samedi 8 septembre 2018

Ceci N'est Pas Un Retour

Louis CK est un humoriste dont j'admirais le talent. Je parle au passé, mais c'est un artiste dont le produit livré me plait probablement encore toujours.

Mais au privé, the guy is a dick. Et je pèse mes mots de Shakespeare.

Il a avoué avoir invité de jeunes aspirantes humoristes et s'être branlé le ding dong devant elles. Parfois deux à la fois. Certaines en sont restées légitimement traumatisées, d'autres ont tout simplement mis une croix sur leur carrière potentielle, si ça devait se passer comme ça. Ce n'était pas des agressions sexuelles aussi brutales que pourraient l'être d'autre, mais entre deux maux très graves, on a pas besoin de mesurer les étendues des conséquences, elles restent les mêmes. Des gens, des femmes ici, se sont brisées dans leur progression et leur dignité civile.

Les gestes de Louis CK sont en parfaite synchronisation avec les personnage qu'il met en scène. Il est toujours en train de mimer le geste de masturbation à son public. Il passe facilement pour grossier. Ce qu'il a prouvé être au privé.

Dans la foulée du mouvement #MeToo, il a été exposé pour ses grossièretés, et il a candidement avoué que c'était vrai. Croyez-les, c'est vrai. 

C'est la toute première étape d'une saine excuse. Reconnaître son mal.

Mais comme diraient les chinois: "Does he really care?".

La semaine dernière, il a fait une apparition surprise sur scène, au New York's Comedy Cellar, testant du nouveau matériel. Il a fait une quinzaine de minutes de blagues sur le racisme, les parades et les trucs du quotidien qui nous achalent. Pas une virgule sur les accusations dont il a fait l'objet. Personne dans la salle ne savait qu'il monterait sur scène. Il a été accueilli par une saine surprise et une moins saine ovation debout. Du genre, très mâle et très "Ça va, dude, on te pardonne". Mais pour les Femmes sur place, et pour plusieurs Hommes aussi, le malaise était très grand.

"Je vais prendre beaucoup de temps pour écouter" avait-il dit. Beaucoup de temps voulait dire 10 mois. Mais il a dû lire absolument TOUT ce qui a été écrit sur cette soirée depuis, aucun doute là-dessus. Et on verra si il retourne dans sa tanière pour écouter par la suite.

La première impression laisse tout de même croire qu'il se moque beaucoup de ses propres gestes.

Oui, c'est vrai. Et alors?Move on.

Il est là le problème.

Dans tout ce qui fait qu'on aime Louis CK, en tout cas, pour moi, est le fait que dans à peu près tout ce qu'il fait, il reconnait, justement, presque toujours un travers de sa personnalité et se réajuste par la suite, à la suite d'une série d'événements cocasses. Comme une splendeur féminine qui ne voudrait pas de vous, même si elle semblait flirter dans un ascenceur, car elle a un sac rempli de pénis qui lui convient très bien.

Louis CK a reconnu sa grave inconduite. Mais c'est tout. Il n'a pas fait les deux autres étapes d'une saine excuse.

Dan Harmon, en janvier dernier, a probablement livré le modèle parfait de l'excuse en ce qui concerne les comportements sexuels déviants. Il s'est servi de son podcast et il a si bien fait, de manière si saine, que celle qui fût harcelée, l'auteure Megan Ganz, a fini par lui pardonner.

1. Reconnaître le mal
2. S'en excuser et expliquer comment on s'y est rendu
3. Parler de la nouvelle direction personnelle à ce niveau pour corriger l'impair.

Louis CK n'a fait que le premier. Ben oui, c'est vrai. 
Le second a été jugé implicite.
C'est dans toute son oeuvre le "comment je me suis rendu à ces bassesses". L'excuse est passée inaperçue.
Le troisième step est inexistant. Life goes on. Zavez oublié? faudrait. 

Je ne crois pas.

La seule chose qu'il ne faudrait pas, serait justement d'oublier.

Too soon Louis, Too soon.

Consulte Harmon, Lou.
Consulte.

Ceci ne doit pas être un plate retour sur scène.

Car même si les gens rient.

Ce n'est pas drôle.

Aucun commentaire: