lundi 30 novembre 2020

Aussi Bien Renseignés Que Sur Tout le Reste


 Ohlalala...

Ces ahurissants complotistes qui dansent dans les centre d'achats...

Quand crèvera cette baloune de misère intellectuelle? 

Les anti-masques se qualifient-ils ainsi? Dénotent-ils le lourd côté péjoratif du titre qu'on leur donne? Les complotistes se considèrent-ils complotistes? Comment font-ils pour basculer dans l'obscurité de la désinformation? Comment font-ils pour ignorer les morts et tout leur entourage, même élargi? 


Si ils tombaient atteints de la Covid, est-ce que la santé publique aurait le droit de refuser de leur attribuer des soins? Il faudrait, effectivement, les ficher de la sorte. Vous confondez votre inconfort avec de l'abus, vous croyez que le gouvernement veut vous avilir, donnons leur raison de se coucher satisfaits. Prenons leurs noms et fichons-les sous "à ne pas soigner si malade". 


Je déconne, bien entendu, je ne suis pas fasciste comme on suggère que le gouvernement ait envie de l'être, j'aurais pitié d'eux. Presqu'autant qu'en ce moment où se multiplient les fiers ignorants. 15 à 30 de ces zoufs ont, hier, manifestés fièrement devant une maison de Westmount, croyant que c'était la maison de Premier Ministre Legault. Leur spectacle, déjà minable, a pris la teinte de l'incroyablement nul quand ils ont réalisé que le Premier Ministre Legault n'habitait non seulement pas cette maison, mais ni cette rue et ni cette région. Les clowns dansaient pour les caméras et scandaient leur slogan à la con à des têtes dans des fenêtres interloquées, qui ne comprenaient pas beaucoup leur danse d'ahuris. 


Si au moins il pouvait neiger un peu de bon sens sur les têtes de ces covidiots. 

Ces abrutis croient dur comme fer, et là, je citerai leurs propres mots, que "...les universités et les écoles enseignent la science du mensonge dans un dressage citoyen visant à tester votre obéissance et éduquant à la docilité. Ne soyez pas des moutons et donnez tout votre cash* dans la fondation et faites vos propres recherches en tapant sur le web Cossette Trudel ou Stu Pitt et suivez les directives." 

Ça ce sont les mots "d'un citoyen souverain" ou si vous préférez, un narcissique. 


Je liberte, tu libertes, il liberte...

CHRIST! faut vraiment se frottez les yeux pour se convaincre qu'on ne rêve pas. La simple phrase "donnez toute votre cash" est issue des meilleures régimes autocratiques et des plus grandes dictatures mondiales. Premier drapeau rouge. Cossette Trudel...deuxième prise. Si vous cherchez son nom sur le net il ne sera relié à absolument rien de sain d'esprit. Il milite contre "la dictature sanitaire". Il accorde de l'espace public à Lucie Laurier. Il est un tel danger de communication qu'il a été banni de Youtube, et faut se rendre loin dans l'absurde pour être banni de Youtube. Vous pourriez être un fétichiste du portage de couche adulte en public et avoir votre chaîne Youtube, mais les idées d'Alexis Cossette-Trudel sont plus tordues encore. Facebook l'a aussi banni pour son association au mouvement tout aussi débilisant QaNon. Qui véhicule, faussement, ai-je besoin de le préciser, que le monde entier est contrôlé par un réseau pédophile satanique. 


Sa propre mère souhaite qu'il se "déprogramme l'esprit" car elle sait, et je la seconde, qu'il y a très certainement une intelligence derrière cet homme qui ne demande qu'à servir mieux que ça. Sa soeur a honte et a abandonné l'idée de le raisonner. Elle conclut avec la déduction logique que si elle souhaite réenchanter le monde, lui, en revanche, est déterminé à lui faire la guerre. 

C'est ce à quoi vous devriez penser en entendant un nom, maintenant platement sali, comme le sien. Que je ne tiens pas à répéter, trop vulgaire. 


