mercredi 21 octobre 2009

Séparer l'artiste de son oeuvre


"This is a story told by an idiot that means absolutely nothing"

C'est ce que dit Jon Finch/William Shakespeare au 3/4 du film The Tragedy of MacBeth de Roman Polanski.

C'est le coeur du film. C'est aussi un peu beaucoup l'histoire de Polanski en 1970.

On nous apprend généralement à séparer l'oeuvre de l'auteur au cinéma.

Quand il a été rendu public que Woody Allen couchait avec la fille d'André Prévin et de Mia Farrow une partie de son public l'a pris en horreur. On a condamné son geste et choisit de bouder son oeuvre.

En ce qui me concerne Wood est un incontournable. Bien que ses meilleures années sont derières lui je ne manque jamais son dernier effort cinématographique. Je ne me suis pas outré non plus là où les gens ont poussé des hauts cris. La plupart se sont arrêtés à l'idée qu'il couchait "avec sa fille" alors qu'elle ne l'a jamais été ni de près ni de loin. De toute façon, même si il m'avait dégoûté le vieux libidineux j'aurais su faire la part entre l'artiste et l'oeuvre.

Même chose pour William Burroughs. Le gars baisait avec des enfants à Marakesh et a tué sa femme en jouant à Guillaume Tell dans une soirée de beuverie qui a mal tournée. Il s'en est toujours tiré car son grand-père avait inventé la calculatrice et il était franchement riche avant même de naitre. Et la justice s'achète, O.J.Simpson et Gilbert Rozon l'ont bien prouvé.

Disons-le franchement le gars était immonde.

Mais sa littérature est quand même franchement intéressante. J'en ai trois livres dans ma bibliothèque. Même chose pour André Gide.

Si je fais la distinction entre l'oeuvre et l'artiste pour Burroughs, Gide et Allen je ne la fais pas toujours ailleurs.

Je ne supporte plus la mysoginie de Lars Von Trier. Depuis Dancing in the Dark que j'avais détesté, tant detesté que j'en étais presque venu à ne plus aimer de la même façon Breaking the Waves que j'avais bien aimé au préalable. Je n'ai pas supporté le total visionnement de Dogville qui m'irritait profondément. Je l'ai barré de ma liste des gens dont j'attends l'oeuvre.

Je ne verrai jamais le film Irréversible ou un quelconque film de Gaspar Noé. Cet olibrius a indiqué dans plusieurs entrevues à l'époque de la sortie de son film que l'idée de son film était née de "l'envie de tourner une scène de viol". Comme si le viol était un jeu. Ce cerveau malade m'a tant écoeuré que je me suis mis son nom au haut de ma liste noire.

Il n'est pas toujours bon de séparer l'artiste et son oeuvre.

Le succès des films de Xavier Dolan, Cyrill Collard ou 8 Miles avec Eminem sont directement imputable au fait que nous connaissions la vie de l'artiste suffisament hors de l'écran pour savoir que ce qui est projeté sur l'écran n'y est qu'un écho en image. Ceci rajoute donc une touche d'appréciation (potentielle) supplémentaire.

Dans le cas de The Tragedy of MacBeth la violence, la rage, le côté glauque du film de Polanski pourrait faire écho à toutes les horreurs qu'il a avait vécu jusqu'alors. Deux ans auparavant sa femme et son enfant à naitre était brutalement assassiné par le clan de Charles Manson. Dans une scène atroce du MacBeth de Polanski on y voit un clone de Manson violer et tuer Lady MacDuff et son enfant pendant qu'une femme enceinte se fait aussi faire le même sort tout près. De grands frissons nous passent au travers le corps. C'était fort probablement la manière de Polanski d'exorciser son mal.

Son film en devient un d'horreur, d'une violence inouie. Difficile de ne pas faire de parralèle avec ce qu'il vivait alors en tant qu'homme.

Il est peut-être raconté par un idiot.
Mais ne veut pas rien dire.

Il fait écho à bien des choses.

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