mardi 24 février 2009

Ridicule


"notre système de réservation de salles ne fonctionne pas!" a dit la petite grosse aux lunettes devant moi, excédée devant la salle de réunion qu'elle avait réservé et qui ne voulait pas se vider.

C'est la réalité que je me suis choisie. Celle d'une vie de bureau créativement étouffante et où les soupirs du jour nous viennent d'une gang de morons qui étirent leur réunion pour ne pas répondre à leur courriels. En fait surtout pour ne pas affronter les visites de subalternes qui viennent les gosser dans leurs bureaux car leurs courriels il les trainent avec eux sur leur crackberry et s'amusent à bizouner dessus pendant toute la réunion.

Si on couronnait le ridicule l'entreprise pour laquelle je travaille serait un royaume. Voilà pourquoi mon Ipod orne ma tête une bonne partie de ma journée.

Vendredi dernier je disais que la terre avait cessée de tourner le temps de retrouver mon IPod. Je roulais, zombie et atterré, en direction de mon boulot où j'ai retrouvé le dit IPod. Ma deuxième peau.

Lundi j'en riais avec les collègues. Lundi j'avais une journée de fou. Je courais au boulot, au hockey de mon fils, à la maison.

Hier je réalisais que mon Ipod avait de nouveau disparu. Cette fois c'étais la bonne.

Il n'était pas dans la voiture, pas dans mes deux manteaux que j'ai enfilé en vitesse lundi entre l'école de mon fils et sa pratique de hockey, pas dans mon entrée. Il n'était nulle part. Si j'avais perdu un membre de ma famille j'aurais eu le même genre de trou dans le ventre.

Quelqu'un avait bougé mon manteau au boulot lundi. Voilà que je me suis mis à me demander si on ne m'avait pas fait les poches en même temps. Ce travail que me maudit l'âme dépassait maintenant les bornes. Je commencais à me dire que "nothing matters much anymore..." tant qu'à me faire chier jour après jour, tant qu'à me présenter ici chaque jour plus misérable que la veille, donc doucement plus malheureux jour après jour de ma condition choisie je devrais peut-être simplement cesser de m'y pointer.

Surtout que je n'avais plus mon bras droit.

Dans ma voiture ce matin on faisait jouer En Cloque de Renaud.

Non seulement une chanson merveilleuse mais aussi par une triste ironie l'une des toutes dernières que j'avais stationné dans ma bibliothèque Itunes.

Les larmes me sont venues aux yeux. Me rappeller ce dont je me sers tous les jours de ma vie depuis deux ans, mes 9877 chansons perdues, le 300$ et l'élégant étui dont je me félicitais par plus tard que lundi de l'acquisition...c'était trop.

J'ai oublié de manger hier soir, ce matin aussi et je m'apprêtais à passer une journée à jeun.

Avant de saoûler ma peine d'une quelconque façon ce soir.

Alors que je venais de décider que je n'enverrais pas un courriel à toute la compagnie pour ne pas alerter tout le building de ma détresse psychologique potentielle, j'ai eu le réflexe d'ouvrir le tiroir où je ne mets JAMAIS mon Ipod mais dans lequel je l'ai retrouvé vendredi dernier.

Y était là le con.

Avec son air frais comme voulant dire : "tu croyais que tu pouvais vivre sans moi hein? Fais attention à moi maintenant!"

Ridicule dernier 24 heures.
Si le ridicule tuait je serais mort depuis longtemps.

Je suis cet homme

Et le premier dans ce clip

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