lundi 1 décembre 2008
Gros Taouin d'Amerique
C’étais le type de lundi où on a juste envie de passer la journée avec les enfants.
Ou mieux, corps contre corps avec l’amoureuse.
Mais non fallait animer une réunion.
La bonne nouvelle c’est que des dix personnes invitées au meeting, quatre avaient annoncé leur impossibilité d’y assister. Un cinquième m’avait aussi dit qu’il ne pouvait pas car il avait une excellente raison que je comprendrais seulement lundi. Pourtant nous voila lundi et le voilà à son bureau qui ne fait rien du tout. Mon boss avait une journée de congé en banque qu’il a prise aujourd’hui. Restait donc 4 têtes incluant la mienne. CC Mackenzie, aux yeux couleur persil, confirme toujours sans jamais se pointer et ne s’informe ni de la réunion, ni de son déroulement, mais personne ne s’inquiète de son absence non plus. Elle est la plante officielle de nos meetings. A peine besoin de l’arroser de temps à autre. Une belle plante toutefois.
Il ne restait donc que José (« oser ») Guillermez au téléphone, Reggie Hunter et moi-même. J’étais plutôt organisé et j’ai fait le tour de ce qui devait être communiqué en 4 minutes. Un meeting qui aurait pu être un courriel, mais mon boss absent avait insisté. Reg a quitté la salle de conférence et José est retourné vaquer à ce que l’Ontario lui réservait. Je suis resté seul un peu avec mes feuilles. Presque zen. J’écoutais la ventilation. J’étais bien. Je remarquai soudain un bidule éléctro, un genre de gadget sur la table triangulaire. Un patente à mi-chemin entre le Nintendo DS, le Faucon Millénaire dans Star-Wars et le match de football électronique.
Tel un garagiste devant un calendrier de filles pas trop habillées trainant dans la cuisine, j’ai cueilli la chose pour mieux la scruter.
J’ai appuyé sur un bouton qui m’invitait à « Selecter » ce qui a sur-le-champs allumé 7 des 8 télés de la pièce. Je me suis rappelé que j’avais réservé la salle de vidéo conférence pour la réunion. La 8ème télé me montrait un menu qui me demandait si je voulais inviter quelqu’un ou partir le meeting. Mon regard de truite prête à être frite s’est perdu sur les 7 autres écrans qui me montraient un obèse, le regard hagard et la bouche grande ouverte. Telle une truite justement.
Deuh…er…mais…MAIS C’EST MOI CE GROS PLOUC !!!!!
et c’est ce corps prêt à faire exploser sa chemise rouge que je voulais frotter sur celui de l’amoureuse ?
Me voilà reproduit sur 7 écrans, peut-être en Allemagne, peut-être en Hollande, peut-être au Massachussetts ou à Memphis mais dans la « région 41 » qui clignote sur le premier écran et qui demande de répondre. J’ai beau appuyer sur EXIT le plus souvent possible afin d’enrayer le gros poisson glauque qui s’affiche dans toutes les salles de vidéoconférence de la compagnie. Mais avec mon cheveu fou, la bouche grande ouverte et le gadget au niveau du sexe que je pitonne activement, si jamais je m’affiche sur les écrans de d’autres bureaux de la planète ce sera pire j’aurai l’air d’un gros tapon qui se branle le bambou.
A cours de ressources j’ai le crétin réflexe de me glisser sous le bureau pour me cacher de la caméra. Si quelqu’un dans nos bureaux d’Amsterdam a vu un gros taouin d’Amérique et qu’il a cru qu’il se branlait en direct, là il s’imagine bien pire à me voir à genoux en dessous du bureau. Si je veux fuir les lieux je dois passer par-dessus le bureau et repasser devant la caméra. Il serait trop nigaud encore de ressortir de l’autre côté de la longue table triangulaire. Je lève donc la tête en éclaireur incertain. Je m’aperçois le bout du nez sur 7 écrans. Comme un soldat allié aurait repéré un soldat nazi en 1943 je me rabaisse sous la table.
Je suis con. A Amsterdam il fait nuit à cette heure, en Allemagne aussi, dans toute l’Europe d’ailleurs. Seul risque les Amériques qui pourraient me voir en ce moment et je n’ai quand même invité personne ni commencé le dit meeting selon le menu de l’écran 1.
Je me lève avec assurance et me dirige vers la porte. Presque zen à nouveau.
« HEY JONES ! YOU THERE ? »
J’ai tellement passé près d’en claquer une que j’ai pratiquement versé une goutte dans ma culotte. Je regarde les écrans de télé attendant que Big Brother me donne l’heure de mon châtiment.
« JONES YOU’ STILL THERE ? »
C’est Guillermez au téléphone en appel conférence qui avait oublié de raccrocher (et moi de même).
« Did you see me José ?”
“Wut?, why would I?”
“ahh never mind”
Les écrans se sont fermé à la quinzième minute me faisant pratiquement exploser la patate.
Qu’es-ce qu’il m’énerve ce bureau.
Et qu’es-ce que ce je suis devenu gros…wach !
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