lundi 8 juin 2020

Cole Porter

Né en Indiana dans une famille très riche et privilégiée du côté maternel, Cole est l'unique survivant d'un couple qui peine à avoir des enfants.

Sa mère le surprotège donc comme un survivant. Elle lui fait apprendre la musique dès ses 6 ans (le violon). 2 ans plus tard on lui fait apprendre le piano. À 8 ans, il écrit (avec sa mère) sa première opérette. Sa mère triche son âge de 2 ans pour le faire passer pour un génie. Papa est plutôt timide et écrasé par le pouvoir financier du beau-père. Il est toutefois poète amateur et doit inspirer Cole à écrire quelques lignes avec une certaine dignité. C'est surtout maman qui l'encadre et le dirige de toutes les manières possibles.

Le grand-père a une-t-elle emprise sur la famille qu'il finance l'éducation de Cole pour en faire un avocat. Mais Cole arrive au Worcester Academy accompagné d'un piano pour se divertir. Il découvre que d'y jouer lui fait faire plein de rencontres. Excellent élève, il reviendra peu à la maison. Accepté à Yale en 1909, sa vie change à jamais. Il y excelle chez les meilleurs. Diplômé en Anglais, avec une mineure en musique, et quelques années d'études en françaism il sera membre des fraternités, mieux, il compose des morceaux qui sont des chants sportifs toujours courants de nos jours tellement ils ont fait école. Il écrit dans le journal du campus, fait partie du groupe a cappella et est élu président du Glee Club comme principal chanteur solo et joue dans les troupes de théâtre du campus. Ce sont près de 300 chansons qu'il compose dès l'université. Il fleurit, inspiré, de toute évidence. Il sort régulièrement à New York pour y découvrir les nuits chaudes et revient la nuit, au Connecticut, en train, tôt le matin.

En 1913, il s'inscrit à Harvard dans la faculté de droit. Il se rend vite compte qu'il ne sera pas avocat. Il bifurque donc vers la musique, y étudiant l'harmonie et le contrepoint. Sa mère l'encourage mais tient la nouvelle direction secrète des oreilles du riche grand-père de Cole.

Une première chanson lui est achetée pour Broadway, ce qui le stimule à composer un comédie musicale qui sera une catastrophe. Porter serait alors envoyé au front en Europe dans le Premier Grand Conflit mais aucun registre ne tient son nom  à ce niveau. Ça semble inventé pour cacher une dépression. Même qu'en 1917, quand les États-Unis entre officiellement en Guerre, il déménage à Paris où il y gère un très luxueux appartement où il y tient des soirées bien arrosées, et tout en divertissements.

Ses soirées sont chics, extravagantes, scandaleuses, gays, bisexuelles, ponctuée de noblesse italienne, travestie et visitées par des musiciens internationaux. On y trouve aussi beaucoup de drogues récréatives (son père étant pharmacien, il a une piste de pige). En 1918, il fait la rencontre de Linda Lee Thomas, une très riche divorcée, extrêmement riche comme la famille de sa propre mère, de 8 ans son aînée. Belle et très connectée socialement, elle et lui partagent de multiples intérêts, comme la musique, le voyage, les soirées folles. Elle devient sa confidente et son inséparable partenaire. Ils s'épousent en 1919.
Linda sait très bien qu'il est homosexuel. Mais les deux comprennent ce qu'ils apportent à l'autre. C'est avantageux dans les deux sens. Linda est perpétuellement connectée dans le feu de l'action et a un époux divertissant qui la fait rire, qui est le contraire de sa relation précédente, abusive. Cole, pour sa part, cache une homosexualité certaine qui n'est pas bienvenue dans les années 20. Ils seront officiellement mari et femme de décembre 1919 à la mort de Thomas, en 1954. Sans enfant, bien entendu.

Voulant profiter de ses prestigieux contacts, elle dirige Porter vers la musique classique avec comme enseignant, entre autre, Igor Stravinski. Mais ça ne mène nulle part. À Paris, il étudie donc l'orchestration et le contrepoint avec Vincent d'Indy. Il réussit à vendre des chansons pour les productions de Hitchy-Koo et A Night Out, en Amérique.

La résidence du couple a des dimensions de palais sur la Rue Monsieur, près des Invalides. En 1923, le grand-père décède et Porter hérite de larges sommes de sa part. Le couple louera des palais à Venise et continue de tenir de grandes soirées, engageant même les Ballets Russes, l'espace d'un seul soir pour une soirée entre amis. Dans les jeunes années 20, sa musique fraye son chemin sur Broadway. Il obtient entre autre beaucoup de succès avec le ballet suédois. Mais il reste frustré du manque de réelle reconnaissance, à 36 ans, il pense tout abandonner.

Mais avec la comédie musicale Paris, il obtient un énorme succès et signe deux chansons signatures qui seront immortelles. Rodgers & Hart devaient signer la comédie musicale mais étaient non disponibles. On s'était rabattu sur Porter par dépit et on ne l'a pas regretté. Le crash boursier affecte beaucoup ses productions, qui se multiplient, mais il obtient un autre gros hit, en plein crash.

Hollywood, nouvellement parlant, s'intéresse alors à Porter, qui lui, s'y intéresse peu et livre des trames sonores peu inspirées. Sans passion.

Toutefois, un producteur de Broadway le convainc de composer pour la ville que Porter aime le plus après Paris, New York. The New Yorkers sera un immense succès. Il sera l'auteur du dernier spectacle sur scène de Fred Astaire en 1932. Ce sera adapté en film. Dans les années 30 il devient enfin majeur auteur. Sur scène et sur pellicule cinéma. Il compose des classiques. Bing Crosby, The Andrews Sisters interprètent son matériel avec succès. Linda n'aime pas le nouvel univers cinéma et l'homosexualité de Cole, alors discrète, l'est de moins en moins. Elle retraite à Paris.

En 1937, il va la rejoindre pour faire la paix, mais elle reste indifférente. Le 24 octobre, il chute d'un cheval, en compagnie de la comptesse Edith di Zippola et du Duc Fulco di Vendura et son cheval le piétine presque fatalement. Il perd l'usage normal de ses deux jambes. Il aurait dû être amputé des deux jambes mais refuse. Il aura mal aux deux jambes le restant de sa vie. Après 7 mois alité, il reprend le travail musical, pour se changer les idées. Linda est revenue de Paris et le couple n'a jamais été aussi soudé. Il produit plusieurs petites comédies musicales qui ont peu de succès, puis compose pour Fred Astaire pour le cinéma.

Avec la guerre aux portes de l'Europe, on ferme tout ce qu'on a, à Paris, et on revient en permanence au Waldorf Tower de New York, on s'achète une maison de vacances au Massachusetts et on habite fréquemment Hollywood.

Une production joue 501 fois au début des années 40. Et la suivante, 547 fois. Le succès autour de Porter est bien vivant. Bien que les années 40 ne produisent pas de légendaires morceaux, c'est dans l'ensemble des productions des années 40 que plusieurs considèrent son matériel comme le meilleur de sa carrière.

En 1948, avec Kiss Me, Kate, Porter frappe un coup de circuit. Ce seront 1077 représentations qui se feront à New York et 400, à Londres. On gagne aussi le tout premier Tony dans la catégorie comédie musicale. Porter gagne aussi les prix du meilleur compositeur et du meilleur parolier.

Dans les années 50, il a encore quelques hits, mais sa mère décède en 1952, et Linda, deux ans plus tard. Le coeur n'y est plus.

Ses blessures aux jambes lui font des ulcères. Il sera amputé. Il décède 10 ans après Linda, en 1964. d'insuffisance rénale.

Il avait 73 ans.

Sa musique franchit les époques et s'entend toujours de nos jours dans les stades, en variations jazz, pop, dans les espaces commerciaux, dans les films, sur scènes et dans les coeurs forgeant le bonheur.

Cole Porter est né demain, en 1891.
Il y a presque 130 ans.

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