mardi 5 janvier 2010

Ces gens que vous croisez à l'épicerie


Ressources Humaines était un grand film comme les Français savent le faire souvent.

Un film qui n'avait rien d'Hollywoodien. Pas de musique extra dyégétique. C'est-à-dire pas de musique qui n'aurait pas de justification à l'écran (une radio, un café avec une radio qui joue en sourdine, un musicien à l'écran.

Surtout pas de stars. Sinon l'histoire. L'histoire toute simple d'un jeune homme qui fait son stage de ressources humaines à l'usine où travaille son père et découvre par erreur que celui-ci sera viré. Un affront père/fils s'ensuivra.

Laurent Cantet, le réalisateur, plantait sa caméra discrètement dans la pièce, une caméra épaule qui donnait l'impression que nous prenions part à ce qui se déroulait à l'écran. D'autant plus que les visages ne sont pas ceux de Tom Cruise, de Matt Damon ou d'Angelina Jolie. Ce sont des visages inconnus de gens ordinaires, ni beau, ni laid, ces gens que vous croisez à l'épicerie.

Son deuxième film était encore plus brillant. Explorant la piste de l'humiliation et la manière de le gérer, L'Emploi Du Temps raconte l'histoire d'un homme qui a perdu son emploi et qui le cache à ses proches afin de ne pas les inquiéter. Ou afin de ne pas paraitre "vaincu" à leurs yeux. Il quitte quand même chaque matin et occupe ses journées afin de faire croire qu'il travaille toujours. Évidemment son projet tourne à vide.

Je n'ai pas vu son troisième film Vers le Sud. Parce que c'est une production Franco-Québécoise. Et, qu'à mes yeux, les productions franco-Québécoise sont toujours aussi mauvaise que le camembert dans la poutine.

Puisque mercredi je fais ma rentrée scolaire à l'U de M, je me suis loué Entre Les Murs, le quatrième film de Laurent Cantet, palme d'or au dernier festival de Cannes. Ce film raconte l'histoire de François, un jeune professeur de français d’une classe de 4e dans un collège difficile du 20e arrondissement de Paris. Il devra affronter Esmeralda, Souleymane, Khoumba et les autres. François n’hésite pas à pousser les adolescents jusqu’à leurs limites afin de les motiver. Quitte à prendre parfois le risque du dérapage.

Ce qui est merveilleux de ce petit bijou de 2h heures 08 c'est qu'à nouveau la caméra est à l'épaule, le film prend le temps de nous installer dans son univers, le film n'a rien d'Hollywoodien, les acteurs semblent tous non-professionels et font excessivement vrais. Ils portent presque tous leurs vrais noms à l'écran d'ailleurs. Le "François" dont nous suivons la classe c'est François Bégaudeau, l'auteur du roman duquel le film de Cantet s'inspire. Fera-t-il l'acteur dans d'autres films? je ne sais pas mais dans celui-là il est parfait. Il sait quoi jouer, il l'a écrit. On y croit.

Certains films font si vrais que l'on a l'impression de connaitre davantage les gens dont on vient de suivre les aventures.

On en découvre surtout beaucoup sur l'Homme et les nuances qui le compose.

Dans cette classe de cinéma nous sommes élèves.

Merci Laurent Cantet pour ton cinéma plus vrai que certaines vies.

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