samedi 20 juin 2020

Harmonies Nocturnes Pour Cuivres

"Quand on boit Crush, on 'vient tout croche..."

C'était le terrible refrain d'une chanson  au texte trrrrrrrrès Québécois, dans une publicité vantant les mérites de la boisson gazeuse orangée dans les années 80. Il y avait même des gens qui marchaient tout croche sur la plage après avoir pris une gorgée de la bouteille gazéifiée.

Grotesque.

J'ai compris récemment que la boisson Crush attirait le grotesque.

Je fais le 16/8.

L'amoureuse m'a mis la puce à l'oreille, la semaine dernière, en parlant du conjoint d'une collègue de travail qui avait perdu pas moins de 24 livres en faisant le 16/8.
Enfin...pas encore là...

Qu'est-ce que le 16/8?
C'est très simple. 24 heures dans une journée. Vous vous choisissez 8 heures dans la journée où vous pourrez manger ce que vous voulez. Puis, les 16 autres, sommeil inclus, vous ne mangez rien. Vous ne prenez que de l'eau. Beaucoup beaucoup d'eau. C'est fameux pour le corps, l'eau.
Je remarquais, qu'en travaillant, me levant à 5h00, souvent, j'oubliais de manger avant parfois 14h de l'après-midi. Alors ce ne serait pas un effort énorme que de tenter la chose. J'ai commencé lundi. Les premiers jours sont plus difficiles. Notre cerveau, notre estomac, sont conditionnés à un certain rythme. Dès 6h48, lundi, j'avais pas mal faim. J'ai résisté jusqu'à 11h30. Même chose le mardi. vers 7h30, j'avais pas pire faim. Résisté jusqu'à 11h30. Entre 11h30 et 19h30, je mange ce qui me plait de manger. Mardi soir, j'ai même refusé d'accompagner mes enfants et leurs tendres moitiés aux Trois Singes, une crêmerie pleine de gourmandes crèmes glacées. Il était passé 19h30. Je suis resté très discipliné. Le plus difficile c'est ce que je bois en fin de soirée. Maintenant, seulement de l'eau.

Je remarque effectivement des changements physiques en une seule semaine.

Mercredi, il a fait très très chaud sur Montréal. À court de rafraîchissements trop tôt dans la journée, je travaillais à la porte d'un dépanneur de Ville St-Laurent, j'y suis entré pour m'acheter à boire. Il y avait de l'eau, mais j'ai craqué pour ma couleur préférée, l'orange. J'ai acheté une bouteille de boisson gazeuse Orange Crush. Dont j'ai avalé le contenu presque d'un trait.
En soirée, tout juste avant de me coucher, j'ai pris ma petite marche jusqu'à la boîte à courrier, face au parc. Il y avait un rappel pour ma voiture et un paquet pour l'amoureuse. Un "enleveur de points noirs" qu'elle s'était commandé en mars. Elle l'avait même oublié. En lui donnant le paquet, j'étais content qu'elle me fasse dos et que l'attention soit vite portée sur le paquet, car une crampe immense m'a forcé à me taire et à gérer une douleur extrême. Ça ne fût que momentané, mais ça a fait un mal immense. Personne ne s'en est rendu compte. J'en ai presqu'eu les larmes aux yeux. On m'aurait posé des questions.
J'ai dit bonne nuit à tous et suis allé me coucher. Très vite j'ai été poursuivre ma nuit sur le divan dans le boudoir car il faisait extrêmement chaud et quand ça arrive, ma conjointe et moi sommes incapables de gérer le lit ensemble. J'ai toujours trop chaud et elle pas assez. Et personne ne dort ces nuits-là. Alors pour m'assurer qu'elle dorme bien, j'ai été le prince du divan du boudoir. Et comme toujours, me suis endormi dès le dépôt de ma tête sur l'oreiller.

Mais vers 23h45, des crampes titanesques m'ont valsé dans les intestins. Le gaz. le gaz de la liqueur. Car oui, j'avais aussi pris un 7Up plus tôt, en plus de mon Orange Crush. Et qu'est ce que provoque le gaz? Du Gaz!
Une flatulence prodigieuse, vous savez le type que vous vous dites, ça ne fera que du bien et ça passera en vent indolore et inodore, mais qui vous fait presque vous exclamer à voix haute tellement elle vous surprend? Un roulement de tambour. Un klaxon de compétition. Une vraie grosse surprise, je crois avoir été physiquement soulevé quelques instants.

Mais ça ne s'arrêterait pas là.
0H14, 1h56, 2h37 même scénario.
Cab Calloway, Fred Wesley et Osytein Baadsvick.
La plus bruyante des cavalcades chaque fois.
Face au silence de la nuit, c'était d'une violence et d'une agressivité inouïe.

Entre le sommeil et l'éveil, j'avais à la fois l'impression de dynamiter le divan et, avec le mouvement incessant dans mes intestins, à la fois l'impression de me transformer peu à peu en incroyable Hulk.

Je vous assure, mon corps se transforme.

Je vous confirme aussi, avec l'addition répétée des bombes nocturnes, le parfum qui a suivi a aidé à me faire perdre connaissance jusqu'à 5h du matin.

Mais en me levant, j'était tout de même un peu gêné.
Bien que dans une pièce complètement différente, derrière deux portes, et pour mon fils et sa blonde, deux étages et une autre porte plus haut, j'avais l'impression que tout le monde avait assisté à mon concert de nuit.

À ma nuit de pétards. De feux d'artifices sonores et olfactifs.

Ou à l'explosion de mon intérieur expulsé par le muffler.

Muffler au Québec: silencieux, tuyau d'échappement sur une voiture.

Enfin...

Je viens tu vraiment de vous raconter tout ça?...
Adios pudeur, hola puanteur.

Je perds du poids, c'est ça qui est important.

Grotesque, je vous disais. 

Gardez tout ça pour vous.

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