vendredi 7 novembre 2008

Le ravin


J'aurais dû voir venir le coup.

Hier j'ai regardé ma montre, j'y ai lu 16 heures et j'ai quitté les lieux de mon travail comme chaque jour.

Toutefois une fois dans la voiture, loin sur la route, j'ai lu 15h25 dans ma voiture. J,ai tout de suite pensé que j'avais oublié de changer l'heure dans ma voiture. C'est là que j'ai tout de suite compris qu'au contraire c'est l'heure sur ma montre que j'avais omis de changer...

...J'ai donc quitté le travail une heure trop tôt...

Mon état d'esprit étais si vaseux, la pression au travail est si grande, les enjeux si importants et l'étouffement est si total qu'il n'est pas surprenant que ceci soit arrivé.

Ce matin donc, je n'ai pas vu venir le coup. En compagnie de mon patron et d'un collègue de bureau des larmes de rage, de haine, d'épuisement moral, de frustration et de majeure impuissance m'ont poussé dans les yeux. Nous venions de réaliser que j'avais merdé pour au minimum 12 000$ et 12 000$ en temps de crise dans un navire qui ne fait que couler depuis deux ans et demi, ça fait mal. Même si cette entreprise valse dans les millions. Ça fait mal aussi quand tu donnes 125% de ton mieux pour une entreprise qui peine à te faire garder la tête en dehors de l'eau. Et quand elle réussit y a toujours quelqu'un qui te tire les pieds pareil. Voilà pourquoi, sans s'annoncer les larmes sont venu noyer ma mélancolie, j'ai dû quitter bêtement les lieux et prendre une petite marche dans le stationnement pour m'aérer la mort mentale.
5 ou 6 personnes m'ont vu et bien que tout ça étais bien involontaire, j'étais relativement satisfait car je souhaitais par la suite que tout le monde comprenne qu'on me fait brûler la chandelle par les deux bouts dans des conditions pas complètement humaine. Quand je joue ua hockey le matin avec les boys on lance des fois à la blague des " on t'as donné une permission de sortie Jones?"

C'est la troisième fois que mon travail m'apporte des larmes involontaires. La première fois à l'arrivée à la maison, la seconde à la fruiterie, cette fois "live on stage" à mon bureau. Je le sentais depuis que j'étais arrivé au boulot je tremblais de stress et pourtant j'étais seul au bureau depuis 6h20. Trois heures plus tard je craquais.

L'odeur du ravin qui venait me prendre à la gorge. Le même ravin qui sillone les cernes sous mon regard, cliniquement mort.

Je dois cesser de m'éteindre dans la vie que je me suis choisi. Il n'y a ni de victimes ni d'aggresseur dans mon histoire. Il n'y que toute une série de mauvais choix qui m'empoisonne et c'est moi le druide qui mélange mal les potions.

Bientôt la vie.
Mais avant faudra quitter le salon mortuaire.

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