mardi 26 mai 2009
Le moment
Montréal,1965.
La danseuse et le poète étaient pauvres.
Ils dansaient dans les cabarets de toute leur âme sur les airs de jazz que la beat generation avaient fait naitre 10 ans plus tôt. Souvent complètement cassé. Pas un rond en poche. Mais ils étaient si heureux. Le bonheur avec un rien. Le vrai. Dans la naiveté la plus totale.
Elle dansait, il écrivait des poèmes.
Elle était mariée à un sculpteur en pleine ascension, il errait avec ses textes sans trop savoir quoi en faire.
Pendant que son mari courait les expositions autour du monde et cherchait à imposer son art en quête des sous et de la reconnaissance, elle restait derrière dans son grand appartement aux planchers croches du Vieux-Port. Cet appartement aux grandes fenêtres qui offraient une vue imprenable sur le Fleuve Saint-Laurent.
Plus qu’une vue, un souffle.
Une large étendue de liberté à parcourir.
Ironiquement, sans le sou, c’est dans le Vieux-Port qu’on logeait à cette époque. Aujourd’hui ce n’est que très riche que nous pourrions nous y installer.
Par les chauds après-midi du mois de juillet 65, la danseuse reçevait le poète avec du thé et des mandarines. Aucun contacts sexuels. Il était même trop timide pour lui lire sa prose. Quelques sourires, des rires, une chandelle, des échanges rabattus sur l’art, la vie, la mort, de l’errance à son plus beau.
Naiveté totale je vous dis. Comme deux enfants incapable de lire et de rationaliser le courant qui passe.
Recycleuse par obligation elle habillait sa fille à l’armée du salut. Elle ramassait de vieilles robes, des morceaux de tissu et se fabriquait des costumes pour elle aussi. Elle créait sans arrêt. Bohémienne, à moitié-folle écrira l’autre.
Il grattera quelques accords aussi discrets que ses fantasmes innasouvis dans l’appartement de la danseuse. Le poète y collera son ode à l’été 1965. Son hommage au désir discret. Endisquera un an plus tard et fera le tour du monde avec ce qui deviendra une chanson planétaire.
Une chanson planétaire, reprise par des centaines d’artistes dans autnat de langues. Un poème en musique qui racontais une intimité toute discrète. Un moment où leurs spirtitualités respectives ne faisaient qu’un.
Quand elle s’est reconnue, elle est allé le voir en spectacle. 10-12 ans plus tard. Alors que le poète étais devenu demi-Dieu. Il l’a approchée, l’a embrassée en la remerciant de lui avoir donné une si belle chanson. Lui conférant le statut de muse éternelle. Elle sentait que c’était elle qui aurait dû lui dire merci.
Mais tel un fantôme , le poète est resté distant de sa muse. Comme si il avait voulu préserver un moment intact dans sa mémoire. Et que l’altération de ce moment pouvait à jamais cochonner son poème. Son rêve. Son idéal. Observateur d'une image qu'il avait en tête et dont il refusait désormais la nouvelle participation.
Il a continué son ittinéraire, gauche et incertain, comme il l’avait peut-être été ce mois de juillet 1965.
Elle aussi.
Le hasard a voulu que le poète aille se cloitrer, en pleine quête spirituelle, dans un monastère boudhiste Californien à quelques kilomètres à peine de là où la danseuse donnait encore des cours de danse.
Comme un adolescent surveillerait l’appartement de son fantasme à distance.
Mais qu’un courant passe ou non entre elle et lui 40 ans plus tard n’avaient plus d’importance.
Tous deux savaient qu’ils s’étaient touchés, partagés, créés un moment éternel.
Que personne au monde ne pourrait leur enlever.
Mais qu'en même temps tout le monde peut se partager.
à sa façon.
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