mercredi 3 décembre 2008

L'affaire King-Byng


Michaelle Jean travaillera fort d'ici lundi prochain.

Jamais le rôle d'un lieutenent-gourverneur n'aura été autant solicité au pays.

Sauf peut-être en 1926...

Selon la théorie constitutionnelle de l'Empire britannique de l'époque, le gouverneur général représentait à la fois le monarque et le gouvernement britannique, une situation qui avait évoluée, avec les prédécesseurs de Lord Byng et le gouvernement canadien ainsi que le peuple du Canada, en une tradition de non-interférence dans les affaires politiques canadiennes.

En septembre 1925, le libéral Willima Lyon Mackenzie-King demanda la dissolution du Parlement afin de déclencher une élection, ce à quoi le lieutenant-gourverneur Lord Byng de Vimy consentit. Lors de l'élection, le Parti conservateur remporta le plus grand nombre de sièges, mais pas une majorité. Comptant sur l'appui du Parti progressiste pour triompher de la minorité conservatrice, Mackenzie King, chef du Parti libéral, refusa de démissionner de son poste de premier ministre et demeura au pouvoir à la tête d'un gouvernement minoritaire.

Puis, un scandale politique au Département des douanes et de l'accise éclata au grand public. En chambre des communes, le Parti conservateur allégua que la corruption s'étendait jusqu'aux plus hauts niveaux du gouvernement, y compris le premier ministre lui-même. Mackenzie King renvoya le ministre des Douanes mais le nomma aussitôt au Sénat, semant le désarroi au sein du Parti progressiste qui avait déjà commencé à lui retirer son appui.

Devant faire face à un troisième vote sur la question de la corruption gouvernementale, et ayant déjà à deux reprises perdu un vote sur une question de procédure, King se rendit chez le gouverneur général afin de demander la dissolution du Parlement. Byng exerça son pouvoir constitutionnel et son devoir de réserve et refusa la requête, déclenchant la crise. King lui demanda de consulter le gouvernement britannique, que Byng représentait, avant de prendre sa décision. Byng refusa de nouveau, prétextant la non-interférence dans les affaires canadiennes.

Le jour suivant, King présenta à Byng un ordre du Conseil privé demandant la dissolution du Parlement. Byng refusa de le signer. King démissionna aussitôt, laissant temporairement le Canada dépourvu d'un premier ministre et d'un gouvernement. Le gouverneur général fit appel au chef conservateur Arthur Meighen afin de former un gouvernement.
Meighen accepta, mais une semaine plus tard il perdit un vote sur une question de confiance aux communes. Meighen demanda alors la dissolution du parlement, qui fut accordée par Byng, et une élection fut déclenchée.

On fit beaucoup de cas de la 'Crise Byng-King' durant la campagne électorale. Les libéraux furent reportés au pouvoir avec, cette fois, une majorité claire, King à leur tête. Une fois au pouvoir, le gouvernement de King chercha, lors d'une conférence du Commonwealth, à redéfinir le rôle du gouverneur général en un représentant du monarque, mais pas du gouvernement britannique. Le changement fut accepté à la conférence impériale de 1926. À partir de la Déclaration de Balfour de 1926, les gouverneurs généraux du Commonwealth cessèrent d'être des agents du gouvernement impérial britannique dans chaque dominion (ce rôle fut assumé par un Haut-commissaire britannique) dont les fonctions furent bientôt reconnus comme étant pratiquement identiques à celles d'un ambassadeur.

Byng quitta le Canada le 30 septembre 1926 et retourna en Angleterre. Malgré la crise politique, il était toujours très respecté au Canada.

L'affaire King-Byng représenta l'usage le plus controversé des pouvoirs du gouverneur général à travers le mnonde jusqu'à la crise constitutionnelle australienne de 1975, dans laquelle le gouverneur général de l'Australie renvoya le premier ministre Gough Whitlam.

Ça ressemble pas mal à ce qui pourrait se passer entre maintenant et lundi...

Comment tu vas gérer cela Micky?

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