Stu Pitt? je l'ai googlé. Page Youtube fermée. Page Facebook incohérente. J'ai pas continué à fouiller. En lisant quelques unes de ses tirades, j'ai vu qu'il se trompait partout. Croisant fruits et légumes avec forte insistance sur l'envie de brasser de la marde. On lui demande entre autre de cesser de crier dans ses vidéos. 

Stupide, oui. On avoisine. Ça se voit dans le regard. 

Prendre le risque de contaminer ceux que tu aimes c'est grave. Prendre des photos ou se filmer commettre des infractions, ça mérite l'abandon de traitements si ceux-ci tombent malades. 

Mais non, on personne ne fera ça. On ne laissera pas tomber les plus pauvres.

Si ces gens ne pouvaient que parler de sujets qu'ils maitrisent, ils ne diraient plus rien.

C'est fascinant ce que le vieux président orangé a décomplexé en 5 petites années...

C'est une grande misère de n'avoir pas assez d'esprit pour mieux parler, ni assez de jugement pour se taire. 

*comme dans toute bonne secte...

dimanche 29 novembre 2020

Dynamique de la Démonstration Publique


La semaine dernière j'ai vu des images qui n'ont pas décollées de ma tête. 

Je digérais mon souper sur le divan du salon dans un état semi-comateux. C'était les parfaites conditions mentales pour syntoniser TVA. Il y avait en ondes la version française de Ellen's Games of Games. 


Une série de jeux ridicules joués par des fans de son émission, de simples citoyens des États-Unis, ou des acteurs, ce qui expliquerait peut-être certains comportements douteux qui seraient aussi scriptés pour le bon plaisir du bon peuple Étatsunien, et qui font gagner de gros sous au final. Quelque chose entre 10 000$ et 100 000$, je ne sais pas je ne portais pas beaucoup attention. J'étais flabbergasté par l'idiotie de certains jeux. Ramper à plat ventre tâtant le tapis ou se tortillant afin de prendre le plus d'espace pour faire émerger une sorte de banc du sol, les yeux masqués, et ensuite réussir à être le premier ou la première assis(e) dessus comme dans un jeu de chaise musicale était un de ses jeux. Une femme a gagné cette épreuve. C'était vraiment trop con, je suis parti faire autre chose. 


Mais en repassant quelques minutes plus tard, la télé était encore ouverte, ne jouant pour personne. La même femme venait de gagner quelque chose de gros. Peut-être justement 10 000$. Je n'arrive pas à trouver les images sur le net. Mais elles sont gravées à jamais dans ma tête. Ça m'a hanté longtemps. Elle se tenait la bouche à deux mains de stupeur, ses yeux explosant de joie, n'arrivant pas à croire qu'elle avait gagné. Elle dandinait sur place, les genoux un peu par en dedans, comme quelqu'un qui aurait de la difficulté à contenir son envie d'uriner. On devinait qu'elle voulait dire OH MY GOD! 102 fois, mais gardait ses mains sur sa bouche comme si une langue de lézard menaçait d'en sortir. Puis, deux fois, elle a laissé une de ses mains sortir de devant sa bouche, et à 2 deux pieds, pas plus, de l'animatrice Ellen DeGeneress, elle l'a pointé. Comme une fan des Beatles dans les années 60. 


Je n'arrivais pas à comprendre ce geste. Le pointage. Double. Puis, j'ai compris. Surexcitée, elle est tombée comme dans un blackout mental se demandant si elle ne rêvait pas. Puis, pendant une fraction de seconde, son cerveau lui a rappelé qu'Ellen était bien là, à deux pieds d'elle. C'était une reprise de contact avec une réalité qu'elle n'avait jamais quitté. Mais sa manière de bouger restait si grotesque que les images de cette femme, à ce moment précis, me sont restées collées en tête toute la semaine. 


Ça m'a fait réfléchir aux Coréens du Nord. Nous trouvent-ils aussi ridicules à bouger comme ça que nous les trouvons ridicules à se donner en spectacle pour le bien du régime quand un leader, aussi ignoble soit-il, décède?  


