mardi 25 novembre 2008

La bête à 4 roues


On a un voisin assez crabe.

Chaque matin vers 5h12 il part son gros camion qu'il fait chauffer une bonne heure avant de le conduire. Un cancer écologique à lui tout seul. Son massif est bien entendu stationné directement devant notre maison. Le conducteur pour avoir un si gros bétail doit nécessairement avoir un complexe ailleurs. Il doit habiter un 2 1/2 sans entrée de stationnement. Et avoir un minuscule engin sexuel.

Sa vengeance c'est contre la nature et les voisins avec entrée qu'il l'impose.

Il fait cela été comme hiver. L'amoureuse rage dans les draps à une heure où elle voudrait ronfler. Comme je quitte la maison à 6h19, il est plus souvent qu'autrement parti. D'autres fois, la bête est là et pollue.
Sans silence. Sans maitre à bord.

Bref je ne le croise jamais.

Au début j'ai voulu lui mettre une note dans le pare-brise l'enjoignant à faire sa part pour la terre ainsi que pour les rapports de bon voisinage. Mais les intellectuels c'est connu, et à Laval plus qu'ailleurs, sont l'ennemi à abbattre. L'approche intellectuelle amène souvent une agressivité qui trahit l'impuissance cérébrale de celui qui reçoit l'information. La dernière fois que j'ai expliqué à un voisin d'en dessous que l'amoureuse ne pouvait pas se mettre à voler dans l'appartement parce qu'il se plaignait qu'elle marchait du talon ce dernier n'a trouvé comme argument final que de mettre des punaises dans mes pneus pendant la nuit.
Si je mettais une note dans son pare-brise rien ne l'empêchera d'en faire un mouchoir. Seul le contact direct devrait porter fruit.

Ce matin je suis sorti des draps blancs pour quitter la maison dans un autre drap blanc. La bête grognait déjà depuis une demie-heure devant la maison. Des camions de déneigement s'étaient occupé de nous garder éveillé depuis une heure déjà de toute façon. Il y a un tronçon de gazon devant chez nous et c'est là qu'ils y déchargent la neige d'habitude l'hiver.

Après avoir balayé de mon espadrille la neige qui peuplait les marches de mon escalier, j'ai essayé d'écrire I ♥ U dans la neige pour que l'amoureuse descende les marches et y soit témoin de mon mot doux vers 8h00. J'ai raté le coeur et elle croira surement qu'une bataille de chat a eu lieue au bas des marches.

J'aime l'hiver et de déblayer ma voiture m'a mis de bonne humeur. Avec la musique de Max Roach qui jouait dans mes oreilles et la buée qui sortait de la bouche, les conditions de bonne humeur étaient parfaites.

Tout ce temps que j'ai pris à quitter mon chez moi s'est tellement étiré que ceci a donné amplement le temps au fatigant voisin pollueur de se rendre à son monstre. Je n'ai pas vu de quel côté il est arrivé. Ça me semblait être de l'autre côté de la rue. Il avait une grosse tuque mollement rabaissée jusqu'aux yeux, un café à la main, de gros gants de ski et un cache cou remonté jusqu'au nez. A peine si on lui voyait les yeux. Cet homme n'aime pas l'hiver et cette neige il l'a haï presqu'autant que la fille de la météo qui l'a annoncée avec légèreté et avec un sourire la veille.
C'est écrit dans tout son corps. Pas très gros son corps d'ailleurs, je pourrais lui donner une raclée facile. Ce qui est encore une possibilité en cas extrème puisqu'il est presqu'officiellement mon ennemi.

J'avais la chance de lui adresser la parole mais là je regardais cette neige et me disais que c'étais probablement le premier matin ou faire chauffer son char un peu étais légitime. (Quoique pour moi ce ne l'est jamais jamais jamais le démarreur à distance est une invention du diable).
Puis j'ai regardé la voiture de ma douce et me suis dit qu'à défaut de lire mon mot dans la neige je pourrais lui déblayer sa voiture. Ce que j'ai fait avec amour toujours avec Max Roach.

Puis j'étais tellement de bonne humeur...

...quoi?...cheap?...

On se reverra voisin...

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