vendredi 26 juin 2020

Voyous & Otages

(ou la Chine et les deux Micheal (Kovrig & Spavor))

Je n'aime en rien Trudeau. Mais hier, je l'ai aimé. Je l'avoue. Il fait la bonne chose vis-à-vis les rats chinois.

La famille Kovrig a été chercher des poids lourds, comme la très respectée ancienne juge de la cour suprême Louise Arbour, l'ancien ministre de la justice Allan Rock et bien des anciens ministres, principalement sous les ères Chrétien et Mulroney pour signer une lettre proposant des solutions pour libérer les deux Micheal tenus en otage, en Chine. Suggérant principalement d'échanger les deux otages contre la potentielle criminelle Meng Wanzhou, vice-présidente de la compagnie Huawei.

Ils étaient pas moins de 19 anciens ministres, représentants de la justice ou anciens diplomates à laisser leur griffe sur la suggestion à Justin Trudeau. Ils arrivaient tous à la même conclusion que la seule solution pour sauver les deux otages étaient de simplement échanger la filou Wanzhou contre les deux Micheal, parfaitements innocents. Au mauvais endroit, au mauvais moment.

Dans certains cercles, on parle d'une solution "réaliste" à l'impasse diplomatique entre Ottawa et Pékin. Solution regrettable mais nécessaire auprès d'une culture où la règle de droit et le droit à l'innocence n'est qu'un slogan qu'on peut facilement jeter aux poubelles quand ça devient trop inconvenant pour le gouvernement.

En Chine, la justice n'est que le tapis du gouvernement en place.

La solution semblait particulièrement populaire auprès de ceux qui trouvaient que de garder en marche le procédé d'extradition aux États-Unis de l'accusée était un outrage aux deux familles des otages. Le traitement des otages est particulièrement atroce alors qu'ils sont dans des prisons surpeuplées, les lumières allumées en tout temps, et avec de la musique jouée trop fort. Tandis que Miss Wanzhou n'a qu'un bracelet de surveillance à la cheville et vit dans un palais à Vancouver en relative liberté. La famille Kovrig et son arsenal de supporteurs suggèrent que si on doit poser un genou face à un royaume plus grand que le nôtre, vaut mieux que ce soit celui de Xi Jingping et non celui de DJ Trump.

Rendons à César ce qui lui revient, Justin ne boit pas de cette eau et n'achète aucunement cette logique. Pour la première fois, j'ai dit "bravo" à voix haute dans mon auto. Il a même dit qu'il était en profond désaccord.

Personne n'est contre l'argument de sauver les deux Micheals. Tout le monde sait aussi que maintenant que le traité d'extradition aux États-Unis est en marche, le ministre de la justice canadienne peut l'arrêter en tout temps.

L'argument d'importance est politique. Peu importe le pouvoir légal d'Ottawa de tout freiner, serais-ce intelligent de se plier à l'inacceptable comportement  de la Chine depuis un an et demi? Serais-ce vraiment dans l'intérêt du Canada de se livrer nu à l'intimidation chinoise et de donner à Pékin ce qu'il souhaite, les yeux grands fermés?  Très très certainement pas.

Qu'y gagnerait le Canada? Oh pour les deux familles, deux personnes largement éprouvées parce qu'inutilement torturées en Chine depuis 1 an et demi, mais le message envoyé serait mortel pour nous. Internationalement destructeur pour le Canada.

On leur dirait en quelque sorte, kidnappez qui vous voulez originaire du Canada, quand vous le voulez, pour rien, emprisonnez les assez longtemps dans la douleur et vous aurez toujours ce que vous voulez de nous. Même si vous inventez les crimes que vous proposez pour vos otages. La Chine elle-même a admis de manière voilée que les deux Micheal étaient des otages. Au début de la crise, ils liaient leurs arrestations à Wanzhou. On a ensuite nié pendant presqu'un an que c'était relié.
Et cette semaine, on disait carrément qu'ils seraient tous deux libérés contre la même chose pour Wanzhou.

Plus on lie les deux affaires, plus on se rapproche d'un bête échange. Mais on échangerait une potentielle voyou contre deux innocents. L'échange serait aveugle, sans principes, cynique. Non seulement la Chine apprendrait qu'on peut faire n'importe quoi des Canadiens, mais on sauraient aussi que tous les citoyens Canadiens seraient de potentiels monnaies d'échange. Et pas juste pour la Chine. Pour n'importe quel autre pays prêt à inventer des crimes comme ils le font. La conclusion mondiale serait la même. Faites ce que vous voulez des pions canadiens.

Trudeau a raison de dire "jamais, oh non, jamais".

Ce n'est pas surprenant que la vieille garde d'anciens se prononcent en faveur d'opportunités économiques  (la Chine aurait maintenant  soudainement "trouvé des insectes" dans notre bois d'oeuvre...bullshit). Ils ont connu la Chine alors qu'elle montrait des signes d'ouverture face à une règle de droit qui voudrait qu'on soit innocent jusqu'à prouvé du contraire en cas d'accusation, mais c'est 100% l'inverse sous Xi Jingping. Vous êtes coupables et, sans avocat, vous devez prouver votre innocence. Ce qui n'arrive qu'à 1% des accusés.

Dans de telles circonstances, le Canada doit respecter ses principes.
Et ne jamais lever le drapeau blanc.

Nous sommes les victimes d'un piège posés par les États-Unis qui n'ont pas même une piqûre de moustique dans le même dossier. C'est quand même pour eux qu'on l'a arrêté.

On sait tous comment ça se règle dans les prises d'otages dans les films ou les séries télés.

C'est pas toujours rose. Parfois même ça saigne.
Souhaitons encore que la fin sera heureuse.

Et que les voyous en paieront franchement le prix un jour.
Quand on se peinture dans le coin comme on l'a fait, on doit parfois carrément marcher sur le peinture à un certain moment.

Mais restons juste face aux fourbes.

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