mardi 30 juin 2009
Jazz me baby
Amélie se moquait du jazz.
Elle se moquait un peu de Stevie Wonder aussi.
C'est le dernier Moby qu'elle écoutait sur son Ipod étendue dans l'herbe tout près de la Place-Des-Arts. 16 morceaux qui étaient autant de petits films. 16 morceaux qui la transportait le nez dans les étoiles, qui la faisait planer au-dessus d'une ville qu'il faudrait bientôt apprendre à dompter.
36 heures plus tôt elle avait quitté son Roberval natal et s'était appliquée à déménager avec quelques amis dans le surévalué 3 1/2 de la rue Laurier.
Le premier apartement d'Amélie.
L'humidité lourde qui étouffait Montréal avait donné au Centre-Ville un côté érotique. Les gens étaient peu habillés. Une camisole, un short, une jupe courte, des gars torse nu. Les plus beaux torses étant manifestemnent gais. Cela lui faisait penser qu'il se perdait de beaux morceaux pour la gente féminine.
Crevée comme on l'est après une nuit de baise incessante, Amélie se laissait bercer par les sons de Moby. La belle du village n'avait pourtant pas toucher un garçon depuis longtemps. Elle aussi avait surement suscité l'envie de certains garçons offerte ainsi sur le sol, seule, dans un état d'aisance presque indécent. Il ne lui manquait que son roman de Haruki Murakami pour se sentir au zénith. Et peut-être une baise aussi...
Ses amis étaient tous repartis au village. Village devenu trop petit pour elle. Elle tentait en ce chaud dernier jour de juin la grande aventure.
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Il faisait trop chaud pour s'habiller ainsi mais Holden était un amoureux de l'automne et des tenues vestimentaires automnales.
Et un amoureux du jazz.
Bien que selon lui Stevie Wonder avait peu à voir avec le jazz il aimait bien le chanteur aveugle. En fait il croyait en avoir envie. Il avait en fait envie de la nuit en ville. De la jungle bigarée et de ses indigènes. Rien ne lui allègait plus l'esprit qu'une marche downtown. Même le bitume chauffé du soleil de juin offrait selon lui une odeur particulièrement agréable pour l'odorat.
Il s'était promis de cesser de fumer mais n'avait pas pu s'empêcher d'entrer dans un pub et de glisser de la monnaie pour un paquet dans la machine distributrice de cigarettes. Ce pub faisait jouer du Ornette Coleman. Cooooooooool jazzzzzz. Holden y a trainé plus longtemps que prévu. C'était sa meilleure cigarette depuis longtemps. Depuis la dernière fois où il avait fait l'amour. Avec Isabelle-je-veux-plus-que-tu-me-rapelle.
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La météo s'est mise à faire du surréalisme. Après avoir menacé d'un ciel voilé, s'était maintenant un ciel fort clair qui avait choisi de jouer au malin.
Malgré la nuit étoilée et sans nuages une pluie violente et diagonale s'est mise à tomber. Au moment même où Holden sortait du Pub. Ce qui ne l'empêchait pas de rester dans son état de grâce et ne l'a guère ralenti dans son pas protégé par son kit d'automne. Avec sa casquette d'hiver des années 50 et sa meutrière cigarette au bec, sa bonne humeur était innateignable.
Les gens éparpillés sur la Place-Des-Arts se sont agglutinés dans toutes les directions cherchant un abri rapidement paniqué par cette averse aussi soudaine qu'inexplicable.
Amélie n'avait pas bronchée. Étendue dans l'herbe, Ipod en l'oreille, elle planait au-dessus de tout ça. Inexplicablement toujours, elle reçevait la pluie sans en rester mouillée. C'était comme si le ciel l'avait choisie afin d'être épargnée.
Holden marcha jusqu'à elle. Elle remarqua son air loufoque et bohème. Il fût charmé par la quantité de cils autour de ses beaux yeux.
Ils ont spontanément connecté.
Ils ont valsé dans les draps de la nuit sur la rue Laurier.
Improvisant une nuit charnelle chez elle dans l'ambiant bordel.
Improvisant une crémaillère sur du Patrica Barber.
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