mardi 31 décembre 2013

Tout et Son Contraire

2013...

Quand aura-t-on gardé, sinon cette affreuse tragédie ferroviaire?

Moi j'aurai retenu ceci:

L'Allemagne reconnait un troisième sexe. Oui, la chanson d'Indochine devient vraie. Et j'aime cette fille aux cheveux longs, et ce garçon qui pourrait dire non. Le pays de la chancelière Angela Merkel se démarque à nouveau en devenant le premier à reconnaître le transgenre rebaptisé l'intersexualité. Une autre gifle à la face d'un France en chute libre dans les valeurs morales.

Un pape démissionne pour une rare fois. En effet seulement 6 papes l'avait fait avant lui. Certains contraints, d'autres volontaires. Parmi eux un certain Benoit (9 celui-là). Benoit 16 savait-il dès le départ qu'il ne serait que transitoire? L'élection du nouveau pape a donné droit à des perles de journalisme idiot comme "Cette élection prend tout le monde par surprise..." alors que le néo-pape sera celui qui avait terminé second derrière Benoit XVI au scrutin précédent.

2013 marquera aussi le départ de George Moustaki. Un homme à la nonchalance feinte qui préparait minutieusement, religieusement et avec adresse chacun de ses textes. Un tempérament formidable. Quand il est décédé à l'âge de 79 ans en mai dernier, on a dit que le phare d'Alexandrie s'était éteint. Nous avons toute la vie pour nous amuser et toute la mort pour nous reposer chantait-il. Bon repos, gentil métèque.

2013 aura été l'année où les ados auront compris que nos menaces face à la drogue et les abus d'alcool étaient et resteraient éternellement vains.
"La drogue c'est mauvais fiston, on en tire rien de bon"
"On peut devenir maire de Toronto"
"Mais alors on ferait des conneries et on les regretterait toute notre vie"
"Non, on les excuserait en prétextant qu'on avait trop bu"
"Ça n'excuserait rien, la population te le ferait payer..."
"...pas à Toronto..."
"BEN TU IRAS VIVRE À TORONTO D'ABORD, ET TU AURAS COMME ÉQUIPE FAVORITE LES MAPLE LEAFS OU LES RAPTORS HAHAHAHA!!"
"...er...papa?..."
"Quoi?"
"T'as tu fumé de la drogue?"

2103 aura été l'année pour nous montrer qu'un sénateur pouvait être aussi crapule que le patronat de la FTQ. L'émissaire du crime, Jocelyn Dupuis aura été l'humoriste (malgré lui) de l'année. Stiveune HarPEUR, le valet de pisse international et le cancre national.

Pauline, Charte the fuck up.

Obama se sera planté avec son programme d'assurance mal géré de bout en bout, avec ses supposées réformes en ce qui concerne les armes à feu aux États-Unis qui n'ont même pas franchi la modeste et légitime étape de la vérification des antécédents d'un acheteur d'armes à feu et avec ses bizarres d'initiatives et ses engagements, qui n'en étaient pas non plus. Même avec un geste qui aurait pu lui valoir le Nobel de la paix comme une simple poignée de main au frère de Fidel Castro, il n'a pas su capitaliser et tourner ce moment à son avantage. Au lieu d'y lire une ouverture des États-Unis face à Cuba, on a parlé de politesse et de geste de courtoisie. Pas de vagues. Que de la bouette. Et un Président noir, de plus en plus pâle. Mais pas autant qu'en France où le Président, Français celui-là, est passé de beige à monochrome. On le savait avec peu d'envergure mais malhabile au point de se mettre, la gauche, la droite, les citadins et les paysans à dos, faut le faire.
21% ? Oui, Hollande passera à l'histoire, dans la catégorie "mauvaise graine".

Le monde de la musique en 2013 aura proposé des stéréotypes comme toujours. "I'll marry you anyway, matter what you say" chantait l'un, alors que les mêmes mots dans la bouche d'une femme la ferait faire enfermer dans la zone "psychotique & obssédée" à l'hôpital psychiâtrique, dans le pavillon Alex Forrest. Katy Perry ne sait pas chanter ni jouer de la flûte mais a un beau cul et c'est tout ce qui compte non? Ah ben Non! parce la Nouvelle-Zélande nous as envoyé Lorde! Le remède pour dire à tous et à toute que les filles ne sont pas que des nunuches! Non, elles sont aussi paresseuses et sans créativité. Pas d'instruments (ou si peu), pas de voix (ou la sienne réenregistrée entre 4 et 5 fois), des vidéos qui offrent surtout des gros plans du visage à la génération Selfie, du narcissime donc, et une conception de pochette brutalement paresseuse. Bowie, Arcade Fire et Beyonce ont réinventés le marketing de brillantes manières. Et Hillary aura été à l'école de Madonna/Lady Gaga avec un (toujours) étonnant succès.

