lundi 12 janvier 2009
Bye Bye Berri (1934-2009)
Il avait réussi le rare exploit de gagner un prix pour son tout premier film Le Poulet en 1966. Et pas n’importe quoi l’oscar du meilleur court-métrage. Un français qui dame le pion aux Amerloques ! Un an après avoir gagné ce fabuleux prix il faisait tourner le grand Michel Simon dans Le Vieil Homme et l’Enfant.
Claude Langmann aka Claude Berri s’est éteint hier à l’âge de 74 ans. Réalisateur, acteur, producteur bourru et grognon, Berri a marqué le cinéma Français à jamais avec des œuvres qui ont ravis critiques et public. La France littéraire d’hier avec L’Amant, Jean De Florette et Manon Des Sources, la France de Lucie Aubrac, d’Émile Zola, d’Anna Gavalda. Avec Tchao Pantin, Uranus ou la production des films de Patrice Chererau il séduisait la critique. Avec les films grands publics des deux premiers Asterix et de Bienvenue Chez les Ch’tis il réunissait le reste. Ce grand emmerdeur autodidacte capable de se battre sur un plateau aura réussi de par son œuvre à rassembler les amateurs d’œuvres intellectuelles et les gens qui ne cherchent qu’à s’amuser.
Mon souvenir de Berri s’est les deux extraordinaires films tirés de l’œuvre de Pagnol : Jean De Florette et Manon des Sources. Deux films époustouflants. Depardieu qui en fait trop comme toujours, Montand qui en fait juste assez et avec un talent redoutable. Auteuil, transformé de Charlot en grand acteur. Et Béart délicieuse sur tous les plans. Berri qui avait réuni tout ça dans la langue de Pagnol. Un autre moment marquant de son oeuvre pour moi c’est Uranus. Avec encore un casting de rêve. Fabrice Luchini, Phillipe Noiret, Jean-Pierre Marielle, Michel Blanc, Galabru et Depardieu qui en fait trop encore. « J’veux du blanc !!! » jouait-t-il trop intense. Le plateau de Germinal a failli se terminer en bagarre générale avec un Renaud aussi têtu que Berri lui-même et Depardieu tout en intensité. Mais Berri a encore joué le grand unificateur.
Important trait d’union entre la critique et le public de masse, important producteur aussi. Pour Polanski avec Tess en 1979, pour Leconte avec La Femme de Mon Pote, pour Miller avec La Petite Voleuse. Après avoir fait jouer Charlotte Gainsbourg, il fera l’acteur et jouera sous la direction de Serge dans Stan The Flasher.
Stan ne flashera plus.
Il s’est retiré au sommet de la gloire après avoir gagné le Cesar du meilleur film français pour La Graine et le Mulet. Grand film adulé par la critique. La même année, dans ce grand esprit de réunir tout le monde malgré tout, il était l’homme derrière le plus grand succès commercial de l’histoire du cinéma français (Bienvenue Chez les Chti’s). Unificateur malgré cette gueule de loubard jusqu’au bout. Comme la station de Métro Montréalaise qui unit toutes les lignes et qui porte son nom.
Il au aussi produit des films d'Eric Rohmer, Maurice Pialat, André Téchiné, Jean-Jacques Annaud, Claude Zidi, Alain Chabat, Les Inconnus ou Costa-Gavras. Il était en train de réaliser avec François Dupeyron Trésor, une comédie avec Mathilde Seigner et Alain Chabat qui se poursuivra malgré sa disparition.
Le Berri qui grogne sur les plateaux ou dans les bureaux de production n’est plus.
L’artiste restera tant que nous aurons des yeux, des oreilles et un cœur qui bat.
L’un part, l’autre reste.
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire