samedi 18 février 2012

Gary Edmund Carter (1954-2012)

Ironiquement ce jour-là j'écoutais l'un des plus beaux films sur le baseball en versant même une petite larme à la fin.

J'ai été receveur à cause de lui.

En partie à cause de mon père aussi, un hypercatif, qui disait "que le baseball est un sport tellement slow que sur 20 matchs y peut y avoir seulement deux gars qui touchent à la balle dans toute la game"

The name of the game is pitching qu'ils disent. Comme il n'était pas question que je sois lanceur, parce que je trouvais que les lanceurs étaient trop fragiles chez les pros à ne lancer qu'aux 5 matchs, qu'il fallait leur faire attention en leur plaçant un manteau sur le dos pour les "préserver" et ne frappaient jamais aussi bien qu'un joueur sous prétexte qu'il devaient se concentrer de toute façon sur leur bras et leurs lancers. Je serais de l'autre extrémité. De celle du meilleur joueur des Expos de toute façon: la position de receveur.

Gary Carter est un golden boy de la Californie. Né à Culver City, c'est comme joueur d'arrêt-court qu'il développe son amour du baseball dans les petites ligues de l'ouest. C'est à cette position que Carter sera repêché par les jeunes Expos de Montréal en 1972.

Multisportif, il avait aussi signé un contrat comme joueur de football à UCLA à la même époque.
Il choisira toutefois le baseball.

C'est en 1974 qu'il fait son premier camp d'entrainement avec le grand club. Tout de suite il a un gros impact sur le reste de l'équipe. Forte personnalité, il prend beaucoup de place, déplace de l'air et veut gagner toutes les compétitions, même les plus minimes, à l'entrainement. Les vétérans Tim Foli, Ken Singleton et Mike Jorgensen lui demandent si souvent de se calmer en disant "Take it easy, Kid, slow down" que le surnom lui restera, même quand il ne sera plus une verte recrue. De plus, le kid adore les caméras et y répond en tout temps comme un vétéran. "Il fait de la bonne copie" diront les journalistes. Les mêmes qui le traiteront plus tard de "Hot dog player" trouvant quelque fois qu'il met un peu trop de moutarde en entrevue ou sur le terrain. (Ça ne vous rappelle pas un certain P.K.?). Il ne fait pas l'équipe tout de suite mais est suffisament bon dans le club-école (23 coups de circuit, 83 points produits) pour être rappelé en fin de saison où il frappe son premier (de ses 324 en carrière) circuit contre le grand Steve Carlton le 28 septembre.

En 1975, il partage sa saison entre le champ droit et le poste de receveur. Cetter année-là il marie son amie de coeur, Sandy, avec laquelle il aura trois enfants. Dès sa saison recrue, il représente les Expos au match des étoiles au champ droit, attrapant le dernier retrait du match. Il est battu de justesse par John Montefusco (qui?) des Giants de San Francisco pour le titre de recrue de l'année. En revanche, la magazine Sporting News le nomme recrue de l'année. 
En 1976, il se casse un doigt et est limité à 91 matchs. Toujours partagés entre le champ droit et le poste de receveur.

Quand Barry Foote est échangé en 1977, Gary Carter prend son poste comme receveur. Et il y brillera pour les 7 prochaines années. Avec Warren Cromartie, Andre Dawson et Ellis Valentine en poste au champ, il n'y a plus de place pour Gary sur une base régulière de toute façon. Comme receveur, il frappe 31 circuits et produit 84 points. Leader naturel, rare combinaison de personnalité et de talent, il est le visage des Expos, le poster boy, ce qui agace quelques coéquipiers à l'occasion. Il incarne l'expression "Kid Kodak".

En 1979, il participe à son second match des étoiles. Il sera des 8 matchs des étoiles suivants. Gagnera le titre de joueur du match deux fois. De 1979 à 1981, il rafle le gant doré,  l'un des 9 honneurs donnés par la ligue à un seul joueur parmi les 12 équipes jugé le meilleur à sa position (receveur).
Le 10 mai 1981, il est le receveur du match sans points ni coup sûr de Charlie Lea. Cette année-là, les Expos de Montréal sont l'une des deux meilleurs équipes du baseball de la Ligue Nationale, l'une des quatres du carré d'as avant la série mondiale. Bien que Carter soit un joueur dominant dans la série contre les Dodgers de Los Angeles, Rick Monday met fin à tout ça d'un seul élan.

En 1982, Charles Bronffman lui offre un contrat mirobolant, offre que Bronffman regrette aussitôt. Et ce même si Carter joue très très bien. Il obtient le plus grand nombre de points produits de la ligue avec 106 et frappe pour une moyenne de .294. Cette année-là il est au travail sur 159 des 162 matchs (!). Il prend autant de place dans le vestiaire qu'il est constant sur le terrain et il est si grande gueule que Bronffman en a assez et demande à ce qu'il soit échangé à la fin de la saison. On l'envoie dans une ville à la mesure de son ego et toute prête à lui ouvrir les vannes: New York. Carter passe aux Mets en retour d'Hermann Winningham, Hubie Brooks, Floyd Youmans et Mark Fitzgerald.

En tant que Mets, il atteint la série mondiale dans l'historique série de 1986 contre les Red Sox. Lors du sixième match de la série, les Red Sox n'ont besoin que d'un seul retrait pour gagner la série mondiale. Gary Carter pourrait être ce dernier retrait mais il frappe un coup sûr et est à l'origine de l'un des plus mémorables retour des séries mondiales du baseball majeur. Les Mets gagnent ce match et gagneront le suivant pour devenir champions du monde dans leur sport. Ce sera la seule fois que Carter goûtera le championnat.

Carter frappe son 300ème circuit en carrière en 1988.
Il est libéré par les Mets en 1989, fera de très brefs séjours à San Francisco, Los Angeles et un retour à Montréal en 1992 où à sa dernière présence, il frappe un double qui mènera à la victoire des Expos contre les Cubs de Chicago.

Gary Carter se retire après 19 saisons, en tant que superstar du baseball.

En 2003, les Expos retire son #8. La même année il est intronisé au temple de la renommée du baseball majeur. Demandant à l'origine d'y être intronisé en tant que membre ET des Expos ET des Mets, il verra sa demande refusée et sera intronisé comme joueur des Expos de Montréal. Il est d'ailleurs le seul à y être intronisé (André Dawson refusant les couleurs des Expos car il voulait y être introduit en tant que Cub de Chicago). Il dira quelques mots en français par amour pour Montréal.

En mai 2011, Carter est diagnostiqué de quatre tumeurs malignes au cerveau. Il ne s'en remettera jamais, le cancer devenant aussi aggressif que le kid le fût en camp d'entrainement.

Il en meurt jeudi dernier, auprès de sa femme, de ses trois enfants et de ses trois petits-enfants.
Il avait 57 ans.

New York est aussi en deuil que Montréal depuis jeudi.

You were the face of the game for us, Kid.

Cette fois c'est vrai. Les Expos sont bien morts.

Ce dernier sacrifice fait mal.

See you up there one day!

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