jeudi 31 janvier 2019

Dragons Crachant Du Froid

On a tous aimé Alexandre Taillefer. Son adolescent s'est enlevé la vie et ça a touché pas mal tout le monde ayant un coeur. Son documentaire sur le sujet avait ébranlé notre population.

Une journée comme celle d'hier, consacrée à la recherche et la compréhension de la maladie mentale aurait dû être une journée de recueillement et de réflexion personnelle pour quelqu'un comme lui.

Ce que sa journée a peut-être aussi été.

Mais Taillefer était de plusieurs tribunes hier, afin de parler de son entreprise à la dérive : Teo Taxi. Il s'en est ouvert dans les journaux, avec humilité et une certaine noblesse.  On lui souhaite de retomber sur ses pieds.

Il a aussi profité hier, puisqu'on le harcelait partout sur la question, si il allait se présenter comme nouveau chef du Parti Libéral, ce qu'il s'est empressé de nier. Il n'en a pas envie. Il se trompait alors, il se tromperait encore, selon moi. Alors, c'était en début de dernière campagne électorale quand il avait choisi de devenir chef de campagne en faveur des Libéraux. Nous étions plusieurs, avant même la course, à savoir que le Québec était prêt à faire peau neuve. Que les Libéraux allaient être assez facilement perdants. Et dès le départ, il s'était à quelques reprises mis le pied dans la bouche, en recrue novice.

C'est un peu le problème en politique de nos jours, tout le monde s'improvise politicien. Ça affaiblit la fonction. Comme on le voit aux États-Unis. Des politiciens de carrière, ça existe. Et c'est bien souvent beaucoup plus compétent que quiconque. Je ne dis pas qu'il ne faille pas avoir vécu avant la politique, ce que Taillefer a fait bravement, mais tout comme on ne devient pas acteur après une carrière sportive, on ne devient pas politicien après une carrière en affaires non plus nécessairement. Alexandre l'a appris à la dure.

D'autres qui doivent trouver les temps durs sont les producteurs de l'émission télé : Dans l'Oeil du Dragon. En peu de temps, trois (même 4) de leurs dragons ont perdu beaucoup de leur prestige. L'émission aussi, par ricochet.
Pour ceux qui ne connaissent pas l'émission, en voici le concept. C'est la version Québécoise de Dragon's Den, émission où des gens viennent présenter leur projet d'entreprise à trois ou quatre (parfois plus) "dragons", des investisseurs potentiels "vedettes", des gens qui ont "réussi" et qui pourraient donner un coup de main à de nouveaux projets.

Une inspirante émission, disons-le. Pleine d'étincelles et de couleurs.

Mais le guillemet est maintenant de circonstances autour du mot "réussi".
Pas seulement parce qu'Alexandre Taillefer était l'un des dragons.
Pas seulement parce que François Lambert est un profond moron.

Mais aussi parce que Caroline Néron. Qui est (était?) aussi Dragonne.

Caroline, et ses entreprises ont dû freiner leurs activités car elle est très sérieusement dans le rouge. Ses business auraient autour de 9 millions de dettes.

Quand est venu le moment de s'expliquer, après des révélations d'anciens collaborateurs tentant d'expliquer la déroute financière, à l'émission Tout le Monde en Parle, Caroline était extraordinairement confuse. Plutôt guidée par l'amertume et la rancune. À fleur de peau, on le comprendrait à moins, mais surtout très très peu claire dans ses propos.

Elle a appris les affaires "sur le tas", ce qui est tout à son honneur, mais dont on sent maintenant les limites de la chose.

Si j'étais créancier auprès de ses entreprises, ou dans un C.A., ou simple associé, le sentiment que j'avais, après l'avoir entendue à la télé, aurait été l'inquiétude extrême. Elle ne comprend pas complètement ses affaires.

C'était une dragonne désordonnée et indistincte qui se présentait sous nos yeux. C'était inconfortable.
Elle vit de très mauvais moment. On lui souhaite de s'en remettre, également. Pas plaisant, non, pas du tout plaisant.

Mais le pire des pires des Dragons, a pour nom Rozon.

Lui, contrairement aux deux autres, est tout simplement ignoble.
Sa vision et sa compréhension de la Femme est une hérésie.

Pas besoin de refaire son histoire, c'est une histoire d'horreur, et, ironiquement, ses affaires, toujours contrairement aux deux autres dragons, sont encore de l'or. Il a vendu, il a fait fortune et pourrait encore conseiller ou guider dans une émission d'affaires.

Mais publiquement, il est au stade Salvail de sa carrière.
On ne le remettra plus devant la caméra dans d'autres contextes que celui des accusations alléguées contre lui.

On lui souhaite moins de bien.

Trois dragons qui ont peut-être un temps craché du feu.
Et qui maintenant, crachent un froid glacial.

Expliquant peut-être pourquoi on navigue entre -28 et -35 depuis quelques temps...

mercredi 30 janvier 2019

4 Beatles Sur un Toit Brûlant

L'album devait s'appeler Get Back, celui qu'on enregistre porte ce titre de travail.

Paul, John, George & Ringo sont de moins en moins un groupe. Ils sont moins les Beatles que 4 artistes qui tentent de se réaliser sans gérant depuis un peu plus d'un an. Le projet de Get Back est le projet de Paul. On ne se rappelle plus trop qui en eu l'idée mais il était clair que le matériel pour l'album, déjà pas mal enregistré (il sera entièrement enregistré AVANT Abbey Road, ce qui en fera l'avant-dernier album des Beatles, même si il est lancé en 1970, sous le nouveau titre Let it Be,  et qu'Abbey Road est lancé en 1969, lui l'officiel dernier enregistré comme groupe.) serait joué/testé en spectacle à un certain moment.

Plusieurs corroborent que ce serait l'idée de John de jouer sur le toit.

George avait amené Billy Preston en studio, aux claviers et piano électrique, afin de tenter d'importer un regard extérieur, forçant les autres à se concentrer davantage sur le travail. Preston sera de la prestation sur scène. C'est Preston qui se rappelle qu'o avait évoqué des spectacles au Sahara ou ailleurs, et que c'est John qui a tranché en disant que ce serait moins compliqué d'aller sur le toit.
Mais l'ingénieur du son Glyn Johns dit pour sa part que c'était son idée.

C'est Alan Parsons (oui, lui) et Glyn Johns, qui seront ingénieurs du son, avec George Martin à la production, au sous-sol du studio Apple, pendant que Lennon, McCartney, Harrison, Starr & Preston seront sur le toit du studio. Le réalisateur Micheal Lindsay-Hogg captera les images pour un film, ainsi que les réactions spontanée des gens dans la rue.

Les Beatles feront 9 prises de 5 chansons. Commençant sur l'heure du midi, surprenant les travailleurs sur l'heure du lunch, avec deux prises de Get Back.  Ils ont fait suivre avec Don't Let Me Down une première fois. Puis, I've Got a Feeling et One After 909. Il y a eu un bref jam improvisé sur l'air de God Save the Queen (l'hymne national pas les Sex Pistols, alors inexistants et jeunes enfants). On a continué avec Dig a Pony.

La confusion régnait d'abord dans les rues, puis, peu à peu, les gens ont compris qu'ils assistaient à un spectacle gratuit des Beatles et se sont rassemblés dans les rues. La police n'a pas aimé et a alors voulu intervenir craignant pour la sécurité dans les rues et pour le trafic qui se trouvait alors troublé. Les gens du studio Apple ont d'abord refusé des les laisser entrer sur les lieux, mais ont dû le faire, lorsque menacés d'être arrêtés, eux-mêmes pour entrave au travail des policiers. Les Beatles, bien qu'avisés de la présence des policiers ont continué à jouer.

Ils ont fait une seconde fois I've Got a Feeling. Et une seconde fois aussi Don't Let Me Down. Pour finalement clôturer avec une troisième et dernière prestation de Get Back, où Paul chante aux policiers, maintenant sur le toit, "You've been playing on the roofs again, and you know momma doesn't like it, she's gonna have you arrested" (toujours sur l'air de Get Back). À la fin du morceau, John dit au micro: "I'd like to say thank you on behalf of the group and ourselves an I hope we've passed the audition".

Toujours insolent JL.
L'invasion de coccinelles peut être un problème pour les toits.*

Aucune arrestation ne sera réellement faite.

U2, le 27 mars 1987, fait un clin d'oeil à ce spectacle sur le toit, faisant la même chose, mais sur le toit d'un magasin d'alcool de Los Angeles, y joueront 8 chansons, dont le clip de Where the Street Have No Name sera tiré.

Aucune arrestation ne sera faite là non plus, puisque la police était dans le coup** et qu'on avait annoncé ce spectacle à la radio quelques jours à l'avance. Ce qui avait attiré quelques 30 000 personnes.

Les Beatles, en septembre de cette même année 1969, seraient non publiquement séparés, mais séparés tout de même.

Même si Abbey Road paraît en octobre et Let it Be, l'année suivante.

Plusieurs fans et artistes leur rendent hommage ici et là, depuis.
Ce groupe restant historiquement phénoménal.