Quand "l'art" nous met tout nu face à nous-même.

Poutine aura échappé tout juste à la mort à 6 semaines des Olympiques et Mandela lui l'aura trouvée à 95 ans.

2013 pour moi aura été l'année de la fatigue. Mentale et physique. Mais de la belle fatigue. Et du plus beau physique encore. Jogging, meilleure alimentation, calories brûlées en quantité industrielle. J'ai peut-être gagné quelques années de plus à vivre. Je mourrai à 63 ans au lieu de 62....

Je souhaite pour l'année à venir plus d'honnêteté et de candeur. Pas juste dans nos affaires municipales.
Que les amours, les satisfactions personnelles et les fortunes soient généreuses dans vos vies et que maigres soient les revers, les malchances et les moments pénibles.

Je vous souhaite TOUT TOUT TOUT ce qui vous enchante.
Et RIEN RIEN RIEN qui vous ferait sombrer dans la misère morale, physique ou matérielle.

Que 2014 se loge dans le rayon des soleils dans vos souvenirs futures.

lundi 30 décembre 2013

Frédéric Back (1924-2013)

Pendant que nous fêtions Noël en famille, que certaines le faisaient à la chandelle, sans électricité, que les déneigeuses s'activaient dans les rues, Frédéric Back s'éteignaient doucement auprès des siens.

Né à Sarrebruck en Allemagne, ses parents sont Alsaciens.

Il étudiera le dessin à l'école de dessin de la rue Madame à Strasbourg, puis à l'École Régionale des Beaux-Arts de Rennes. Il débute une carrière de peintre et expose ses oeuvres. Il se lie d'amitié avec ses condisciples Joseph Archepel, Jeanne Baglin, Jean Brand'honneur, Geoffroy Dauvergne, Roland Guillaumel, Jean-Marie Martin, Roger Marage, Guillemette Lelardoux-Chanu, Henry Thomas qui resteront des amis toute sa longue vie. À 18 ans, il avait illustré un roman largement autobiographie écrite par le récipiendaire du Goncourt en 1934 Roger Vercel. Il illustrera un autre de ses livres 4 ans plus tard.

Émigré à Montréal après la guerre, il enseigne à l'école du meuble succédant à Paul-Émile Borduas et à l'école des Beaux-Arts où il fait le rencontre d'Alfred Pellan.

La naissante Société de Radio/télévision Radio-Canada l'engage en 1952 comme illustrateur, créateur d'effets visuels, concepteurs de décors et de maquettes pour de nombreuses émissions. Dans les années 60, il réalise de nombreuses verrières d'église et dans les lieux publics. On lui doit, assisté de René Derouin, tout le décor de la station de métro Place-des-Arts à Montréal.

En 1968, il rejoint l'équipe d'animation d'Hubert Tison au studio d'animation de Radio-Canada. De 1968 à 1993, il réalisera 10 courts-métrages tout en poursuivant son travail pour les différentes émissions culturelles, éducatives, scientifiques et parfois de fiction.

Son premier film, Abracadabra, est lancé en 1970 et fait sensation. L'année suivante, il fait encore tourner les têtes avec Inon, ou la Conquête du Feu. Pédagogue dans le sang, il réalise La Création des Oiseaux en 1973 puis le lyrique Illusion l'année suivante. Trois ans plus tard ce sera Tarata La Parade. Puis, en 1978, Tout Rien est nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur court-métrage d'animation. Il ne gagne pas mais ses oeuvres font le tour du monde et il est de plus en plus reconnu et admiré. L'Oiseau de Feu est lancé en 1979.

En 1981, il est à nouveau nommé aux Oscars et cette fois la rumeur est favorable. Surchargé de travail, angoissé par rapport au résultat des Oscars et travaillant très tard une nuit, il s'asperge par erreur une canne d'aérosol directement dans l'oeil droit. Il en perdra bêtement l'usage. Il rafle l'Oscar.

Le cinéma est un moyen pour lui de passes ses messages écologistes, une cause qui lui est à coeur. Humaniste jusqu'au bout des ongles, il devient aussi végétarien et militant pour les droits des animaux. Il cite Yourcenar en disant "Les animaux sont mes amis et je ne mange pas mes animaux".

Il adapte une nouvelle de Jean Giono en 1987 en français narrée par Phillippe Noiret et en Anglais par Christopher Plummer. Non seulement rafle-t-il alors son second Oscar mais ce film à lui seul gagne plus de 40 prix à travers le monde et le consacre pour les restant de ses jours. Le film est tout simplement magistral à tous les niveaux. Un chef-d'oeuvre.

Le grand respect de Back pour l'environnement ne se reflète pas seulement dans ses films mais au quotidien aussi. Il s'engage facilement dans les causes qui luttent contre la pollution, Eau Secours! et la Société pour vaincre la Pollution entre autre chose. Il sera aussi membre fondateur de la Société Québécoise pour la Défense des Animaux.

Il illustre des livres pour enfants pour lequel il reçoit le prix du Gouverneur-Général.

En 1993, il lance son dernier film, un hommage au Fleuve Saint-Laurent, et est à nouveau nommé aux Oscars (qu'il ne remporte pas cette fois).

Dans les années 2000, sa fille s'assure de préserver son oeuvre en gérant un site internet visant à mettre en valeur le travail de son illustre père. Plus de 5000 oeuvres s'y trouvent.

Les Mosaïculutre de Montréal lui rendent un splendide hommage.

À l'âge de 89 ans, le 24 décembre dernier, Frédéric Back a poussé son dernier souffle vaincu par le cancer.

Impérissable resteras-tu Frédéric.
Allez trainer à la station Place-Des-Arts pour l'honorer.

Merci la vie, pour Frédéric Back.

dimanche 29 décembre 2013

Nous Ne Sommes Que Le Fruit De Votre Amour

"Unless you show me hoooooooooooooooow!"
                                                                                     -Imagine Dragons

Baby-B.,

Depuis les 20 dernières années, pendant que nous étirions notre scolarité car nous savions que personne,  mais alors là personne, ne nous attendait sur le marché du travail, pendant qu'on nous refoulait sur ce même marché, vous étiez occupés à le faire dérailler.
En empruntant encore et encore, en remplaçant votre Jeep Wrangler par votre Acura MDX, en gonflant vos marges de crédit, en faisant exploser le prix de l'essence, en catapultant des primes de départ dans des sphères psychologiques qui obligent la suspension de la croyure, en consommant tout ce qui pouvait se consommer, incluant le mariage de votre meilleur ami, en maximisant l'excès pendant que nous cherchions l'accès, nous sommes arrivés à 2008.

Et à cet effondrement économique devenu mondial.

Vous avez perdu beaucoup d'argent. Nous aussi aurions perdu beaucoup, si seulement nous avions eu de l'argent au préalable. Ça vous as secoué. Ça vous as rappelé votre propre immortalité. Certains de vos amis sont mêmes décédés. Vous avez dit "plus jamais, nous seront prudents, fini l'évasion fiscale, fini la corruption, fini les dépenses injustifiées, nous cesserons de vivre pour le moment présent et nous commencerons à planifier pour l'avenir."

Nous étions nous mêmes fort occupés à cette époque, voyant nos quarts de travail diminuer, nos postes de serveurs ou de préposés au vestiaire du party des autres se faire couper les heures de moitié quand nous perdions pas carrément notre emploi parce que le syndicat trouvait que nous coûtions moins cher à employer et qu'on "volait" la job des autres. Nous n'avons pas perdu confiance en se disant que vos retraites viendraient bien un jour. Ce même mot "retraite" a été évincé de notre vocabulaire entre temps puisque pour avoir une retraite, il faut d'abord avoir une stabilité d'emploi.

Récemment, une amie qui avait toujours habité le 450 me disait "oh vous avez tous les deux quitté Québec à la fin de l'adolescence, mais Québec est une si belle ville comparée à Montréal..."

Pas pour les jeunes. Ce que j'aurais dû répondre à cette amie, c'est que cette ville n'est pas bâtie pour ses jeunes. Regardez un voxpop à la télé fait à Québec, ils ont tous la tête grise, tous le même âge. Ils travaillent sur LEUR régime de retraite. Ils fréquentent le retour de NOS idoles. Ils voient loin. Derrière.

Québec: hospice de demain.

Individuellement, Baby-B, vous êtes fantastiques. Vous nous avez merveilleusement aidé et continuer de la faire bien souvent. Mais en tant que groupe, vous vous rapprocher des sociopathes. Et vous vous inquiétez de la génération Ipod? Ces enfants sont le reflet de reflets. Le modèle de modèles.

Et bien que nous souhaitons ne pas répéter vos erreurs (non nous ne nous marierons pas pour mieux nous séparer), nous souhaitons aussi que nos enfants ne répètent pas les nôtres.

Incluant celle de vous faire toujours confiance.

Nous sommes confinés à faire de la révision sur les idées des années 60. Je le sais, j'en corrige les textes.
Au vestiaire, toujours.
Je corrige.
Je corrige.

Et si vous saviez comme je corrige d'avantage les plus jeunes.

Qui sommes-nous entre les deux. Sinon , le fruit d'un amour des sixties?
Parfois devenu un trip d'ego des années 80-90.
Et on s'étonne que certaines de nos unions se fissurent...

Encore récemment j'entendais qu'une personne sur trois était surqualifiée à son travail au Québec.
1/3, soit le pourcentage exact des travailleurs non Baby-B...

Moi, en 2014, je dirais encore "à ma gang" de ne pas simplement regardez les marins et les pseudos capitaines,
regardez la mer.

Elle est encore à vous.
Et à prendre.
Malgré ce qu'on nous montre parfois dans la génération d'avant.
Et ce qui pue dans la génération d'après.

samedi 28 décembre 2013

Montréal En Lumières

J'étais tombé sur Montréal en Lumières il y a longtemps purement par hasard en rentrant chez moi il y a longtemps, je crois même que c'était la première année, alors que nous vivions sur la rue Mont-Royal.

En sortant du métro Mont-Royal, PAF! en plein coeur d'un festival axé sur les lumières. J'avais aimé l'idée c'était modeste même si électriquement coûteux et fort joli pour l'oeil, Dès le jour 1. Ça se passait la nuit et étant oiseau de nuit, ça me faisait de la colorée compagnie.

Puis la première fois que l'amoureuse et moi avions officiellement pris part au festival, tout ça c'était déplacé au Vieux-Port et nous avions la puce avec nous, notre plus vieux étant ailleurs ce soir-là chez un ami. Il y avait eu des danseurs/cascadeurs/grimpeurs qui effectuaient des chorégraphies sur un mur d'escalade et ça avait été suivi par un spectacle des Denis Drolet. Nous avions bien ri même si le nombre de sacres était nettement trop élevé, inutile et démontrait un manque de confiance absolu de la part de deux êtres bruns, foncièrement comiques. C'était surtout inadéquat pour notre fille de quoi...6 ans? C'était leur spectacle hommage à Plume en plus, alors vous imaginez la clientèle...

Mais nous étions dehors, en plein hiver, et c'était joli tout ça quand même.

Alors profitant du passage de belle-maman chez nous, et voulant chasser les démons qui voulaient me faire étrangler ma fille extraordinairement dissipée et insupportable ce jour-là, nous avions choisi d'aller voir ce qui se tramait à la place des Festivals de la Place-Des-Arts.

Une parfaite neige floconnée nous colorait le toupet, la soirée était parfaite. Il y avait des poubelles de métal avec des feux allumés dedans dont les flammes pouvaient faire griller quelques guimauves ou des schweitzers vendues plus loin. Je me suis permis d'aller voir une dame autour du feu qui avait apporté de chez elle un sac plein de guimauves et je lui en ai quêté une avec ma fille à mes côtés qui faisait les yeux du Biafra. Ça a marché elle a eu une guimauve et s'est amusé à la faire griller pendant qu'on attendait en ligne. Elle était heureuse.

Ce qui allait se passer sous le dôme à l'intérieur était une projection spatio-temporelle fort intéressante qui nous donnerait l'illusion de nager parmi les requins, de reçevoir des glaçons sur la tête, d'être sous l'eau, de planer parmi les poissons avant de séjourner dans le ventre d'un de ceux-ci. Tout ça sur une musique rappelant Pink Floyd à ses débuts. JOUISSIF. Le gars qui fumait du pot derrière nous nous as aidé à planer en famille.

C'est con mais en vieillissant, il semble que l'on recherche un peu partout ce trip aérien que nous éprouvions plus jeune en fumant de la marijuana. En musique, en film, au volant, sur le net, au lit. Ce déjastument spatio- temporel si intérressant.

Là, avec belle-maman et les enfants,  dans un nuage de Jamaïque, nous y étions.

Monkee et moi avons attendu plus d'une heure pour avoir une luge qui allait nous faire descendre 30 secondes. On a eu du fun quand même Monkee et moi. Je ne me souviens plus ce que nous disions mais bon sang que nous riions (le pot d'il y avait 20 minutes?). Il était content d'avoir gagné la course. Clignement d'œil

Ensuite les filles ont ronronné le temps de trois chansons de David Usher en direct puis, tout le monde avait froid, on est reparti vers la Station Place-Des-Arts. N'attendant pas les feux d'artifices de 21h, ni la nuit blanche qui allaient venir.

Dans le métro, ça devait entre le métro BeauBien et l'autre après (Jarry?), je réalisais que peut-être à cause du pot toujours, peut-être à cause de ce qu'on avait vu sous le dôme, enfin peut-être tout simplement en raison du frais plein air d'hiver, nous avions dans les yeux plein de lumières. Et tous un peu de feu d'artifice dans l'oeil aussi. 

Je savais aussi qu'une nuit blanche comme bien d'autres, m'attendait gentiment chez moi.

