mardi 31 mars 2015

Crevasses sur une Boule qu'on Voudrait Lisse

L'extension naturelle de la vie est la quête de sens.

On essaie sur terre, de toute sorte de manière, de désigner le monde, de l'extraire du bruit. Trouver un sens à la vie, c'est essayer de restaurer le silence dans le bruit ambiant, ne serais-ce que puisse en surgir parfois une parole plus cardinale qui puisse nous rendre tellement bien dans nos têtes.

Pas facile d'être bien dans nos têtes.
Plus facile à écrire qu'à expérimenter.

Un homme devait cesser de travailler le matin même. Il avait en main un papier du médecin confirmant qu'il devait cesser de le faire. Il a déchiré ce papier, a fait fi des recommandations qu'il y avait dessus et a ouvert une grande brèche dans la planète qui n'avait d'égale que la fissure qui se taillait dans son cerveau. Il a plongé dans cette crevasse et a entraîné 149 innocents avec lui.

Il était malade. Il a fait souffrir des centaines et des centaines de gens.

Un autre, son coéquipier, n'aura jamais eu le temps d'aller à la salle de bain.  Quand il le fera, ce sera fatal pour 144 voyageurs et 4 autres collègues de travail. Ce besoin commandé par son corps sera son dernier. Ce besoin que son corps lui commandait aura été la faiblesse attendue par le malaise du corps de l'autre. La baisse de la garde.

"Ouvre cette foutue porte!" sera comment on se souviendra de cet homme.
"Je voudrais que tout le monde connaisse mon nom!" sera comment on se souviendra de l'autre.

Parfois la vie n'a tout simplement pas de sens. Pour 149 personnes au mauvais endroit au mauvais moment, dans la trajectoire de la descente aux enfers cérébrale, ce fût le cas. Pour ceux qui leur survivent c'est pire.

La montagne as avalés les leurs pour rien en France, entre l'Espagne et l'Allemagne.

Avoir perdu le goût de vivre, c'est possible. L'imposer aux autres, c'est affreusement criminel.

L'austère philosophe allemand Emmanuel Kant avait ceci à dire sur ceux qui désespèrent non seulement d'eux-même mais du genre humain tout entier aussi:

Il faut croire aux progrès de l'humanité et en l'avènement d'un monde meilleur où les individus seront des personnes, c'est-à-dire des êtres libres, considérés comme des fins et non seulement comme des moyens. 

Dans le monde futur qu'il imaginait au tournant du 19ème siècle, il pensait que la dignité de chacun sera reconnue, que la politique sera subordonnée à la morale, que la paix régnera entre les nations. Le règne des fins est un germe déposé en l'être humanité Il appartient aux hommes de la faire fructifier. C'est là que nous avons tous un rôle à jouer. Contribuer à ce progrès. Aider l'humanité à devenir meilleure. Être au service de la liberté, de la justice, de la dignité et de la paix non seulement personnelle, mais collective aussi.

Après Kant, toujours chez les endeuillés allemands, Friedrich Nietzsche, pensait tout autre chose. Il condamnait toute les religions et urgeait quiconque de croire en la vie: la sienne avant tout.

Il faisait aussi une mise en garde en plaçant les gens dans deux catégories: ceux qui sont victimes de la vie et esclave de la morale, et ceux qui vivent vraiment faisant écho à force vitale qui est en eux. Si tu te sens éteint, passionne toi pour quelque chose. Intensément. Une saine intensité. Sois le surhomme.

En France, plus tard encore, et après avoir subi les tortures allemandes des Nazis, Jean-Paul Sartre considérait que la vie n'avait effectivement aucun sens, que nous sommes jetés dans la vie sans raison, sans transcendance, qu'il n'y a rien à se raccrocher, ni Dieu, ni bien en soi, ni vérité, ni salut. Toutefois, ce vide de sens doit forcer l'être humain à le combler de quelque chose. Et là est toute la beauté de la liberté.  La vie n'aura bien le sens que l'on veut lui donner. Il s'agit d'abord de choisir.

Choisir.

Tu forgeras toi-même ta raison de vivre. Tu es libre, mais tu ne dois pas faire n'importe quoi.

Tu es responsable de ce que tu es, mais aussi responsable de tous les autres Hommes.

Responsable...voilà un mot dont assez peu comprennent le sens.

Il n'est pas un de tes actes qui, en créant l'homme que tu voudrais être, ne créera en même temps une image de l'Homme tel que tu estimes qu'il doit être. En te choisissant, c'est l'être humain que tu choisiras.

Pas facile de gérer tout ça dans une tête malade.

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Pendant ce temps chez nous, une jeune fille tente de donner un sens à sa vie en se regroupant avec des amis afin de manifester contre les mesures d'austérité du gouvernement Couillard. Au mauvais endroit, au mauvais moment, elle mange un coup de fusil en pleine bouche, dans une coordination de mouvement tout ce qu'il y a de plus imparfaite. L'agent est fautif, le groupe de la fille est fautif, les mesures du gouvernement, accessoires dans le drame.  

Puis, vendredi dernier, de nuit cette fois, et à Montréal et non Québec, une flèche a atteint un policier en devoir face au même type de rassemblement.

Je ne sais pas encore ce qu'il faut extraire de tout ce bruit.

Mais je sais que sur la route qui donne un sens à nos vies, la crevasse se fait plus grande, jour après jour entre les forces d'un certain ordre et les rêveurs d'avenir.






lundi 30 mars 2015

Eric Clapton

Si les contributions artistiques au travers du temps étaient des étoiles dans le firmament, Eric Clapton serait une impressionnante constellation qui peuplerait une large partie du ciel la nuit.

Eric en vrac.

1945: Naissance de Eric Patrick Clapton à Ripley, Surrey en Angleterre, d'une mère anglaise et d'un père soldat de Montréal (!).

1952: Le jeune Eric grandit auprès de sa grand-mère et de son amoureux. Celui-ci s'appelle Jack Clapp. Le petit Eric est convaincu que ceux-ci sont ses parents, que Clapp est le diminutif de Clapton, et que sa (vraie) mère est sa grande soeur.

1958: Eric reçoit pour son anniversaire une guitare Hoyer fabriquée en Allemagne, mais elle est si difficile à jouer qu'il s'en désintéresse rapidement.

1960: Eric reprend goût à sa guitare et l'explore sous toute ses facettes. Il copie le blues qu'il entend à la radio qu'il enregistre aussi sur cassette et rejoue constamment.

1961: Clapton étudie au Kingston College of Art, mais ne termine pas son année puisque trop investi dans sa guitare. Il a 16 ans, on remarque son talent à la 6 cordes.

1962: Avec son ami David Brock, il fait la tournée des bars pour y jouer du blues à Surrey.

1963: Eric joint son premier band de Blues & de Rythm'n Blues: The Roosters. Tom McGuiness futur guitariste de Manfred Mann. Vers la fin de l'été, il joue aussi pour Casey Jones & The Engineers.

1963 à 1964: Clapton devient guitariste pour les Yardbirds. Le style de jeu de Clapton devient fort étudié (et apprécié) et les Yardbirds deviennent le band en résidence au Crawdaddy Club à Richmond quand les Rolling Stones deviennent trop big pour l'endroit. Les Yardbirds partent en tournée avec une de leurs idoles: Sonny Boy Williamson. Quand Clapton brise une corde sur scène, il la remplace aussitôt interrompant le rythme et forçant le reste du band à étirer un jam temporaire. Le public, pendant qu'il remplace sa corde de guitare, prend l'habitude d'applaudir très lentement. Slowly. Le surnom de Slowhand lui est collé.

1965: Quand les Yardbirds rencontrent le succès international, le band choisit de s'orienter vers la musique pop. Ce qui horripile Clapton qui choisit de quitter le groupe. Il suggère Jimmy Page pour le remplacer, mais celui-ci laisse sa place à Jeff Beck par respect pour Clapton. Eric se joint à John Mayall & the Bluesbreakers en Avril. Il change sa Fender Telecaster pour une Gibson Les Paul et les graffitis Clapton is God commencent à apparaitre sur les murs du métro d'Angleterre.

1966: Clapton quitte Mayall et est remplacé par Peter Green. Le batteur Ginger Baker l'invite à se joindre à son projet Cream. Jack Bruce, anciennement des Bluesbreakers, du Graham Bond Organisation et de Manfred Mann, est déjà membre du projet à la basse et comme chanteur principal. Un premier album est lancé. Clapton ne compose rien encore.

1967: Clapton n'est pas connu ailleurs qu'en Angleterre.On est pas pressé d'en savoir davantage sur lui aux États-Unis car on découvre Jimi. Cream lance son second album qui le rend internationalement connus. Clapton compose et chante pour la première fois.

1968: Cream lance un album double dont le premier est un album studio et le second un album en spectacle. Clapton, grand ami de George Harrison des Beatles, joue pour lui sur un album des Beatles. Clapton participera aussi au projet solo du beatle George. Il participe aussi au film des Stones dans lequel il fait parti du band de John Lennon The Dirty Mac.

1969: Les tensions entre Jack Bruce et Ginger Baker et les abus de drogue et d'alcool fissurent Cream et ils lancent leur dernier effort ensemble en février. John Lennon et George Harrison vivent aussi leurs propre ruptures d'avec Paul chez les Beatles. Quand Harrison boude le Fab Four, Lennon parle de le remplacer par Eric. Ce que ce dernier trouve absurde puisque George est son ami. Harrison collabore aussi aux efforts studios d'Eric. Un nouveau super groupe est créé: Ginger Baker à la batterie, Steve Winwood du groupe Traffic au chant et aux claviers, Ric Grech anciennement du groupe Family à la base, au violon et aux voix et Eric à la guitare; Blind Faith est né. Le super band part en tournée, mais Clapton est déçu de la qualité et 7 mois plus tard, le projet n'existe plus.

1970: Eric accompagne à la guitare Delaney & Bonnie & Friends puis joue pour le Plastic Ono Band de John & Yoko. Il sera aussi à la guitare sur un single du Beatle John, maintenant en solo. Delaney encourage Clapton à se lancer sur disque en solo. Ce qu'il fera pour la première fois cette année-là. Il jam aussi avec Duane Allman et participe au triple album, principalement sur le troisième disque, de George Harrison. Il participe aussi à des efforts de Dr. John, Leon Russell, Billy Preston, Ringo Starr, Dave Mason et Stephen Stills.
Très influencé par Dylan & The Band, Eric se monte un nouveau groupe avec la section rythmique de Delaney & Bonnie & Friends, Bobby Whitlock au chant et aux claviers, Carl Radle à la base et Jim Gordon à la batterie. Voulant d,abord s'appeler Del & The Dynamos, on lit le nom tout croche et le band devient Derek & the Dominoes. Duane Allman, inséparable ami de Clapton sera aussi invité à y jouer de la slide et Dave Mason y sera aussi sur presque tous les morceaux. Quand leur seul album studio, un album double, est lancé fin 1970, c'est un échec total. Lourdement affecté par la mort de Jimi Hendrix en septembre, par les faibles ventes de l'album, par son amour inavouable pour la femme d'un de ses amis, Clapton s'auto-détruit dans la drogue et l'alcool.

1971: On enregistre un album en spectacle mais la mort de Duane Allman anéantit Clapton qui sombre dans la déprime et dissout le groupe. L'album ne sera lancé que dans deux ans. Clapton participera au Concert pour le Bangladesh organisé par George Harrison, mais s'évanouira sur scène.

1972: Eric se retire en Angleterre afin de se débarrasser de sa dépendance à l'héroïne. Le single Layla de Derek & the Dominoes est remis sur le marché des ondes radios et devient le hit qu'il aurait dû être deux ans plus tôt.

1973: Pete Townshend de The Who organise un concert de retour sur scène pour Clapton.

1974: Afin de lui renvoyer l'ascenceur, Clapton accepte de jouer le curé dans le film de Ken Russell adapté de l'album double des Who: Tommy. Maintenant libéré des drogues, il est en couple avec Patricia Boyd. Il sombre toutefois dans l'alcool plus profondément. Il se monte un modeste band et enregistre un excellent album qui lui offre un premier #1 sur les palmarès.

1975: Inspiré par son dernier succès solo, lancement de son troisième effort tout seul.

1976: Lancement de son quatrième album solo ou y participent Rick Danko de The Band et Bob Dylan. Clapton participe aussi au film de Scorcese sur the Band.

1977: Clapton écrit un morceau mémorable à Pattie Boyd sur son cinquième album solo. Gros gros succès pour Slowhand.

1978: Lancement de son sixième album, Bob Dylan y participe encore.

1979: Eric & Pattie s'épousent.

1981: Nouvel album.

1982: Devenu profondément chrétien (comme Dylan à la même époque), Clapton s'avoue alcoolique après un incident de pêche avec son gérant. Il entre en désintox.

1983: Nouvel album qu'il juge forcé.

1984: Clapton est invité sur le premier album solo de Roger Waters.

1985: Nouvel album aidé de Phil Collins à la production et participation au spectacle Live Aid.

1986:  Collins, Robbie Robertson de The Band, Ryuichi Sakamoto, Tina Turner et Micheal Jackson participent à l'album suivant. Scorcese fait appel à sa musique pour son film The Color of Money.

1989: Clapton fait appel à Collins, Harrison, Daryl Hall, Chaka Khan, Mick Jones, David Sanborn, Robert Cray pour son effort suivant. Boyd, devenue junkie en raison de Clapton, ne supportant plus ses infidélités non plus, ni ses rages lorsque sous l'effet de l'alcool le divorce. Il collabore avec Sting pour le film Lethal Weapon 2.

1990: En tournée avec Stevie Ray Vaughan, le 27 août, l'hélicoptère transportant Vaughan et trois membres de son équipe s'écrasent et tue tous les passagers entre deux dates de tournées. Clapton est affligé.

1991: L'enfant de 4 ans que Clapton a eu avec la personnalité italienne Lory Del Santo, tombe du 53ème étage et y trouve la mort. Clapton est à nouveau frappé par le malheur. Ce moment d'horreur l'inspire à écrire l'un de ses plus beaux morceaux.

1992: Son album Unplugged sera son plus grand vendeur à vie.

1994: Lancement d'un 13ème album solo.

1996: Clapton est en couple avec Sheryl Crow. Pas longtemps.

1998: Nouvel album.

2000 à nos jours: Eric lance 9 albums, dont un en collaboration avec B.B.King, deux en hommage à Robert Johnson en 2004, un avec J.J.Cale, et un autre en hommage à ce même JJ Cale, artiste décédé en 2013 qui aura été très bon pour la carrière de Slowhand, un album paru l'an dernier.

Eric fête ses 70 ans aujourd'hui.

Happy B-Day, Forever Man.
Hell of a slowhand.


dimanche 29 mars 2015

Tu Dors, Hunter

Parfois il faut tout simplement vivre.

Depuis quelques années, j'ai la nette impression que le train de la vie, pour un gars comme moi, est passé depuis longtemps. Que j'ai beau tenter de vouloir y grimper, je ne serai toujours que celui qui court en marge des rails à tenter de regagner ce véhicule de transport qui était déjà plus lent vers 1992, et qui me donnait la chance d'y monter avec peut-être légèrement plus de facilité.

Peut-être...

Entendu à la radio trois fois cette semaine en parlant du budget. "Ça fait 40 ans que l'on repousse les paiements, il est maintenant temps de payer".

Vous réalisez à quel point une phrase du genre rend les revenus d'une homme de 43 ans utiles principalement pour les autres? Travailles Hunter afin de payer le Québec d'hier. Tu n'est qu'une vis. Un écrou. Quand le déficit sera réglé, tu pourras penser à "piler" pour ton avenir. Ha! Ha! une avenir. On n'aura jamais cessé de nous faire rire!

Je dors mal depuis toujours. Mais j'en ai pris pleinement connaissance et commencé principalement à en souffrir, vers 1994. Ça coïncide avec mon arrivée sur la marché du travail. Avec le temps, j'ai compris que le stress était à l'origine de mes nuits agitées.  Je l'ai compris extrêmement lentement. J'étais occupé à vivre.

Jeudi dernier, bien que je n'en avais aucunement le temps, j'ai mis mes espadrilles de kilométrages et me suis rendu pour un bon deux heures sur la toujours bien aimée rue Mont-Royal. D'abord pour constater de visu l'état des commerces d'une de mes rues préférées sur terre. L'économie est dure pour elle aussi, plusieurs de mes repères préférés d'antan ont fermé boutique ou changer d'adresse. Bref, ils n'y sont plus. Les plus belles femmes sur terre y sont toutefois toujours.

J'ai marché, dans le but très clair aussi, de mettre la main sur les dvds L'Année Dernière à Marienbad d'Alain Resnais, Masculin/Féminin de Jean-Luc Godard ou The Cook, The Thief, His Wife & Her Lover de Peter Greenaway. Je cherche ces trois-là depuis des années. les deux premiers, je les emprunte une ou deux fois par année à la bibliothèque, aussi bien les avoir pour moi une fois pour toute. Le dernier, de Greenaway, je ne l'ai qu'en VHS. Ce Chef d'oeuvre musical, visuel et qui stimule tous mes sens devrait un jour être ramené en version DVD convenable un jour.
J'ai erré comme j'aime le faire dans les magasins d'échanges et de vieux stock, dans le but aussi, de mettre la main sur un vieux cd (double) de la chanteuse Nellie McKay qui est discontinué depuis trop longtemps.  Parfois il était placé dans le jazz, ce qui rend ma recherche plus compliquée. Dans ces endroits de vieux matériel, souvent rien n'est classé organisationnellement. Mais je m'en foutais. Ce jour-là je prenais le temps par les couilles et le gardait pour moi. Deux heures.

Vivre.

Je n'avais pas beaucoup d'espoir mais simplement marcher dans une ville qui m'illumine me faisait un bien énorme. Gigantesque. Je comptais surtout sur une boutique comme celle de La Boîte Noire pour trouver mes films. McKay, je n'y crois plus vraiment. L'ancienne boîte noire sur St-Denis, celle située au deuxième étage, presqu'au dessus de la boutique Champigny, au même niveau en tout cas, celle qui m'a accueillie mainte et mainte fois plus jeune, mon agence de voyage préférée à l'époque. n'existe plus. L'ancienne Champigny non plus. Mes repères s'effacent. On m'efface, Ha! Ha! n'est-ce pas dans les plans depuis toujours de toute façon?

À la boutique de la Boîte Noire sur Mont-Royal, je n'ai rien trouvé de mes trois films. Un simple coup de téléphone aurait pu m'empêcher le déplacement, mais c'était justement sur le déplacement que se situait mon placement.

J'ai en revanche mis la main sur le film Tu Dors, Nicole de Stéphane Lafleur.

On me dit souvent, et je l'ai confirmé avec le temps, que j'ai parfois du flair. Pour la quatrième fois en l'espace de 15 mois, j'ai fait quelque chose que je n'ai jamais fait: acheter un film que je n'ai jamais vu. Je ne me suis pas trompé avec Inside Llewyn Davis des frères Coen qui reste un de mes films préférés à vie, je ne me suis pas trompé sur La Vie d'Adèle, sur la seule foi de la bande annonce et de ce que j'y lisais et pour Spartacus de Kubrick, je m'en moque, il s'ajoute à ma collection,maintenant complète, du grand réalisateur.

J'ai maintenant un Stéphane Lafleur dans mon sous-sol. Que j'ai rapidement voulu consommer sur-le-champs.

Je ne me trompais pas encore.

Lafleur, c'est un bonheur renouvelé chaque fois. C'est Jean-Luc Godard, sans l'ego ou l'arrogance. J'adore Lafleur qui tourne toujours avec finesse, originalité et intelligence. Ce film ne fait pas exception. Il s'inscrit nettement dans tout ce que je sens, dans tout ce que je suis.

Julianne Côté et Catherine St-Laurent sont les filles les plus agréables à regarder sur écran. Un délice visuel. Des babouches dans le lave-vaisselle, une clôture de métal surpeuplée de vélos, un garçon de 10 ans avec la voix d'un homme de 34, la musique...du bonheur, juste pour moi. J'étais content de donner un peu d'argent à Luc Déry et Kim McGraw. À l'équipe autour de Lafleur. Un génie qui n'a pas encore 40 ans.

Il filme la vie comme je la sens.

Merci Lafleur de me faire vivre.
Un geyser de plaisir.

Je ne suis pas des leurs moi non plus.

Avant je peinais à dormir, maintenant le sommeil m'enveloppe souverainement.
Peut-être pour me piéger une nuit et me plonger vers la mort.

Peu importe, j'aurai joui à quelques reprises.

Comme jeudi, quand j'étais vivant.
Le cul dans le divan.



samedi 28 mars 2015

Barbades Boogie

Ils sont indépendants de l'Angleterre depuis longtemps.

1966 pour être plus précis.
Avant ça, ils avaient vécu 300 ans en colonisés sous le royaume Anglais.

La Reine d'Angleterre est encore aujourd'hui l'ultime souveraine de ce pays.

Le Premier Ministre de la Barbade. Freundel Stuart, croit que la personne la plus puissante de son pays ne devrait pas être une femme blanche de l'étranger, qui a hérité du poste grâce aux conquêtes de son pays sur un autre, devenu complètement indépendant depuis.

La Barbade veut se débarrasser de la reine qui ne représente que l'ancienne colonisation à leurs yeux.

Cette reine, bien connue sur notre monnaie, est aussi la personne au sommet de la pyramide pour 15 autres pays, des pays voisins, mais aussi des pays éloignés comme le Canada ou la Nouvelle-Zélande ou l'Australie.

La dernière visite de la Reine Élizabeth II remonte à 1989 à l'occasion du 350ème anniversaire du parlement de la Barbade. Il y a donc 26 ans déjà. L'an prochain marquera le 50ème anniversaire de l'indépendance de la Barbade. Stuart présente donc une motion dès maintenant afin de retirer les traces du colonisateur qui n'ont plus vraiment raison d'être là-bas. La langue principalement parlée est bien l'anglais en Barbade, c'est déjà un très gros héritage laissé par les British.

Si l'Angleterre garde sa reine comme sommité au pays, la raison est bien simple: Elle est britannique. Mais les autres pays du Commonwealth, est-ce bien légitime de la conserver comme grande manitou de tribus qu'elle ne visite pas tellement et dont elle ne souciera jamais autant que de son propre pays de naissance (et de mort je présume)?

La première ministre de la Jamaïque avait voulu faire de même avant 2012, qui marquait aussi le 50ème anniversaire de l'indépendance jamaïcaine, toutefois ça ne s'est pas fait. Un changement constitutionnel est probablement plus populaire que facile à opérer.

Les Barbades auraient comme objectif de rester tout de même membre du Commonwealth. Mais pas sous le joug moral de la couronne ailleurs qu'au Commonwealth. Ils substitueraient la position de la reine par celle d'un ministre spécial, citoyen honoraire représentant bien le pays des Barbades. Quelqu'un qui serait un vrai symbole d'inspiration, pas une évocation étrangère.

En Australie, une campagne pour faire de même avait été si mal organisée que seulement 54% des gens se sont déplacés pour voter. Et en faveur de garder la reine. Quand le reste du pays s'est outré du résultat, il était trop tard. Le vote était passé. On ne s'entendait pas par quoi la remplacer, ça n'a pas aidé à aller voter. Depuis, seulement 39% de la population voudrait un autre référendum sur la question.

L'État de l'archipel polynésien Tuvalu a voté deux fois pour garder la reine, en 1986 et en 2008.

En Nouvelle-Zélande, on y pense aussi. On commencera d'abord par faire voter les gens l'an prochain sur la pertinence de garder l'union Jack sur le drapeau néo-zélandais. Si on choisit de liquider cette trace de colonialisme, on passera peut-être à la pertinence de la reine ensuite.

Au Canada, la majorité des Canadiens souhaiterait que la reine soit remplacée par une personnalité canadienne d'importance.

Mais avec Stephen Harper comme chef, on peut encore attendre avant de sortir madame de nos plates-bandes.

À chaque jour suffit sa reine.