J'ai surconsommé le cinéma, le surconsomme encore, j'en ai 6 en ce moment emprunté à la bibliothèque qui n'attendent qu'à être vus, je l'ai étudié à l'Université et dans des écoles privées, en fût diplômé, y ai travaillé, ai été primé, puis en suis sorti. Mais le cinéma ne m'a jamais quitté.
Je vous parles d'un film que j'ai aimé pour sa réalisation, son histoire, son décor, ses thèmes, ses interprètes, sa direction photo, sa musique, son audace, bref, je vous parles d'un film que j'ai bien souvent dans ma collection privée, un film dont j'ai aimé la plupart des choix.UNDERGROUND d'EMIR KUSTURICA.
C'était au Festival des Films du Monde de 1995. Je travaillais dans le milieu, j'avais donc un accès facile aux films. C'est une petite famille, au Québec, le cinéma. Je n'y suis plus mais ai gardé de nombreux amis. Quand on avait vu ce film, on avait été renversé. La folie pouvait être belle. La guerre, on pouvait s'en moquer.
Marko et Blacky sont des acteurs du marché noir Serbes, employés de manufacture. Ils vendent des armes au mouvement de résistance de Belgrade, un mouvement communiste, dans la Seconde Guerre Mondiale. On fait beaucoup d'argent avec la guerre et on goûte le succès. Mais la duplicité de Marko lui fait monter les échelons politiques dans le parti communiste Serbe. Non seulement son amitié avec Black se fractionne, mais sa (splendide) partenaire amoureuse devient la sienne. Après une longue planque sous terraine qui aurait dû ne durer que le temps de la Seconde Guerre Mondiale, Marko leur fait croire à la guerre éternelle sur terre, afin de mieux les contrôler, les fait en sortir dans les années 90. C'est alors la guerre civile Serbo Croate. Marko réalise que la situation est tout à fait mûre à nouvelle exploitation.Ce sont 50 ans d'histoire de feu, la Yougoslavie, que nous raconte Emir Kusturica avec sa folie habituelle. Musique, excès, danse, couleurs, chants, presque caricature par moments, absurdités, tragédies, situations comiques, grotesques, folklorique, politique, satirique, Emir met le paquet. Emir met toujours le paquet. Et c'est ce qui est agréable avec lui. C'est un peu comme un Tarantino où la violence serait remplacée par le Felliniesque. Grand fan de Fellini moi-même, et propriétaires de tous les films de Quentin 9sauf les deux derniers) même si souvent, il m'irrite, je ne pouvais que facilement trouver mon compte dans son cinéma. Bioskop, ça veut dire cinéma en Serbe. Le film est tourné en Serbe. Et comme dans les films de QT ou Fellini, on s'y amuse dans ses oeuvres. J'avais 13 ans la première fois que j'ai entendu parler de lui. Son film était une phrase. Ça m'avait impressionné. Ça ne pouvait qu'être étranger. Papa est Parti en Voyage d'Affaires. Puis, à 16 ans, quand j'avais ma passe du cinéma du Clap, à Ste-Foy, on y jouait Le Temps des Gitans, avec Claudia Cardinale. Je mentirais de dire que j'ai alors vu un de ces deux films, mais quand j'ai vu Arizona Dream, avec Johnny Depp, tourné aux États-Unis, alors que j'avais 22 ans, j'avais trouvé inégal mais j'avais reconnu le nom. Et l'originalité. (Une morte réincarnée en tortue ?) Et avait rétropédalé dans son oeuvre, Verrais tout ce qu'il ferait par après. Underground allait être pour moi, un personnel sommet de sa part. Nous raconter la grande histoire par le burlesque, le grotesque, par les petits humains qui les compose et leurs hommeries. Surréalisme, réalisme magique au rendez-vous. Une énergie anarchique serait une belle manière de décrire son style. Visuellement dense, il est aussi extrêmement symboliste. Les Balkans et l'ex-Yougoslavie sont souvent dans ses thèmes préférés. Ici, c'est le coeur du film. Le personnage principal du film, c'est le pays qui s'efface. Et pourtant s'affirme aussi. La famille, la communauté, la folie, la résistance sont tous des thèmes qui me sont chers et qui peuplent son oeuvre. Et j'était très amoureux de la très désirable Mirjina Jokovic qui n'a que 4 ans de plus que moi.Pour une vraie évasion, qui serait aussi, une sorte d'invasion en univers Yougoslave, ce film est un incontournable. Un cirque féérique.
Un film qui fait taper du pied par son rythme et qui donne envie d'en savoir plus sur le pays qui n'est plus, et sur le réalisateur punk fou.
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