qui fait mal au ventre, c'est qu'il semble fortement toléré, qu'il soit acceptable, qu'un homme agresse une femme aux États-Unis. Surtout de la manière Rozon. Dans un party. Très jeune idéalement. On blâmera la testostérone adolescentine. Cette tendance qu'on devrait fermer les yeux sur un adolescent violeur sous prétexte qu'il n'était pas assez mature pour comprendre le consentement est probablement la chose la plus terrifiante qui se dessine en sol Étatsuniens en ce moment. La défense de Kavanaugh est claire. Je marque mes mots:
Un jeune homme blanc riche a le droit de se compromettre dans la cruauté sexuelle criminelle tant qu'ils a un bon job plus tard, qu'il se marie, fonde une famille et se range par la suite.  

Christ.

Je ne voudrais pas être une Femme des États-Unis.

Kavanaugh va témoigner demain devant le Sénat sur le sujet.
Miss Blasey Ford aussi. Une seconde femme l'a accusé des mêmes réflexes à l'université depuis. Peu importe.

Il sera fait juge quand même.

Parce que le corps d'une jeune femme, ça se consomme au gré de ses pulsions selon leur chef.

Et ses supporteurs

J'ai reçu mon livre de Woodward sur Trump.

Je le commence demain.

Je vais avoir la nausée, je crois.