Pas grave j'avais un livre emballant à continuer dans la nuit.

Dans cette charmante soirée, chaque fois que j'ai ouvert la bouche, ça a semblé provoquer des avalanches de rire de tout âge autour de moi.

Prendre l'air à Montréal en Lumières en hiver n'est pas une misère.
Même avec la belle-mère et une enfant d'enfer.

Montréal en Lumières se tiendra du 20 février au 2 mars 2014 prochain.

vendredi 27 décembre 2013

Chaste Roi

Deux mots: Mama castrata.

Plusieurs auteurs ont écrit qu'Elvis Presley occupait ses fins de journées en compagnie de ses multiples compagnes. Ce n'est pas complètement faux. L'actrice Anne Helm a aussi dit qu'Elvis aimait vraiment le sexe et qu'il était particulièrement séduit par une tenue de nuit jaune qu'il lui avait offerte. Il l'aurait aussi fourni en barbituriques à plusieurs reprises après lui avoir fait l'amour.

Toutefois la vérité se trouve ailleurs.
"Faire l'amour" pour le sexe symbole qu'était Elvis n'était pas chose courante. Judy Spreckels et June Juanico, ses premières amoureuses, ont toutes deux déclaré qu'Elvis ne leur avait jamais fait l'amour. Elvis aurait supposément dit ouvertement, lorsque dans l'armée, qu'il ne mettrait jamais son robinet dans le corps d'une femme. Lors de son passage militaire, Elvis aurait fréquenté des prostituées et, exposé aux maladies transmises sexuellement, en aurait développé une phobie au point d'être complètement interdit à la pénétration. Il aurait alors appris à prendre son pied dans le voyeurisme.

Dans ses relations avec les femmes, il prenait plaisir à poser en Pygmalion. Il s'intéressait aux très jeunes filles et pratiquait un certain fétichisme autour des pieds. Un effet direct du complexe d'oedipe. L'actrice et future Playboy Bunny June Wilkinson a rencontré Elvis sur le plateau de tournage du film King Creole et après un souper en tête-à-tête, Elvis lui a fait visiter sa suite, l'a assise sur le lit et lui a joué de la musique pendant deux heures. Ils ont répété le scénario le lendemain. Sans jamais avoir de relations sexuelles.

Le chanteur n'allait pas toujours être gentil et délicat envers ses partenaires. Quand la fille adoptive de Joan Crawford le taquine et renverse son verre sur Presley, il la saisit par les cheveux, la traite de pute et on doit les séparer pour ne pas qu'il la brusque davantage. Peggy Lipton avait cru comprendre avec lui qu'il était tout simplement impotent puisque les contacts n'avaient été que buccaux. De plus, elle le savait accro aux barbituriques, ce qui aurait pu, effectivement, lui rendre bambou mou. Cassandra Petterson, mieux connue sous le pseudonyme d'Elvira, a raconté que sa seule nuit avec l'extrêmement religieux Elvis, ils l'avaient tous deux passée à se parler.
Cybill Sheppard a dit qu'Elvis l'avait embrassée partout sur son corps nu, mais pas dans la partie veloutée.
"Me & the guys talk, and well...we don't eat pussy" dira-t-il avec le charme d'une moto pétaradant dans vos oreilles en plein sommeil.

Ann-Margret Olsson, crinière rousse et voix rauque, feu brûlant à l'écran, incarne le paradoxe américain, mélange de sensualité et de réserve. « J’avais l’impression de trouver l’âme sœur, timide et passionnée, dira-t-elle. Nous étions célèbres, mais encore des enfants, sans maturité affective, à la recherche de l’amour inconditionnel dont nos parents nous avaient nourris… Elvis a touché quelque chose de très profond en moi. » L'actrice suédoise élevée à Chicago sera l'amour de sa vie. Mais, religieux jusqu'au fond des couilles, homme d'honneur et surtout fiancé à Priscilla Wagner (dite Beaulieu), 18 ans, Elvis laissera tomber la belle Ann-Margret du jour au lendemain. Elle restera quand même son amie toute sa vie et Elvis lui enverra de somptueux bouquets de fleurs à chaque passage à Las Vegas. Aussi prude que lui, même si elle jouait la carte du flirt à fond la caisse, elle représentait son équivalent féminin presque identique.

Elvis sera aussi le partenaire idéal pour la publicité de ses films. Il "sort" avec l'actrice de 17 ans Lori Williams le temps de trois films, pour en mousser la publicité "et parce que ça n'implique pas grand chose autre que des bisous et une certaine tendresse" ajoutera Williams.