Et spectacle étant leur chant du cygne public.

Ils offraient leur tout dernier spectacle ensemble aujourd'hui, sur le toit du studio Apple, au 3 Saville Row, à Londres, il y a 50 ans.

*Tiens! Je suis insolent moi aussi...
** Dans le clip, la police joue les gros méchants, mais c'était voulu de la part de U2, défonçant volontairement le temps alloué au spectacle pour faire des images plus sensationnelles. La police se fâche parce que le groupe  ne cesse de coller sur les lieux. Tout est arrangé avec le gars des vues dans ce clip. 


mardi 29 janvier 2019

Nigauds Bêtas

J'étais alors en secondaire 1 ou 2.

11-12 ans. Peut-être 13, je ne sais plus.

Qu'est-ce que je me trouvais malin (clever)

Je découvrais la chanson Enola Gay de la formation Orchestral Maneouvres in the Dark. Duo britannique masculin.

"C'est l'histoire de deux gars qui essaient de scorer avec les filles" me disaient mes amis.

"Mais nooooooooooooooon!" que je leur disais. "Que pensez vous que sont leurs manoeuvres dans le noir à ces deux garçons? Elona c'est un annagramme de quoi? Alone! alone gay, gay alone. C'est un coming out déguisé!". Tous bien drapés dans le tapis poussiéreux de l'ignorance, mes amis réagissaient comme un public réagit à une conférence TED de nos jours. Dans un grand AAAAAAAAAAH! de public ébahi.

Mais voilà. C'était de l'ignorance crasse.

On avait pas de dictionnaire sur téléphone au début des années 80, on ne pouvait pas débullshitter rapidement les propos d'un quidam.

Quelques années plus tard, le rosé atteignait mes joues quand je découvrais que l'Enola Gay était le nom du bombardier qui a largué la bombe sur Hiroshima en 1945. Ce nom était celui de la mère du pilote, Enola Gay Tippets.

DUHHHHHHHHHHHH Jones!
No street creds.

燎燎燎燎燎燎燎燎燎燎燎燎燎燎燎燎燎燎

L'assertion que la frontière des États-Unis et du Mexique est une frontière "ouverte" est un leurre. Une fausseté. Un fait alternatif. Un mensonge.

Le président des États-Unis, Fox News et leurs dérivés sont colporteurs de cette fausseté.

La vérité est que la frontière est sévèrement contrôlée depuis plus de 50 ans. En 2000, c'était 1,6 millions d'immigrés illégaux qui étaient arrêtés à la frontière. L'an dernier, tout juste 400 000.

Comment les Républicains lisent-ils cette information?

Ils comprennent "ceci veut dire que davantage passent entre les mailles du filet."

Non.
Non seulement il y en a tout simplement moins, mais une large part des illégaux n'entre pas nécessairement aux États-Unis, illégal, elle le devient. Ils arrivent du Canada, du Mexique ou d'ailleurs, entre légalement, et choisissent de beaucoup étirer leur séjour (balisé dans le temps) ou de simplement ne jamais repartir.

Entre 2009  et 2014, les années Obama, ce sont plus d'un million de Mexicains qui ont même choisit le chemin inverse. Celui de retourner vivre au Mexique. QUITTANT LES ÉTATS-UNIS. 870 000 choisissaient de venir vivre au pays de l'Oncle Sam.

Un mur serait donc une forteresse pour les immigrés illégaux déjà à l'intérieur.

Les membres du Congrès issus du Sud des États-Unis, qui composent avec les réalités (pas les faits alternatifs) de la frontière depuis toujours, savent tout ça. Ils savent qu'un mur n'est pas une bonne idée. Ils votent tous contre. Républicains comme Démocrates. Ils ont des idées bien différentes que celles du Nord.

Parce qu'ils sont bien informés sur le sujet.

Je ne l'étais pas sur l'Enola Gay de 1983. C'était l'histoire de deux gars voulant conquérir des filles, oui, mais l'opération devenait une bombe nucléaire.

"a bomb" est aussi un projet qui fait patate en anglais.
L'idée du mur is a bomb.

La partie Nord des États-Unis, qu'on dit souvent "la partie éduquée" fait preuve d'une grande ignorance crasse. Nourrie par le président lui-même et ses bénéouiouis.

Make America Late Again

lundi 28 janvier 2019

S'en Tirer d'un Non-Événement Devenu Viral en Amérique

L'autre vendredi, un video a fait surface d'un jeune homme, Nick Sandmann, souriant face à un autochtone dansant et jouant du tambour tout en chantant.

