lundi 11 mai 2009

Fred



Au milieu des années 90 j'avais pas mal décroché de la musique en général.

Si les nouvelles tendances sonores étaient Nirvana, Pearl Jam, Red Hot Chili peppers, les Beastie Boys et le rap je choisissais l'option de me retirer. En fait je ne le choisissait pas autant qu'elle ne me parlait plus. J'avais vieilli et ses sons n'étaient pas ce que je recherchais.

Est apparu un gars de Dolbeau au regard frondeur et effrontément baveux. Un nouvel artiste qui refuserait de vendre son art comme on vendrait du pudding. Une nouvelle tête dans un décor qu'il s'amuserait à planter différement et avec talent pendant 15 ans

Fred Fortin n’est pas riche ni célèbre. Ses chansons ne tournent pas à la radio. Il n’habite pas Montréal et il ne passe pas son temps à faire de la promotion. Il n’essaie de plaire à personne, sinon à lui-même. Il joue du drum pour les Breastfeeders et Galaxie 500

Son tout premier effort m'a séduit, c'est-à-dire son album (presque)éponyme Joseph Antoine Frédéric Fortin Perron. A l'époque j'étais à cheval entre mes cassettes que j'écoutais dans la voiture (une rutilente Micra 1995)et les cd's d'artistes que je ne pouvaient pas me payer. Comme cette dernière catégorie me faisait souvent regretter mes achats, je copiais le plus souvent possible des morceaux sur cassettes. Fortin était parmi ceux-ci. Je l'ai aimé deux mois, le temps que ma Micra expire et que les cassettes disparaissent de la planète terre.

Avec la mort des cassettes (que j'avais en quantitié impressionnante) s'est noyé quelques artistes et leur oeuvre.

Comme ce chevalier de Dolbeau.

J'ai rattrapé le temps et me suis procuré son premier disque et Le Plancher des Vaches récemment.

En général, le gentlemen farmer aime le monde. Le vrai. Celui qui veut une blonde pour la vie ou pour un soir. Celui qui trime dur sous le ciel des vautours.

Il en a donné la preuve sur Le plancher des vaches avec des chansons enregistrées sur son balcon face à la rivière (qu’on entend en arrière-plan) ou dans sa cuisine avec des amis musiciens de passage. Contrer le manque de technique avec un côté documentaire qui rapprocherait de l’émotion.

On le voit dans ses yeux il n'a jamais pu côtoyer la discipline et l’assiduité. C'est un instinctif.
Comme bibi, de là l'attrait j'imagine.

Carburer à l’intuition c'est errer heureux.
Ou se pêter la gueule.
Souvent les deux.

Fortin semble avoir fait de la liberté sa seule doctrine.

Je ne peux qu'admirer.

Les 7 premières lignes de conconne sont un délicieux coup de poing à sa bizness.

Sa chanson Scotch est une vraie chanson d'abimes, de cimetières, de chats qui miaulent dans une nuit haloweenesque. Aves ses airs de jazz à la Mick Garson.

C'est sur qu'une touchante chanson comme Moisi Mwési qui se termine sur le mot "pipi" est un peu désenchantant.

Mais si il y a une chose que j'ai appris dans mes 37 ans de courte vie c'est que la vie en générale est surtout composée de désenchantement.

Luv you Fred
Don't drop dead.

Aucun commentaire: