jeudi 25 juin 2020

H & D

Alors qu'aux États-Unis, la campagne électorale présidentielle prenait son envol cette semaine, les commentateurs parlaient des précédentes campagnes où les temps étaient plutôt tumultueux.

En 1832, le président Andrew Jackson tentait de se gagner un second mandat. Comme un certain président de nos jours, Jackson était un belliqueux individu, agressif, populiste et relativement méprisé par l'élite de Washington. Jackson devait aussi négocier avec une autre pandémie, celle du choléra. Et à cette époque naïve, c'était vers Dieu qu'on se tournait pour en guérir.

En 1876, le résultat final fût si serré  qu'il mena à une impasse constitutionnelle.

En 1920, Woodrow Wilson avait eu un infarctus en 1919 et restait largement incapable de remplir ses fonctions. Son leadership dans la participation à la Première Guerre Mondiale avait mené mené a des revers économiques, des grèves de travailleurs pendant des mois, et à de violents conflits raciaux partout au pays. La pandémie de la Grippe Espagnole était fraîchement terminée, mais on restait encore très fébrile.

En 1968, Lyndon B.Johnson qui avait été président suite à un spectaculaire assassinat, dans une période anxieuse, ne se représentait pas après un seul mandat et Robert Kennedy et Martin Luther King étaient à leur tour supprimer de la surface de la terre par d'autres déséquilibrés.

En 1980, l'une des trois seules fois au 20ème siècle où un président ne faisait pas deux mandats, Jimmy Carter venait de très mal paraître dans les tentatives de sauvetage des otages en Iran. L'économie, en raison de la crise du pétrole souffrait aussi dangereusement. Il a paru mou aux yeux de plusieurs et le jour de l'élection, le conflit en Iran non réglé, il a semblé dépassé par ce qu'il se passait. Ronald Reagan l'a facilement battu.

George Bush fils a été élu contre Al Gore dans une élection horriblement serrée où un recomptage a dû être fait en Floride, un État où son frère en était le gouverneur et le comité d'élection étant supervisé par la directrice de campagne de W. Inutile de préciser que ça puait la triche et que le pays devenait excessivement divisé.

En 1992, George H. Bush son père, est devenu le dernier président à ne pas faire deux mandats de suite.

Le 41ème (GHB) et le 45ème président des États-Unis (Donald J. Trump) ont quelques parallèles intéressants.

Bien que Bush fût un fils de sénateur du Connecticut baigné toute sa vie dans la politique et que Trump soit un parvenu du monde des affaires de New York, les deux ont dû faire face, alors qu'ils se préparaient une réelection, à un monde qui changeait et qui démontrait qu'ils n'étaient pas équipés pour l'affronter comme capitaine.

Pendant ses 2 premières années, Bush père a dirigé ses politiques étrangères de main de maître avec la chute de l'Union Soviétique. À sa troisième année, il lançait la Guerre du Golfe. On l'appuyait à 91% en janvier 1991, puis à 74% à l'été. Il semblait en voie d'être réélu.
Mais dans la seconde moitié de 1991, la récession minait le pays. Et l'économie était le talon d'Achille de George H. Bush. Jamais il n'a semblé même comprendre les rouages d'une relance économique. Bill Clinton a vite trouvé la voix que les Étatsuniens voulaient entendre. Pendant que Bush parlait de la fin de la Guerre Froide, Clinton parlait relance financière.

Trump n'a jamais effleuré les accomplissements de tous les présidents qui l'ont précédé. Il n'est pas à sa place, tout le monde le sait. Mais au début de l'année, il était encore favori pour être réélu en novembre. Toutefois depuis le coronavirus, couplé avec la mort gratuite de George Floyd et les tensions raciales qui ont suivi, il a chuté de plus de 10 pts dans les intentions de votes. Des intentions de votes maintenant à domicile en temps de pandémie. Ce qui lui fait déjà expliquer une potentielle défaite,  alors qu'il scande à tout vent que le système de vote anticipé (de chez soi, électroniquement)  est déjà "truqué". Dans les livres de pari sportif, Joe Biden est le favori.

Rien de tout cela ne nous dit qu'il ne pourrait pas gagner un second mandat. Mais tout comme George H. Bush, il peine à gérer le monde nouveau qui se dessine devant lui. Sans le réaliser, car il n'en a pas l'intelligence politique, dans son discours de Tulsa, il n'a pas cessé de dire comment le temps était bon avant la pandémie. Comme si maintenant, tout était perdu. C'est pas du grand leadership.

Après avoir largement nié la Covid-19, puis niant toujours ce que la science nous conseille, il n'a pas encore montré de signes de leadership encourageants pour le futur si brouillon. 41,5% pensent qu'il réagit bien, 55,5% pas du tout selon la maison de sondages FiveThirthyEight.

Encore aujourd'hui, au lieu d'être en mode solution, il ne cesse de montrer à quel point il trouve tout ça injuste et comment il peine à s'y adapter. Au lieu de prendre la tribune de Tulsa pour afficher un nouvel agenda et bâtir sur un futur collectif, il n'a que ressassé le passé et réitéré sa haine des médias. Il a bien tenté de décrire Joe Biden comme un représentant de la gauche démocrate, mais le message s'est perdu dans son aura raciste, avec son ton inutilement inflammatoire, ses accents toniques auto-destructeurs, et son message qu'il fallait RALENTIR les tests faits pour contrer la Covid-19.

S'adapter au changement est le trait de caractère d'un vrai leader. En être le souffle aussi. George H. Bush n'était rien de tout ça en 1992.
Trump foule les mêmes sentiers.

Son proche entourage questionne l'idée qu'il voudrait vraiment faire un second mandat.
Après tout, il ne voulait même pas du premier.

Il a encore 4 mois et demi pour y penser.

Une éternité, en politique.







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