samedi 10 janvier 2009
Manger
D'aussi loin que je peux me rappeler, j'ai relativement peu mangé en public.
Il s'agit d'une chose qui relève étrangement du privé pour moi. C'est comme baiser ou aller aux toilettes, pour Jones ça se partage peu. Ça se fait dans l'intimité.
A l'école je prenais 15 minutes pour avaler mon sandwich et je courais à la bibliothèque ou j'allais crâner à une table de filles aux paupières pleines de cils. Manger était à la limite de la perte de temps et reste encore très souvent dans le chemin dans mes journées de vie d'adulte.
Mes premiers boulots m'obligeaient à manger seul pendant qu'un/une collègue prenait la relève. Au début des années 90 j'ai volontairement choisi de manger vers 14h afin d'écourter des journées qui semblaient interminables. Ailleurs je mangeais aussi plus tard car la table de la salle des employées était trop petite pour que j'y déploie le journal si je mangeais vers midi avec 9 collègues autour. Ailleurs encore, je réalisais qu'entre collègues on continuait de parler de la job au lieu de se laisser vivre au sens épicurien. Je finissais par trouver que manger entre collègues c'était un peu comme continuer de travailler mais avec un bout de salade coincé entre les dents. Puis finalement ailleurs, dans un boulot qui m'a fait détester la condition humaine, j'ai été horrifié d'entendre à table une fille s'amuser de quelqu'un qui prenait une bouchée de son petit pain au lieu de s'en arracher un morceau et de se l'amener à la bouche. J'étais horrifié de l'entendre parce que c'était exactement ce que je faisais au même moment faisant naitre un impérissable complexe.
La stupeur était double car je réalisais du coup que je ne connaissais pas les codes autour d'une table ayant très très peu mangé au restaurant dans ma vie.(Je n'y mange encore que très rarement d'ailleurs). Au boulot je mange à mon bureau. Ceci me permet de fureter sur le net plus longtemps après mon 15 minutes de sustentement. Et quand je nettoie ma place de travail après le lunch je dois me rendre à l'évidence: je ne dois pas être très chic à regarder quand je mange.
Alors voilà qu'hier une collègue a gagné un diner pour 8 (nous sommes 8 dans le département) payé par une station de radio locale de l'ouest de l'Ile de Montréal. La plupart auraient été heureux d'apprendre qu'une limousine vienne vous chercher au boulot et vous guide au chic restaurant Bâton Rouge pour un copieux diner.
Pas moi. J'ai souffri
D'abord la limousine à la porte a attirée une attention désagréable sur notre département auprès du reste de la compagnie. Puis dans la limousine les 8 collègues se sont tous rendus compte à peu près en même temps que ce voyage aurait pu être agréable entre amis. Ce que nous étions très peu l'un pour l'autre.
(La limo ne synthonisait même pas sur le poste radio qui nous avait fait gagner hihi...)
Enfin, rendus sur place, nous avons réalisé que nous allions manger 12 autour d'une table, les 8 collègues mal affranchis, un ado mal identifié, une fille des ventes trop maquillée, le chauffeur de la limousine et un animateur radio kamikaze. Pourquoi a-t-il fallu qu'il demande si nous écoutions son émission matinale? 7 sur 8 ont répondu non et la seule qui l'écoutait, trop gourde, a souligné qu'elle n'aimait pas sa manière d'animer.
Confortable...
Me suis pris une salade, le diner s'est inutilement étiré pendant 2h10 et le reste de l'après-midi était plus qu'improductif au boulot.
Fini les bouffes collectives.
Quand je baiserai collectivement on en réévaluera tout ça.
Aujourd'hui, 'pu capable.
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