lundi 17 septembre 2018

Sufjan, Le Matin

Je consultais mon horaire de "mood" de la journée. Ça allait comme suit:

5h38: irrité/irritable.
6h30: Apathique.
9h00: plein d'idées
10h00; Nerveux
11h30: Agacé, irrité
13h00: super ok
14h00: Discutable
15h00: terrible et apathique
16h00: you talkin' to me mo-fo?
17h00: miserable, crevé
18h00: mieux
19h00: vraiment mieux
20h00: Ouais, pas mal mieux.

Lundi normal.

Mon fils avait écouté Spotify en se couchant. Et comme on le partage, quand j'ai branché mon téléphone sur carplay dans la voiture, me rendant au boulot, la musique a repris là où il avait laissée en se couchant.

Sufjan Stevens.

Formidable chanson. D'éveil. Sexuel dans le film. Mais de simple éveil matinal aussi.

J'adore Sufjan. Il est issu d'une famille peu conventionnelle. Il a été baptisé, inspiré du nom de Abu Sufjan, un important personnage de l'histoire islamique. Ses parents étaient pauvres et marginaux. Ils lui ont offert de changer de prénom quand ils ont dégrisé, mais Sufjan n'a jamais trouvé de prénom lui convenant mieux. Et de toute manières, ses parents lui avaient avoué qu'ils n'avaient pas les sous pour un changement de nom officiel.

J'aime Sufjan parce qu'il est très versatile. Il joue absolument de tout. Se débrouille (bien que merveilleusement entouré aussi) tout seul si il le souhaite. Il joue de la guitare, du piano, du banjo, de la batterie, du hautbois, du cor anglais, de l'orgue, du synthétiseur et d'à peu près tout ce qui se joue comme instrument de musique.

Sa famille n'était pas officiellement religieuse, mais en avait beaucoup de parenté. Les allusions spirituelles ont toujours été partout chez lui. Je l'aime encore plus car ça ne parait pas beaucoup dans sa musique. Non seulement ça parait peu, mais Stevens dit qu'il ne veut pas en parler car ça relève de la conversation privée.

Il a compris la religion comme moi.

Une conversation privée.

Ce que je dirais que la grande majorité de la terre n'a pas compris encore complètement.

Quand Stevens a décidé de faire de la musique, à l'université, il y a été par thématique. Des chansons pour tous les jours de la semaine. Pour toutes les planètes (même pluton). Pour les noms. Pour les États. Je l'ai découvert par l'album Illinois. L'album rend hommage à l'histoire de cet État. Parmi les sujets dont il discute sur cet album, la hantée John Wayne Gacy. Une délicieuse chanson, tout à fait sur mes listes de lecture, mais d'un luguuuuuuuuuubre.

Sufjan chante du doux amer.

John Wayne Gacy a assassiné 26 jeunes garçons, cachant les cadavres chez lui, se déguisant en clown et en faisant beaucoup pour la communauté locale, afin de cacher le danger qu'il représentait pour la société. Il a en a tué trois autres, cachant les cadavres ailleurs. Finalement 4 nouveaux cadavres supplémentaires, cachés dans la Rivières de Des Plaines étaient les résultats de ses tristes pulsions aussi. Il a été condamné à mort en 1980, supprimé de la planète terre, 14 ans plus tard.
Le ton de la chanson de Stevens ne suggère pas l'horreur qu'il chante. Sinon peut-être le déchirant "oh my Gooooood!". Qui donne toujours le frisson. Subtil, grotesque et horrifiant.

Fameux pour mes oreilles.

Tendre empathie pour celui qui honorait non seulement les mémoires des victimes de Gacy, issu de l'Illinois, mais aussi celles de héros des États-Unis comme Good Ol'Abe ou Carl Sandburg.

Des matins bien calibrés du genre, ça donne des bonnes semaines.
La dernière qu'on annonce chaude par chez nous.

Peut-être que mon horaire d'humeur de la journée allait changer.

Bonnes doses d'équilibre dans votre semaine, terriens.

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