Reconnu pour son style modulaire et axé sur la répétition, le compositeur minimaliste de Stratford, en Angleterre, est aussi admiré pour son côté expérimental et sa longue collaboration avec l'excellent cinéaste Peter Greenaway.
Né en 1944, il a étudié à la Royal Academy of Music and King's College à Londres sous les directions du compositeur communiste Alan Bush et Thurston Dart, un musicologue spécialisé dans la musique baroque anglaise. Sous la tutelle de Dart, Nyman a été introduit aux canons et aux airs anglais du 16ème siècle et du 17ème siècle, leur mélodies répétitives, les hautes lignes de contrepoint qui influenceront ses oeuvres futures.
Diplômé au coeur des années 60, Nyman ne se reconnaît pas du tout dans le British Pop qui envahit la planète. Il ne se reconnaît pas plus dans les compositions modernes de Stockhausen. Il se lance alors dans la critique musicale de 1964 à 1976. Il écrit pour The Listener, le New Stateman, The Spectator. Dans une critique de Cornelius Cardew, il introduit pour une des premières fois un terme qui lui sera parfois attribué, "minimaliste" pour parler musique.
Mais pendant sa période critique, il compose tout de même, et performe avec The Scratch Orchestra, Portsmouth Sinfonia, Steve Reich ou The Flying Lizards. En 1974, il écrit le très influent livre sur la musique expérimentale, Cage & Beyond, une exploration de l'influence de John Cage sur une génération de compositeurs comme la sienne. L'un des impacts importants du livre est plus profond encore puisqu'il opère sur Micheal Nyman lui-même, qui semble alors découvrir, en écrivant son livre, sa propre muse en Cage.
En 1976, il accepte l'invitation de Harrison Birthwistle, directeur musical du National Theater , afin d'être l'arrangeur de plusieurs morceaux populaires vénitiens de chansons du 18ème siècle dans une production de Il Campiello de Goldoni. Ses arrangements comprenaient des instruments médiévaux, des rebecs, des luths, des violes de gambe, des batteries plates, des saxophone sopranos, joués en simultané, toujours plus fort, créant ainsi un son distinct et une couleur qu'il reprendra souvent dans la suite de ses compositions.
Après cette collaboration, il garde les mêmes musiciens et recommence à composer pour lui-même. À l'origine, dans une unité acoustique, mais lorsque les années 80 se pointent, Nyman en fait un orchestre plus amplifié.
C'est le cinéaste Peter Greenaway qui lui offre une splendide vitrine en 1982, en lui confiant la trame sonore de son film The Draughtman's Contract. Nyman & Greenaway avaient travaillé, deux ans avant sur un autre film. Nyman travaillera sur 9 des films du cinéaste par la suite, dont le film Drowning By Numbers, en 1988, entre autre et dans l'extraordinaire The Cook, The Thief, His Wife & Her Lover, en 1989. C'est avec Memorial, un morceau tiré du film The Cook, The Thief, His Wife & Her Lover, que je le découvre (et obtient un certain succès à l'école en faisant un montage cinématographique sur le morceau dans un cours). Memorial avait été composé en hommage aux victimes des fans du Juventus, tué bêtement et tragiquement en mai 1985.
En 1991, son travail sur Prospero's Book, toujours de Peter Greenaway, lui amène une reconnaissance qui surpasse celle du film.Il travaille compose et offre toujours aussi, alors, de la musique de chambre, de la musique chantée, des opéras et des orchestrations pour films.
Sa signature sonore inclut non seulement de la répétition propulsive, mais aussi une palette de touches instrumentales idiosynchratiques. Piochant assez fort sur les claviers, usant d'une clarinette basse assez lourde et les saxophones barytons, parfois des voix si hautes qu'on soupçonne certains chanteurs castras. Mozart sera une influence importante de ses créations. Shumann sera aussi une inspiration majeure pour l'opéra The Man Who Mistook His Wife for a Hat sur lequel il travaillera. Et Bartok sera aussi fortement inspiré pour son String Quartet #2 en 1988, une commande du danseur et chorégraphe indien Shobana Jeyasingh.
Dans les années 90, il compose un hommage au poèmes de Paul Celan pour la chanteuse allemande Ute Lemper avec laquelle il avait aussi travaillé sur Prospero's Book. En 1992, il touche à la divinité en gagnant l'Oscar de la meilleure musique de films pour le film de Jane Campion, The Piano. Cette seule oeuvre le rendra multimillionnaire. Il travailler et retravaillera sans cesse la musique ethnique, se gardant des horizons sonores toujours plus larges.
Auteur de multiples opéras, d'opérettes, de concertos, d'oeuvre pour quartet à 5 cordes, de musique de chambre, souvent dans son Micheal Nyman Band, il brille encore jusqu'à nos jours, offrant de son talent sonore sur les trames des films Gattaca, dans l'opéra Facing Goya ou dans la chorale avec orchestre pour Handshake in the Dark.
Micheal Nyman a aujourd'hui 75 ans.
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