Puis le coeur surcocaïné de Diego Maradona a lâché à 60 ans. Je ne vous ai pas parlé de lui à la fois parce que je savais que le monde entier le ferait, mais surtout par mépris général pour le soccer. Vous le savez, je n'aime vraiment pas ce sport. Au masculin. De toute manière, il y en a des millions qui l'aiment mieux que je l'aimerais. Le soccer n'est pas en reste d'affection. Ce qui m'a toutefois intéressé c'est cette manière de souligner la mort de leur héros, en Argentine. Ils ont chanté toute la nuit. Pas des chansons tristes, des chansons festives. Puis, au matin, ils ont marché en silence dans les rues. Comme si ils avaient vidé leur propre réserve d'énergie et que leurs chants de la nuit avaient portés Diego au ciel, maintenant devenu jour. Des corps fourbus, fatigués, dans le respect du silence des disparus. Je trouvais que c'était une belle démonstration publique de leur amour pour leur dieu biscornu. 

Ça m'a donnée envie d'Amérique latine, qui souffre autant que nous de vol d'identité par les Étatsuniens chaque fois que ceux-ci nous effacent en parlant de leur "America". 


Puis, jeudi après-midi, j'ai appris que notre ami Goyette était plus ou moins confirmé sur la voie des condamnés. 15 à 20% de taux de guérison complète. Les larmes m'ont poussé dans les yeux pour le reste de la semaine. Alors que j'avais annoncé au travail que je resterais jusqu'à 15h30 (je termine généralement à 15H, au bureau) J'ai plutôt quitté à 15h15, ne voulant pas me donner en spectacle devant les autres. C'est toujours étrange les dynamiques de la démonstration publique. J'ai pleuré un peu partout, en secret, tout seul. J'ai caché mes larmes et ma colère. 

Je ne suis pas de ceux qui favorisent l'importation de personnels dans un contexte de travail. Ni ailleurs que dans l'intimité. 

Mais je me suis senti comme cette femme au Ellen's Games of Games, en blackout mental. J'ai l'impression d'être dans un rêve moi aussi. Un très mauvais rêve.  

Moi. 
Alors imaginez lui, son amoureuse, ses enfants, ses soeurs, sa mère...

On est de tonnes à se monter une armée contre l'injustice de tout ça. 

On est dans le sable. C'est décourageant le sable. Rien n'y pousse. Tout s'efface. 

Mais il y a des horizons. Nous croyons aux horizons. 

samedi 28 novembre 2020

Huez Lewis & The News

1972.

Année de grands crus comme moi...

(humblement...)
Année de Ziggy aussi. 

Le chanteur/joueur d'harmonica Huey lewis a 22 ans. Sean Hopper, claviériste et lui, se lient d'amitié dans le band Clover qu'ils viennent tous deux, de joindre. Un band de jazz-funk. Le groupe a déjà deux albums quand Lewis & Hopper se joignent à eux. Ils en feront deux autres, ensemble, les deux en 1977. Bien qu'Étatsuniens, c'est en Angleterre qu'ils s'installent, afin de faire parti du marché musical de l'Angleterre. En effet, sans Lewis, le groupe entier sera le band de soutien d'Elvis Costello de son tout premier album. Pendant ce temps, Lewis joue de l'harmonica pour Thin Lizzy. Lewis jouera aussi de l'harmonica pour Nick Lowe, qui est celui qui les avait convaincus de venir en Angleterre. Mais à la fin des années 70, Lewis & Hopper reviennent sur la côte Ouest des États-Unis.


C'est là qu'il font la découverte du band de San Francisco, Soundhole. Bill Gibson, à la batterie, Johnny Colla à la guitare et au saxophone et Mario Cipollina, à la base deviennent des amis. Ceux-là, ont été le band de soutien de Van Morrison. Ensemble on choisit de devenir The American Express. Un single, une version disco d'une trame sonore épique, aura très peu d'écho, sinon aucun. En 1979, le guitariste Chris Hayes se joint à eux. Un gérant entre dans le décor et exige qu'on change le nom du band sous crainte de poursuites légales de la part de la célèbre carte de crédit des États-Unis. On devient alors Huey Lewis & The News, ce qui sera aussi le titre de leur tout premier album. Le succès sera limité. On produira soi-même le second album, deux ans plus tard, où une seule chanson les fait tranquillement, trrrrrrès tranquillement connaître un peu. 


Mais au troisième album, la chance leur sourit. Des conflits contractuels faisant tarder la sortie de leur troisième album fait lancer Sports, beaucoup plus tard que prévu et le timing est parfait. Le band a eu le temps, pendant le délai, de faire des tournées en autobus et de jouer dans les bars, et ainsi de faire circuler le nouveau matériel et les nouvelles chansons que les gens semblent apprécier. En effet, Sports vendra 10 millions de fois, aux États-Unis seulement. 4 singles feront mouche et l'âge d'or du videoclip les servira bien. 


On leur demande de fournir une chanson pour le film en cours Ghostbusters, mais le band est trop occupé en tournée et n'a pas le temps de s'y investir. L'équipe de tournage choisit alors de tourner en faisant jouer sur le plateau "I Want a New Drug". Ray Parker Jr est chargé de s'en inspirer. Mais il copie légèrement trop et le band le poursuivra en justice. Ça se règlera hors cour. 


La bataille juridique met toutefois en contact la formation avec les gens du cinéma et c'est par eux qu'ils décrochent la tâche de composer une ou deux chansons pour le film Back To The Future, en tournage aussi. Le groupe sera nommé au Oscars pour l'une des deux chansons. Lewis a même un petit rôle dans le film. Cette fois, ils ont pris le temps de s'y investir. 

En 1985, toujours, ils seront tous en studio pour la chanson We Are The World, Huey ayant une ligne à chanter en solo. 


Le band gagnera un Grammy pour le video de The Heart of Rock'n Roll en 1986. Ils devaient être de la distribution sur scène du spectacle à Philadelphie, dans la tournée USA for Africa, dont les profits devaient être versés entièrement à une fondation précise, luttant contre la famine en Éthiopie. Mais ce ne sera pas le cas. Le groupe choisit alors de se retirer du programme deux semaines avant la prestation. Ça leur vaudra des critiques, mais une enquête sur la gestion des profits de la tournée prouvera, deux ans plus tard, que la majorité de l'argent généré ne s'est jamais rendu en Afrique.  


En 1986, on lance un quatrième album dont le premier single sera un hit et le second, un titre signé Bruce Hornsby qui voulait les remercier d'avoir aidé à son premier effort à lui. Le troisième single sera largement discuté dans un chapitre du livre de Brett Easton Ellis, chapitre entièrement consacré à Huey Lewis & The News, American Psycho. Pas encore un film


En 1988, on lance un nouvel album, nettement plus faible. Depuis 10 ans, on ne cesse pas de tourner sur scène ou d'enregistrer en studio, en 1989, on prend une pause. Le nouvel album de 1991 sera plus R & B.  Ce sera leur dernier album de nouveau matériel avant une décennie. En 1994, on lance un album de reprises de chansons qui les ont toujours inspirés. 

Huey fera l'acteur chez Altman.     


Mario Cipollina quitte la formation le premier en 1995. Après la sortie de Plan B, leur 8ème album, Chris Hayes souhaite passer plus de temps auprès de sa famille et quitte aussi. 

Ils ne cesseront jamais de faire des tournées dans le plus pur amusement. 


Lewis, Hopper, Colla et Gibson seront toujours du groupe jusqu'à nos jours. Ce sont deux albums qu'ils lancent dans le relatif anonymat, en 2010 et à la dernière Saint-Valentin. Lewis est atteint d'une maladie de l'audition, le band doit maintenant cesser ses activités. 

40 ans après la parution du premier album de Huey Lewis & The News.  

vendredi 27 novembre 2020

À La Recherche Du Temps Perdu*****************L'Aveuglement de José Saramago


Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle de l'une des mes trois plus grandes passions sur terre, après toutes les autres, la littérature.


Lire c'est s'ouvrir au monde. C'est s'ouvrir à un monde. C'est découvrir et se découvrir. C'est apprendre, comprendre le monde différemment. Ou pas. C'est accepter de se faire bercer par un rythme qui n'est pas le sien. Par des idées qui ne sont pas les siennes. C'est plonger dans la poésie d'autrui. Pour moi, qui suis traducteur, c'est à peine travailler.

Lire c'est apprendre à respirer autrement. Et respirer, c'est vivre. 

L'AVEUGLEMENT de JOSÉ SARAMAGO


Un homme devient soudainement aveugle. C'est le début d'une épidémie qui se propage à une vitesse fulgurante à travers tout le pays. Saramago, prix Nobel de littérature de 1998, est Portugais, on imagine donc le Portugal, mais ça pourrait être n'importe où sur terre. Mis en quarantaine, privés de tout repère, les hordes d'aveugles tentent de survivre à n'importe quel prix. Seule une femme n'a pas été frappée par "la blancheur lumineuse" . Saura-t-elle les guider hors de ces ténèbres désertées par l'humanité?


Par cette simple prémisse, vous pouvez comprendre bien des allégories. Saramago était un brillant écrivain d'allégories. Il s'agit d'un livre de 1995, mais qui pourrait bien être un livre du mois dernier. Les aveugles, vous pouvez choisir qu'ils soient les trumpistes. Vous pouvez aussi choisir que ce sont les complotistes. Le livre offre aussi une sorte de pandémie croissante. Difficile de trouver livre plus actuel. 

Un peu comme Albert Camus, autre Nobel, dans La Peste, ce sont les humains, ainsi que leur déshumanisation qui est ici exposée. Comme souvent dans les oeuvres de Saramago, personne n'est clairement identifié. On parle de "la femme du docteur", de "la femme aux lunettes teintées" du "premier aveugle", du "voleur". Parce que la drôle de maladie rendant tout le monde aveugle fait ressortir des travers humains assez croches. Ainsi, très tôt dans le livre, un homme, aidant le premier aveugle, qui lui, était devenu aveugle au volant de sa voiture, l'escorte jusque chez lui, avant d'improviser en lui volant sa voiture, qui ne pouvait plus servir à un aveugle de toute manière. Raisonnement de bottines me direz-vous, mais voilà, cet homme devient lui aussi aveugle, peu de temps après, et chez les aveugles, ce qu'il y a de certain, ce sont bien qu'il y pousse des tonnes et des tonnes de raisonnements de bottines.    

Saramago était un grand écrivain , décédé en 2010, à découvrir si vous ne le connaissiez pas.

Un grand humaniste aussi. 

Le livre peut paraître intimidant car il y a des centaines et des centaines de dialogues mais ils ne sont pas isolés comme on le fait traditionnellement dans un roman. Chaque chapitre est une sorte de paragraphe dans lesquels sont greffés des dialogues. Du genre. 

L'homme lui dit de ne pas paniquer. Mais je ne panique pas moi, monsieur, je rationalise ce que vous ne rationalisez pas personne!. C'est injuste de voir les choses ainsi a répété le premier homme. Mais non, ce n'est qu'une impression que vous avez, et les impressions sont toujours fausses à mon égard.   


...et ainsi de suite, vous voyez le genre de structure. 

Ceci étant dit, l'exemple que j'ai donné n'est pas tiré du livre

Les phrases, espacées par des virgules, donnent une vive impression d'activités agitées et de panique montante dans cette société de plus en plus peuplée d'aveugles. 

La société cesse de fonctionner, menace qui a plané autour des États-Unis récemment. 


Saramago nous envoie des élans de poésie assez remarquables. Tristesse et espoir se côtoient. Certains moments, on se félicitent de ne plus voir certaines atrocités. Certaines autres fois, on réalise que voir, c'est indispensable. Le livre est aussi très drôle. 

Une splendide plume dans un livre tout ce qu'il y a de plus habituel.  Et qui ne pourrait pas être plus actuel. 

jeudi 26 novembre 2020

La Revanche de Bambi

Ceci est une histoire vraie. 


Prague.

Vlastimil Miliondemilsabor est chasseur. Il chasse le cerf de Virginie. Ce jour-là, avant-hier, il s'est rapporté à la police. C'était juste, pas juste. 

