dimanche 6 juillet 2025

Nuit des Mouches à Feu

Aujourd'hui je vous parle d'un peu de rien. Et de tout en même temps. 

L'amour.

C'est jamais acquis. Ça se bâtit.

Ça pourrait même être considéré parfois, un luxe.

Vous croyez qu'il existe une bonne part d'amour présentement dans la garderie qui contrôle les États-Unis ?

Je regarde nos styles de vie, l'amoureuse et moi, et c'est fou parfois comment on arrive tous deux dans le même état de décrépitude mental et physique en fin de journée, 5 fois par semaine. Je commence mes journée à 5 heures tous les matins et on travaille d'arrache-pied au boulot dans une entreprise qui a croissé de 42% depuis le 1er janvier dernier. On est toujours 6 au bureau. 7 depuis jeudi. Reste qu'on travaille comme des forcenés. À 15h, quand je reviens du travail, dans un toujours surprenant trafic, je dois désormais me garder à disposition un energy drink car il m'arrive de dangereusement m'endormir. Même si j'écoutes d'intéressantes choses issues de mon téléphone, à la radio.

L'amoureuse est planificatrice financière et ses clients sont extrêmement riches. En temps normaux, c'est déjà intense en permanence. Voilà une clientèle qui ne se fait pas dire non souvent. Ils ont beau savoir qu'on est en vacances, en France, ils vont vous textez pour vous demander quelque chose, s'excusant de vous déranger. Alors, la semaine vers 19, 20h, essayer de rejoindre ma conjointe, c'est monnaie courante. Comme ses clients lui rapportent gros, et qu'elle est généreuse et appliquée, elle se donne à fond tous les jours et revient, elle aussi, passablement crevée, la langue au sol, 5 jours par semaine. Travaillant même certains samedis. 

Pour nos enfants, ce sont deux parents qui arrivent dans le même état de fatigue extrême dans la même maison. C'est un modèle qui leur montre des parents travaillants, mais je leur dis souvent, ce n'est pas le modèle nécessairement à suivre. On aura seulement une vie. Il ne faut pas se la torpiller de bombes intérieures. De chandelles qui ne font que se consumer.

L'amoureuse et moi, on est tous deux de la génération X. On a pas complètement choisi là où on travaille. On a été davantage été choisis. Je suis si fier de mes deux enfants qui ont choisi là où ils travaillent. Respectivement comme paramédic pour notre 26 ans et comme radiologue, pour notre 22. Ils sont tous deux en couple et l'amour exulte de leurs relations. J'aime penser que si on leur montre l'exemple de ne pas se ruiner la santé au travail et de se choisir la seule vie qu'on aura, à notre goût. on leur a aussi peut-être montré un amour partagé sur le respect de l'autre, l'honnêteté et, je crois, les bonnes valeurs.

Ce sont des petites fleurs pas chères que je nous lance, mais bon, quand je me compare parfois, je me console. Et je trouve que ces fleurs là sentent bon dans une saison qui me fait éternuer trop souvent. 

Bien entendu, ce type de fatigue pour nous deux amène son lot de stress importé d'ailleurs. Mais aussi qu'on s'impose. Qu'elle s'impose. Stress auquel se rajoute, le stress d'un départ d'une semaine à Québec pour l'amoureuse, le dernier anniversaire de notre 26 ans fêté à distance pour elle, le déménagement de notre fils avec sa copine d'ici 2 semaines. Et physiquement, l'amoureuse a des petits bobos assez encombrants. Elle sent qu'elle a parfois 80 ans. Et la charge mental s'alourdit quand on écoute les nouvelles à la tivi. 

Si bien qu'elle était au bout du rouleau vendredi dernier, préparant ses bagages pour Québec, tout en signant la carte de fête que notre fille et moi remettrons à Monkee d'ici jeudi. Étant reine de la conjugaison du verbe falloir elle a parlé du chlore dans la piscine. Tâche qui m'agresse, parce que je dois entièrement me changer (le chlore décolore le linge) et cuisiner mes granules dans l'eau chaude, mais bon. L'amour c'est aussi les autres. Il donne et ne demande pas. 

Pour calmer le stress un peu inutile de madame, j'écoutais une liste de lecture de 1977 de mon téléphone qui a fait jouer Solsbury Hill de Peter Gabriel. Et des ami(e)s nous avaient envoyé des vidéos des spectacles du FEQ de jeudi. Pour la brancher mentalement sur autre chose que le stress qu'elle se plaçait sur les épaules, j'ai pris son téléphone et j'ai placé le morceau de Peter Gabriel et Hazard de Richard Marx sur sa liste de lecture de chansons préférées. 

"Ooooh! bonne idée ! c'est des bonnes chansons que j'aime ça..."

Changement d'émissions mentales, elle passait d'un état à un autre. Ne serais-ce que momentanément. Et pour un moment, je l'ai vu dans ses yeux, elle m'a trouvé beau. De savoir quoi lui faire quand elle dérivait dans les eaux du stress.

En mettant du chlore dans la nuit chaude, je croyais voir des étincelles tellement j'étais fatigué, mais non. C'était des mouches à feu. Beaucoup de mouches à feu. Qui sont un peu comme ces pointes d'amour qu'on se distille un peu tous les jours. C'est beau les mouches à feu. Même si si furtif. Et n'existant que la nuit.

C'est beau l'amour. 

C'est jamais acquis. 

Ça se bâtit.  

Mais les mouches à feu sont aussi en péril

Aucun commentaire: