Il se produit beaucoup d'aluminium.
Beaucoup, beaucoup trop. Beaucoup plus que la demande ne le réclame.
Chez Rio Tinto Alcan, on le sait. La direction s'est organisée pour que les employés d'Alma menacent de faire la grève, fassent la grève, ouvrant ainsi la porte toute grande à la compagnie pour les mettre en lock-out.
Ce qui arrange beaucoup la direction de Rio Tinto Alcan. Les machines ne tournent pas pour rien, à produire de l'aluminium que l'on attend nulle part et la compagnie n'a pas à payer tous ses employés inutilement.
Rio Tinto Alcan est suffisament riche pour planter se talons sur le comptoir et se placer les mains derrière la tête.
Ne vous attendez pas à ce que ce conflit de travail ne se règle de sitôt.
C'est une simple décision d'affaires.
Mais dans une ville construite entièrement sur la création de l'aluminium, c'est un pouls que l'on endort.
C'est toute une population que l'on place sur le respirateur artificiel.
Dans les années 20, c’est l’architecte et planificateur urbain new-yorkais Harry B. Brainerd qui dessine les plans en intégrant les plus récentes théories urbaines de l’époque. La ville industrielle est spécifiquement, déssinée, pensée et totalement créée pour les besoins de la compagnie Alcoa (devenue ensuite l'Alcan et maintenant Rio Tinto Alcan), qui y installe une importante usine de production d'aluminium, la plus grande du monde pendant longtemps.
La ville doit son nom aux initiales du président de la compagnie à l'époque, Arthur Vining Davis:
Arvida.
Le Arvida Works, filiale de l’Alcoa et son ingénieur Harold Wake, se chargent de la construction de cet ambitieux projet urbain : une ville dont les 270 premières résidences ont été construites en 135 jours. À l'époque, la compagnie Alcan gère la majorité des aspects de la vie municipale, de l'urbanisme, des services de santé, de l'éducation, des sports et des loisirs de la ville et ce, jusqu'à la seconde Grande Guerre. Arvida surnommée la « Washington du Nord », est un modèle parmi les villes de compagnies planifiées du XXe siècle. Elle a été construite à partir de 1926 pour y loger les ouvriers et cadres de l’aluminerie. Au milieu des années 1930, Arvida comptait plus de 15 000 résidents. En 1942, en pleine guerre mondiale, quand les alliés ont besoin d’aluminium en très grande quantité, on fait construire la centrale hydroélectrique de Shipshaw sur la rivière de Saguenay. À l’époque, c’était la plus puissante centrale au monde (C’était alors la deuxième centrale hydro-électrique implantée dans la région).
En 1970, Arvida fusionne avec la municipalité du village de St-Jean-Eudes.
En 1975, Arvida et Kénogami sont fusionnées à la ville de Jonquière. Dans la foulée des dernières grandes fusions municipales de 2002, la ville de Jonquière a elle-même été amalgamée avec les villes de Chicoutimi, La Baie, Laterrière, Shipshaw, Lac-Kénogami et une partie de Canton-Tremblay pour former la grand' ville de Saguenay.
Les gens du secteur sont fiers, émotifs, jaseux et festifs.
Y sont nés Bill Dineen en 1932, joueur de hockey des Red Wings de Détroit qui a gagné la coupe Stanley 2 fois en 1954 et en en 1955, dans l'équipe de Gordie Howe. La seconde fois, c'était l'année de la fameuse suspension de Maurice Richard qui avait créé les célèbres émeutes. Bill Dineen est le père de Gord, Pete et Kevin qui ont tous joué dans la LNH. Le seul ayant eu une carrière un brin intéressante étant Kevin, aujourd'hui instructeur-chef des Panthers de la Floride qui ont une saison très étonnante cette année.
La comédienne Julie LeBreton y est aussi née et y a grandi.
L'auteur Samuel Archibald y est né en 1978, il y enseigne et a publié l'an dernier un délicieux livre de (semi)fiction racontant en partie la région. C'est son tout premier livre.
Un livre qui nous raconte, nous autres (outre un épisode sado-asiatique).
Avec humour, folie et candeur.
Avec bonheur.
Son livre de 315 pages a ses racines à Arvida et se dévore tout seul.
On en prendrait plein la gueule.
Merci Archibald. Longue vie à ton "side-line"
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