Son entourage avait parfois comme mission d'étudier les pieds des jeunes admiratrices du King. Un garde de sécurité dira d'Elvis qu'il avait davantage besoin d'un enfant à materner que d'une partenaire sexuelle. Il avait besoin de l'adulation féminine sans la tension sexuelle.

Exactement comme dans sa relation avec sa mère.

Plusieurs de ses partenaires n'avaient que 14 ans...incluant Priscilla, recrutée à ce tendre âge. Devant témoin, ces jeunes filles ne faisait que s'asseoir sur le lit du King, en mini-jupe autant que possible,  ou se battaient à coups d'oreillers ou regardaient des photos avec Presley ou l'écoutaient, les yeux en forme de coeur, chanter à la guitare acoustique. Elvis avait une collection d'animaux empaillés fort populaire auprès des jeunes filles. Les partys pyjamas étaient fréquents chez Elvis.

Aucune chance qu'il puisse "pénétrer" une de ces mineures. Pas même Priscilla avant le mariage en 1967.
Elvis ne voulait pas de maladies vénériennes mais ne voulait pas non plus se retrouver en prison. Il appelait ses mineures, ses appâts à prison.

L'actrice Dolores Hart après avoir été l'intérêt amoureux d'Elvis dans ses second et quatrième film, est carrément devenue une soeur bénédictine.

Elvis tenait le même type de discussion avec ces jeunes filles qu'il tenait avec sa mère. Manquant de beaucoup d'assurance en compagnie des femmes, il se sentait en position de force en compagnie d'adolescentes et restait très intimidé par les femmes de son âge ou plus âgées que lui. Trop attaché de manière malsaine à sa mère, Elvis ne pouvait pas avoir d'intérêt sexuel pour des femmes matures.

Lisa Marie est née en 1968, tricotée dans la nuit de noces entre Priscilla et Elvis 9 mois plus tôt. Par la suite, certains prétendent qu'Elvis ne pouvait plus avoir de relations sexuelles avec une femme ayant eu des enfants. Priscilla dira que non, ils ont bien eu quelques relations sexuelles mais leurs relations étaient principalement préliminaires ou encore Priscilla s'engageant dans des relations avec une autre femme pendant qu'Elvis les regardait. Romance cauchemardesque pour la jeune femme qui a toutefois réalisé, suite à son divorce de 1972, que les relations suivantes de son ancien et célèbre mari étaient aussi pratiquement complètement dénuées de contacts sexuels.

Quand Priscilla quitte Elvis et le troque contre son professeur de karaté, Elvis, bien que fréquentant Ann-Margret et plusieurs autres lui aussi, ne le prend pas et son ego en devient irrémédiablement meurtri. Il ne sera jamais en mesure de voir cela autrement que sous l'angle suivant: "Je n'ai pas été assez Homme pour la garder!"

Sexe-symbole universel, il était à peu près normal que son sens de la perspective en devienne à jamais troublée.

Pratiquement tout le monde s'entend pour dire que l'amour et l'attention étouffante exercée par sa mère sur son fils unique aura joué un rôle plus ou moins catastrophique sur les relations futures du King avec les femmes, roi devenu grotesque dans les années 70.

Fascinant de constater que le sexe eût été si absent de la vie d'Elvis considérant que Presley était "un danger sexuel" du point de vue des curés, des conservateurs et des bien-pensants...


jeudi 26 décembre 2013

Mao Tsé-Toung

Mao Tsé-Toung est le fils aîné d’une famille relativement prospère du Xiangtan, province de Hunan en Chine. Né en 1893, il aura aussi 2 autres frères et 4 soeurs.

Ses ancêtres étaient venus de la province du Jiangxi sous la dynastie Ming et s’étaient installés comme paysans. Sa langue natale était non pas le mandarin mais le xiang, dialecte en grande partie compris des autres chinois et qui restera caractéristique de ses discours. Mao ne maîtrisera d'ailleurs jamais le putonghua, la langue standard chinoise que son propre régime mettera en place.

À 14 ans, son père le marie à une cousine qu'il déteste et dont il ne consommera jamais le mariage et avec laquelle il ne vivra pas en concubinage. Elle décède en trois ans plus tard et Mao devient alors un adversaire acharné de ces mariages traditionnels. Il deviendra aussi, à l'âge adulte, consommateurs de courtisanes et entretiendra des relations multiples jusque très tard dans sa vie.

Il est soldat pendant 6 mois pendant la révolution chinoise de 1911 et débarrassée de la tradition dynastique, la Chine tombe dans une vive confusion. Le nouveau gouverneur du Hunan, libéral opposé tant à l'impérialisme qu'au pouvoir centralisé de Pékin fait cesser la culture du pavot et interdit l'importation de la drogue. Pendant un certain temps, une presse libre est autorisée, fustigeant les excès des Puissances, à la grande consternation du consulat britannique.

