samedi 19 janvier 2019

Les Fins d'Eric & de Theresa

Deux carrières publiques ont plus ou moins pris fin cette semaine.

Commençons par la Québécoise.

Eric était un passionné de la télé. Il voulait tant y participer, qu'il y a...participé! D'abord comme concurrent dans des émissions de jeux télévisés. Il était poche. Le restera.

Puis, un jour, par force de persuasion et par un esprit combatif, il s'est niché dans une émission de fin de soirée très populaire, comme animateur de foule. Celle qui l'a engagé, est elle-même boulimique. Maladivement boulimique. Ces travers à elle ont donné confiance à Eric, qui se connaissait lui aussi quelques travers.

On le disait amusant. Il l'était. Il l'était tant qu'on lui donnera des suites dans ses idées. On lui donnera des shows télés. Qu'il animera avec une très certaine popularité. Une popularité qui en fera même une des personnalités de la télé d'ici les plus influentes en province.

Publiquement, on ne pouvait lui reprocher que des idées qui ne nous faisaient pas rire. Semblerait qu'en privé, son humour ne passait pas non plus.

Semblerait que le Eric privé et le Eric public eût été aux antipodes.

Celui que le public connaissait amusait en faisant le fou à la télé, en feignant l'alcoolisme en cuisine avec des invités, en produisant des émissions pleines de vacuités, mais qui faisaient écho à une certaine jeunesse, d'âge ou d'esprit.

Il régnait sur la télé québecoise et d'un point de vue public, il était difficile de l'associer à quelque chose de mal.

Puis, son ancien coiffeur, dans la foulée du mouvement #MeToo, a déballé son sac et a livré quelques confidences qui ne manquaient pas de nous changer l'image d'Eric.

Un pénis, celui d'Eric, brandi sur le bureau ou sur l'épaule d'une collègue. La phrase répétée jusqu'à épuisement à un jeune stagiaire "quand-est-ce que tu va me sucer?", l'humour grotesquement déplacé, qui jusqu'à maintenant, pouvait ne rester que dans le grave manque de jugement.

Combien de fois ai-je entendu "le cas de Salvail n'est pas à placer avec les autres, il manque simplement de jugement dans ses gags"?

Et je penchais presque dans cette direction. Mais cette semaine, on apprend qu'il est maintenant accusé d'agression sexuelle, d'harcèlement criminel et de séquestration.

Plus grave encore.
Rien n'est encore prouvé. Mais 11 personnes, en octobre dernier, ont avoué avoir subi ou été témoins de comportement à caractère sexuel lourdement déplacé de sa part.

"Il reviendra plus fort" disait de lui, une amie.
Je crois la chose impossible. Eric a vendu plusieurs de ses propriétés.
Je ne sais pas si il a aussi vendu ses deux condos, à quelques portes du nôtre, dans le Nord.

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En Angleterre, à l'automne 2017, on s'amusait de cette conférence de presse où rien ne semblait fonctionner pour Theresa May.

On en riait, nous, ici avec nos yeux d'Amérique. Mais là-bas, rien n'est drôle sur ce sujet. Le Brexit est une plaie pour le Royaume-Uni. L'Angleterre a voté pour se sortir de l'Union Européenne. Le diable est aux vaches. On doit divorcer, mais personne ne s'entend sur le comment.

Theresa a présenté un plan de sortie qui devait être accepté par la chambre politique. 432 ont choisi de rejeter son plan, 202 ont choisi de l'accepter. Une rossée. L'écart de 230 votes est le plus grave de toute la longue histoire de l'Angleterre.

Je ne crois pas que c'est comme ça que Theresa voulait passer à l'histoire.

Contrairement à Eric, les images de la dame, effondré moralement, c'est certain, m'ont fait pitié.

On se rappellera d'elle comme d'une pas bonne.

D'une multi-perdante. Échouant perpétuellement.

Pas super agréable comme souvenir collectif à laisser derrière soi.

Theresa tente un plan B. Mais elle ne connait pas la fin de cette fin qui ne veut pas finir.

Une chose semble toutefois clair:
Sa fin de carrière à elle semble tracée.

Elle sortira dans une lumière insignifiante.
Sur une musique de trombone comique.

Même si elle aura toutes les raisons de pleurer. 

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