Après une longue journée à ne rien chasser, Vlast décharge son arme et la place en bandoulière autour de son épaule gauche. Son chien, Spagetka, pour sa part en avait eu pour son argent. Il avait couru comme un demeuré toute la journée, à l'affût d'à peu près tout. Même du rien. Il s'agitait la gueule ouverte et, comme les chiens le font souvent, se dressait les oreilles, en se fermant cette même gueule, le temps d'une pause, au moindre bruit. Le bruit du vent, en périphérie de Prague, dans les boisés où il était parmi de chasser, lui faisait se mettre au garde-à-vue presque toutes les 9 secondes. Vlast, immense fan de l'ex-hockeyeur Jaromir Jagr, dont il avait le même âge, arborait la même coupe de cheveux que celui-ci, dans les années 90, depuis les années 90. Il se passa la main dans la tignasse arrière au gré du vent qui fouettait ses joues. 


Soudain, Spagetka, qui courait principalement contre le vent et les feuilles jusqu'à maintenant et tentait de manger la neige qu'il faisait virvoleter en gambadant, courait cette fois en direction d'un véritable animal. Vlast ne l'a pas compris tout de suite sinon il aurait réagi. 




Et bien oui, ce que surprenait son chien était bien un cerf de Virginie! Le cerf, aussi surpris que cette bête à 4 pattes qui lui jappait dessus, coincé entre le chien et le chasseur, trouvant les crocs de Spagetka trop intenses, choisit le moins intimidant des deux adversaires et fonça sur le rond Vlastimil. Un cerf, ça peut choisir de charger. Ce que Vlastimil n'a jamais eu le temps de faire, charger son arme. Non seulement il n'a jamais pu le charger mais le cerf, avec son panache, a arraché toute sa manche gauche, qui contenait aussi la sangle tenant l'arme de Vlast. La sangle a fait quelques tours dans son panache et le cerf a pris ses jambes à son cou pour fuir dans les bois. Là où le chien ne se risquait plus, car le cerf était beaucoup plus haut. Spagetka ne pouvait pas le verbaliser autrement que par des jappements, mais il était intimidé, lui-même. 


Carabine en panache, le cerf déguerpi à toutes jambes, ce qui insulta Vlast, qui alla s'en plaindre à la police. "On m'a volé mon arme!, et...et c'est un cerf qui l'a fait..." Un autre chasseur l'avait aperçu au loin ne comprenant pas ce qu'il avait d'accroché au panache. Ça l'avait déconcentré et il en avait oublié de viser et d'abattre la bête. La police s'est bien moqué de Vlast et de son chien. 


Mais le cerf n'en resterait pas là. Réalisant ce qu'il avait d'accroché au panache, réalisant de plus, que la chasseur avait tout juste eu le temps de placer une balle dans le chargeur, choisit maintenant d'enfin s'émanciper pour vrai. Il quitterait pour l'Amérique. Après tout, c'est de là qu'était toute sa lignée, la Virginie. 


"ce con, avec son gun...oust!"

Mais en cargo, clandestinement, on ne choisit pas nécessairement le port qui allait nous accueillir. C'est à Montréal que la flotte fît escale. Le cerf se propulsa hors de sa cachette et fonça vers le centre-ville. Un lieu où des centaines et des centaines de triangles oranges excitait son imagination. À la hauteur de Ahuntsic, le cerf fût terrorisé par des dindons sauvages. Ça le fît bifurquer. Mais à la hauteur de Ville Saint-Laurent, ce sont des coyotes qui l'avait fait fuir vers le sud. Traversant le pont au galop, à la grande stupeur des automobilistes qui croyaient halluciner "Avait-il vraiment une carabine accroché au panache?". 

Longueuil. Aujourd'hui. 


Le cerf se retrouva au parc Michel-Chartrand,  où 14 cerfs pleuraient le deuil d'un des leurs, frappé par une voiture, le matin même. Mais il y avait plus. On lui raconta, les cerfs femelles, faisant même les yeux doux au bel étranger, que la ville, en consultation avec les responsables de la faune animale, avait pris la décision éclairée d'euthanasier les cerfs. Pour de multiples raisons, c'était la chose à faire. Mais une horde de citoyens, malgré les oeufs du matin, le jambon du midi, le steak du soir et le cuir tout simplement partout, avait choisi de se battre pour leur survie. 