On a tous eu l'impression qu'il se moquait de lui. Il en avait l'âge et la composition du visage.

Il s'agissait d'un groupe d'étudiants qui venaient de prendre part à une marche pro-vie, qui croisait la route de la Native American Indigenous Peoples March à Washington, D.C.

Très rapidement, l'attitude flairée a été condamnée sur toutes les stations télé, sur le net, le feu a carrément pris. Les administrateurs de la Covington Catholic School, duquel est issu Sandmann, se sont confondus en excuses et ont soulevé l'étude d'une possibilité d'expulsion de l'élève. Le maire de Covington, au Kentucky, a condamné publiquement ce comportement dégoûtant. Les journalistes télé et écrits ont vomi sur toute la génération. Nathan Phillips, l'autochtone en question a protesté que Sandmann s'était placé dans son chemin.

Puis, une fois l'incendie bien pris, on a commencé à y voir plus clair. Le feu de la vérité a exposé une différente lumière. Le flair n’était pas parfait.

Bien qu'il eût été vrai que les étudiants avaient pris part à une marche pro-vie, Phillips errait sur ce qui s'était passé. Sandmann ne s'était jamais dirigé vers lui, c'était plutôt Phillips qui s'était approché de lui et Sandmann, ne sachant trop quoi faire, s'est simplement mis à sourire. Conscient que la situation devenait cocasse.
Plusieurs caméras ont filmé ce que je vous raconte et on peut confirmer que Sandmann a été piégé.

Plusieurs, qui avaient déjà condamné, se sont excusé, d'autres ont multiplié les "NE CROYEZ PAS LES SPINS DOCTORS QUI TENTENT DE REVIRER LA SITUATION" sur le net. Quelqu'un a même tweeté "A-t-on déjà vu un visage d'ado plus frappable?"

La famille Sandmann a engagé une firme de relations publiques afin de défendre leur garçon. Il était de toutes les tribunes dès vendredi.

Mais rien n'était ni noir, ni blanc. Les étudiants scandaient des contre-chants aux autochtones, ce qui reste plutôt insultant. Monter sa radio afin d'enterrer la musique des autres est toujours une forme d'intimidation. Plusieurs imitaient les danses, non pas pour rendre hommage, mais afin de singer les autochtones. Nous étions très proche d'une foule de hooligans au soccer.

Passant étrangement sous le radar, et qui aurait dû commandé beaucoup plus d'attention, a été un groupe de protestataire de la Black Hebrew Israelites, un autre groupe religieux, insultait tous et chacun, en croisant les deux groupes, en criant aux autochtones qu'ils vénéraient les bisons et qu'un  bison mort n'aide personne, et en insultant les étudiants les qualifiants de fruits de l'inceste.

Les images télé nous montraient que la démonstration publique, les trois groupes, étaient minuscule. Pas vraiment 100 personnes. On parle de peut-être de quelques douzaines pour chaque groupe.

La confrontation était un étrange concours de fixation du regard, le premier qui rira aura une tapette.
Et là-dessus, l'autochtone a gagné.

Sur le net, l'étincelle de l'incendie était issu d'un compte Twitter appelé @2020fight, qui tweetait 41 fois ce vendredi-là sur ce qu'il appelait le "méga-loser".

On a cru que le compte était une mission Russe. Puis on a compris qu'il s'agissait du compte d'une (possible) enseignante de la Bay Area appelée Talia, utilisant la photo d'une modèle brézilienne comme avatar. Elle tweete en moyenne 130 fois par jour.

Est-ce un vrai compte? est-ce Russe? `130 fois par jour, elle est folle?
Est-ce important de le savoir?
Le poison circulait dans les algorithmes.

Ce ne fût pas des "fake news", mais posons nous la question. Si ce groupe d'ado avait été noirs, arabes ou hispaniques, les réactions et mises au point auraient été les mêmes?

Le momentum des images a emporté dans le caniveau la vérité.

Il fût un temps où tout ce qui sortait du net était accueilli avec davantage de suspicions.
Puis, le net s'est mis a sauver des vies.
Comme cette jeune arabe n'exigeant que d'être Femme libre.

Sandmann a eût les menaces de mort que Maxime Comtois avait eu des canadiens anglais.

On ne peut éviter une telle chose quand les images trahissent.

Et il n'est peut-être pas aussi innocent qu'il le prétend.
La jeunesse est vieille comme le monde.

Mais il n'y a pas que nos manières de penser qui changent.

Il y aussi maintenant nos manières de voir.

On ne saura jamais la vraie vérité vraie là-dessus.

Mais on sait que Phillips veut rencontrer Sandmann.

C'est déjà ça.