lundi 11 février 2019

Le Québec Avale le Cinéma Canadien

Le cinéma canadien est rare. Voire inexistant pour nous.

On le reconnaît à Noël, quand pendant quelques semaines, on y voit de très jolies actrices, généralement mauvaises, tournant dans de mauvais scripts, dans des films cotés 5, 6 ou 7. Toujours une histoire d'amour cucul ou de méchant concubin menaçant la sécurité d'une famille ou d'une femme un peu naïve.

Il n'a pas grand chose d'unique. Anglophone, il peut facilement passer pour du cinéma Étatsunien si on est peu attentif. Ce qu'on est souvent face au cinéma canadien.

Le cinéma québécois, en revanche, se distingue, ne serais-ce que par sa langue d'origine. Même les films en anglais du Québec se démarquent dans leur diversité. Et leur originalité.

Sans vouloir dire que le Québec est souvent plus brillant que le reste du Canada, on se distingue assez favorablement. Ça les irrite. Ils nous jalousent là-dessus. Nous inventant des défauts parce que c'est ce que les nuages font, jalouser le soleil.

Pour la prochaine édition de la remise des prix Écran Canadien*, récompensant le meilleur du cinéma d'origine canadienne, le meilleur film canadien sera Québécois. Vous savez pourquoi? Parce que les 5 films en nominations seront Québécois.

C'est pas rien.

L'Académie Canadienne du Cinéma et de la Télévision, dans la catégorie du meilleur film produit l'an dernier a été séduite par:

Dans la Brume de Daniel Roby
Spectaculaire film de science-fiction où une catastrophe plonge la planète dans un état de panique, cette co-production avec la France est aussi finaliste pour le scénario original de Jimmy Bemon, Mathieu Delozier et Guillaume Lemans, pour ses maquillages, son son d'ensemble, son montage sonore et ses effets visuels. Michel Robin est aussi nommé dans la catégorie du meilleur acteur de soutien. Roby est nommé comme meilleur réalisateur.

La Grande Noirceur de Maxime Giroux
Autour de 1944, un déserteur Québécois se cache en jouant les imitateurs de Charlie Chaplin dans l'Ouest Canadien. Il compte rejoindre son oncle à Detroit. Comme il n'a pas de moyens de transports, il longe le chemin de fer, ce qui lui fait rencontrer des amis comme des adversaires. Autre co-production. Le film se mérite des nominations dans les catégories de la meilleure direction artistique, des meilleures images (de Sara Mishara**), du meilleur montage sonore, des meilleurs costumes, du meilleur acteur (Martin Dubreuil) et de la meilleure actrice dans un rôle de soutien (Sarah Gadon). J'ai travaillé trois ans avec Maxime Giroux à la Cinémathèque Québécoise. On s'est beaucoup amusé ensemble. Se chicanant en équipe contre une Chloé Ste-Marie convaincue qu'on lui devait tout. Géroo est nommé dans la catégorie du meilleur réalisateur.

Une Colonie de Geneviève Dulude-De Celles
Mylia commence l'école le secondaire à l'extérieur. Elle y découvre Jacynthe, une amie plus âgée et expérimentée, son cercle d'amies, Jimmy, un jeune autochtone dont les racines seront toujours sources de tensions, elle y découvre la vie, loin de sa petite soeur dont elle prenait soin, puisque leurs parents étaient trop occupés à se chicaner en tout temps. Le film est en nomination pour ses costumes aussi, Emilie Bierre pour le premier rôle féminin, Jacob Whiteduck-Lavoie pour le meilleur rôle secondaire masculin, Irlande Côté pour le meilleur rôle secondaire féminin. Ce film était dans ma liste de films à voir depuis longtemps. Geneviève est aussi nommée dans la catégorie de la meilleure réalisation.

Chien de Garde de Sophie Dupuis
La dynamique d'une famille de Verdun où on se débrouille comme on peut avec le milieu interlope. Premier long métrage de Sophie Dupuis qui a puisé beaucoup dans l'univers de Martin Scorsese. Formidable performance de tous les acteurs, particulièrement Théodore Pellerin et Claudel Laberge. J'ai travaillé quelques mercredi avec Marylou, une de ses amies d'enfance. Excellent film.  Sophie est aussi nommée dans la catégorie de la meilleure réalisation. Théo Pellerin est bien entendu dans la catégorie du meilleur acteur et Sophie, autant que Geneviève Dulude-De Celles sont nommées dans la catégorie du meilleur premier film. Ce qu'elles devraient mériter toutes deux. Ne serais-ce que pour faire rougir les femmes canadiennes anglaises.

Genèse de Philippe Lesage
Un autre film dans ma liste de films à voir depuis longtemps. Encore Théodore Pellerin dans un rôle (et un corridor) me rappelant mon secondaire II. La naissance des premières amours de trois adolescents. Guillaume craque peu à peu pour son meilleur ami, sa demie soeur quitte son copain pour tester le marché libre, à la genèse de tout ça, Felix, dans un camp de vacances, connaissant ses premiers émois. Philippe Lesage est nommé aussi pour son scénario, Paul Ahmarani pour le meilleur rôle de soutien masculin.

Parmi 17 longs métrages finalistes, dans au moins 3 catégories, il y a 11 nominations en provenance du Québec.

The Hummingbird Project de Kim Nguyen est nommé 6 fois, dont la meilleure musique originale et la meilleure direction artistique.

Fauve, de Jeremy Comte, qui est aussi nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur court-métrage, est nommé dans la même catégorie pour l'équivalent canadien.

Étrangement pas Marguerite, aussi aux Oscars dans la catégorie du meilleur court-métrage de fiction.

Cette remise de prix qui aura lieu le 31 mars prochain, récompense aussi les artisans de la télévision et des médias numériques.

164 professionnels du Québec y sont nommés.

Détestez nous si ça vous chante, Canada anglais.

On préparera la culture de demain pendant que vous ruminez votre guerre.

Dont on entend rien du bruit.




*Même dans le nom des prix ils sont d'une déplorable convention drabe.
**Qui est aussi en nomination dans la même catégorie dans le même rôle pour Allure.

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