mardi 7 février 2012

(Pauvre) Darryl Sittler

J'ai toujours eu une certaine estime pour Darryl Sittler.

Le jeune homme de St-Jacobs en Ontario, après une brillante carrière junior, avait été repéché par les tristes Maple Leafs de Toronto en 1970. 8ème au total, derrière Gilbert Perreault, Dale Tallon, Reggie Leach, Rick MacLeish, Ray Martinyuk et Chuck Lefley. (ces deux derniers pitons repêchés par les Canadiens de Montréal)

En 1972, il est encore trop vert pour être invité au sommet du siècle. Il regardera passer la parade quand trois des ses coéquipiers participeront à l'historique tournoi de hockey contre la Russie. Parmi eux, un joueur plutôt ordinaire qui aura marqué le tournoi de manière extraordinaire et immortelle. Sittler aura toutefois non seulement la chance de faire partie du second tournoi international au sein d'équipe Canada (tournoi qui regroupait alors plusieurs équipes dont la Tchésoclovaquie et la Suède) en 1976 mais il fera aussi la différence dans certains matchs (contre de jeunes Stastny...).

Après 5 saisons où Toronto joue comme les pieds qu'ils sont capables d'être, leur as joueur et capitaine Dave Keon choisit de se joindre à la nouvelle ligue rivale: l'AMH. Il portera les couleurs des Whalers d'Hartford. Darryl Sittler, qui fait maintenant 80 pts par saison, devient alors le premier centre et le capitaine du club.

L'une des raisons pour laquelle je l'admirais, outre son talent, était une raison toute bête. C'est entre autre grâce à la forme du "C" sur son gilet. Un "C" très afirmé, d'une belle courbe et bien en évidence qui laissait croire à une fierté d'être capitaine. Même si le club était misérable. Je ne sais pas si vous avez remarqué mais le "C" des multiples capitaines du Canadien ont toujours été timides et tout petits, petits...Depuis que je les suis en tout cas. De Serge Savard à Brian Gionta en passant par Gainey, Carbo et Koivu. Le "c" est toujours gêné. Le leadership aussi?

J'avais aussi un peu pitié de Sittler. Les années 80 étaient abomninables pour les Maple Leafs de Toronto. Guidé par un propriétaire, Harold Ballard, dont la santé mentale était inadéquate, ils étaient une telle risée dans la ligue qu'ils n'en n'ont jamais complètement quitté le rôle. Une fois en 1993 et peut-être un peu cette année.

Vers la fin de sa carrière Sittler, épuisé d'être le capitaine d'une chaloupe, demandera à être échangé. Car bien qu'il eût brillé sur la glace, son séjour avec Toronto, malgré ses beaux efforts, ne lui donnera jamais espoir de Coupe Stanley. Seulement en 1978 passeront-ils près d'atteindre la finale mais les Canadiens de Montréal sont sur leur route et les humilient ne leur accordant que 4 buts en 4 matchs.

En 844 matchs dans l'uniforme des Leafs Sittler obtient 916 pts, 389 buts et 527 passes. En guise de remerciement le sénile Harold Ballard qui avait promis de l'échanger le fait poireauter 7 semaines avant de l'envoyer aux Flyers de Philadelphie. Il y jouera trois ans obtenant 32 pts en 35 matchs, 83 en 80 et 63 en 76 matchs. Le nouveau directeur, Bobby Clarke, lui indique qu'il sera le nouveau capitaine des Flyers, Sittler, honoré, prépare un petit discours pour les fans et les journalistes mais la conférence de presse des Flyers en soirée annoncera à la place...son échange aux Red Wings de Détroit...

"Clarke can't come close to realizing how much he hurt me, and my family, that day" dira-t-il par la suite.

Sittler n'est plus tellement jeune (pour un joueur de hockey entendons nous, il a alors 34 ans) et sa saison à Détroit est si atroce qu'il accroche ses patins définitivement pour ses 36 ans.

Mais alors en quoi est-il "pauvre" ce joueur de hockey alors?

Nous sommes en 1984. Les salaires ne sont pas encore ce qu'ils sont aujourd'hui. Ils ne sont pas mauvais mais ils ne sont pas publics. Personne ne gagne plusieurs millions. Quand ceux-ci sont rendus publics au début des années 90, la banque saute. La ligue ne s'en remettera jamais , les salaires sombrent dans l'indécence. Mais Sittler a manqué cette manne. Bien qu'il ait suffisament gagné pour vivre quelques années, ce n'est plus l'équipe qui pait tous ses repas, son logement et ses déplacements. Avant ses 50 ans, il lui faudra un autre revenu.

Il est suffisament brillant pour se débrouiller et se trouver la formation et les qualifications qui feront de lui un directeur de compagnie d'explorations minières.

Mais il gagne davantage dans mon estime en s'impliquant, depuis le tout début de l'existence de ses jeux,  comme instructeur du club de hockey dans les jeux olympiques spéciaux. Jeux créés afin d'honorer les athlètes ayant un handicap phyisique ou mental.

Darryl n'aura jamais été parmi les Wayne Gretzky, Mario Lemieux, Bobby Orr et autres briseurs de records de la ligue. Mais il aura honoré son sport à sa manière.

Un important record reste sien encore de nos jours et l'exploit se passait aujourd'hui en 1976.

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