En 1917, Mao fonde la Société d’étude du peuple nouveau avec son nom à consonance radicale, presque révolutionnaire, a la prétention de "rénover le peuple chinois". Au même moment en Union Soviétique, la révolution de février suivie de la révolution des Bolcheviks changent cette partie du monde à jamais ce qui aura aussi un large impact sur les visions du jeune Mao Tsé-Toung.

Universitaire, Mao voyage avec un de ses professeurs, son futur beau-père, jusqu’à Pékin où il assiste au mouvement du 4 mai 1919. Ce professeur, en plus de le conseiller sur les cours à suivre pour faire de ce paysan un bon intellectuel, lui trouve un emploi à la bibliothèque. Tsé-Toung plonge dans les livres afin de se défaire de ce complexe de fils de paysan.
La plupart des étudiants de son âge vont étudier en France mais les langues, autres que le dialecte Hunan, seront toujours une difficulté pour Tsé-Toung. De toute sa vie, il ne sortira de Chine d'ailleurs qu’une seule fois, en novembre 1957, en Union soviétique.

En 1920, Mao Tsé-Toung adhère définitivement au Marxisme.

 À 28 ans, Mao participe à la première session du congrès du Parti communiste chinois à Shanghai. Deux ans plus tard, il est élu comme l'un des cinq commissaires du 3e bureau central du Parti au cours de la session du troisième congrès.

Lors des deux premiers mois de 1927, Mao retourne dans la province du Hunan et voyage pendant un mois à travers le Xiangtan et quatre autres districts ruraux. Il expose ses conclusions dans un fameux document : le "rapport sur le mouvement paysan au Hunan". Ce travail est considéré comme le point de départ décisif vers l’application de ses théories révolutionnaires violentes. La même année, Mao lève une armée appelée l’armée révolutionnaire des travailleurs et des paysans. Il déclenche en septembre le soulèvement de la récolte d’automne. Ses troupes seront défaites, et elles seront forcées de quitter la province du Hunan. Mao réorganisera ses forces dans les montagnes.

Il organise au sein de chaque compagnie une cellule du parti avec un commissaire politique qui puisse donner des instructions politiques sur la base d’instructions supérieures. Ce réarrangement militaire initie le contrôle absolu du Parti Communiste Chinois sur ses forces militaires et est considéré comme ayant eu l’impact le plus fondamental sur la révolution chinoise. Il créé l'armée rouge des travailleurs et des paysans de Chine qui ne fait pas l'unanimité au Parti. Mao supprime "à la soviétique" toute forme d'hostilité à ses visées, le nombre des victimes oscillent autour de 186 000 chinois. Ce terrorisme intérieur assis une certaine autorité autour du nom de Mao Tsé-Toung. Ce sera 700 000 victimes, soit 20% de la population d'alors que le communisme éxécutera. Mao ne monte pas dans les grades puisque ses choix stratégiques sont toujours pris en fonction de son intérêt personnel, au risque de milliers de morts inutiles. Il est alors déconsidéré par ses pairs mais découvre une méthode soviétique qu'il n'oubliera plus jamais: les purges.

Élu président d'une petite république dans les régions montagneuses du Jiangxi, c’est là qu’il se remarie (pour la troisième fois) avec une épouse officielle- sa précédente épouse ayant été arrêtée et exécutée en 1930. Il crée une armée modeste mais efficace, et entreprend des expériences de réforme rurale et de gouvernement, en offrant un refuge aux communistes qui fuient les purges droitistes dans les villes. Les méthodes de Mao sont considérées comme celles d’une guérilla. Sa guérilla repose sur une armée rouge, munie d'armement et de formation dérisoires, mais constituée de paysans pauvres, encouragés par des passions révolutionnaires et ayant foi dans l’utopie communiste.

Quatre des armées nationalistes de la République de Chine sont repoussées par l’armée rouge conduite par Mao. Tchang Kaï-Chek, leader adverse à Mao Tsé-Toung est très incommodé par l'ascension de Mao. La 5e charge contre Mao et son armée demandera un an et un million de soldats aux troupes de Tchang Kai-Chek pour le forcer à se retrancher.

Mao Tsé-Toung entreprend la longue marche qui le confirmera comme le chef des communistes chinois.

Tsé-Toung expose sa Nouvelle Démocracie pour la Chine, largement calquée sur le marxisme-léninisme adapté auc conditions chinoises. Entre 1941 et 1945, le "mouvement de rectification" élimine 800 000 membres du parti. Cette épuration est plus ou moins noyée à l'internationale, dont l'actualité est occupée par la Seconde Grande Guerre. Mao est établi comme théoricien quasi exclusif du parti et assurent de manière définitive son autorité. En juin 1945, Mao est en outre porté à la présidence du Comité central, poste créé à l'occasion, à celle du Bureau politique et à celle du secrétariat du PCC, et est ainsi consacré seul et unique chef du parti.

Le prestige de Mao grandit alors que Tchang Kaï-Chek est de plus en plus critiqué par le peuple à cause de ses liens avec les États-Unis et les puissances occidentales. En effet Mao jouit de l’image du combattant de l’impérialisme (japonais comme européen) tandis que les nationalistes sont dénoncés par les communistes comme des valets de l’impérialisme au sein d’une population qui souffre encore de l’humiliation de la guerre de l’opium.

Le 1er octobre 1949, à Pékin, du balcon de la Cité interdite des anciens empereurs, Mao Tsé-Toung proclame l’avènement de la République populaire de Chine. Cette prise de pouvoir met fin à une longue période de guerre civile marquée par l’invasion japonaise et la Longue Marche, le parti des nationalistes de Tchang Kaï-Chek s’étant exilé à Taïwan.

En 1957, avec la campagne des Cent Fleurs (symbolisant cent écoles, cent opinions qui s’expriment), Mao encourage la liberté d’expression de la population, exhortant en particulier les intellectuels à critiquer le Parti. Mais le mouvement prend rapidement une ampleur qu’il n’avait pas envisagée : les critiques explosent littéralement, échappant bien vite à son contrôle et le menant à une violente campagne de répression. Certains analystes politiques, chinois notamment, pensent que cette campagne ne fut qu’un piège : laisser s’exprimer les intellectuels dissidents pour mieux les réprimer. La même année il participe à Moscou à la Conférence des partis communistes.

Jusqu’au milieu des années 1950, la République populaire de Chine a copié avec zèle le modèle soviétique, puisqu’elle a consacré la plus grande part des investissements au développement militaro-industriel. Toutefois, dès 1955, Mao est partisan d’une voie spécifiquement chinoise du socialisme, qui s’appuierait sur la paysannerie (plutôt que sur la classe ouvrière) et passerait par une collectivisation accélérée.
Ainsi, entre 1958 et 1960, Mao met en œuvre le Grand Bond en avant, mouvement de réformes industrielles censé permettre de "rattraper le niveau de production d’acier de l’Angleterre" en seulement 15 ans.

Mao place dans la force du peuple, du « prolétariat » des espoirs démesurés : les paysans seront surexploités, on leur demandera de tout faire en même temps, des récoltes à la production sidérurgique.
Cette politique entraîna à la fois une grande croissance industrielle et une grande famine dans les campagnes, près de 50 millions de morts. Le Grand Bond en avant engendre une famine d’une ampleur désastreuse. Mao dira étonnament dans cette triste gestion "Quand il n’y a pas assez de nourriture, des gens meurent de faim. Il vaut mieux laisser mourir la moitié de la population, afin que l’autre moitié puisse manger suffisamment.".

En URSS, Staline avait aussi imposé le Grand Tournant de 1929 à 1934 provoquant de lourdes famines, en Ukraine entre autre (toutes effacées des livres d'histoires).

La confiance du peuple en l’idéologie de Mao est fortement ébranlée. Il doit quitter son poste de Président de la République, mais demeure Président du parti. Le culte de l'image que Staline a établi avec succès en URSS est le même outil de propagande que Mao met en place et qui lui vaut une quasi immortalité.

La révolution culturelle de 1966 à 1976 le réhabilite un temps, le temps de former ses gardes rouges qui exerceront une violente représssion et seront les auteurs de massacres sanglants contre les "ennemis du peuple". L'impact de sa révolution culturelle trouve beaucoup d'échos dans le monde en Europe, entre autre.

En 1972, Tsé-Toung change sa stratégie et se rapproche des États-Unis afin d'en faire un potentiel allié vis-à-vis de l'URSS.

Par la suite, la politique idéologique extrême menée par Mao Tsé-Toung fera l’objet de critiques ouvertes au sein du Parti communiste chinois, qui met fin au culte de la personnalité et à l’idolâtrie qu’il avait lui-même organisée et intensifiée à la fin de sa vie.

Dans l’historiographie officielle chinoise, il reste néanmoins considéré comme le grand libérateur de la Chine et le constructeur de la Chine moderne. Mao étant le fondateur du régime chinois actuel, son image continue d’être honorée, bien que la politique économique suivie aujourd’hui par ses successeurs n’ait plus guère de points communs avec le maoïsme.

Mao Tsé-Toung meurt le 9 septembre 1976 de la sclérose latérale amyotrophique à l'âge de 82 ans.
Vivant, il aurait eu aujourd'hui 120 ans.