Ça insultait en double le nouvel arrivant. 

 Non mais, non mais, non mais. 

"Don't shoot, deer!"

On voulait leur mort? Et on avait besoin de ses humains grisonnants pour se défendre? 

Non, merci. Ça se passerait autrement. Le cerf de République Tchèque, qui s'était vite adapté à ses contemporains d'Amérique du Nord, prit l'arme dans son panache et mis dans sa mire la silhouette bovine devant lui. 

"NON! NON! elle est de notre côté! il s'agit d'Anne-France Goldwater, une avocate en besoin de publicité. Elle milite pour notre survie! Elle ne sait pas ce qu'elle dit, ça nous aidera à survivre, un peu."

"s'tu...un gun?"

Le cerf de République Tchèque, qui reconnaissait plusieurs citoyens arborant la même coupe de cheveux que celle de Jaromir Jagr dans les années 90, cru reconnaître de multiples versions du chasseur à qui il avait dérobé l'arme en Europe. 

"À qui je fais sauter la tête en premier...?" dit-il assez fort pour que tout le monde l'entende. Personne ne savait qu'il n'y avait qu'une seule balle dans son arme. Mais pire encore, personne n'avait jamais su qu'un cerf pouvait s'exprimer dans en français. C'étair déjà un meilleur effort que bien des gens dans Ville Saint-Laurent. Si ils avaient su que le cerf était d'origine Tchèque, la stupeur aurait été triple,  Mais pour le moment, les mongols de Longueuil avait une arme qui pointait sur eux. Et tout le monde a pris ses jambes à son cou. En criant, parce que c'est connu, un cri, c'est une arme offensive aussi. Parlez-en à Maria Sharapova.  


Les cerfs ont tous éclaté de rire lorsque finalement laissée seuls entre eux.

"Mais vous savez qu'on va tous mourir ailleurs quand même, n'est-ce pas?"

"Ouais, mais probablement de manière plus lente..."


"...et plus souffrante"

"Stressé(e)s, c'est certain"

Quelques 8 cerfs femelles avait jacké leurs brassières et enligné de leurs yeux de flirts le bel étranger. Anne-France Goldwater roucoulait. 


C'était le début d'une belle aventure. Fallait bien en tirer le mieux qu'on pourrait en tirer.

Un porc tout près posa la question à son ami porc:

"Où sont ces cons pour nous? Nous sommes 7 millions promis à l'abattoir, ça fait presque un porc par citoyen, ici, où sont ceux qui nous défendraient?"

"La madame, là-bas, en toge, peut-être" a dit l'autre. 

mercredi 25 novembre 2020

Gazelles Pourchassées


De n'importe quel angle on peut regarder cela, le bateau nous protégeant de la CoViD-19 prend l'eau. En Alberta, ça explose. Au Saguenay, ça explose. Aux États-Unis, avec un président en mode boudage et abandon de ses responsabilités, le pays s'efface dangereusement. 


Le Premier Ministre Québécois nous dit qu'on aura droit à seulement 4 jours en famille, à 10, dans le temps des fêtes, mais son Responsable de la Santé Publique le ravise et on nous dit qu'il ne faudrait que s'en garder 2 rassemblements du genre. Aux 2 jours. Le Premier Minus Truffion Ministre Trudeau, a repris son ton Shakesperarien pour nous parler de l'hiver qui s'en vient. Il a, au contraire, souhaité que tout le monde fasse dans le très intime, pour la survie humaine canadienne. La famille directe, ceux qui vivent en tout temps sous vos toits. Rien d'autre. 

Du drame, du drame, du drame. The Phantom of the Opera is heeeeeeeeeeeeeeeeeeeere.


