vendredi 23 avril 2021

Les Doigts Gras


 Je ne suis pas snob ni hautain. Encore moins raffiné. J'ai même toujours un peu envié la finesse, autant celle des traits que la finesse intellectuelle et la finesse en sports ou en travaux manuels. Parce que je savais que je ne l'avais pas (dans les traits ou les travaux manuels) mais que j'y touchais parfois ailleurs (en sports, en écriture) assez souvent, pour vouloir toujours tenter de l'atteindre. 

Une sorte de carotte face à l'âne.


Mais j'ai nettement un côté vulgaire très pénétré dans ma peau. J'ai été longtemps joueur de hockey. Si bien que quand on va au resto, moi qui ai été élevé dans une famille qui n'y allait franchement jamais, je n'ai pas le réflexe de me gâter (ou d'en avoir l'initiative). Je suis alimentairement le moins difficile des hommes, mais j'explore peu à ce niveau et je commande très souvent une plate poutine ou un burger. Parce que j'adore à en tuer le fromage sous toutes ses formes, et j'ai vraiment l'impression que je me "gâtes" quand je mange si mal. Je triche le bien-manger. (que je respecte à moitié en tout temps).


Je pêche peu dans la restauration rapide, mais si j'assumes ma vulgarité quand j'y plonge, je sais que j'y mettrai facilement la main sur un journal de même valeur. Toujours le même. Le journal de Pier-Karl Péladeau. Tant qu'à avoir les doigts gras.  

Ce journal a eu une dure semaine. Tout d'abord, une de ses journalistes, Denise Bombardier, auteure aussi, que la France n'a jamais voulu garder malgré nos supplications, a préféré dire qu'elle ne cherche jamais à écrire la vérité, plutôt que d'avouer ses erreurs de faits en critiquant injustement la mairesse Valérie Plante de Montréal. Une attaque truffée de faussetés. Elle ne porte même pas de casque de bain lorsque noyée par l'orgueil. Mais nage. Dans la fierté fielleuse. 


Et hier, la honte. Ça a largement été commenté et j'en rajoute sur les rajouts. Le Journal de Montréal, en hommage au jour de la terre, a produit une édition à envoyer directement au compost, pleine de contenu extraordinairement merdeuse. Baissant toujours la barre à son plus bas, elle a mis en Une le Premier Minus Justin Trudeau avec l'équivalent d'un black face, déguisé en tenue folklorique de l'Inde. Des images qui avaient largement fait le tour du monde, et qui baignaient notre ancien professeur d'arts dramatiques et notre pays dans le gênant mondial, il y a quelques années. Et en dessous, une phrase qu'on a pas de difficultés à voir sortir de la bouche de Pierre-Karl Péladeau lui-même.  "Alors Justin, est-ce qu'on coupe rapidement les liens avec l'Inde cette fois-ci?" faisant référence au variant du virus de la covid Indien qui frappe nos sociétés. 


Cette familiarité, je l'entends tellement clairement dans la bouche du grand crétin en chef : Pierre-Karl P. 

P. Comme dans Pauvre Plouc.

Le responsable de la Une s'est expliqué en fournissant le bâton avec lequel on peut maintenant continuer à le battre. Il a accusé les gens de ne pas chercher à comprendre en ne lisant pas les textes à l'intérieur (qui sont généralement pires) prouvant du même coup que c'était lui qui ne comprenait pas puisque c'est la Une qui était critiquée, du choix des images et du choix de la question. Quelqu'un disait que le responsable de cette Une devait n'avoir que 12 ans. Peut-être en a effectivement la maturité.

En soirée, on a changé le texte pour maintenant jouer la victime, mais l'unanimité était presque totale. 


La décision de cette Une manquait horriblement de jugement.  Nourrissait l'impur.

De la bouette ne pouvait pas devenir de l'eau comme ça. 

Chercher du pur dans un torchon, chercher de la finesse dans le vulgaire, faut pas ouvrir ce journal. 

Hier on ne pouvait pas se cacher les yeux. Cette infâme Une était partout.

Faudra passer la vadrouille sur ce vomi. Quand Pierre-Karl Péladeau s'ouvre la gueule, pensez à ce qu'il gouverne fièrement. 

Je ne suis pas snob. Mais le mauvais goût. ça peut quand même puer de partout. 

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