vendredi 15 mars 2024

Générationalités

Je suis de la génération X.

Celle qu'on a aimée enfant, mais qu'on a trouvé plutôt encombrante quand est venu le moment de travailler puisque certaines de nos mamans avaient attendu longtemps pour la même chose, mais surtout, parce que nos parents avaient 40 ans quand nous avions l'âge de vivre post universitaire, comme travailleur. Et étions trop souvent surdiplòmés, ce qui intimidait tout employeur. On a été étiquetté X parce que le No Future de Johnny Rotten c'était aussi nous par ici. Y a fallu s'en tricoter un quand même. Envers et contre tous principalement. Nos profs nous disaient ne soyez pas préssés de vous rendre sur le marché du travail, personne ne vous attends. À moins de vouloir travailler au service de vos parents.

Mais je dois avouer que d'étudier ceux d'avant, et ceux d'après, ça nous as ouvert les esprits et nous as forcé à comprendre les deux générations là où celles-ci ne se sont jamais tellement forcés à le faire pour nous. Quand les boomers veulent quelque chose, ce qui arrive souvent, on comprend pourquoi. Quand les Z ou les milléniaux s'expriment, on finit par les comprendre aussi. On est le parfait jambon dans le sandwich générationnel. 

En allant aux États-Unis, où les années 50 semblent toujours à deux ans de nos jours, on a été étonné de se trouver un hôtel abordable très près de tout . Mais bon, il transpirait 1953 de partout. C'est ça quand on prend  du "moins cher". Notre hôtel se vantait d'avoir le chromecast dans la chambre. Mais celui de notre chambre ne fonctionnait pas. Il a fallu que j'appelle au "front desk".

La voix qui m'a répondu m'a semblé être si vieille que j'ai pensé au valet dans Twin Peaks. L'homme semblait si vieux, vous m'auriez dit qu'il était vétéran de la Guerre Civile de 186X que je l'aurais cru. Je lui ai dit que notre chromecast ne fonctionnait pas. Il a fait une pause en ligne qui m'a laissé croire qu'il ne savait pas du tout de quoi je parlais. Ce qu'il m'a confirmé presqu'aussitôt. J'aurais pu dire un mot inventé qu'il aurait été aussi confus. "Notre Beboptwinkleship ne fonctionne pas". Le pauvre ainé m'a demandé si j'appelais de l'hôtel où nous étions. J'ai failli lui dire que non, nous appelions de notre salon, venez vous aider, j'appelle tous les hôtels qui doivent s'y connaitre en chromecast,...pour lui beurrer son absurdité sur le nez, mais je me suis retenu, oui, chambre 237, lui ai-je finalement dit. Il a confessé ne pas savoir ce qu'était un chromgas (sic) et qu'il allait nous envoyer un "plus jeune".

Oui, plus jeune de quelques mois. Celui qui est venu devait avoir au moins 70 ans. L'àge de mes parents. Il m'a regardé, moi, 52 ans, comme si je devrais savoir quoi faire avec la technologie. 

Un instant. À 52 ans, j'ai été à l'école sans jamais toucher à un ordinateur. En 1991 n'y en avait qu'une ou deux dizaines à l'université pour des centaines et des centaines d'élèves, il fallait réserver nos places des semaines à l'avance, places qui étaient chronométrées, et parfois, c'était si mal géré (à la main et au téléphone) que notre place avait été donnée à un(e) autre. On ne se faisait pas chier avec ça. Nos profs nous donnaient le choix de livrer nos devoirs à la main, à la dactylo ou tiré d'un ordi personnel qui avait une imprimante. Ceux qui avaient ordi/imprimantes chez eux étaient des zillionnaires. J'ai été diplômé universitaire en 1994, sans vraiment toucher aux ordis. Ça m'a toujours nuit par la suite. Mais bon, la techno, a toujours été forcée sur moi. Me suis forcément adapté.

L'homme de 70 ans, Burt, (on ne s'appelle pas Burt si on a pas l'âge de Sesame Street) était de la génération du "j'y connais rien mais je vais m'essayer". Tout de suite en le voyant, je lui renvoyais le même visage condescendant qu'il m'offrait (la condescendance on l'a sentie toute notre vie, les X, la sentons toujours) en me disant, O.k. on a pas besoin de faire ça, je me doutes bien qu'il a déjà entendu le mot chromecast mais si je n'arrive pas à résoudre le problème moi-même, il n'y arrivera pas non plus. 

Il entre dans la chambre et s'assoit sur notre lit, un peu trop à l'aise selon moi, ses pieds ne touchaient pas au sol et il avait un coude sur le matelas, presqu'étendu devant notre télé. Manette en main. L'amoureuse a eu peur qu'il se glisse sous les draps et s'est cachée dans la salle de bain. Il pèse alors sur plusieurs boutons de la manette. Je n'y crois pas. Je lui dis que j'ai essayé et qu'aucune réaction ne se produit. Il me répond fièrement qu'il faut quand même essayer. J'ai le temps de penser, et bien oui, ouvrons aussi la fenêtre et partons la douche, peut-être que tout ça est branché ensemble. 

Il finit pas dire "il y a ce plus jeune qui entre travailler bientôt on pourra lui demander"

Je lui répond "ok, je semble être le plus jeune de toute manière et si je n'y arrive pas..."

Il ne me laisse pas finir et me précise "...c'est un millénial"

Oh! J'ai espoir. Je n'achètes presque plus en ligne quoi que ce soit depuis qu'Amazon m'a volé 222$, un traumatisme dont je ne me relèverai jamais. Je fais acheter par mon fils de 24 ans ou guidé, main dans la main par lui. Je crois au millénial, né avec Youtube, le web et le téléphone sans fil. 

Une heure plus tard, l'homme me rappelle. Fâché. Il travaillait pour remplacer ce millénial dans la première partie de son quart de travail, mais ce petit con ne s'était pas présenté pour travailler la suite. Comme il le faisait trop souvent, paraît-il. Quand ça ne lui tentait juste pas, il n'entre tout simplement juste pas travailler. Je lui ai confirmé, c'était bien un millénial. 

Puis, l'amoureuse s'est finalement rendue compte que le fil du chromecast n'était tout simplement pas branché. 

Nous sommes bien, des X.

La génération la plus cool ever quand même. 

jeudi 14 mars 2024

Lee Hazlewood

Né le 9 juillet 1929 à Manford, en Oklahoma, Barton Lee Hazlewood a grandi dans une famille de musiciens. Son père, ingénieur et électricien aimait gratter la guitare et jouer du violon. Sa mère était chanteuse de country. Cette immersion précoce dans la musique a façonné la passion de Lee pour l'art sonore. Très jeune attiré par la musique, Hazlewood était fasciné par la musique country, le jazz, le blues, le bluegrass et adolescent, il compose déjà des morceaux, développant rapidement de nouvelles techniques et un style. Après ses études à l'école secondaire, et un passage militaire dans la Guerre de Corée, il quitte l'Oklahoma pour Phoenix, puis, Los Angeles dans le but précis d'y faire une carrière musicale.

Il y travaille d'abord comme DJ en Arizona, avant d'enregistrer ses chansons à lui, en Californie. Elvis bouleverse le monde musical, un nouveau monde se dessine. À 27 ans, il signe un premier hit. Mais c'est Sanford Clark qui l'enregistre. La chanson devenant #1 sur les palmarès country établit Hazlewood comme un auteur recherché et aussi un producteur studio intéressant.     

Mais ce sera dans les années 60 que Lee fait vraiment sa marque dans l'univers musical. Ils s'associe au guitariste Duane Eddy, avec lequel il co-écrit. Il écrit pour Dean Martin et produit pour la fille de Dean. En 1966, il a déjà 4 albums, et son partenariat avec Nancy Sinatra, pour qui il co-compose un gigantesque hit, en plus de produire son premier album, fait beaucoup vendre son dernier effort. Il enregistre avec elle un de ses morceaux qu'il offrait la même année sur son disque à lui, avec Suzi Jane Hokom.  La collaboration avec Sinatra débute quand son père à elle, Frank, demande expressément de la guider dans une carrière musicale. C'est Hazlewood qui suggère à Nancy de ne plus chanter comme une gentille jeune fille, mais de viser les conducteurs de camion comme auditoire. Elle parlera de lui comme moitié Pygmalion, moitié Sigmund Freud. 

