mardi 30 juin 2020

Ton & Musique Des États-Unis

"Il détestait profondément les États-Unis" faisait dire l'auteur anglais John LeCarré de son personnage d'espion russe inflitré "Bill Haydon" dans son livre d'espionnage de 1974, Tinker Taylor Soldier Spy. "Ça a rapport avec l'esthétique, avec ce que les États-Unis dégagent" disait l'espion pour expliquer sa haine des É-U. "Pratiquement une question de morale" poursuivait-il.

C'est bizarrement ce qui m'est passé par la tête dans les dernières semaines, cette haine des États-Unis de la part de cet espion, qui devient pour moi, Québéco-canadien, mon sentiment envers la Chine, peu à peu.

Avec la mort de George Floyd, depuis 2016, la beauté des États-Unis en prend pour son rhume.
Dans le roman de LeCarré, l'espion qui le coince, George Smiley et le coincé, Bill Haydon, savent tous les deux que la politique n'est qu'un filtre des vraies motivations. Instinctivement, le mépris subtil caché chez cet homme de classe sociale supérieure, de grande culture, cet homme éduqué, cet Européen est la musique qui compose les airs de son esprit. Il déteste viscéralement les États-Unis. Si tant, que ça le rend aveugle face aux atrocités soviétiques qui sont souvent bien pires. Et gouvernementales.

Les réflexions anti-Étatsuniennes de LeCarré de 1974 sont aussi pertinentes de nos jours qu'elles l'étaient il y a 46 ans. À l'époque, c'était Richard Nixon le chef d'orchestre. Aujourd'hui c'est Donald Trump, une caricature de ce que Haydon méprisait le plus, effronté, étouffant, désobligeant, riche, et au pouvoir.

C'est difficile de pas penser qu'il ne s'agit pas d'un moment unique aux États-Unis. Citoyens du monde non-Étatsunien, nous sommes habitués de lire et entendre des gens qui détestent les États-Unis, les admirent et les craignent, parfois tout ça en même temps. Mais avoir pitié des États-Unis?
Ça c'est nouveau.

Les États-Unis, contrairement au passé, ne ressemblent en rien à ce pays qu'on voudrait aujourd'hui devenir, pays auquel on voudrait adhérer ou encore pays qu'on voudrait imiter. Le Brésil le fait et le Brésil se meurt de la Covid.

Par le passé quand les É-U. étaient vulnérables, Washington s'en sortait admirablement. On rebondissait fièrement. La musique des États-Unis tonnaient partout dans le monde. Mais rebondir maintenant semblent beaucoup plus difficile. Une nouvelle puissance mondiale (la Chine) fait trembler les É-U avec une arme que même les anciens Soviétiques n'ont jamais possédé: la destruction économique.

La Chine, contrairement aux Soviets, peut offrir la richesse, la ferveur et les avancements technologiques. Peut-être pas au même niveau que les É-U., mais ils peuvent le promettre. Le rêve "américain" devient cauchemar. Si les États-Unis ont déjà eu la famille Kennedy ou Rockeffeler à offrir comme modèles, de nos jours on expose  avec fierté les familles Trump ou Kardashian. Vivant sous l'oeil constant de la caméra, nous offrant continuellement les défauts de conceptions et les contradictions de ce qu'ils représentent.

Le dysfonctionnel de ces deux familles est désormais le ton du pays.
Largement dysfonctionnel. Ce qui précipite son déclin.
La dominance culturelle, sociale et économique des États-Unis est à la fois la force du pays et sa plus grande faiblesse. On les scrute de partout. On ne peut pas, PAS les voir. Et la laideur du pays est aujourd'hui JAMAIS calmée par le président mais toujours plus amplifiée.

L'époque couvre quelque chose de grave. Mais quoi? on ne le sait pas encore. On le sait mais on en ignore les conséquences.
Les protestations civiles en faveur des humains à la peau noire, le déboulonnement de statues, l'échec absolu de la lutte contre le Covid-19, surviennent tous en fin de premier mandat pour le président Trump. Le plus chaotique, méprisé, et non respecté président de l'histoire moderne des États-Unis. Et après? il y aura quoi?

Dans le livre de LeCarré, Smiley écoute patiemment ce que l'espion russe coincé lui crache. Il réfléchit que ce n'est pas la musique qui l'agace, mais plutôt le ton.

Le monde regardant les États-Unis peine aussi avec le ton et non la musique. Comment ne pas penser qu'un autre président aurait réagi au traitement génocidaire contre les Ouïghours en Chine?  À l'annexion de la Crimée par les Russes? ou contre les régimes meurtriers au Moyen-Orient?

La réponse du président Trump au meurtre de George Floyd a été si inexistante que peu se rappelle si il a seulement réagi. C'est un noir. La famille de Trump est notoirement raciste. On ne s'attend plus à rien de lui sur le sujet.

La musique des États-Unis a été défiée par le passé. Les autres pays n'ont pas suivi le rythme dans la Guerre du Vietnam, en Irak, dans les échanges commerciaux, sur les changements climatiques. Parfois le ton et la musique ont, ensemble, aliéné le monde entier, sous George W. Bush entre autre. Sous Bush, il n'a jamais caché qu'il existait une chanson de l'occident et que les paroles devaient être composées à Washington. Même si on les volait d'une thèse universitaire.  Mais aujourd'hui, personne n'entend de compositions de D.J.Trump. Seulement le beat insolent de l'intérêt personnel.

Si les États-Unis ne sont plus la supériorité morale, ne reste-il plus que l'équivalence morale?

L'Union Soviétique a survécu la famine, la terreur, les meurtres de masses par milliers. Peu importe les récentes faiblesses Étatsuniennes, rien aux États-Unis ne se comparent aux horreurs soviétiques. Avec Pékin qui prend des otages pour faire valoir ses intérêts, qui surveille et intimide chacun de ses citoyens, qui génocide les Ouïghours, qui emprisonne quiconque dans le doute, on voit le président dire en entrevue que Poutine et les Chinois ne sont pas si mal. Il y a des assassins aussi aux États-Unis. Et des injustices.

C'est sa vision de l'équivalence morale.

Ce type de cynisme a toujours été dénoncé par les É-U. "Toutes les sociétés sont corrompues et ne pensent qu'à leurs intérêts" était un raisonnement de non professionnel de la politique. Tiens... DJT n'est justement pas un professionnel de la politique...

Les relations internationales sont aujourd'hui une transaction en faveur des États-Unis. Rien d'autre.

Le G7 de Septembre voyait Trump vouloir inviter l'Inde et la Russie aussi. Il veut offrir un concert de huées à la Chine avec le plus de voix possibles. L'Angleterre et le Canada, l'Allemagne aussi ont refusé le One-Man show de Trump.

La Grande Dépression, le Vietnam ou le Watergate, les É-U. ont toujours rebondi. Parce que des hommes de grandes statures étaient chef d'orchestre. Mais là on a deux hommes de plus de 70 qu'on ne peut même pas sortir comme on veut. Soit parce qu'ils sont trop cons, ou trop vulnérables au Covid-19. Ou les deux.

Difficile de faire confiance en un "leader" ambivalent sur la brutalité policière, le racisme, la misogynie, la pauvreté, la violence, la justice, l'accès aux fusils.

Partout dans le monde, ce qui est bon et ce qui ne l'est pas est nettement plus clair dans chacun des dossier énumérés. Pas chez l'oncle Sam.

LeCarré était légèrement anti-Étatsunien. Mais comme nous tous, il était incapable de ne pas regarder le gros accident que sont les États-Unis.

Il ne détournait pas les yeux de la fascination.

En les États-Unis, on voit tous ce que nous sommes dans une forme extrême, plus violente et libre, riche et répressive, belle et si laide.

Mais comme LeCarré expliquait sa fascination pour les États-Unis,
on aime pas trop regarder longtemps.

Car c'est nous qu'on y voit.



lundi 29 juin 2020

Brie Larson

Brianne Sidonie Desaulniers a un père franco-manitobain peut-être même d'origine Québécoise puisqu'il se prénomme Sylvain. Elle sera d'ailleurs d'abord élevée en français. Ses deux parents sont chiropraticiens homéopathiques et lui feront l'école à la maison. Ce qu'elle leur reconnaît comme une splendide décision lui permettant de s'ouvrir sur des milliers de curiosités. Elle a une soeur au nom très Québécois de Mylaine.

Toutefois, en ne côtoyant principalement (elle ira finalement à l'école aussi) que sa famille, elle développe une anxiété sociale importante.

Vers l'âge de 6 ans, tournant des films avec ses cousins/cousines, elle fait le choix de devenir actrice. Elle sera prise dans un conservatoire de théâtre de San Francisco, enfant. C'est aussi enfant qu'elle fait sa première apparition télé chez Jay Leno, en 1998. Elle a 8 ou 9 ans. Quand elle a 7 ans, elle est traumatisée par la séparation des parents. Vivant avec sa mère et sa soeur, ils iront vivre à Los Angeles dans un miteux appartement, mais faisant de leur mieux pour s'en sortir.

Comme son nom de famille devenait imprononçable pour la plupart, elle le change pour Larson, qui est le nom de l'une de ses grands-mères d'origine suédoise et aussi le nom de famille d'une poupée Nord-Américaine qu'elle aura, toujours enfant.

Elle sera des séries télé Touched By an Angel, Popular, mais surtout Raising Dad, une série qui ne fera qu'une seule saison. Elle travaille pour Disney et dans plusieurs petits films merdiques.
Elle auditionne mais perd le rôle de Wendy au profit de Rachel Hurd-Wood en 2003 pour le film Peter Pan de P.J. Hogan. Elle choisit alors d'écrire et enregistrer une chanson, la musique étant un médium qui l'intéresse depuis ses 11 ans. Tommy Mottola, lançant Casablanca Records, signe ses deux premiers artistes musicaux qui sont aussi des actrices: Lindsay Lohan et Brie Larson. Deux ans plus tard, un album est lancé. Elle sera d'une tournée avec Jesse McCartney. Mais les ventes d'album et l'exposition dans les radios restent minimes. Mais comme elle veut jouer de la guitare et porter des espadrilles et que la compagnie exige surtout des talons hauts, des cuisses, du moulant et des cheveux blonds dans le vent, elle ne s'en fait guère avec ce type de carrière.

En 2006, elle sera du film Hoot, à propos d'un groupe de jeunes voulant sauver les chouettes.  Et ensuite a un rôle secondaire dans un film de Jess Manafort. Elle fonde un magazine d'art et de littérature. Elle auditionne beaucoup mais perd plusieurs rôles qui la décourage. Elle n'est pas choisie pour jouer dans Thirteen ni dans Juno, rôles auxquels elle tenait beaucoup. Elle considère alors quitter la profession et devient DJ pendant un temps.

Sa vraie percée se fait avec la série de HBO The United States of Tara, où elle incarne la fille de Toni Colette, un personnage aux prises avec un trouble dissociatif d'identité. Elle sera Kate Gregson de 2009 à 2011. Elle sera des moments les plus comiques d'un film avec Rooney Mara. Elle sera toujours comique dans House Broken et une jeune fille populaire dans Just Peck.

Elle fera du théâtre en 2010 puis tournera un petit rôle sous la houlette de Noah Baumbach. Elle joint aussi deux passions dans Scott Pilgrim Vs The World. Elle y joue avec la délicieuse formation canadienne Metric. Elle joue l'ado troublée d'un policier corrompu dans Rampart. Elle choisit de oc-scénariser et de tourner. un court-métrage. Elle gagnera un prix du jury au Festival de Sundance avec ce court-métrage. Le film suivant dans lequel elle joue sera une catastrophe, mais un succès populaire la garde dans les bonnes grâces des agents de casting. Elle reviendra au court-métrage. Elle sera d'un épisode de la série télé Community. On la remarque surtout dans Short Term 12 de Destin Daniel Cretton. Elle sera minimale dans des films tournés avant, Don Jon et dans The Spectacular Now. Dans The Gambler, c'est avec Mark Whalberg qu'elle travaille.

2015 la propulse littéralement. Le premier de trois films lui fait jouer Max dans le majoritairement improvisé Digging For Fire. Puis, elle joue la soeur du personnage joué par Amy Schumer dans la comédie à très gros succès, Trainwreck. La même remarque revient toujours, elle crève l'écran toutes les fois et est largement sous-utilisée dans les films.

Pas dans le suivant. Elle incarne Ma, une jeune femme kidnappée, séquestrée dans un cabanon, violée et devenue mère d'un enfant du viol pendant des années dans Room. C'est là que je la découvre pour la première fois. Elle y est si formidable qu'elle raflera l'Oscar de la Meilleure Actrice, le Golden Globe du même genre, un Actor's Guild Screen Award et un BAFTA de la même catégorie pour sa performance hors du commun.

Elle sera du fou film Free Fire. Elle sera aussi de la franchise des King Kong. Elle se lie d'amitié avec Samuel L.Jackson sur le tournage. Elle revient tourner sous la direction de Destin Daniel Cretton. Le terrible Basmati Blues, tourné presque 5 ans plus tôt, est lancé sur la base du fait que le nom de Larson fait vendre. Pas vraiment le cas pour ce film. Elle est écartée du projet de Miguel Artega sur une artiste obsédée par les licornes, mais quand le projet tombe à l'eau, elle le récupère et le tourne elle-même. Avec elle dans le rôle qu'elle voulait. Le film est vendu à Netflix et bien que peu populaire, on lui reconnaît un talent de réalisatrice.

Elle prend un an sabbatique avant de revenir sur grand écran. Elle réapparait dans un court-métrage. Elle sera la capitaine Marvel dans les films de la franchise de Marvel.

Elle collabore une troisième fois avec Destin Daniel Cretton pour Just Mercy. C'est là que je la remarque pour la seconde fois. Épaté par toutes ses présences, même minimes.

La semaine dernière, en écoutant l'épisode 8 de la saison 4 de la série Community, j'ai eu le même coup de foudre que toutes les fois précédentes, qui était cette jolie version d'une plus jeune Jenna Fisher?

Oui, encore Brianne Desaulniers.

Fameuse surprise.

Elle est formidable.
Réfléchie et brillante, comme elle a des idées, de la gueule, ne se laisse pas marcher sur les pieds et refuse de n'être qu'un corps à dénuder ou à investir sur grand écran, elle a de très nombreux détracteurs dans la misogyne Amérique du Nord.

Je l'aime beaucoup. Parce que Femme Libre. Ça ça insulte les eunuques.

Dans sa vie privée, elle fréquente le chanteur de la formation musicale Phantom Planet.

Très impliquée, elle ne se gêne pas pour utiliser sa tribune publique pour faire passer ses opinions. Une belle fille, ça dérangera toujours.

Dérange-moi si t'en a envie, Sidonie.

dimanche 28 juin 2020

À La Recherche Du Temps Perdu***************La Ville & Les Chiens de Mario Vargas Llosa

Tous les mois, dans les 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans les 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parle de l'une de mes trois grandes passions: la littérature.

Lire c'est s'immerger dans un nouveau monde, un pays, dans la tête de quelqu'un, c'est s'offrir le luxe d'explorer de nouvelles idées, de confronter les siennes, d'apprendre.

Lire c'est un peu beaucoup mon métier (de traducteur). Je ne réalises pas toujours à quel point je lis tout le temps. Ce n'est pas tout le temps travailler pour moi. C'est un prolongement de mes poumons.

Lire c'est apprendre à respirer différemment. Et respirer, c'est vivre.

LA VILLE ET LES CHIENS de MARIO VARGAS LLOSA

Le tout premier roman du Prix Nobel de littérature de 2010, La Ciudad y Los Perros, devait d'abord s'appeler La Demeure du Héros. Mais le jeune Mario, alors âgé de 22 ans, n'est pas satisfait. Il change pour Les Imsposteurs. L'auteur Péruvien se rend à Lima et en discute avec son ami critique littéraire José Miguel Oviedo qui est emballé par son roman. Llosa l'a écrit entre 1958 et 1961. Oviedo lui suggère La Ville & Les Nuages en faisant allusion au brouillard qui envahit souvent la côte où se situe le collège militaire dont il est question dans le livre.

Llosa a été étudiant au collège militaire Leoncio Prado à Lima en 1950 et en 1951, quand il avait 14 et 15 ans. Il s'en inspirera pour raconter l'histoire du poète, du jaguar, de l'esclave et de Teresa.

On y suit les aventures d'Alberto (le poète, inspiré de sa propre personne), Ricardo (le jaguar, inspiré du cadet Bolognesi), de l'esclave (inspiré du cadet Lynch), Porfirio Cava (dit le cerrano), Le boa (au gros membre sexuel), "le frisé", le brigadier Arrospide et le noir Vallade qui sont en dernière année de cours au collège Leoncido et qui sont pressés d'en finir.

On raconte le passage scolaire en multiples retours en arrière. Avec l'aide de plusieurs narrateurs. Le poète est l'un de ceux-là. Le boa en est un autre. le jaguar, même si son identité n'est révélée que tard dans le livre en est un autre.

