jeudi 3 mars 2022

À La Recherche Du Temps Perdu***************Guerre & Paix de Leon Tolstoï

 
aH ! Fallait que ça m'arrive à nouveau ! Février était trop court!

(Habituellement) chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parle de l'une de mes 3 immenses passions: La littérature.  Ironiquement, alors que je venais tout juste de m'acheter autour d'une quinzaine de livres, j'ai platement oublié. Je vous en ferai deux en mars. 

Lire c'est choisir d'apprendre. De plonger dans l'univers d'un(e) autre. C'est choisir de s'ouvrir les sens, de confronter ses idées parfois arrêtées, c'est s'imposer une nouvelle vision, explorer le connu et le pas mal moins. C'est accepter le souffle du rythme d'un(e) autre. C'est apprendre à penser et à respirer différemment. Selon ce qui vous entre dedans.

Et respirer, c'est vivre.


GUERRE & PAIX
de LEON TOLSTOÏ

Un livre de 1572 pages ne peut qu'être intimidant. Ce qui fait que ce livre, lorsqu'acheté, d'occasion, jadis naguère, en temps, pas de guerre, dans mon Montréal bien aimé, je l'ai évité pendant longtemps. Il faisait décoration. Mais je ne mentais pas sur le fait que je ne l'avais pas encore lu. Mais tant qu'il était là, je pouvais le faire. Ce que j'ai fini par faire. Il y a quelques hivers. Parce que voilà une brique qui se lit l'hiver. Et qui le fait bien digérer. Je n'ai pas lu ce livre, je l'ai vécu. Je ne suis même pas convaincu de l'avoir autant lu que le livre lui-même, m'avait lu. Je me rappelle m'être damné de ne pas y être plongé plus tôt. 


Il s'agit d'un électrochoc pour l'âme. Il y a peu de distinction à faire entre l'art de l'auteur Russe et sa philosophie de vie, tout comme il n'y a pas de distinction à faire entre les discussion fictives et l'Histoire avec un grand H, de la Russie. Sans réel thème unifiant, sans réel scénario tordu, ni complète fin, ce livre, publié en 1869,  est un défi pour le genre romanesque et pour le narratif d'une histoire en général. Il y a à peine un personnage principal, quoiqu'On s'entend en général sur Pierre Bézhoukov pour ce rôle. Ne cherchez pas où ceci ou cela vous mènera nécessairement. Laissez vous bercer par les vents d'Austerlitz et les champs de batailles. 


La Guerre de la Troisième Coalition de 1805, la paix de Tilsitt de 1807, la campagne de Russie de 1812, les batailles de Schöngrabern, Austerlitz, Borodino, sont toutes couvertes. La vérité capturant l'histoire. Deux choses encore difficiles de nos jours à confirmer en territoire Russe. Où on invente des Nazifications Ukrainiennes afin de justifier le condamnable. On y lit les dégénérescences de la guerre. Les espoirs de la paix. 


Il y a une large part existentialiste dans sa plume. Qui suis-je ? Je vis pour quelle raison ? Pourquoi suis-je né ? sont des questions posées indirectement par la galerie de personnages. On parle beaucoup de la responsabilité individuelle. Un sujet qui devrait être appris aux fiers imbéciles anti-vaccins ou aux désinformateurs autour de la Covid. On doit lutter contre la dichotomie du libre arbitre en opposition à l'influence du monde extérieur, dans l'histoire en cours. Les personnages fictifs et les vrais acteurs de l'histoire Russe s'entrecroisent. J'adore ce type de clins d'oeil à un certain réalisme, tant que ça ne devient pas simple uchronie. Leon disgresse quelques fois dans la philosophie qui a maintenant fait sa place dans le quotidien mondial. Comme cette phrase devenue assez publique, inexistante culturellement avant qu'il ne l'écrive, au 19ème siècle: "Nous pouvons seulement savoir que nous ne savons rien. Ceci représente le plus haut niveau de sagesse".


Riche, parfois complexe, francophile, a traduit lui-même la brique qu'il avait d'abord appelée 1805. Sa syntaxe n'est pas conventionnelle. Ça donne au récit un côté aussi baroque que surréaliste. Leon parsème son livre de multiples de ses propres idées sur la vie en général et nous nous trouvons donc témoins de la formation d'une communauté (soviétique) et d'une conscience nationale. Le livre est ponctué de très nombreuses scènes fortes comme ce soldat atteint par balles sur les champs de bataille contemplant l'éternel firmament ou le compte Bezukhov se questionnant sur le sens de l'amour en regardant le sourire de Natasha. Le mystère de la mort accueilli ou craint. La profonde tristesse d'une mère recevant des nouvelles de son fils en service. 


Des frères slaves tirant des frères slaves. Tellement 2022, en même temps. 

C'est un défi, mais aussi splendidement intéressant. 

Peut-être encore plus, maintenant.

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