Il lui écrit de nombreux morceaux et on leur prête une glauque liaison amoureuse entre trop vieux et moustachu et jeune blonde aux jupes trop courtes, mais cette relation amoureuse n'existe que dans les fantasmes des autres. Reste que Hazlewood lui écrit de l'épicé. Enregistre avec Ann Margret et participe à un spécial télé appelé Movin' With Nancy, nourrissant du même coup les rumeurs qui courent. Il écrit le #1 de Frank & Nancy, en 1967. L'unique #1, aux États-Unis, père-fille. Lee écrit la chanson thème du film The Last of the Secret Agents, qui sera chantée par Nancy, qui y tient aussi un rôle. Nancy chante aussi ce que Lee écrit pour un film mettant en vedette Frank Sinatra. Il écrit pour ce dernier. Un morceau dont Paul Shaffer se sert de l'ouverture afin de faire un segment de l'émission de Late Night With David Letterman dans laquelle il est leader du band maison.

1967 lui est si bonne comme année qu'il fonde sa propre étiquette. Gram Parsons y fera ses débuts. Hazlewood est un artiste et pas tellement homme d'affaires. Son étiquette en souffrira. Il joue un rôle secondaire dans un film de Richard Quine. Il a peur que son fils soit recruté pour le Vietnam et veut éviter de payer trop de taxes, maintenant qu'il fait beaucoup d'argent. Il déménage en Suède où il écrit et anime un spécial télé. Un album en naîtra. En Suède il y fait musique et y passe pas mal le reste de sa vie

Semi retraité dans les années 70 et 80, et presque reclus, un côté culte se développe autour de son oeuvre et de sa personne. Primal Scream, Nick Cave, The Jesus & Mary Chain, Dean & Britta, Beck, diront tous avoir été beaucoup inspirés d'Hazlewood. Dean & Britta ne peuvent pas le cacher.   

En 2006, il chante sur le premier album solo de l'Allemand Bela B. Ses derniers enregistrements sont faits en Islande

Sur son dernier disque, sa petite fille Phaedra, baptisée ainsi en hommage aux paroles d'un de ses meilleurs morceaux, l'accompagne assez justement.

Il est confirmé atteint d'un incurable cancer rénale qui vient à bout de lui deux ans plus tard. En août 2007. Il avait 78 ans. 

Il aurait eu 95 ans cet été. 
Ce bon vieux cowboy psychédélique. 

Sacharrin underground.

Culte moustachu. 

mercredi 13 mars 2024

Une Fille au Bar un Lundi Soir

(À C.S.) 

Sabrina habitait dans un appartement tout près du bar. Le Crumb Ostrich Jump Bar. Le COJB. Quand Spike l'a appelé pour remplacer Spip à a dernière minute sur le poste du soir, Sab, qui avait demandé plus d'heures de travail, a tout de suite dit oui. C'était un lundi de toute manière, ce serait peu occupé.

Et bien non, il y avait quand même pas mal de monde. Majoritairement mâle. Sab n'était jamais inquiétée par les gars du COJB. C'était des saoûlons sans goûts mais aussi sans malice. Et sans couilles. Des lâches parmi des plus lâches encore. Pas des déséquilibrés de la société mais des égarés errants. Donc Mickaelski, un régulier, qui venait la voir au bar pour lui acheter une dizaine de jetons. 

Contre un peu de monnaie, au COJB, on pouvait demander des jetons au bar et y acheter des jetons pour jouer au DJ de l'endroit. Mickaelski était un fan de Nickelback. Sab lui avait donné 10 jetons et il annonçait fièrement que le prochain 40 minutes serait Nickelback 10 fois. Un album au complet. En l'annonçant haut et fort il savait qu'il allait écoeurer les autres gars dans le bar qui ont vivement réagi en entendant son choix. Certains se sont levés pour l'empêcher, mais il était trop tard, il avait eu le temps d'insérer les 10 jetons et d'appuyer sur les 10 morceaux. Les premiers accords se sont fait entendre. Au grand dam de tous. 

Un d'entre eux l'a saisi par derrière et l'a pris au cou comme pour l'étrangler.

"VOUS!... Vous n'allez pas l'étrangler quand même ?!" s'est écriée Sab. 

"Non, on veut juste l'endormir" a dit celui qui l'étouffait. Et effectivement, Mickaelski a perdu connaissance. Ils l'ont laissé sur le sol. Indécrottable Nickelback  pour trop longtemps encore, en trame sonore. 

Aussitôt une femme est entrée pour dire à Sabrina que des comiques jouaient au dard avec un couteau sur le côté du building du bar. Quand Sab est sortie, Chicoine, Pepin, Jolin et Nadeau, tiraient tour à tour une sorte de couteau contre le mur de côté du bar, afin de voir si il pouvait y rester planté. Ils rataient leur coup chaque fois, ce qui fait que le mur de bois était maintenant troué un peu partout.

"HEY! ARRÊTEZ ÇA TOUT DE SUITE !" a crié telle une institutrice Sabrina.

Ils ont ri. Ont continué. "Pepin l'a eu tantôt!" a justifié l'un d'eux. "Y a de la bière en jeu" a ajouté Jolin. Sab a eu un éclair de génie. 

"Il y a de la potée ici aussi essayez de le planter dedans d'où vous êtes" dit-elle en pointant plus près d'elle. Ils ont mordu. Chicoine a lancé le couteau dans sa direction, a raté la potée, elle s'est empressée de saisir le couteau et leur a confisqué à leur grande déception. Ils ont réagi comme des élèves de 4ème année se faisant retirer leurs pétards à mèches.

En rentrant dans le bar, il y avait Mickaelski étendu au sol, ça ne faisait pas sérieux pour quelqu'un qui aurait voulu entrer au COJB. Elle l'a aspergé d'eau, il s'est ranimé s'est insurgé d'avoir manqué plein de Nickelback. Il s'est engueulé avec ceux qui ne voulaient pas de Nickelback pour le reste de la soirée. Sab avait trouvé ce lundi soir plus occupé qu'anticipé finalement. En marchant vers chez elle, au retour, une voiture s'est arrêté à sa hauteur, une femme au volant s'est adressé à elle. 

"Salut ! Vous connaissez le coin ? Je cherches ma femme" a dit la femme au volant.

"Non je me promène, j'habite beaucoup plus loin"

"Je commences à être certaine qu'elle me trompe, mon repère GPS semble me dire qu'elle serait dans le secteur"

"Tromper ? Ta femme te tromperais ? Laisses-moi entrer sur la banquette arrière, on va trouver cette pute ensemble, je connais bien le coin"

"Mais...tu venais de me dire que tu ne connaissais pas le coin ?"

"Je ne savais pas si je faisais la rencontre d'un tueur en série"

"Mais...mais je suis une femme"

"Ce n'est pas parce que 99% des tueurs en séries sont des hommes qu'on ne peut pas tomber sur une tueuse en série, tourne à gauche"

"OH! là! c'est ici, elle est dehors, je reconnais sa robe, sa belle robe!"

"OH la salope ! une belle robe ! pour séduire ! tires-lui ce couteau !" lui dit Sab qui était fatiguée. 

"Pas besoin, elle vient de me voir" Sa femme s'est penchée sur sa fenêtre qui s'ouvrait.

"Mais qu'est-ce que tu fais ici?" lui a aussitôt dit celle qui était recherchée. 

"Qu'est-ce QU'ON fait ici, tu veux dire" a corrigé Sab, sur la banquette arrière. 

Saisie, la femme recherchée s'est adressée à elle, surprise: "Mais qui êtes vous ?"

"Je ne faisais que prendre une marche, j'aidais dans les démarches, fais comme si je n'y étais pas" a répondu Sab.

"Elle est ici pour m'aider à te retrouver !! " a dit celle qui conduisait "Tu me trompes avec cette pute du marketing !"

"Tu me niaises tu ?" s'adressant maintenant à Sab : "Est-ce que ma femme vous as dit qu'elle est si possessive qu'elle ne me laisse jamais voir mes amies, ce qui fait que j'ai envie de voir mes amies, tout le temps ?!"