On revient à la troisième année scolaire où les élèves de 4ème initie les personnages nommés plus haut. C'est là qu'ils sont à la fois /"baptiser" et traité comme des chiens. Le jaguar reste le seul qui ne soit pas "baptisé", c'est aussi le seul qui se battra avec un quatrième année et qui lui donnera une rossée. Quatre d'entre eux formeront ensuite un "cercle" d'amis (le jaguar, serrano Cava, le frisé et le boa)  afin de toujours se défendre de la stupide mâlitude des plus vieux. Mais l'école punira davantage le cercle quand même. Le cercle vole et fait du trafic de produits interdits à l'école. Ils planifient aussi le vol d'un examen de chimie, filon narratif important du roman.
Le poète est sollicité par l'esclave pour écrire des mots d'amour (à la Cyrano) à Teresa, une jeune femme dont l'esclave est tombé amoureux. Mais le poète est celui qui tombera peu à peu amoureux d'elle.
Le vol tourne mal. Et aura des conséquences tragiques. Le jaguar tombe sous enquête. le poète et le jaguar en viendront aux coups. Celui qui enquête sur le jaguar, regrette son enquête et tombe en disgrâce auprès de ses supérieurs. Il sera muté.

Le collège terminé de nouvelles révélations seront faites. le poète tombe amoureux d'une nouvelle femme. C'est la jaguar qui épousera la belle Teresa, un personnage inspirée du premier amour de Mario Vargas Llosa, une jeune fille habitant tout près de chez lui, plus jeune.

La particularité du roman est d'intercaler l'histoire du jaguar sans jamais révéler qui il est avant la fin. La narration n'est pas linéaire, commençant avec le vol de examens de chimie. (Ça se vole bien des examens de chimie, plus jeune, dans mon propre passage à l'école secondaire, c'était bien un examen de chimie que j'avais payé 5$ qui avait été volé, et qui avait forcé une reprise d'examens quand on a tous eu trop fort comme résultats scolaires en 1987).

Bien que réaliste plus souvent qu'autrement, le roman est aussi plus près du costumbrismo. Llosa cache beaucoup de symbolisme et les monologues intérieurs sont aussi poétiques.

Pour le Pérou, l'auteur allait être au coeur, en 1962, d'un boom latino-américain, soulignant le modernisme du style.

Une polémique naîtra autour du Collège Militaire Leoncio Prado qui est largement critiquée dans le roman. Llosa reconstruit intelligemment un microcosme de la société péruvienne d'alors avec ses personnages d'origines diverses. La langue est parfois crue et un humour noir teinte le récit. On y parle de préjugés, racisme, tensions de toute sorte, régionalismes dans un contexte socio-économique précis.

Très bonne lecture d'été.

samedi 27 juin 2020

Cauchemar Nassar

Bien que des accusations d'inconduites sexuelles avaient été portées contre l'ostéopathe de l'équipe olympique de gymnastique des États-Unis, Larry Nassar, depuis les années 1990, ce ne sera pas avant 2015 que quiconque ne réagira vraiment.

C'est à ce moment qu'on cesse de le protéger et que l'Université de Michigan State coupe les liens avec lui. Un mois plus tôt, on y allait plus mollement en lui assignant des tâches différentes, mais cette fois, septembre 2016, après que l'Indianapolis Star n'identifie l'une des deux gymnastes qui aurait porté plainte contre lui pour agressions sexuelles répétées contre sa personne, on le limoge.

En février 2017, trois autres gymnastes confient qu'elles ont aussi été victimes de Nassar. Elles révèlent que lors des camps d'entraînements tenus par les entraîneurs romano-Étatsuniens Bela & Marta Karolyi, l'environnement était plus que favorable à des abus sexuels, et Nassar en profitait pour les intimider sur la possibilité qu'elles en parlent ailleurs. Rachael Denhollander dira qu'elle avait été abusée lors de 5 visites différentes, en 2000, quand elle n'avait que 15 ans.

La médaillé d'Or olympique McKayla Maroney utilisera le #MeToo pour dire qu'elle avait abusée dès ses 13 ans, jusqu'en 2016. Son avocat dira sans cesse, sans se gêner, en parlant de Nassar, l'identifiant continuellement comme le pédophile docteur.

À la télé, Aly Raisman dira qu'elle avait été molestée dès ses 15 ans. Elle sera longtemps le visage et la voix des victimes. Gabby Douglas dira que de s'habiller de manière provocatrice attire toujours les mauvaises habitudes.Très vite, elle est accusée de faire du victim-shaming. Par sa coéquipière gymnaste Simon Biles, entre autre, elle s'en excuse et révèle du même coup avoir aussi été victime du prédateur.

Maggie Nichols, ancienne gymnaste, confirme qu'elle a été entraînée dans les abus par Nassar qui s'en faisait d'abord une amie Facebook, qu'il commentait continuellement favorablement ses photos, qu'il l'a ensorcelée pour mieux en abuser. C'est le 17 juin 2015 qu'une entraîneur, Sarah Jantzi, entend son histoire racontée à un(e) autre et choisit de faire bouger les choses. Jordyn Wieber sera aussi parmi les victimes qui feront bouger les choses. Biles confirme peu de temps après, qu'elle aussi a été gravement abusée.

C'est en novembre 2016 qu'on accuse officiellement Nassar de ses crimes sexuels entre 1998 et 2005. Certains crimes commis contre des jeunes filles d'à peine 6 ans. 22 accusations du genre contre des mineures. Il est arrêté en décembre quand le FBI trouve autour de 37 000 images de pornographie juvénile dans son ordinateur personnel. Des films aussi. Le montrant molester des jeunes filles mineures.
En avril 2017, son droit de pratique médicale pour trois ans est révoqué.
En janvier 2018, 135 femmes ont maintenant accusé Nassar d'avoir eu des inconduites sexuelles à leur égard. Une semaine plus tard, c'était 150 personnes qui l'accusaient.

On apprend qu'au moins une douzaine d'autres victimes sont trop affectées pour rendre publiques leur état de victimes du même crime. On estime autour de 265, le nombre de victimes réels du monstre.

Il s'excuse faussement, et se mérite 100 ans de prison avant une possible libération.

Les victimes se méritent, elles, le Arthur Ashe Award pour leur courage. 

Rien ne leur redonnera leur enfance. On a beaucoup choisi de regarder ailleurs en ce qui concerne ses crimes dégueulasses. Il savait dès son jeune âge que les trop jeunes filles l'attirait.

La vie est parfois une vraie salope.
USA gymnastics paraît extraordinairement mal.

Nassar pourrira en dedans. Il y au moins ça de bon.

Il faut maintenant à beaucoup plus de gens sur terre de trouve le courage de ne plus jamais regarder ailleurs.

Jamais. 

Netflix offre un bouleversant documentaire sur le sujet en ce moment.
D'une durée parfaite d'une heure 44. Pour un mal à vie.
Aussi plein de formidables survivantes, d'héroïnes et de héros.
Larmes d'horreur, larmes de gloire.

vendredi 26 juin 2020

Voyous & Otages

(ou la Chine et les deux Micheal (Kovrig & Spavor))

Je n'aime en rien Trudeau. Mais hier, je l'ai aimé. Je l'avoue. Il fait la bonne chose vis-à-vis les rats chinois.

La famille Kovrig a été chercher des poids lourds, comme la très respectée ancienne juge de la cour suprême Louise Arbour, l'ancien ministre de la justice Allan Rock et bien des anciens ministres, principalement sous les ères Chrétien et Mulroney pour signer une lettre proposant des solutions pour libérer les deux Micheal tenus en otage, en Chine. Suggérant principalement d'échanger les deux otages contre la potentielle criminelle Meng Wanzhou, vice-présidente de la compagnie Huawei.

Ils étaient pas moins de 19 anciens ministres, représentants de la justice ou anciens diplomates à laisser leur griffe sur la suggestion à Justin Trudeau. Ils arrivaient tous à la même conclusion que la seule solution pour sauver les deux otages étaient de simplement échanger la filou Wanzhou contre les deux Micheal, parfaitements innocents. Au mauvais endroit, au mauvais moment.

Dans certains cercles, on parle d'une solution "réaliste" à l'impasse diplomatique entre Ottawa et Pékin. Solution regrettable mais nécessaire auprès d'une culture où la règle de droit et le droit à l'innocence n'est qu'un slogan qu'on peut facilement jeter aux poubelles quand ça devient trop inconvenant pour le gouvernement.

En Chine, la justice n'est que le tapis du gouvernement en place.

La solution semblait particulièrement populaire auprès de ceux qui trouvaient que de garder en marche le procédé d'extradition aux États-Unis de l'accusée était un outrage aux deux familles des otages. Le traitement des otages est particulièrement atroce alors qu'ils sont dans des prisons surpeuplées, les lumières allumées en tout temps, et avec de la musique jouée trop fort. Tandis que Miss Wanzhou n'a qu'un bracelet de surveillance à la cheville et vit dans un palais à Vancouver en relative liberté. La famille Kovrig et son arsenal de supporteurs suggèrent que si on doit poser un genou face à un royaume plus grand que le nôtre, vaut mieux que ce soit celui de Xi Jingping et non celui de DJ Trump.

Rendons à César ce qui lui revient, Justin ne boit pas de cette eau et n'achète aucunement cette logique. Pour la première fois, j'ai dit "bravo" à voix haute dans mon auto. Il a même dit qu'il était en profond désaccord.

Personne n'est contre l'argument de sauver les deux Micheals. Tout le monde sait aussi que maintenant que le traité d'extradition aux États-Unis est en marche, le ministre de la justice canadienne peut l'arrêter en tout temps.

L'argument d'importance est politique. Peu importe le pouvoir légal d'Ottawa de tout freiner, serais-ce intelligent de se plier à l'inacceptable comportement  de la Chine depuis un an et demi? Serais-ce vraiment dans l'intérêt du Canada de se livrer nu à l'intimidation chinoise et de donner à Pékin ce qu'il souhaite, les yeux grands fermés?  Très très certainement pas.

Qu'y gagnerait le Canada? Oh pour les deux familles, deux personnes largement éprouvées parce qu'inutilement torturées en Chine depuis 1 an et demi, mais le message envoyé serait mortel pour nous. Internationalement destructeur pour le Canada.

On leur dirait en quelque sorte, kidnappez qui vous voulez originaire du Canada, quand vous le voulez, pour rien, emprisonnez les assez longtemps dans la douleur et vous aurez toujours ce que vous voulez de nous. Même si vous inventez les crimes que vous proposez pour vos otages. La Chine elle-même a admis de manière voilée que les deux Micheal étaient des otages. Au début de la crise, ils liaient leurs arrestations à Wanzhou. On a ensuite nié pendant presqu'un an que c'était relié.
Et cette semaine, on disait carrément qu'ils seraient tous deux libérés contre la même chose pour Wanzhou.

Plus on lie les deux affaires, plus on se rapproche d'un bête échange. Mais on échangerait une potentielle voyou contre deux innocents. L'échange serait aveugle, sans principes, cynique. Non seulement la Chine apprendrait qu'on peut faire n'importe quoi des Canadiens, mais on sauraient aussi que tous les citoyens Canadiens seraient de potentiels monnaies d'échange. Et pas juste pour la Chine. Pour n'importe quel autre pays prêt à inventer des crimes comme ils le font. La conclusion mondiale serait la même. Faites ce que vous voulez des pions canadiens.

Trudeau a raison de dire "jamais, oh non, jamais".

Ce n'est pas surprenant que la vieille garde d'anciens se prononcent en faveur d'opportunités économiques  (la Chine aurait maintenant  soudainement "trouvé des insectes" dans notre bois d'oeuvre...bullshit). Ils ont connu la Chine alors qu'elle montrait des signes d'ouverture face à une règle de droit qui voudrait qu'on soit innocent jusqu'à prouvé du contraire en cas d'accusation, mais c'est 100% l'inverse sous Xi Jingping. Vous êtes coupables et, sans avocat, vous devez prouver votre innocence. Ce qui n'arrive qu'à 1% des accusés.

Dans de telles circonstances, le Canada doit respecter ses principes.
Et ne jamais lever le drapeau blanc.

Nous sommes les victimes d'un piège posés par les États-Unis qui n'ont pas même une piqûre de moustique dans le même dossier. C'est quand même pour eux qu'on l'a arrêté.

On sait tous comment ça se règle dans les prises d'otages dans les films ou les séries télés.

C'est pas toujours rose. Parfois même ça saigne.
Souhaitons encore que la fin sera heureuse.

Et que les voyous en paieront franchement le prix un jour.
Quand on se peinture dans le coin comme on l'a fait, on doit parfois carrément marcher sur le peinture à un certain moment.

Mais restons juste face aux fourbes.