lundi 12 janvier 2009

Chronique Cannibale


Regarder une cérémonie de remise de prix Américaine relève du cannibalisme pour moi. J’y fais toujours des analogies alimentaires. J’y croque de la viande et je visite ma soirée de gala comme on visite un buffet froid.

Hier c’étais la remise des Golden Globes. Ces prix sont votés par la presse étrangère et sont bien souvent un prélude à la remise des oscars trois/quatres semaines plus tard. La différence est que les Golden Globes récompensent le cinéma et la télévision et que le spectacle de la remise de prix n’est pas empestée par une série de numéros musicaux dégoulinants ni même par un numéro d’ouverture. On s’amène au micro. Un beau pet, une belle fille et on commence. Le bruit est d’ailleurs omniprésent dans cette cérémonie. Les gens sont réunis par équipe de film autour de tables où on devine qu’ils ont peut-être pris un repas. Les gens sont souvent debouts en train de se diriger aux toilettes ou en train de naviguer de table en table dans la grande confrérie ciné/TV pendant les pauses télés. Ce qui fait que quand un acteur/une actrice fait sa présentation au retour d’une pause, il la fait généralement tentant de couvrir le tumulte des conversations de table qui s’est élevé pendant 6 minutes.

Ceci donne une ambiance généralement plus décontractée (et plus arrosée) où lorsqu’une série télé est couronnée c’est entre 10 et 15 personnes qui se pointent sur scène souvent avec une chimie qui démontrent bien pourquoi cette équipe a gagnée. Les résultats sont toujours subjectifs et on s’en moque beaucoup au bout du compte. Même que bien souvent on se prend à aimer moins quelqu’un que nous aimions réalisant que cette personne est acteur/actrice 100% de son temps, donc que cette personne n’existe peut-être pas du tout d ‘elle-même. Un acteur est souvent un mort errant. Heath Ledger l’a bien prouvé, gagnant-posthume hier.


Ce qui me plait de ses cérémonies c’est que bien souvent les films ne sont pas sortis ou viennent tout juste de sortir. Ce spectacle, avec ses multiples clips, agit donc à titre de longue bande annonce de trois heures qui me donne (ou pas) envie de voir certains films.

Hier on a honoré Steven Spielberg. Il a livré un discours truffé d’anecdotes de son enfance. Un discours presque plate tellement il a été honoré si souvent et qu’il ne veut (légitimement) pas se répéter. Ne le sont ils pas tous d’ailleurs, plates, ses discours d’acteurs et d’actrices dont nous ne sommes pas certains d’y lire de la sincérité ou de la vanité ? On les voit tellement surhumains sur nos gros écrans qu’on les découvre platement humains et donc ordinaires devant leur confrères/consoeurs.

J’aime étudier le menu dans ses galas. J’essaie de percer le vrai Colin Farrell qui me parait si fragile sous ses airs de durs. J’essaie de voir si c’est du réèl contentement ou de la fureur de boxeur revanchard qui anime le regard de Mickey Rourke sous ses verres fumés et sa couette pendante. Je salive devant certaines femmes, dont trop se rabaissent à se présenter comme le quartier de viande que le milieu du cinéma leur suggère fortement d’être. « I see a lot of new faces… » avait dit Johnny Carson en s’adressant à la même communauté. « Especially on the old faces… » . Que de monstres créés par les multiples chirurgies. Certaines sont belles à croquer mais au travers des beaux plats y a aussi du Cheez Whiz et du chimique. Certains fronts et certaines joues menaçaient de fondre sous les projecteurs. Sans parler de certains seins menaçant d’exploser (PAF !). J’aurais eu les genoux mous si Kate Bekhinsale ou Winslet étaient apparues devant moi dans mon salon. Et surement autre chose de très très dur.

Y a beaucoup de cannibalisme et de nécrophilie dans les chirurgies hollywoodiennes. Ça donne des frissons. Demi Moore est plus jeune que sa fille. Wach !

Donner des frissons c’est aussi la mission de certains films.
Alors bon, faisons avec.
Même si ça goûte des fois le Cheez Whiz.
La table est mise pour les Oscars.

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