lundi 28 mars 2022

Roumanie Communiste Sous Ceaucescu

Témoignage d'un Roumain, maintenant ici, qui y est né et qui y a vécu jusqu'à ses 19 ans. 

Avec le drame ukrainien actuel, il avait envie de partager son vécu de l'autre côté du mur. Qui amène à comprendre un peu l'attachement à l'OTAN. Tout en expliquant l'ordre des valeurs des résidents de cette partie de l'Europe de l'Est.


À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la Roumanie, État prospère et monarchie parlementaire de l'Europe de l'Est tombe dans le spectre de l'influence de L'URSS. La Roumanie se voit imposer un régime communiste. Les élites sont éloignées de force et violement du pouvoir et les prolétaires s'installent. Beaucoup de Roumains, comme l'Ukraine, en ce moment, pensaient alors que les États-Unis et l'occident allaient intervenir et les libérer. La pensée est si férocement ancrée dans les esprits que certains vivent de cet espoir jusqu'à la fin des années 60. 


Malgré tout l'économie roumaine semble connaître une croissance économique formidable. L'une des plus grandes au monde entre 1950 et 1970. Ça impressionne tant, que le président des États-Unis d'alors, Richard Nixon*, rend visite au président Nicolae Ceaucescu, qui lui, est considéré comme un magicien prodige. Il réussit la transition d'un pays agricole vers un pays industriel. Des villes-usines poussent ici et là et semblent sortir de terre. Rien ne semble vouloir arrêter la politique productiviste du "génies des carpates". 

Toutefois...

...à la soviétique, l'entièreté de ses statistiques est bidon. Il gère par la terreur et ses subordonnés et bénouiouis maquillent les chiffres et font disparaître les pertes. En vérité, le marché intérieur est excessivement faible, la dette extérieure augmente de manière vertigineuse. Les investisseurs occidentaux ont financé la transition vers l'industrie.


En 1973, lors du choc pétrolier, l'économie du pays se révèle peu compétitive sous l'effet combiné de l'augmentation du prix de l'énergie et des taux d'intérêts. Après une récession globale, en 1974, la Roumanie est au seuil de la faillite. Au début des années 80, la Roumanie doit faire appel au Fond Monétaire International afin de l'aider à payer ses dettes. Ce que propose alors le FMI est de rembourser ave un programme d'austérité. Horreur. Pour ce faire, il faudra maximiser les exportations et réduire les importations. Les statistiques officielles restent faussées et au FMI, personne n'en a rien à foutre que le pays soit dépendant des importations de produits alimentaires et d'énergie. Les besoins essentiels sont largement sous estimés et la tragédie commence. La famille du Roumain qui raconte doit vivre avec des cartes de rationnement de nourriture, en faisant des queues énormes pour pouvoir acheter un peu de lai ou de viande. 

Dès ses 8 ans, celui qui témoigne perd la carte de rationnement du pain et c'est considéré comme un véritable drame familial. Ses parents, oncles et tantes ont des horaires de travail impossibles et imposés de 10 à 12 heures par jour et il arrivait donc à l'enfant qu'il était de faire les courses ou de faire la file. Les produits énergétiques étaient rares, et les gens devaient là aussi, rationner. L'électricité était coupée par le gouvernement, même l'hiver quand, à 16h30, il fait nuit. Pire encore est la souffrance quand il fait entre -10 et -20 (de jour) ce qui n'est pas anormal comme météo, en Roumanie.


Évidemment tout se déroule sous le contrôle d'un parti unique qui se charge de glorifier le régime. On fait tout ça pour votre bien colore-t-on le discours. Une police politique féroce se charge de surveiller et de sévèrement opprimer les éduqués, les intellectuels et les opposants. On les coffre en prison ou pire, on les envoie dans des camps de travaux forcés. Nombreux y meurent d'épuisement ou "d'accidents" de travail sur place. 


Ceci n'est qu'une partie infime de l'histoire Roumaine mais c'est du vécu. Tous les pays du bloc soviétique ont connu plus ou moins les mêmes épisodes, parfois en plus violent, parfois moins. Après la chute du mur, un vent de liberté souffle en Roumanie. L'Union Européenne fait du bien à des pays comme la Roumanie. Et on remonte la pente. Il devient donc évident que les Ukrainiens se battent et soient prêts à y mourir, pour rien au monde ils ne voudraient revenir en arrière. L'Ukraine est indépendante depuis 2014, et son peuple n'a majoritairement pas tellement connu l'ère soviétique que veut imposer le dictateur Poutine. Ils ont été charmés, comme quiconque, par la liberté occidentale et la démocratie. Ils refusent, sans surprise, la tyrannie. Rejettent la médiocrité des dirigeants russes. Ne veulent pas de la souffrance. Voilà aussi pourquoi tous les pays voisins de l'Europe de l'Est suivent attentivement ce qui se passe. Ils sont hyper sensibles à cette guerre. Il en va de même à l'égard de leur attachement pour l'OTAN. Bouée de sauvetage anticipée. 


Contrairement à ce que les mythomanes peuvent dire, l'UE et l'OTAN n'ont annexé personne. Sortir de la sphère d'influence russe est la volonté clairement exprimée par les Ukrainiens depuis 2014. 

Les Russes seront bientôt obligés d'exporter aussi, au niveau alimentaire. Provocant peut-être des famines ici et là. 


Le néo-nazisme en Ukraine c'est de la grosse bullshit. Prétexte à justifier le génocide. Le président ukrainien est juif. Si on plaçait un leader juif au pouvoir ici, au Canada, les néo-nazis sortiraient de leurs camions à Ottawa et parasiterait nos quotidiens tout partout. 

Ionut Mihalcea (en mortaise) est celui qui a vécu ce que je vous raconte, et qui est ce Roumain dont je vous parle. 

Merci de coup de perspective personnelle, Ionut. 

*Un filou sait en reconnaître un autre.

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