mardi 16 juin 2009

J'ai tué Anatoly Filipanov


Il y a certaine inventions qui sont un peu des conneries.

Comme le coussin gonflable.

Ça part d'une très bonne intention (l'obssessive sacro-sainte sécurité)mais voyez-vous moi le coussin gonflable ça me donne la chienne.

J'ai un collègue de travail qui s'est fait explosé le coussin gonflable en pleine face quand un ami s'est simplement accoté sur le devant de sa voiture après un match de balle-molle. Le gars était un peu grassouillet, la voiture a enregistré un impact, le coussin avait la gachette fragile et PATAF! en plein sur le nez de Norbert, nez qui a cassé dans une explosion de sang.

Norbert a aussi une sorte de bec de lièvre depuis.

Le témoin lumineux de mon coussin gonflable côté conducteur est allumé depuis trois jours. D'un côté ça me rassure parce que je me dis que ceci doit me dire qu'il n'y a plus de coussin gonflable d'opérable, il ne peut donc pas me pêter au visage n'importe quand. Mais d'un autre côté je ne suis pas rassuré non plus car ceci veut peut-être aussi dire que mon coussin gonflable devient vieux et gâteux et pourrait faire des conneries n'importe quand.

J'ai donc inventé un ingénieux système de strap qui fait le tour de ma poitrine et qui pointe un énorme couteau à Steak qui venait avec notre énorme Barbecue et qui ne servait jamais. Si jamais mon coussin se déploie inutilement je le crève avant tout dégât.

Souvent je suis bête mais cette fois je suis un génie.

Par la chaleur du jour j'ai senti l'appel de la ville. Je suis allé me promener sur l'avenue Mont-Royal. Cette activité me rend toujours heureux. Même si je m'y promène maintenant en touriste et que le mot "touriste" ressemble beaucoup au mot "triste". Je m'y sens toujours chez moi.


J'y trottine dans la joie absolue.

J'entre à la boutique la Boite Noire, je erre parmi les plus belles femmes de la galaxie, je croise des plus fous que moi même si ils semblent plus nombreux avec tous ses téléphones gréffés au pavillon de l'oreille qui les font parler tout seul.

Afin de me rapeller où je m'étais stationné (coin Fabre) je me suis chanté dans ma tête "Fabre ouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu fibre" sur l'air de "Femme ou Fille" de Claude Dubois.

Qu'est-ce que je suis bête.

C'est aussi au coin de cette rue que j'ai croisé la fantastique Fanny Malette. Ils devaient bien y avoir quatres bébés dans son ventre tellement il était rempli. Elle était comme toujours radieuse. Elle m'a regardé longuement, m'a souri en baissant les yeux j'ai failli défaillir vraiment. Fanny Mallette est dans la catégorie des rares personnes pour qui je pourrais tuer.

Ce que je finirais par faire au bout du compte mais je ne le savais pas encore.

En longeant la Mont-Royal dans les deux sens j'ai vraiment croisé des tonnes de jolies femmes. De tout âge. Le Québec regorge des plus belles femmes de la planète. J'ai croisé Anais Favron qui m'a aussi longuement dévisagé et à qui j'ai souri jovialement en retour. J'ai vu une sosie de Rebecca Hall qui m'a aussi fait un sourire charmeur et je vous jure j'avais trois pouces de plus et je volais sur la rue.
Moi qui croyait que mes années de Beau Brummel qui pouvait changer l'allure d'un match étaient au vestiaire depuis 1992, voilà que les sirènes de la Mont-Royal me renvoyaient le chant du désir.

J'étais si excité que je marchais d'un pas très agile et j'étais même prêt à aller essayer des chemises de taille medium dans des boutiques aux belles commis qui s'ennuient.

C'est là que j'ai entendu la voix de ce vieux fou d'Anatoly Filipanov derrière moi. Ce vieux popov, cavalier de la brosse 1990, avec lequel on réécrivait le monde dans les bars de la Mont-Royal jusqu'aux petites heures de la nuit dans les glorieuses années universitaires. Quand nous nous accotions verre contre verre jusqu'à expuisement des stocks de boissons dans les bars. Cette voie de scie mécanique qui déraille je la reconnaitrais parmi des foules. Filipanov n'avait ni famille et peu d'amis. Il avait depuis 20 ans choisi la rue comme gagne-pain après avoir subi un burn-out à son travail.

Super excité je me suis tiré sur lui en lui faisant l'accolade la plus virile qui soit même si il puait le pas-lavé-depuis-deux-semaines. Trop heureux de le retrouver et surexcité de retrouver l'adonis que j'étais il y a 20 au travers des yeux des jolies jeunes dames.

C'est pourtant un long râle qu m'a accueilli...

J'avais oublié d'enlever ma strap avec le long couteau et je lui ai transpercé le coeur de bout en bout. Seul avec lui dans la rue Fabre, sans témoins, je l'ai vite garroché dans le coffre de ma voiture (et moi aussi du même coup par erreur car nous étions embrochés!) j'ai fermé le coffre et j'ai fui les lieux pour aller glisser le cadavre dans la Rivière-des-Praires en m'excusant en pleurs. Là où quelques iconoclastes pêchent à l'occasion près du pont Papineau.

Je l'ai entendu réciter La Mort du Poète de Lermontov du coffre avant de lâcher son dernier souffle.

Oubliez le génie je ne suis qu'un assassin.

Je ne suis pas doué pour le bonheur.

Qu'est-ce que je suis bête.

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