Les CoViDiots foncent dans une épicerie de Québec, armés de leurs faces sans masques, pour magasiner leur manger mou. Ils se disent que tout le monde va l'attraper tout de même et que ça ne fera que nous rendurcir et et que ce ne sera pas si grave au final. Que ce n'est pas pire qu'une grippe. Mais on peut aussi être tout simplement très très fatigué de vivre comme on le fait actuellement, et tout simplement ne plus vouloir raisonner. C'est très possible. 


La fatigue pandémique n'est pas secrète. Et très certainement compréhensible. Ne serais-ce que chez les infirmières (D'ABORD), les médecins, les responsables de la santé, les ambulanciers, les travailleurs de la santé, ils font actuellement tout ce qu'ils peuvent et d'abord et avant tout, risquent aussi leur propre vie en travaillant. Leur fatigue est très réelle. Les parents qui jonglent avec des horaires soudainement atypiques, des bureaux, soudainement à la maison, les enseignants qui sont cul-par-dessus-tête avec l'adaptation scolarisée, car ce n'est plus de l'école complètement, c'est de l'adaptation scolaire. Les psychologues qui doivent composer avec toutes sortes de réactions démultipliées. Les services de garde qui doivent expliquer les masques et le danger aux plus jeunes, risquant leur vie aussi. Les restaurateurs et les artistes, à peine la tête hors de l'eau. Sans parler des comportements agressifs que ça génère un peu partout. La fatigue est vraie. Et partout.


Pire encore, des gens qui ont surtout fait très attention ont QUAND MÊME attrapé le virus ce qui désespère même les plus optimistes. La vigilance devient sèche. C'est devenu très difficile de continuer ainsi pour certains. Est-ce votre cas? Et bien vous n'êtes pas seul(e). Nous combattons une guerre avec le vent contre nous. Et y a même des soldats Ducon qui se portent volontaires pour se battre d'idées là où ce n'est franchement pas nécessaire. Nos cerveaux n'ont jamais été formatés pour un scénario pandémique. 


Des choses terribles sont toujours arrivées aux gens. Mon ami Goyette vit cette chose en ce moment même sur sa propre santé. Comme tout animal, le "courage" soudain est d'abord instinct de survie. Nos corps encaissent, en sourdine, un stress immense. Pensons à la gazelle pourchassée par le guépard dans la savane africaine. Si la gazelle survie à une telle pourchasse, sera alors activé un système de défense intense. Ses pupilles se dilateront. Son coeur battra la chamade. La pression sanguine sera soudainement très très élevée titillant le système nerveux qui vibrera de toutes ses cordes. Une fois en sécurité et sauvée, elle relaxera, mais dans un scénario où la pourchasse ne cesse jamais, la gazelle est perpétuellement stressée. L'Homme est un animal comme les autres. En gardant des taux élevés de cortisol et d'adrénaline, nous sommes des gazelles en ce moment. La surcharge que notre système nerveux soutient est tout simplement non naturelle. Peu sont construits pour pouvoir maintenir la chose. 


Et il ne s'agit pas que de la pandémie elle-même, mais de l'effet domino de tout ça. Tomber malade en ce moment est une loterie qu'on ne veut pas jouer. Goyette est dans cette mélasse de merde. Aux États-Unis, si vous êtes noirs, au Québec, si vous êtes autochtones, ou tout simplement humains, vous avez connu des derniers mois très bouleversants. Aux É-U, la démocratie en soi est menacée chaque matin que leur bon Dieu leur offre. 


Il est possible que vous pensiez que de voir votre famille à Noël, vos amis dans un resto, est la chose morale à faire. Il est aussi possible que vous pensiez que ce soit votre "droit". C'est aussi un danger. 

Le gouvernement Québécois annonce la fermeture des commerces jusqu'au 11 janvier 2021. 


Pourquoi le 11? Pour ne pas nous décourager. Vous vous rappelez de la date de fin du dernier défi 28 jours? C'était lundi. Les couleurs de région, rouge, orange, jaune, vert, les dates butoirs, c'est devenu vague. 

Sujet à des modifications quotidiennes. Les instabilités du genre, ça use aussi.

La fatigue est très réelle. 

Prenez soin de vous. Au pluriel.  Prenons soins de nous. Au pluriel.