vendredi 5 juin 2009
Mine dissimulée
Malbrouck était assis plein soleil.
Regardant la grenouille en plastique grenouillant légèrement au gré du vent à la surface de la piscine. Dégage-t-elle encore du chlore? Il ne s'est même pas posé la question. Il ne se pose plus de question. Il est vidé.
Revenu d'Afghanistan depuis peu, il a à réinventer ses repères.
C'est à lui cette piscine? oui. Ça il le sait.
Il regarde ses enfants et s'en sens distant. Il regarde sa belle et ne veux pas lui parler de l'horreur qu'il a vu là-bas. Il garde cela en lui. Mais ça le ronge par en dedans. Malbrouck a des yeux malades et il le sait, son miroir ne peut pas lui mentir.
Le Caporal Beaulac l'a bien appelé à quelques reprises afin d'évaluer le choc post- traumatique potentiel pouvant sommeiller en chaque soldat sur le retour. Il l'a rencontré deux fois sans trop s'inquiéter. C'est que Malbrouck par orgueil porte bien le masque. En surface, face à sa belle, face au caporal il est excellent comédien. Mais dans l'ombre il doute.
Il ne reconnait plus les choses toutes simples. Il se perd au volant de sa voiture sur des routes milles fois empruntées. Il dort peu ou mal. A très peu de concentration. Il erre du corps et du regard.
Il vascille la vie.
Voyant qu'il se remettait plutôt bien de son retour d'Afganistan le Caporal Beaulac l'a rapporté au commandant intérimaire Mador. Ce dernier a tenu à rencontrer Malbrouck
"Soldat Malbrouck, votre récent passage au front fait de vous un véritable héros dont nous sommes très fier desprouesses. Toutefois la situation actuelle est extrèmement compliquée au sein des forces, il n'y a jamais de choses simples en temps de guerre. Nos unités mobiles étant restreintes accepteriez-vous de faire parti du prochain contingent qui se déploieraient d'ici trois semaines?"
C'était contre l'avis du médecin. A l'Ouest de Kandahar, il avait été tout près, il connaissait un peu les lieux. On disait les régiment sur place mieux organisé que celui duquel il avait fait parti déjà. Ou étais-ce pour l'appâter?
Sur papier on disait qu'il ne devait pas partir avant un mois encore. Trois jours plus tard on le rencontrait en lui grugeant une semaine de convalescence.
Il allait y penser.
Quelques heures.
Puis il dirait oui.
IL savait que c'étais crétin mais comme il avait rencontré plus de crétin que de gens intelligents dans sa vie, il se disait qu'en agissant ainsi il était un peu comme tout le monde.
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