"Je te laisses sortir mais t'es pas obligée de le faire avec celles qui sont en amour avec toi tout le temps !"

"Ah ben oui ! Pam, Sam, Melanie, Hélène, sont toutes en amour avec moi ?"

"Mélanie est littéralement ton ex!

"De l'école secondaire ! on a 36 ans !"

"Fais juste entrer dans la voiture, on pourra parler de tout ça à la maison...". Ce que madame fît.

Sab était épatée. 

"Wow! c'est le lundi soir le plus surexcitant que j'ai jamais vécu, je devrais maintenant peut-être penser à revenir chez moi" elle tenta de sortir de la voiture mais la porte resta barrée. Elle s'en étonna. La voiture se mit en marche.

"Ouin...ben justement à ce propos..." dit la conductrice.

"Qu'es-ce que vous voulez dire ?" di Sab.

"On est des tueuses en séries" dit l'autre.

Sab s'est esclaffé "Aaaaaah! donc tout ça...? mise en scène ?  oh que vous m'avez eue!"

"On est le 1%!" a dit la conductrice, coquine. 

Sab est passée de la banquette arrière au coffre. Puis du coffre au lac. 

Sabrina Castellinni (1988-2024)


mardi 12 mars 2024

Petit Meurtre Entre Choisis

En 1960, ici, à Las Vegas, Claudine Longet, 18 ans, danse dans un spectacle de Folies Bergères. L'animateur télé Andy Williams, la remarque avec attendrissement. La version romantique veut que lorsqu'elle tombe en panne, il l'ait rencontré par hasard en lui offrant son aide, mais la vérité serait plus près du projet de quelqu'un suivant de manière crapaude une personne qui l'intéresse.

Williams, 32 ans, se la choisit comme épouse, un an plus tard. Ils auront trois enfants, ensemble. Dont le dernier, sera appelé Robert de leur amitié avec le sénateur Démocrate Robert Kennedy. Leur proximité est telle que le soir de l'assassinat de Bobby, ils sont sur place. 

Et le pleurera aussi sur place le jour de son enterrement, parmi les invités.

Claudine, par les contacts de son pygmalion de mari, obtient des rôles à la télévision. Elle charme tout le monde. Elle participe aux émission de son chum, et en 1966, à 24 ans, de nouvelles portes s'ouvrent à elle quand elle chante une version française d'un désormais classique de bossa nova d'Antonio Carlos Jobim.  Elle endisquera souvent et avec pas mal d'exotiques succès. 

Elle fraie parmi les élu(e)s.

En 1968, aux Olympiques de Grenoble, Spider Sabich, jeune skieur de 22 ans, des États-Unis, impressionne. Il sera champion skieur en 1971 et en 1972. Beau garçon, il est choisi par plusieurs compagnies pour être leur porte-parole. Avec eux, il gagne plus de 100 000$ par année dans les années 70. Il se blesse et doit ainsi se réajuster. Il s'installe à Aspen, au Colorado. Pour se rétablir, mais aussi, presque surtout, pour faire la fête. Sabich est dans la vingtaine. 

La même année, Claudine Longet, 26 ans, est choisie pour jouer avec Peter Sellers dans la comédie à succès The Party.  Immense succès populaire.

Aspen est un quartier de privilégiés. Depuis 1975, Claudine Longet est divorcée d'Andy Williams. Entre privilégiés, on se fréquente. Sabich fait la rencontre de Claudine. Ils se plaisent. Deviennent partenaires amoureux. Mais rien n'est rose dans le couple. Le 21 mars 1976, elle le tue d'une balle. Elle est arrêtée et se défend en disant que la balle est partie toute seule alors qu'il lui montrait comment s'en servir. Mais tout contredit cette thèse. La balle lui est tiré dans le dos. Et à près de 6 pieds de distance. Tout le procès sera catastrophe pour la justice. Elle prétend que le couple allait bien, tous les proches et son journal intime soulignent le contraire. On trouve de la cocaïne dans son sang. Mais voilà, la saisie du journal, la prise de sang pour le test de drogue, sont fait sans mandats. Irreçevable en cour. De plus, la scène de crime est contaminée quand tout le monde touche au fusil. 

Claudine, armée d'un bon avocat de la défense, reçoit une sentence bonbon de 30 jours de prison pour négligence criminelle. 30 jours qu'elle peut servir quand ça lui plait, afin d'être en mesure de voir ses enfants qu'elle a en garde partagée d'Andy. Elle fera la majorité d'entre eux les week-ends. 

Elle refait sa vie avec son avocat de la défense, qui la choisit au détriment de son propre mariage. Et leur voyage de vacances ensemble fait un peu de mauvaise publicité à tout ça. Mais on efface vite mentalement ceux qui savent se faire oublier (savent Guy Cloutier, Gilbert Rozon, Eric Salvail, Guy Turcotte...). 

Ils sont toujours amoureux de nos jours. Et à Aspen. 

Ce sont des privilégiés.

Tout leur est pardonné et permis.

Même quand les jeux sont faits. 

lundi 11 mars 2024

Le Flamingo Hotel

Le Flamingo Hotel de Las Vegas est l'un des hôtels les plus emblématiques de la ville, avec une histoire riche et colorée qui remonte aux premiers jours de l'industrie du jeu dans le désert du Nevada. Ça commence avec un projet immobilier dans lequel est impliqué le mafieux Benjamin "Bugsy" Siegel, gangster Étatsunien. 

Assez vite, Bugsy s'impose et, the mafia way, s'empare de l'ensemble du projet.

Projet dans lequel la Mafia ne tient pas à investir plus que 2 millions. Dans les années 40, Las Vegas n'est pas du tout développé comme maintenant. Mais c'est une ville en plein essor en tant que destination de jeu de hasard. La ville attire des visiteurs du monde entier. Siegel, visionnaire et ambitieux y voit un potentiel énorme dans là où il sent une pleine croissance. Il veut faire du Flamingo un hotel-casino grandiose qui deviendrait le joyau de Las Vegas. Comme la Mafia le faisait à Cuba dans les années 50. Avec l'aide de ses associés, principalement Meyer Lansky, argentier et mafieux du clan Luciano, il fait réaliser des travaux qui dépasseront beaucoup les coûts estimés initiaux. 

La construction se fait sur la Strip de Vegas où nous logeons en ce moment même. Les obstacles se multiplient. Les dépassements et les retards sont nombreux. Siegel sera sous pression de toutes parts. 

L'ouverture est retardée à maintes reprises. L'impatience et l'explosion des coûts font fustiger les créanciers.

Enfin le 26 décembre 1946, le Flamingo Hotel est ouvert au grand public, mais il n'y aura pas grand public. La météo est atroce et tout n'est pas prêt complètement. Les fêtes du jour de l'an seront aussi affectées, dès la fin janvier, les pertes sont si grandes, il faut déjà fermer. C'était un moment historique pour Las Vegas car on promettait le premier hôtel de luxe pour le jeu de la ville. L'architecture était impressionnante, avec les flamants roses emblématiques et ses jardins luxuriants. L'intérieur était tout aussi spectaculaire avec des lustres étincellants, des tapis moelleux et une ambiance de glamour et de sophistication. 

La rumeur grandissante de l'assassine Mafia gravitant autour de ça a aussi freiné bien des curieux. Siegel est liquidé chez lui trois mois plus tard. Son cadavre exposé en une des journaux irréfléchis. On changera de propriétaire. On changera souvent de propriétaire. Et on remet sur pied. L'hôtel devient un des hôtels les plus célèbres de Las Vegas. 

Au fil des décennies, on rénove beaucoup et l'endroit reste une destination prisée pour les visiteurs. Nous le visiterons. L'hôtel est présenté dans plusieurs films, plusieurs émissions de télévisions et est même mis en musique quelques fois, ce qui lui a conféré une place spéciale dans la culture populaire. 

De nos jours, Le Flamingo Hotel continue d'attirer les curieux avec son mélange unique de glamour vintage et de divertissement moderne. Avec ses restaurants de renommée mondiale, ses spectacles captivants et son casino animé, il reste un joyau du Strip de Las Vegas, rappelant l'époque dorée de la ville et l'héritage de Bugsy Siegel.  

En 2019, nous sommes aux États-Unis, ne voulons pas le vivre, une fusillade a éclaté dans le casino du Flamingo Hotel blessant deux personnes. Le tireur a vite été maitrisé par les gens de l'hôtel. Un renforcement de la sécurité sur le Strip a depuis été inculqué. 

4 ans avant, un incendie s'est déclaré dans une chambre de l'hôtel. Les dommages matériels ont été plus importants que les incommodé(e)s. On a tout maitrisé et les activités n'ont aucunement cessé. 

En 2003, d'importantes tempêtes de pluie ont provoqué des innondations qui ont aussi causé des dommages dans les espaces publics et les chambres. L'hôtel a dû temporairement fermer. 

On ira voir si il n'y traine pas des traces de mafia du passé. Ne serais-ce qu'en images. Et si il n'y en a pas, on la personnifiera. 

Donc...adieu ?

dimanche 10 mars 2024

Mes 9 Merveilles du Film

C'est ce soir la remise des Oscars, remise officielle et suprême du cinéma, largement majoritairement Étatsunien. 

Mais il y a ouverture.

Un film Coréen a gagné l'Oscar du meilleur film il y a 4 ans et cette année, Past Lives, The Zone of Interest, Poor Things et Anatomy of a Fall ont tous des intérêts étrangers, mais ont aussi une part de financement en provenance des États-Unis, sauf Anatomy of a Fall, qui est produit par l'Allemagne et la France. 

Il y a d'ailleurs incohérence. Pourquoi Anatomy of a Fall n'entre pas dans la catégorie du meilleur film étranger tandis que The Zone of Interest qui a de la production britannique et polonaise, mais des États-Unis aussi, s'y trouve ? 

J'ai toujours eu principalement 8 catégories d'intérêts pour les Oscars qui étaient les 4 catégories d'interprétation, le film, l'histoire, le brio de la réalisation et de la cinématographie. Mais je me vois forcé d'en rajouter une autre: L'histoire adaptée d'un autre médium. 

Ces films ont tous leur mérite, mais allons-y avec ce que j'ai envie qui gagne et pourquoi.

Meilleur film:

10 choix c'est beaucoup. Mais cette année, contrairement aux années précédentes, il s'agit de 10 films que j'ai franchement envie de voir, si ce n'est pas déjà fait. J'en aurai vu seulement 3, mais compte tous les voir d'ici peu. J'ai vu Barbie, Oppenheimer et Maestro. J'aimerais beaucoup que The Holdovers gagne. J'aime Alexander Payne depuis longtemps, Paul Giamatti aussi, et j'ai moi-même un scénario de gens forcés de rester ensemble durant le temps des fêtes en raison d'une tempête de neige. Très hâte de voir ce film. Mais hâte de voir tous les autres ayant l'impression d'avoir vu les trois possibles plus faibles. 

Meilleure réalisation:

Justine Triet pour Anatomy of a Fall, Martin Scorsese pour Killers of the Flower Moon, Christopher Nolan pour Oppenheimer, Yorgos Lanthimos pour Poor Things et Jonathan Glazer pour The Zone of Interest sont candidats nommés. Scorsese a déjà eu sa statuette, Nolan a souvent été nommé mais n'as pas gagné, ça risque cette fois d'arriver, mais j'aimerais bien voir une femme ou quelqu'un d'étranger gagner le trophée. Triet est femme et Française. Lanthimos est Grec. Glazer, Britannique. J'aimerais beaucoup que ça tombe dans les mains de Justine.

Meilleure actrice dans un premier rôle:

Annette Benning pour Nyad, Lily Gladstone pour Killers of the Flower Moon, Sandra Hüller pour Anatonmy of a Fall, Carey Mulligan pour Maestro et Emma Stone pour Poor Things sont les nommées.  Puisque Stone a déjà eu l'honneur pour La La Land, j'aimerais bien que ce soit quelqu'un d'autre comme Sandra ou Carey. C'est peut-être aussi l'année d'Annette. Lily serait une belle surprise. Mais vous savez quoi, ce sera fort probablement Emma encore. Elle semble fameuse, simplement dans la bande annonce.

Meilleur acteur dans un premier rôle:

Bradley Cooper pour Maestro. Colman Domingo pour Rustin, Paul Giamatti pour The Holdovers, Cillian Murphy pour Oppenheimer et Jeffrey Wright pour American Fiction sont les nommés. Mon coeur pencherait pour Giamatti, mais je ne serais pas fâché que Wright ou Murphy l'emporte. Voilà 2 acteurs que j'aime beaucoup dans tout ce qu'ils font.

Meilleur acteur dans un rôle secondaire:

Sterling K. Brown pour American Fiction, Robert DeNiro pour Killers of the Flower Moon, Robert Downey Jr pour Oppenheimer, Ryan Gosling pour Barbie et Mark Ruffalo pour Poor Things sont les nommés. Mon vote irait à Sterling K. Brown. Que ma conjointe découvre dans This Is Us, en ce moment. Et qui n'est pas fâcheux dans le peu que je vois de lui en passant dans le salon.

Meilleure actrice dans un rôle secondaire:

Emily Blunt dans Oppenheimer, Danielle Brooks pour The Color Purple, America Ferrera pour Barbie, Jodie Foster pour Nyad et Da'vine Joy Randolph pour The Holdovers. Mon vote irait pour Emily dont j'ai toujours aimé le travail mais je ne serais pas fâché que ce soit une des autres, sauf Jodie qui a largement été aimée dans sa carrière. 

 Meilleur scénario original (une de mes deux catégories favorites, j'en suis diplômé):

Justine Triet & Arthur Harari pour Anatomy of a Fall, David Hemingson pour The Holdovers, Bradley Cooper & Josh Singer pour Maestro, Samy Burch & Alex Mechanik pour May December, Celine Song pour Past Lives. J'aimerais bien que ces soit une des trois femmes,. Je reste toujours impressionné qu'un film ne soit nommé pratiquement qu'uniquement que dans cette catégorie comme le film signé Burch & Mechanik mais Hemingson serait aussi un choix qui me plairait beaucoup. Ce serait mon vote puisqu'il a tout fait tout seul. (Mais Celine aussi pour une narration moins neuve)

Meilleure scénario adapté d'un autre genre:

Cord Jefferson tiré du livre Erasure de Percival Everett pour American Fiction, Greta Gerwig & Noah Baumbach d'après les personnages créés par Ruth Handler pour Barbie, Christopher Nolan tiré de la biographie American Prometheus: The Triumph & Tragedy of J.Robert Oppenheimer de Kai Bird & Martin J.Sherwin pour Oppenheimer, Tony McNamara adaptant le roman Poor Things d'Alasdair Gray pour le film du même nom et Jonathan Glazer pour l'adaptation de The Zone of Interest tiré du roman de Martin Amis du même nom sont les nommés. J'adore Amis, je ne serais pas fâché qu'il gagne. Mais honnêtement, j'aimerais aussi que Barbie gagne, pour fermer les gueules des cloches et eunuques mondiaux. J'aimerais aussi que Justine gagne ce qui serait peut-être son seul Oscar, au final. La vérité est, dans les catégories du meilleur scénario, peu importe qui gagne, c'est toujours l'amateur de films intelligents qui gagne 5 à 10 fois. Parce que ces films sont intelligemment racontés. 

Meilleure cinématographie:

Edward Lachman pour El Conde, Rodrigo Prieto pour Killers of the Flower Moon, Matthew Libatique pour Maestro, Hoyte van Hoytena pour Oppenheimer, Robbie Ryan pour Poor Things sont les nommés. La photographie d'un film peux être si magique que tout l'expérience en sera transformée. À la fois parce que je veux prêcher pour ma paroisse, pour mon sang, et porter l'attention sur les histoires autochtones, mon vote irait à Rodrigo Prieto que je crois capable de fameux beauty shot sur le dur sujet dont traite Scorsese. Une histoire tristement vraie.

Et que je voudrais que tout le monde puisse mettre les yeux sur des sujets autochtones du genre, même si horribles.

Parce que le cinéma est aussi mémoire. 

Bons Oscars à ceux et celles qui l'écouterons ce soir.