Splendide tunisienne, celle qui voulait devenir enseignante sera déviée de sa trajectoire quand elle gagne un concours de beauté qui l'envoie comme grand prix au Festival de Films de Venise. Elle sera recrutée dans le milieu et deviendra sexe symbole dans les années 60, incarnant entre autre le fantasme féminin (ou la muse) pour le grand Federico Fellini dans son chef d'oeuvre 8 1/2. Auparavant, elle se faisait remarquer sous la direction du tout aussi grand Luchino Visconti, où elle y sera resplendissante dans la peau de la copine amoureuse de Vincenze, Ginetta, pour l'excellent Rocco & His Brothers.
Marlon Brando tentera de la charmer mais sera poliment repoussé par madame, David Niven dira d'elle qu'elle est la plus belle invention italienne (puisque découverte à Venise) depuis le spaghetti. Considérée comme la réponse européenne à Brigitte Bardot dans les années 60, plusieurs, dont moi, préfèrent la brunette aux yeux noisettes. Même au civil.Elle passera sa vie à se battre pour la reconnaissance des femmes dans le milieu, pour leurs droits dans plusieurs pays dans le monde ambassadrice de l'UNESCO, défendant aussi les droits d'homosexuel(le)s.
Elle joue dans plus de 140 films dans sa carrière qui s'étend de 1956 à 2022. S'éteint mercredi à 87 ans.
Voici 10 fois où vous pourriez voir la belle Claudia dans des rôles variés. Non je n'y place pas 8 1/2 de Fellini où elle n'est franchement que décoration et fantasme. Bien entendu, sur 140, vous pourriez la voir à des dizaines et des dizaines d'autres endroits sur pellicule. Toujours charmante, peu importe l'âge.
A Girl in Australia de Luigi Zampa. 1971.
Tourné entièrement en Australie avec une équipe entièrement italienne cette comédie mettant en vedette une autre superstar italienne, Alberto Sordi, qui incarne un italien d'origine, honnête travailleur de lignes en Australie depuis 20 ans qui n'arrive pas à trouver l'âme soeur. Il finit par se trouver une copine par correspondance d'Italie, une fille des rues fuyant son abuseur pimp jusqu'en Australie. Claudia incarnant cette dernière. Drôle et charmant.
The Day of the Owl de Damiano Damiani. 1968.
Un violent policier italien enquête sur le meurtre d'un travailleur de la construction dans une petite ville de la Sicile Le mari de Rosa, (cette dernière, incarnée par CC) disparait aussi. Ça transpire les coups bas de la mafia qui contrôle presqu'entièrement le petit village. Rosa est déchirée entre ce qu'elle sait, ce qu'elle ne veut pas savoir, et ce qu'elle ne devrait pas savoir. Elle devra peut-être choisir le silence si elle veut vivre longtemps.
Fitzcarraldo de Werner Herzog. 1982.
Un des films préférés de Claudia, elle incarne pour le réalisateur allemand, une reine de bordel finançant le rêve de Fitzcarraldo (joué par le toujours dérangeant Klaus Kinski) de monter un opéra dans la jungle. Tout le monde sera malade sur le tournage, un tournage où tout ira si mal qu'un technicien se coupera un pied (et survivra!) à la scie électrique lorsque mordu par un serpent qui ferait mourir en moins de 10 minutes alors qu'ils sont à une heure d'un hôpital. Claudia sera l'une des rares qui n'aura que du plaisir sur ce tournage. Et ne sera jamais malade.A Girl With a Suitcase de Valerio Zurlini. 1961.
Incarnant une danseuse dans une revue musicale aspirante actrice, partagée amoureusement entre deux deux frères, elle joue la vulnérabilité et la détermination avec intelligence. On la croit naïve comme son personnage, mais au contraire, elle est souvent bien au dessus de la mêlée sur les tournages.
Claretta de Pasquale Squitieri. 1984.
Ce film tourné sous la direction de l'homme de sa vie, sera l'un des 9 qu'elle tourne avec lui entre 1974 et 2011. Le drame historique qu'est Claretta, où elle y joue le personnage titre, la maitresse pendant 10 ans du dictateur Benito Mussolini, lui fait faire une telle performance remarquable qu'elle gagne le Nastro d'Argent de la meilleure actrice. Elle y joue une femme coincée du mauvais côté de l'histoire, dans sa propre tragédie grecque. Au mauvais endroit, au mauvais moment, avec le mauvais homme.
Bebo's Girl de Luigi Comencini. 1963.
1963 est une année riche pour la belle Claudia qui tournera 4 films qui seront tous de grands succès. Dont celui-ci où elle gagne le Nastro d'Argent de la meilleure actrice pour son rôle de jeune femme tombant amoureuse d'un partisan impliqué dans un double meurtre. Elle devra choisir son destin entre ombre et lumière. Et coeur ensorcelé entre les deux.
The Leopard de Luchino Visconti. 1963.
La même année, elle est formidable sous la direction de Visconti dans la Sicile bourgeoise de 1860. Dans le 3e acte, elle transperce l'écran dans la scène de la salle de bal avec Burt Lancaster. Prélude d'une séquence qui durera un historique 45 minutes. Une scène qui prendra deux semaines à pratiquer et mettre en scène.
Sandra de Luchino Visconti. 1965.
Toujours pour Visconti, elle joue le rôle titre d'une fille retournant dans son patelin afin de venger la mort de son père aux mains des Nazis, mort dont elle est convaincue que sa mère et son beau-père, sont à l'origine d'une trahison qui l'aurait achevé. Au coeur de ce mélodrame se cache aussi un noir secret entre elle et son frère. On dira de son visage qui y pleure que c'était la plus belle ruine italienne sur grand écran. Un de ses meilleurs rôles diront plusieurs.
The Professionals de Richard Brooks. 1966.
Jouant la femme kidnappée d'un rancher qui assemble 4 acolytes pour la délivrer, on la découvre plus belle que jamais, à 27 ans, et dans un personnage beaucoup moins passif que d'abord anticipé. Un personnage à plusieurs couches. Plein d'action et de rebondissements.
Once Upon a Time in The West de Sergio Leone. 1968.
Avec Leone, elle avait beaucoup de plaisir. Il l'introduit dans son chef d'oeuvre, seule à la gare, perplexe, se demandant pourquoi son mari n'est pas venu la chercher. Leone y glisse un des plans les mieux travaillés avec une luma qui la suit marchant vers la ville, sur la musique du grand Ennio Morricone. L'affiche d'Amérique du Nord la montre elle avec le slogan : "Il y avait 3 hommes dans sa vie, un pour la prendre, l'autre pour l'aimer, le dernier pour la tuer". Ce qui n'est pas loin de la vérité. La veuve qu'elle incarne en 1968 est une sorte de triomphe féministe. Elle est au centre du compas moral de ce film. De cet immortel grand film.Qui comprenait une immortelle grande actrice.
Claudia, merci.
T'auras non seulement le prénom mais les mêmes yeux noisettes du premier grand amour de ma vie.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire