dimanche 19 juillet 2009

Garguche


Je vieillis.

Pour décrire le genre d'objet qui accueille notre portefeuille, nos clés, notre montre, notre petit change, bref tout ce qui alourdit nos poches en fin de journée j'ai dû inventer un mot: garguche.

C'est une entente que j'ai eu avec ma belle il y a 17 ans afin que l'on se comprenne lorsqu'elle me dit :
"As-tu vu mes boucles d'oreilles quelque part?"
"Dans la garguche"
ou
"Où t'as mis mes clés donc?"
"Graguche"

C'était avant de savoir qu'il y avait un mot pour décrire cet objet: un vide-poche. Mais comme nous aimions mieux "garguche" nous avons continué à l'appeller garguche. Toutefois il y a de plus en plus de confusion avec les années car la patente qui garde nos factures, qui ressemble un peu à un presse-livre mais qui ne fait que collectionner les factures, les cartes de fêtes, les timbres, les billets de métro, etc. cette patentagosse sans nom, on a aussi commencé à l'appeller garguche.

c'est comme avoir deux Antoine dans la maison.
"Antoine?"
"Lequel?"

"Dans la garguche"
"laquelle?"
est maintenant la norme.

Il y en a une "à clés" et une "à papier".

Je vieillis parce que l'un de mes réèls (et plus-que-simple) plaisir dans une journée est maintenant de vider mes poches de leur contenu. Parce que bien souvent ceci signifie qu'il est ~17h00 et que ma journée de dégénération cérébrale au travail est terminée. Mieux encore, quand j'enlève ma montre, je choisis volontairement de faire abstraction du temps et de prendre contrôle de mon être. La montre ne se laisse pas faire aisément car elle me laisse généralement une belle marque sur la peau. Une marque de compression, comme si mon poignet avait grossi dans la journée.

Alors que c'est plutôt le temps qui retrécit.

Je vieillis parce que j'en suis à l'âge où "aller en ville" représente l'activité d'une journée alors qu'avant ce n'était que sortir de la maison.

On s'est encore une fois cette année balladé au coeur du Festival Juste Pourri en se demandant ce qu'on y faisait. Il y a bien entendu un peu de folie dans les rues mais ça ne s'appelle pas autant Juste Pour Rire que simplement Montréal. Et j'aime mieux la folie ordinaire de Montréal, je l'avoue. Voir de jeunes humoristes mourir de honte sur scène devant une foule silencieuse ça me tue. Réaliser qu'on est pas drôle et mourir en direct c'est toujours un choc pour moi.

Cette foule est adorable toutefois. Surtout dans des soirées chaudes comme hier soir. La chaire exposée était à rendre fou. L'été dernier les jeunes filles portaient des shorts de basketball, c'était horrible. Cet été elles portent en général le short court fleuri. Le boxer hawaien. C'est pire mais à la limite ça expose plus de cuisse.

Voyez que je vieillis, je critique la jeunesse et je parle comme un vieux libidineux pervers.

Nous avons mangé au resto ("tant qu'à être en ville!"-phrase de banlieusard)avec deux enfants trop fatigués. Nous avons trottiné jusqu'aux feux d'artifices avec des enfants BEAUCOUP trop fatigués qui n'ont pas césser de jaser du début à la fin. Monkee pose 455 questions quand il est claqué. Je lui ai patiemment répondu du mieux que je pouvais de l`'histoire de l'invention des feux d'artifices et de son potentiel futur. (J'ai tout inventé en fait). Punkee elle se traine au sol et tombe partout comme en lutte contre son propre corps ou en faisant toute sortes de son en proie au délirium tremens quand elle est fatiguée. Comme moi lorsque je prends un verre qui n'attends jamais l'autre.

Sommes rentrés trop tard (PFFF!!! minuit un samedi, tu vieillis Jonesy!)

Me suis couché dans la garguche après m'être servi dans le whisky.

"T'es où chéri?"
"Garguche! bruiiiiiiip!"

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